EDITALERIE: [Janvier 2011 à récemment]

au mois le mois, humeurs, réflexions, inquiétudes et nouvelles au fil du clavier...

(pour les derniers en date c'est ICI)

 

Amis flippés...

le mercredi, janvier 12 2011, 09:36

Les français seraient parmi les plus déprimés. ça c'est une nouvelle !
C'est le problème d'avoir une histoire glorieuse (d'ailleurs ça se discute) , les yeux rivés sur les heures d'abondance. Nous qui avions un ventre n'avons plus qu'un nombril, mais il en veut encore et ne voit pas venir.
Soeur Anne peut lorgner, les seigneurs s'enflammer, on sent bien qu'on est attachés sur le ruban qui mène à la machine à broyer.
Les français déprimés, la belle affaire !
Nous avons des élites qui chancellent et s'accrochent à leurs postes. L'horizon est bouché par les privilégiés, les prébendes, les conformismes et les héritiers.
Ce qui donnerait la pêche est dans le tout petit, groupements inspirés, actions imaginatives et militantes, jardiniers du bien vivre, c'est à dire différemment, quand le discours qui domine est de nous conformer.
Amis flippons gaiment, indignons-nous, mais ne pleurons pas surtout. Il y a beaucoup à faire dans l'insatisfaction...

ça remue dans les soutes...

Par Postmaster le jeudi, janvier 27 2011, 21:42 - General

Les marraines-fées héritent de tout nouveaux costumes, magnifiques, et d'une nouvelle appellation: les __Fées Lées__ . Sortie incessamment et des photos bientôt. Et un nouveau trio se mijote, toujours autour d'Isa, Marthe et Solange, mais nous attendrons qu'il soit un peu plus avancé pour le baptiser...

C'est le grand retour du COUPABLE EST L'ASSASSIN qui se mitonne avec Gilles & Christophe. Sortie prévue en Mars.

Et en Mars également, une version scénique de Melle DIDACTE , toujours avec Mika.

Sans compter la création d'une version déambulatoire de Mme TANTALE avec Marthe en vedette...
c'est la fête des petites formes !!!

Est-ce que le monde sait qu'il bouge ???

le vendredi, février 25 2011, 17:27

Devant nos yeux ébaubis, enthousiastes, le Mur de Sable s'écroule.
On espère on espère
Un monde avec d'autres repères
Embarqués qu'on est dans nos galères
Un simoun vient nous titiller les paupières
Ouvre les yeux mon frère
Le monde redevient pubère
Un espoir fou franchit les frontières
Des promesses en lisières
D'autres rapports
Et d'un autre avenir...
Soyons fiers...

Avril sur le fil...

Par Postmaster le mercredi, mars 30 2011, 20:53

Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais c'est une sale période que nous traversons depuis début mars. Non pas la compagnie directement -ça va plutôt bien de ce côté là-, mais du côté de nos amis, de nos amours, de ceux qui nous sont chers... Un grand fauchage cancéreux, neurologique ou cardiaque qui frappe de tous les côtés et parfois de très près. Il n'y a pas que les centrales japonaises qui partent en capilotade...
Faire attention, s'accrocher, la vie est extraordinairement fragile.
Du coup, nous voulons dédier ce mois d'avril à tous ceux qui sont partis sans prévenir, sans même refermer la porte, et à ceux qui sont sur le point de ... ceux dont le sourire va nous manquer dans ce printemps qui s'avance. Un mois d'avril que nous allons essayer, en leur honneur, de rendre le plus fleuri possible, le plus magnifique, le plus éternellement serein, avançant comme des funambules sur ce fil de la vie dont nous pouvons si facilement décrocher...

 

REIMS et...

Par Postmaster le jeudi, avril 21 2011, 10:33

Une superbe journée à l'occasion de l'inauguration du tram de Reims. La Cie Acidu, chargée de la programmation et de l'organisation de la partie Arts de la Rue de proximité, a remporté le défi, sans forfanterie. Fatigués, soulagés, heureux; tout s'est passé au mieux, avec des compagnies amies, professionnelles jusqu'au bout des ongles: Midi12, Melba et cie, les 3 points de suspension, Dissident Chabert, la Dernière Minute, la Cie D'ailleurs, Theater Rue Piétonne, Picto facto, Progéniture.
Une innovation qui pourrait avoir des suites: chaque compagnie était accompagnée, dans ce grand espace, par un "Chrono-Maître" guide géant et de couleur qui permettait au public, dans ce grand espace, de repérer les spectacles en cours, où qu'ils se déroulent. Saluons les comédiens qui ont tenu vaillamment ces rôles en restant plus de 4 heures en échasses.

 

FUKUSHIMATISE

Par Postmaster le dimanche, avril 3 2011, 22:01

  • Le paradis nucléaire promis depuis des lustres vient de prendre un grand coup dans la gueule, mais quoi ? qu'est-ce ? nous ne sommes pas tous dans les rues, des milliards à hurler pleurer compatir exiger qu'on arrête de mettre en danger la planète et de la saloper?
    Non. C'est ce qui me frappe le plus: cette grande impuissance, ce quasi silence. Des monstres se sont fait sans nous, dans notre dos, provoquant des catastrophes et nous ne faisons rien...
    Parce que la logique qui a présidé à leur édification est bon gré mal gré la nôtre. Parce que notre mode de vie y souscrit. Et que pour en changer les effets, il va falloir travailler sur les causes. Que ses causes nous touchent de près et qu'il va nous falloir le temps de digérer cette donne, réfléchir, supputer, discuter, travailler des idées et réinventer nos logiques de production, plancher sur des alternatives et les expérimenter, sans nous affoler.
    Le monde n'a pas envie de se voir remettre en cause. C'est pourquoi nous sommes là, bouche bée, à regarder les nippons payer les pots cassés en attendant de savoir quelle leçon en tirer. Impuissants. Et ceci n'est pas tout à fait innocent. J'imagine un mot d'ordre mondial: " pas d'affolement ". Nous ne sommes pas des lemmings même si parfois nous avons tendance à leur ressembler, c'est ce qui nous protège. Pour autant nous nous comportons souvent en moutons...
    Ce qui peut sauver l'humanité c'est d'être constituée d'êtres sociaux dispersés mais conscients, de vivre sur des temps et des territoires différents, mais convergents.
    La façon dont les uns les autres gérerons nos îlots participera de notre futur collectif
    Il n'y a rien à attendre du "syndrome d'Atlas"
    cette tentation de porter le monde sur ses épaules
    de ne plus vivre qu'au rythme fou du monde
    de ses spasmes
    de ses hystéries
    la réactivité c'est aussi un terme nucléaire.
    Mais les actions solidaires que nous allons mener dans les prochaines années autour de notre mode de vie seront aussi importantes que le fait de colmater les brèches à Fukushima.
    Nos actions en proximité, jour après jour et toutes discrètes qu'elles puissent être, écopent de l'incohérence. Il faudra les développer.
    C'est vital
    Ne pas oublier cela :
    Le monde que nous vivons est fait de la somme de nos actions.

Faites du travail

le dimanche, mai 1 2011, 11:01

Aujourd'hui: fête du Travail. Douce ironie. Alors qu'icelui, notamment dans sa version salariale, et malgré les rodomontades de nos gouvernants, n'a jamais eu aussi peu de valeur. Seul l'argent travaille avec profit. Pour les humains, c'est fini. En tous cas pour la plupart. Un travail qui a pris la couleur du chagrin, de l'obligatoire pour ne pas crever, mais perd peu à peu tout ce qu'il pouvait donner de dignité. Le chômage organisé a été conçu pour nous y obliger mais ça ne marche plus : le travail salarié est, de toutes les activités humaines –hormis bénévoles- la moins bien payée.

Et nous le sentons bien tous et ces misérables tentatives d'écopage que représentent les défiscalisation partielles pour l'achat d'essence et la fameuse prime de 1000€ brandie sous notre nez pour nous égarer, n'y ferons rien. Nous sommes honteusement sous-payés, honteusement sur-prélevés. Oui, les cotisations sociales, ce beau projet initial de mutualisation des moyens pour améliorer les conditions de vie, ne sont plus qu'une taxe en plus, énorme et dénuée de sens. Dès lors que nous avons monstrueusement gagné en efficacité, renforcés (et trop souvent remplacés) par des machines qui décuplent notre labeur, nous astreignant à des rythmes toujours plus élevés , sans que ces mêmes machines ne contribuent en quoique ce soit à la sécurité sociale, à nos retraites, aux indemnités de chômage, nous nous retrouvons à tenter de combler un gouffre grandissant, un tonneau des danaïdes, un pactole pour les laboratoires pharmaceutiques, les cliniques et tous ceux qui se sucrent sur le dos de cette belle bête.

Dès lors comment s'étonner que les jeunes générations rechignent à accorder au salariat l'esquisse d'un intérêt, comment s'étonner que chacun essaie de monter sa combine, se replie sur les rêves d'une plus-value immobilière, spécule avec les maigres moyens qu'il a, thésaurise en vain ce qu'il peut, rêve de gros lot, ou cherche des échappatoires au noir ou illégaux ?

Pendant que d'autres gagnent sans état d'âme ce qu'il leur faudrait plusieurs vie pour dépenser.

Et on se demande : pourquoi ? Pourquoi tant gagner ? Pourquoi tant accumuler ? Et la réponse, invariablement : pour transmettre à mes enfants. La sacralisation de l'héritage et sa détaxation indécente nous tuent. Dès lors qu'à l'intelligence, au courage, à l'opiniatreté, au savoir-faire, sont préférables pour tout citoyen le fait d'avoir les bon gênes et le bon ascendant. Dès lors que le lignage l'emporte sur l'individu, comment pouvons-nous encore prétendre être une république, être une démocratie, donner une égale chance à tout homme de trouver une dignité dans sa société ?

L'ascenseur social est en panne et ce, depuis des lustres. Il est temps de le constater et de se reposer les questions de base. Au secours ! Nous ne sommes plus dans une démocratie durable.

J'ai entendu récemment une serveuse se réjouir de l'éventualité d'une future canicule « ça fera moins de retraites à payer ! » Quand quelqu'un qui n'a que son travail pour vivre en arrive à souhaiter la mort de la retraitée qu'elle sera, ou du chômeur qu'elle peut être à tout instant, et ceci juste pour équilibrer des comptes vaseux, on se dit qu'il y a un vrai problème !

Et pendant ce temps là, on nous fait miroiter le hochet sans valeur de la propriété, tous unis dans le culte d'une transmission chiche à nos descendants. Mais qui ne préférerait que son rejeton ait des chances de faire dignement son propre chemin dans sa vie plutôt que de devoir attendre son salut chez le notaire et sur une tombe ?

Il faudrait tordre le cou à ce terme: le "pouvoir d'achat" qui fait de chacun une bête à consommer. Ce dont il s'agit c'est d'autonomie et de dignité.

Il faudrait repenser le monde et son système de valeurs, inventer une fiscalisation sans aucune dérogation – la dérogation sanctionne invariablement l'injustice -, et rétribuer le labeur considérablement plus qu'il ne l'est, de telle sorte que plus personne n'ait besoin des béquilles sociales qui l'humilient et qu'il puisse faire le choix, en toute équité,du temps qu'il désire y consacrer.

Dans un an, les élections présidentielles. A quoi serviront-elles ?

Pierre

Blanc comme neige

le lundi, mai 9 2011, 08:06

Les quotas. Je suis pour. Tout le monde sait que pour faire une bonne équipe de foot ou de rugby, il faut des baraqués, des malins, des stratèges, des pugnaces, des virtuoses. C'est à l'entraineur sélectionneur de faire le bon dosage pour que ça marche. Comme pour faire une bonne ratatouille, comme pour faire une bonne mixité sociale, comme pour faire une bonne distribution théâtrale. D'où vient que ce mot commence à cocoter à ce point ?

Le problème c'est quand on commence à ethniciser les qualités des uns et des autres. Ridicule, stupide, dangereux. Desailly ne résume pas la négritude, pas plus qu'Aimé Césaire, et je comprends que Thuram ait les boules. De ce point de vue la discrimination positive n'est qu'un pauvre sparadrap sur un gouffre d'injustices. Ce ne sont pas les meilleurs qui gagnent, ni les plus compétents qui ont les postes gratifiants; tout le monde sait ça; c'est notre drame récurrent.
Le principe, chez nous, c'est que les enfants de pauvres reçoivent des formations de merde, les meilleures étant réservées, à quelques exceptions près, aux enfants des nantis qui sauront en tirer profit. Mais pas dans le foot, où tu reçois une formation non pas en fonction de ton pédigree mais de tes pures qualités. Houlala quel gâchis si elles se trouvent exploitées dans un autre pays! En suivant ce raisonnement, on devrait faire signer à tous les étudiants d'HEC, de Sciences-Po ou de Normale Sup un engagement à ne pas aller bosser hors-hexagone.

Le problème des bi-nationaux, qui tournent le dos à l'équipe de France pour aller jouer où on les attend les bras ouverts, vient surtout que ni la fédé, ni le sélectionneur national n'ont été foutus de leur mettre le pied à l'étrier. Quand on est bien formé et qu'on est sous-utilisé on cherche ailleurs. Même problème avec les bac+5 qui se retrouvent aux caisses ou à la sécurité. Il y a un gâchis de talents et de compétences criant dans ce pays crispé sur son oligarchie.

A force de stigmatiser des pans entier de la population, nous sommes entrés dans une ère de parano infernale. "Quand il y en a un ça va, c'est quand il y en a plusieurs que ça ne va pas..." disait l'autre boute-feux. Trop d'arabes, trop de roms, trop de noirs mais surtout trop de pauvres sur des mêmes territoires.

Mais ça ne leur viendrait pas à l'idée qu'avant tout, il y a trop de pauvreté.

Le problème n'est pas qu'il y a trop de cons en France ; le problème, c'est qu'ils sont au pouvoir.

Pierre

PS: La dernière provo de Wauquiez: à défaut de donner de la valeur au travail, stigmatisons ceux qui n'en ont pas. Il ne serait pas bi-national, Wauquiez ?

 

Quand le réel vacille

le mardi, mai 17 2011, 19:16

« Ce n'est pas possible ! Ce n'est pas possible ! » C'est en général la première antienne que nous serinons, prostrés, lorsqu'une catastrophe nous tombe sur le coin de la figure dans notre vie personnelle. Une sidération angoissée parce que ce qui vient de se passer échappe à toute notre logique. Un refus d'autant plus exacerbé que le traumatisme est grand. La tentation du déni de réalité s'impose dès lors que cette réalité laisse quelques zones d'ombre qui nous permettent d'échafauder une échappatoire, une explication, une issue.

C'est à ce besoin que répond en premier chef la théorie du complot, de la machination, du coup monté.

Un traumatisme collectif. Quoiqu'il en soit du fond de l'affaire DSK et de sa véracité, c'est ce que nous venons de vivre en France. Un évènement à rapprocher du 11 septembre ou du coup de boule de Zidane, toutes proportions gardées. Mais que nous n'avons pas ressenti pour Tchernobyl ni Fukushima tant nous avons bien intégré que nos dispositifs nucléaires représentaient une véritable épée de Damoclès au dessus de nous.

Quand nous savons par ailleurs que le monde du pouvoir et de l'argent peut être d'une âpreté sans nom, et donner lieu à toutes les manipulations, les plus tordues comme les plus cruelles, dès lors qu'il y a un poste à garder ou une prébende à conserver, la faille est grande dans laquelle nous pouvons engouffrer nos doutes.

N'empêche, ces moments où pour nous le ciel s'écroule sont révélateurs d'une personnalisation de nos valeurs qui n'a rien à envier à celle des Grecs, ni des Romains. Notre Olympe à nous, aussi foireux que le leur, et aussi mouvementé. Je ne connais pas DSK mais j'ai croisé ses icones et, sans que je m'en aperçoive, j'ai dû rêver dessus. Du coup, les mésaventures du monsieur me touchent de plein fouet. Laïcards affirmés mais croyant en des héros dont le destin nous touche.

 

petites résistances et grandes indignations

juin 2 2011, 17:06

C'est vrai que c'est tentant, une grande vague d'indignation, à l'heure de l'hystérie médiatique galopante, du grand déballage de n'importe quoi, de la surenchère des scénarios immondes, ce tsunami émotionnel débordant nos petites digues intellectuelles, cette dérive folle qui fait, malgré les efforts louables de certains journalistes, que l'expression "presse à scandales" devient un pléonasme. Tentant de se joindre à nos jeunes camarades du Maghreb, du proche-orient, d'Espagne ou d'Italie, et de camper avec eux résolument sur nos dernières convictions.

On ira peut-être.

En attendant, il y a, au-delà des grandes indignations, les petits résistances, éparses mais opiniâtres, associations citoyennes, tenants de l'économie sociale et solidaire, universités libres, groupes d'échanges et de réflexion, réseaux qui s'affairent pas à pas à reconsidérer les critères, réinventer les équations, les mains plongées résolument dans le réel pour en faire évoluer avec détermination les termes, ce qu'Onfray appelle le Principe de Gulliver et que Foucault avait déjà évoqué en son temps, ces stratégies fantassines qui nous viennent de la fin du XIXème, voire même d'en deça, et qui nous permettent d'être acteurs, moteurs, ensembles, et de ne pas subir.

Et puis, il y a ceux qui, tout bêtement, s'investissent encore plus dans leur travail qu'ils estiment utile et auquel ils croient. Ce que nous allons faire, pour notre part et ne vous en déplaise puisque avec l'arrivée des festivités d'été, c'est à nous de jouer. Que c'est ce qui nous fait vivre et rêver.

J'ai appris un mot formidable avec les Articulteurs de Redon: "rêvalisable". Tout un programme.

Pierre

Au vert...

Par Postmaster le lundi, juin 27 2011, 23:57

C'est un arc-en-ciel d'une couleur unique Green Grün Vert verde ces mots qui giclent de toutes les bouches avec toutes les langues dans un monde qui tangue accro à ses folies. Green qui signifie que je fais attention où je suis où je vis, je n'ai pas tous les droits pour tordre le monde essorer ses richesses confisquer son sous-sol dévaster ses forêts. C'est un mot bien tardif quand la terre agonise mais qui brandit l'espoir incarne un avenir ; je suis et nous serons si nous savons y faire, si nous savons soigner ce qui porte nos pieds, si nous savons gérer notre destin commun, vert c'est un mot qui se tend comme une main. Forever green et vert, mais moins pour les rêveurs que pour ceux qui s'accrochent qui construisent établissent de nouveaux protocoles, des approches opiniâtres dont le mot respect ne sera plus absent, c'est un mot qui devra claquer à tous nos vents….

Toi qui es devant cet écran, avec moi, toi qui es aussi moi, nous donc, qui nous trouvons provisoirement réunis ici et à cette occasion le savons : les mots sont bien fragiles par rapport au pognon et ceux qui ont pignon sur nos rues, sur nos vies et on n'en fera rien s'ils ne sont que dits, qu'invoqués, qu'évoqués, équivoque attitude de ceux qui croient qu'ils ont tout fait dès lors qu'ils ont crié ; étouffer l'avenir au profit d'aujourd'hui c'est ce que nous vivons et quoiqu'on puisse en dire, alors ne t'endors pas.

Pierre

Sonne automne

le dimanche, septembre 25 2011, 09:18

L'été nous a quitté, du moins de ce côté-ci de la Loire. Quelques dates imprévues nous tombent dessus (chouette pluie!) mais on est déjà dans les projets, noël, les résidences, les tournées 2012, Aude, notre nouvelle administratrice, qui est malade et pour qui nous nous inquiétons, Amanda qui, après avoir accouché d'une petite fille cet été repointe le bout de son nez, les projets perso des uns et des autres qu'il faut faire entrer dans le calendrier, Véronique et son équipe en boulot pour Airbus, des spectacles qui se répètent jour après jour -formes légères que nous affectionnons-, la compta, la diff et tout le saint frusquin, le site qui évolue, toute cette tambouille qui fait notre quotidien et qui fonctionne à plein.

Il était l'été; sonne automne maintenant mais ne nous rend pas sourds: Karachi, les porteurs de valises et cie, ça ne nous fait même plus gerber tellement nous y sommes fait. C'est dire...

 

Just Nouvelanned

Par Postmaster le lundi, janvier 2 2012, 10:54

On vient de sauter le seuil de la maison 2012, la mariée nouvelannée dans les bras, toute blanche, toute pure
On peut y croire, imaginer, rêver, espérer...
Certes, les casseroles gouvernementales accrochées à la bagnole ont fait un tintamarre discordant
Certes, les chiffres qu'on nous a envoyés , augmentations diverses des taxes, des reconductions à la frontière, des amendes, du chomage, des radars, mais pas des salaires, n'ont pas eu la légèreté du riz qu'on aurait pu espérer.
Certes, l'Europe (notre quartier) fait actuellement cour de récré où chacun s'escrime à jouer à "trou, sors de ton trou"
Mais nous avons un chien de garde
qui aboie un langage de vérité
qui a de l'expérience ! (les cobayes de cette expérience en attesteront)
qui a de la conviction et de la combativité: il a mordu des milliers de sans-papiers
qui connait la météo (météo-rance: quand les riches vont bien, tout va bien) .
Et qui sait mordre quand on menace les dits-riches ou quand on nuit à leur confort (comme on a pu le voir au cours de la très amusante grève des agents de sécurité aériens) qui a une bande de copains qui l'adorent (Union des Molosses Privilégiés)
et qui nous dit, nous supplie: laissez-moi ma niche (fiscale)!
Certes, lui et ses copains ne mégotent pas sur la patée
Certes il tire sans arrêt sur toutes ses chaines (de télé)
Certes il a tendance à se prendre parfois pour la mariée
Certes il se rêve plus gros qu'il ne l'est.
Mais on l'a
Encore quelques mois
Car cette nouvelle année que nous venons d'épouser nous dit que, si nous voulons, nous pourrons le reconduire à la fourrière.
Changer de chien de garde.
La belle affaire !
On sait bien que ce n'est pas la vie, que nous avons par ailleurs mille solidarités à inventer, mille initiatives à partager, mille moments à intensifier
Que nos vies dépendent si peu de l'Elysée (c'est le nom de la niche) et bien plus des libertés que nous nous donnons
Que notre destin est avant tout entre nos mains et que tous ceux qui prétendraient nous faire croire le contraire sont des vendeurs de canigou, un point c'est tout.
Mais quand même...
Un petit tour à la fourrière...
Un grand coup de serpillère...
et des aboiements un peu moins énervants...
Cette année, Noël sera au printemps.
Peut-être.

Janvier en vie

Par Postmaster le lundi, janvier 16 2012, 17:12

Ce mois de janvier tonitrue d'activités et se hérisse de contrats plus mirobolants les uns que les autres... et pourtant, et pourtant, pour la plupart d'entre nous, nous ne sommes ni en vacances, ni à nous tourner les pouces...

L'année qui débute s'annonce pourtant à tout le moins périlleuse et délicate; raison de plus pour l'aborder avec constance, doigté mais surtout gaité. Ce pourquoi nous avons décidé de remettre en chantier "Seven days in a Plate" qui fera l'objet d'une tournée de création en Avril dans la région Poitou-charentes et sera, par la suite présentée en plusieurs occasions, dont le festival d'Aurillac. Ce pourquoi nous avons décidé de jouer "Si Tous les Champs du Monde..." à Avignon cet été, Espace Alya, tous les jours à 21H. Ce pourquoi nous continuons notre travail sur les formes légères: "les Fées... Lées", "Don Carotte de la Mache", l'"Herbier Charlatan" et "Madame tantale", que vous aurez, espérons-nous, l'occasion de découvrir dès que possible. Ce pourquoi, enfin et surtout, nous vous convions à un cycle de 3 CABARéBOUMS qui auront lieu les premiers vendredi des mois de Février, Mars et Avril. Des cabarets-boum où vous pourrez nous retrouver, partager un ou plusieurs godets, découvrir ou jouer des extraits de spectacles en cours ou en travail, guincher, tchatcher, et... peut-être... découvrir enfin la potion magique de St Fulbert en Conchon, notre village d'origine à tous. Venez-y nombreux! gardarem lou moral!

Fait vriller !

Par Postmaster le dimanche, février 5 2012, 21:47

Après la farine, la neige. C'est plus froid et tout le monde en profite.
De la campagne aussi, tout le monde profite, mais ça commence à faire long, et lourd, même si l'affolement manifeste du camp présidentiel fait plaisir à voir. Mais pour la qualité des arguments, on repassera…
Glissons, c'est la saison.
Nous venons donc de signer notre tout premier mois sans contrat. Après avoir battu le record contraire en décembre. Vous savez que « record » vient du vieux français « recorder » qui signifie se souvenir ? Juste une petite entaille sur la guinde du temps. Mais on ne s'est pas laissé abattre pour autant. Il y a des projets, des dates à préparer, des spectacles à répéter et, et le premier des CABARéBOUMS qui a passé brillamment le cap de la réalisation, malgré la neige et le froid. Vous étiez, nous étions nombreux, quasiment à la limite de nos capacités d'accueil. La St Fulbière a remporté un grand succès, nos artistes invités nous ont surpris, étonnés, amusés ; en tous cas ils ont bien assuré et ce fut pour nous une vraie bonne soirée où l'artistique le disputait à l'amical. Prochain numéro le 2 Mars à 20h, ouverture à 19h15.
Ce mois de février qui commence au-dessous du zéro ne va pas non plus être encombré de contrats mais nous aurons le plaisir d'y présenter, à la Maison des Roches de Montreuil, une nouvelle édition des Apéroches sur le thème de l'amour. Un amour très loin des clichés avec, entre autres, le retour de Rosa Rose, de Don Jouant et de l'Eplorée, spécialiste de la rupture… Les Apéroches, c'est une démarche qui utilise le théâtre, son univers et ses techniques pour vivifier un quartier en partenariat avec le service Culturel de Montreuil. Une façon de faire sens et notre métier…
Retournons à nos élections et convenons-en, quelques soient nos opinions : heureusement qu'il y a Mélenchon !
Portez-vous bien

PP

To win or to loose

Par Postmaster le samedi, mars 24 2012, 22:56

L 'avouerons-nous ? Ce drame de Toulouse qui est tombé, à point (trop bien ?) nommé, dans la campagne présidentielle, nous laisse un arrière-goût de malaise. Bizarres tous ces évènements dramatiques et spectaculaires qui jettent un pavé dans la mare à chaque élection présidentielle...!
En attendant faisons comme si.
Avec le soleil, nous avons repris la route pour ces moments joyeux qui nous payent en salaires et en plaisir d'exercer bien notre métier. Pour autant nous attendent bientôt des temps compliqués, comme tous les cinq ans, comme chaque fois que se succèdent ces 4 w-e d'élections où les festivités sont rares. Du coup, nous avons un programme de travail et de résidences autour de 7days in a Plate, Madame Tantale ou l'Herbier Charlatan avant d'autres projets qui prendront le relais à la fin de l'année. C'est que nous vivons essentiellement de ça: de projets et d'espoirs...

"L'espoir fait vivre surtout certains / qui en tirent des avantages / les promesses ça ne coûte rien / mais ça rapporte des sous, des suffrages..."
Portez-vous bien

PP

Livraison d'Avril

Par Postmaster le mardi, avril 10 2012, 10:24

Nous sommes guettés par l'insécurité, l'insécurité du porte-monnaie, en tant que personnes, en tant que compagnie, en tant que pays. Nous étions arrimés, inconsciemment, à quelques certitudes, un certain matelas de solidarités qui nous assurerait un minimum de flottabilité. Nous avions lu 1984 sans nous douter qu'il servirait de bible aux puissants d'aujourd'hui. Vous le sentez ce vent mauvais qui nous tourneboule sur nos pacages ? « La richesse des riches enrichit les pauvres », « le changement c'est la continuité », « le bilan c'est demain », qu'ils disent. N'importe quoi. Donne envie d'être sourd. Alors les échos de la campagne électorale se perdent dans le va et vient des inquiétudes. Quelques mots nous arrivent, assourdis. L'espoir nous étreint un matin, que la détresse efface aussitôt.

Quoiqu'on dise et qu'on pense, cette campagne ne ressemble pas aux autres, on y voit, encore plus évidentes, les ficelles derrière le castelet, les trucs, les manipulations, les stratégies ; et en même temps il s'y joue des enjeux de survie, de dignité, pour chacun d'entre nous, au-delà des postures. Où sont passées nos certitudes ? Où est passé le respect ? Quand la notion de vérité, pour brandie qu'elle soit, est vécue comme déjà caduque. Il n'y a pas seulement le roi qui est nu mais tous ses sujets aussi. Notre réalité est salement ébranlée et on se met à compter ce que nous pouvons conserver et ce que nous allons perdre. Nous avons pris l'habitude de nous emparer du monde chaque jour sur la toile, et il glisse. Pour avoir un point de vue, savoir où on se place, besoin de sentir une terre sous nos pieds. Le sol fuit. Que Le Pen fasse un carton chez les jeunes, c'est une porte rance qui nous claque au nez. Nous sommes guettés par une déprime post-électorale avant même le premier tour. Chaque fait divers est suspect, chaque déclaration louche. Est-ce qu'on se perd ?

Est-ce qu'on va se retrouver ?

échappées sourdes

le mercredi, mai 30 2012, 23:27

12 personnes qui se sont jetées sous le train pendant le long w-e de la pentecôte... ça ne m'a pas étonné.

Moi même je n'avais pas le moral non plus. Trop de soleil d'un coup. Ces jours un peu pénibles où tu as l'impression que tout le monde s'éclate et pas toi. J'aurais préféré bosser, comme Raffarin voulait l'imposer. Mais les gens préfèrent s'amuser plutôt que de se soucier de dépendance. La dépendance, ce n'est pas porteur. On l'est tellement, dépendants, de tant de trucs pesants qu'imaginer que ça puisse empirer... D'autant que même le plaisir, finalement, ça devient pesant quand on n'en a pas son content.

L'insatisfaction ça pèse, ça amène à l'envie, à des réactions de petits blancs aigris. Certains s'en débarrassent avec un bulletin de vote pourri. La haine de l'autre contribue à la survie. Dans la haine de soi-même, l'issue, c'est le train, et parfois tu le prends pour nulle part.

Tristesse amère, surtout quand autour de toi, ya de l'espoir qui flotte. Tu pourrais t'en nourrir de cet espoir des autres. Je me souviens en avoir mangé beaucoup une nuit de Noël où j'étais seul. Sauf que le soleil te punaise dans ton jus alors que l'obscurité te permet de t'échapper. Le père Noël qui s'est présenté le 6 mai, il ne voulait pas être Père Noël, il voulait être président. Mais l'espoir c'est terrible, ça grandit comme un torrent, ça peut t'emporter rapidement. On en est loin encore. Un espoir calme. Tempéré. Mais suffisant peut-être pour que ton désespoir individuel te devienne insupportable.

12 personnes qui se sont échappées. Et des milliers de voyageurs qui en ont bavé, solidairement, involontairement. Une belle parabole.

J'eus un... j'eux rien

le vendredi, juin 22 2012, 13:52

Ce temps qui n'en finit pas de changer d'avis, qui passe de l'orage à la pluie, du soleil à la nuit, de la froidure à la chalure... ça fatigue à la longue. Il parait que c'est désormais l'été, mais au lieu d'avoir un ciel clair et invariablement ensoleillé, comme on serait en droit d'attendre, voilà un ciel qui tergiverse, une météo qui a ses états d'âme et, du coup, nous, qui aimons bien les choses bien dessinées, errons comme des âmes à la peine, ne sachant jamais si nous devons rire ou pleurer.

C'est pareil en économie. On le savait que nous serions punis, que la rigueur allait nous tanner les fesses et nous mettre au piquet... pour quelles bêtises d'ailleurs ? avions-nous pillé le bocal de bonbon ? dévasté la cantine ? abusé des tartines ? "vécu au dessus de nos moyens" ? Comme si c'était une faute d'avoir des moyens en dessous de ses désirs... Bref cela était écrit que nous serions punis pour les inconséquences de nos dirigeants, lesquels bien sûr s'en lavaient les mains puisque nous étions responsables, ayant été assez cons pour les élire. Bref, c'était prévu et nous n'étions pas d'accord. Aussi quand quelqu'un est venu nous dire: "c'est vrai c'est injuste de faire payer tout le monde pour des erreurs dont seuls quelqu'uns ont profité. Je vous propose de corriger cela". On l'a cru... en partie. On a voté pour lui. Et entre les annonces qui sont plutôt sympas, et celles qui vont restreindre notre maigre train de vie on se trouve en balance. Avec une sensation néanmoins d'injustice, non seulement pour nous, mais pour le monde entier, d'aveuglement passé, de déclassement persistant, de déni des misères, d'irresponsabilité chronique au niveau planétaire.

Alors on se retrouve à gouter le ciel bleu, à subir les orages, s'abriter des ondées, passant du maillot au polaire, de la déprime à l'espoir... avec cette tentation, qui simplifierait tout: arrêter de nous intéresser à ce qui n'est pas nous, météo, politique, soucis, ragots... et partir en vacances...

Pour longtemps.

ça ne résoudra rien, mais ça peut faire du bien.

J'aime cette consigne de Beckett:: rater mieux.
Sauf que quand tu rates , tu payes cash
D'où une certaine frilosité avant nos premières.
On en voit de plus en plus qui, boulot achevé, persistent à dire de chaque représentation "c'est une sortie de chantier"
comme s'il y avait un moment où ça ne l'était plus
Le propre du spectacle vivant c'est qu'il n'est jamais fini, non ?
sauf quand il est mort.
Paradoxalement, on en a vu qui se risquaient au contraire et qui l'ont payé très cher.
Et le public ne comprend pas, parfois, qu'on lui serve un brouet alors qu'il s'attendait à un plat pour fin gourmet
Se lancer, risque récurrent de se rétamer
ce mirage de l'excellence qui nous pervertit où que nous soyons...

On a la chance ici de lire beaucoup de littérature promotionnelle sur les spectacles de rue
écrite par ceux qui la font, parfois ceux qui la vende
C'est souvent incroyable les mots qu'on y met,
des mots qui fleurent parfois la scène nationale, des mots qui se la pètent, qui ne sont pas notre langue
qui permettent rarement d'imaginer ce que ça va être
des mots pour (se) faire plaisir
pour plaire
aux férus, aux doctes et au ministère
ou à des naïfs qui ne le sont pas.

Rater pour de vrai c'est quand ce que tu as réalisé n'est pas à la hauteur de ce que tu en rêvais
C'est très personnel, rater
Les autres n'y sont pour rien, ils ne font que refléter, même léger léger
suffit que rien ne brille dans leurs yeux
Rater c'est ne pas avoir parcouru le chemin mental que tu t'étais tracé
On peut réussir par hasard
L'échec, lui , est toujours logique

Parfois on rate déjà dans l'énoncé. Des mots trop grands qu'on s'épuisera à rattraper.
Il faudrait, dans nos mots, épurer jusqu'à l'os, abolir toute sauce, creuser le projet jusqu'à trouver la racine du désir
Je crois que dans "création", il y a surtout le fait de se créer soi-même, c'est le côté divin de la chose.

J'ai des amis qui ont raté un spectacle et qui l'ont jeté; presque chaque compagnie l'a fait, un jour ou l'autre.
Un avorton. Trois petits tours et puis s'en vont.

Sur le pont à Avignon

Par Postmaster le vendredi, août 3 2012, 09:17

Malgré une jolie tournée des autres spectacles de la Compagnie, l'élément qui nous marquera pour ce juillet tourmenté sera la présence de la Chorale à Avignon avec « Si tous les champs du monde », à l'Espace Ayla.

Avignon, considéré par l'association du off comme « le plus grand théâtre du monde » mais auquel, probablement, le terme « ring » serait mieux approprié, ou foire, ou marché. Ici on est venu essentiellement pour se faire connaitre et connaitre son travail, mais le nombre hallucinant de cies présentes (975) et de spectacles présentés en off (1 161) oblige chacun à multiplier affiches, tractage et parades pour ne serait-ce qu'exister, et capter une partie des festivaliers et des programmateurs qui leur permettront de ne pas perdre trop d'argent dans l'affaire, voire d'en gagner à terme. Parce que, pour les compagnies qui se produisent en off, Avignon est cher. 11 000 € TTC pour la salle que nous avons louée et il y a bien plus cher, sans compter l'hébergement, la pub, les cachets, riquiquis mais obligatoires –URSSAF oblige-. Des frais qui sont parfois pris en charge par les régions (Champagne-Ardennes et Midi-Pyrénées entre autres), et où beaucoup de compagnies investissent leurs maigres subventions -ceci d'ailleurs devrait poser un problème éthique, ces fonds territoriaux qui finissent dans le même entonnoir alors qu'ils devraient investir plutôt leurs territoires- mais aussi des frais qui sont directement imputés sur le budget des compagnies non conventionnées, la nôtre notamment. 104 salles en bénéficient. Pour des services et un suivi très irrégulier selon les lieux.
Ici se jouent les saisons, la survie des compagnies, le renom des metteurs en scène. On y trouve beaucoup de café-théâtre, parfois très putassier, du théâtre « populaire » dans ses meilleurs comme ses pires avatars, de la marionnette, du spectacle musical, de la danse, du burlesque, des petits bijoux pointus, du jeune public à gogo, des récitals… Souvent, du beau travail artisanal, plus ou moins boursouflé de prétention ou émouvant de justesse et de simplicité. Le pire et le meilleur. Une cour des miracles théâtrale qui sent son Pigalle avec ses harangueurs, ses tracteurs insistants, ses affiches bariolées.
Il y a quatre niveaux de réalité, à Avignon en juillet.
• Le In, cet Olympe artistique qui bénéficie des meilleurs sites et de la meilleure couverture médiatique. Parfois très contesté, parfois très passionnant. Un autre monde dont on n'aperçoit que des bribes.
• Le off, les soutiers, mais où on retrouve aussi d'inattendues personnalités.
• Le blablaland, surtout en deuxième semaine, où se retrouve toute la techno-structure culturelle, les politiques, les syndicalistes, les gestionnaires de droits, les assos et organismes de toutes sortes. Où on se montre, où on se rencontre, marque son territoire, maintient ses positions avec un tas de table-rondes, pince-fesses, débats, forums à la clef : on peut y passer presque toutes ses journées. Un blablaland particulièrement gâté cette année avec la visite du Président et de sa Ministre de la Culture. Où il s'agit d'écouter les uns les autres, de rassurer, d'exprimer en évitant de s'engager ; l'endroit n'est pas fait pour ça. Les engagements c'était l'an dernier et celle qui s'y était risquée ne l'a pas emporté. Un blablaland qui réunit tout un monde venu rien que pour ça, hérissé de groupes de pression et d'un conservatisme réel – autour d'une vision de la culture assez monolithique - malgré des déclarations de surface parfois plus nuancées, ou d'une insatisfaction perpétuelle.
• Enfin les Avignonnais, partagés entre ceux qui profitent directement du festival et ceux qui le regardent passer, avec parfois complicité, souvent goguenardise ou, de temps en temps, agacement. Un autre monde aussi, tout aussi différent.
Entre tous ces niveaux, les festivaliers, touristes ou passionnés, le guide à la main, arpentant la ville toute la journée et qui donnent à cet évènement sa dignité.

Et nous là-dedans ?
Nous avons décidé de venir ici pour élargir notre saison et notre couverture territoriale, laquelle passe aussi par la salle. La Chorale de St Fulbert, bien que d'inspiration résolument de rue, fait partie de ces formes en lisière qui passent aussi bien dans des lieux non dédiés que dans des salles traditionnelles. Le plateau de l'espace Alya, pas trop renfermé, nous convenait et nous sommes partis gaillardement pour cette aventure onéreuse. Mais en arrivant sur le festival nous nous sommes trouvés confrontés à toutes les raisons qui ont motivé notre choix de faire des arts de rue. Cette foire où il s'agit de faire venir plutôt d'aller vers, de séduire, de faire du tapage, ce rapport biaisé, décalé à un public-consommateur finalement restreint ne nous correspondent pas et ne correspondent pas surtout à l'idée que nous nous faisons de notre métier. Nous avons d'ailleurs pu constater intensément l'écart en faisant relâche 2 jours pour aller jouer, dans la rue, en Lorraine, faisant en une seule journée plus de spectateurs que nous n'en avions fait pendant une semaine à Avignon, avec un rapport ô combien différent, ce qui –au passage- nous a redonné une énergie considérable.
Du point de vue artistique, une réussite. Nous avons pu, avec ces 20 représentations, aboutir le spectacle au rasoir, épurer les scories, trouver le bon tempo. Jouer vingt fois de suite, une opportunité extrêmement rare dans les arts de la rue, ce dont nos spectacles souffrent, forcément. Ces trois semaines de représentation nous aurons fait gagner un haut palier. Mais nous n'avons pas, à une seule exception, fait le plein de notre salle, malgré des retours enthousiastes de nos spectateurs, malgré l'efficacité reconnue de nos parades, malgré un très fort niveau de sympathie rencontré lors d'icelles, malgré trois articles de presse –un peu tardifs-, cantonnant notre jauge à une moyenne de 70/80 personnes. Nous avons tiré notre carte du jeu, mais une assez petite, bien qu'encore une fois, les retours sur l'originalité et la qualité de notre proposition aient été nombreux. « Si tout les champs du monde… » a eu du mal à faire évènement, contrairement à la Rave Paroissiale que nous avions jouée ici en 2006/7 et qui, un peu moins théâtralisée et un peu plus rentre-dedans avait fait le buzz sur le Festival. C'est que celui-ci à ses règles et ses engouements, très spécifiques l'un et l'autre. La martingale ne s'y décrète pas. Mais nous repartons avec un spectacle au cordeau, fourni, riche et généreux et avons de bons espoirs, les programmateurs étant venus en nombre, qu'il tournera longtemps.
Reste à digérer le trou financier.
Les rapports avec la salle furent correct et le travail bien fait. Une certaine tendance à l'infantilisation des rapports, à la méfiance envers les compagnies, à la demande de faire profil bas, nous a dans les premiers temps quelque peu agacé. Ça s'est amélioré sur la fin. Reste que nous avons découvert des compagnies très proches sur l'esprit et très différentes dans leurs pratiques, admirables souvent par leurs réalisations, fait des rencontres personnelles extrêmement enrichissantes, vécu le festival dans de bonnes conditions d'hébergement et, si nous en sommes sortis lessivés, c'était avec le sourire et de nouveaux amis.
Bien à vous

Le Français langue des J.O

le vendredi, août 3 2012, 09:52

Le Français n'a pas toujours été une langue. Au départ c'était un sabir, un patois hérité des envahisseurs saxons comme des envahisseurs romains. Pour qu'il y ait langue, il faut qu'un pouvoir s'en saisisse. Ce qui fut fait, par François 1er en particulier. Une langue, outil de pouvoir, d'administration et, donc, de transmission et ce fut aussi une manière de se défaire du pouvoir étouffant de l'Eglise catholique, apostolique et romaine, surgeon religieux de l'empire romain défunt. Depuis, les oeuvres faites en la langue française lui ont donné ses lettres de noblesse et de légitimité
Elle devint à son tour langue internationale, de référence, appuyée sur un pouvoir tant économique, militaire que culturel qui la rendait incontournable.
On connait la suite...
L'anglais, langue voisine et cousine à pris le relais, appuyée sur la formidable puissance économique des Etats-Unis. Avant qu'une autre prenne la place, un jour.
Le Français langue officielle des jeux olympiques, c'est une désuétude, comme la messe en latin. Chaque rite a sa langue propre.
Mais le remettre en cause pour un globish qui n'est que véhiculaire, pression économique, acculturation grand format serait également lui faire perdre ses valeurs de base, le paradigme sur lequel il repose.
D'une manifestation mondiale qui peine à conserver ses valeurs, nous ferions une grande foire sportive, ouverte démesurément au grand jeux des nationalismes rances et du sponsoring indécent.
Il est un temps aussi où la langue devient outil de dignité. Ce ne seront ni les Bretons, ni les Corses, ni bien d'autres qui me contrediront.
Le Français n'a pas toujours été une langue, il l'est devenu, porteur d'une partie du genre humain, d'un appréhension spéciale du monde. Il bougera. Il se perdra peut-être mais, à l'heure actuelle, il fait partie du patrimoine de l'humanité, comme l'allemand (Goethe en anglais ce n'est déjà plus Goethe), comme le Grec et comme toutes ces constructions langagières qui ont créé le monde.
Au début, souvenons-nous, était le verbe.
A la fin, il n'y aura que le silence.

 

SEPTEMBRE c'est tendre (vers quoi ?)

Par Postmaster le mercredi, septembre 5 2012, 16:24

Rentrés! après un été passé en un éclair, avec des bouts de vacances coincés entre deux représentations. Avec des bilans à tirer, des résolutions à prendre, un avenir à dessiner. Comme dit ce bon Churchill: "Le succès consiste à aller d'échecs en échecs sans perdre son enthousiasme" Parfois c'est ça. Il faut des hauts et des bas pour tisser sa légende. L'important c'est de s'y cramponner.

Ce que je dirais bien à notre gouvernement s'il s'était mis en état de réussir ou d'échouer. On n'en est pas encore là. Et peut-être est-ce un bon signe: une politique négociée, co-construite, prend du temps, forcément. Je me méfie de ceux qui veulent aller vite, le regard braqué sur le rétroviseur. Non les gars, les recettes d'hier n'ont aucunes valeur aujourd'hui où nous sommes de moins en moins seuls et de plus en plus englués dans des interconnections contractuelles. Si on ne change pas de paradigme et d'élan, aucune chance. Si on ne se repense pas, on n'avancera pas.

Qu'on prenne son temps me rassurerait donc plutôt. Ce qui m'inquiète par contre c'est la panne de légende. Où sont les perspectives, l'avenir, le levier d'Archimède ? qui les dit ? qui les trace ? qui en parle ? La France est en panne de légende depuis De Gaulle et 68, cramponnée à une histoire qui fleure parfois le rance, engoncée d'elle même alors que les aèdes pullulent sur nos territoires qui dessinent de nouveaux récits. Nous avons besoin d'une putain de légende nationale ou européenne, ou mondiale. Nous avons besoin de nous rêver ensemble faute de quoi les portes nous paraîtront toujours trop fermées, les horizons bouchés, l'air trop contingenté.

Des légendes nous en trimballons qui puent, celle des Rroms, celle du chômage-malédiction quand il pourrait être une chance, celle de l'exception culturelle -ce sarcophage qui ne sert qu'à embaumer les gros-, celle de l'immigration qui nous envahit, celle d'un monde sécuritaire etc. Mais nous en créons aussi, comme celle des Arts de la Rue, celle des Articulteurs, celle des SCOP, des SCIC, des assos, celle du cinéma français qui a su et qui sait produire à l'étranger des films essentiels...et j'en oublie tellement. Dans le domaine de la légende, chaque citoyen a son rôle à inventer que nous, artistes, avons le devoir de tresser et de chanter.

On ne le fera pas tous seuls.

PP

Rentrée des crasses

le jeudi, septembre 27 2012, 22:10

Religion et humour ne font pas bon ménage ces temps-ci (l'ont-ils jamais fait ?). Et, en plus, les mots "religion" et "humour" doivent ici être pris avec des pincettes tant ils se sont éloignés de leur acception première.
On sait que les conflits et les guerres n'ont pas besoin de raisons raisonnables, juste de prétextes. Et ça fleurit sec, les prétextes, pendant que les feuilles tombent. Du coup les cons fleurissent et s'agitent.
Le rire est-il de gauche ? le rire est-il intelligent ? le rire est-il du bon côté ?
Le rire jaune, est-ce encore du rire ?
Tant de questions qui nous turlupinent...

OH que t'es sobre!

le jeudi, octobre 4 2012, 15:16

L'avantage du vice est qu'on peut le taxer. Un vague sentiment de culpabilité aidant, on n'a jamais vu défiler des cortèges de fumeurs ou de buveurs excédés par la montée en prix de leur vice favori. Ceux qui protestent sont soit les fabricants, surtout quand il s'agit de made in France, soit les commerçants. Mais tant que le consommateur ne se rebelle pas, ça se gère: la culpabilisation amène à la discrétion.
Du coup, on se dit qu'il y a dans le vice un filon prometteur et qu'il est temps d'ouvrir largement les vannes aux drogues et pratiques sexuelles tarifées tout en clamant fortement que c'est mal. Dénoncer d'un côté et récolter de l'autre le salaire de la honte... Après tout, ça fait quelques centaines d'années que l'Eglise s'est enrichie sur ce principe, non ?
PP
PS: Mieux que les films à la con ou les caricatures de Charlie, c'est IKEA qui remporte le prix de la plus forte charge anti-islam avec son catalogue sans femme. Une version du monde selon A...llah bien glauque.

Nos vents brefs

le mercredi, novembre 7 2012, 15:49

C'est, pour la plupart d'entre nous, tout ce qui reste, les espoirs, les envies, les utopies que nous avons fait fleurir en choisissant notre camp, celles qui n'ont pas été coupées immédiatement au nom du réalisme, de la bonne gestion, de la res-pon-sa-bi-li-té. Allons-nous les laisser faner ? On ne regarde pas les choses de la même façon selon de quel côté on est du manche.

Oui! ça nous avait regonflés, le discours du Bourget, les promesses, l'élan. Passés de l'autre côté, ça nous gonfle légèrement, déception. Quoiqu'en disent les croyants, la foi, toute utile qu'elle soit, est la mère de tous les cocuages.

Soyons honnêtes: des deux côtés de l'atlantique, nous avons voté pour un peu moins d'impudeur et un peu plus d'efficacité, un peu moins de mépris et un peu plus d'équité. C'est tout et ça n'ira jamais au delà. L'essentiel nous ne l'aurons pas, c'est à nous de l'inventer.

Ne pas se laisser aigrir par la désillusion, c'est aussi ce que nous avons à vivre au sein de la compagnie: se cramponner à ses convictions, serrer les poings, inventer des solutions

 

l'avant, l'avant, les navrants

le mardi, novembre 27 2012, 18:46

Ce n'est pas encore Noël mais les gros sabots se sont déjà installés devant toutes les bonnes cheminées...

On glissera gentiment sur les affres de l'UMP qui démontre dans ce piteux affrontement des chefs que seul le pouvoir la soude... quand il ne la dessoude pas.

On s'étonnera que, à propos de l'aéroport de Notre Dame des Landes, le gouvernement se cramponne ainsi à un projet qui date de 1967, un autre siècle, un autre contexte économique et écologique, que presque plus rien ne justifie. Cet entêtement stupide, alors qu'il y a là matière à montrer un changement d'ère, un passage de ligne important, sans quoi la gauche ne sera que la gestionnaire à contrainte d'un système qu'elle prétend honnir sans l'égratigner. Et ce n'est pas parce que quelques gros bourrins de l'ultra-gauche se sont saisi de l'affaire pour en découdre que le refus de cet aéroport est illégitime et que ça autorise à se comporter soi même en bourrin, ce qui menace fortement. Voilà un cas où le changement urge !

Les symboles, les signes de rupture, la croyance en ses propres rêves... Nous sommes comme une bande de gastronomes qui se sont fait saliver dans la salle à manger et dont la partie qui est enfin parvenue aux cuisines a changé le menu mais pas les plats. Du coup, la question se pose crûment: le changement c'est quoi ?

En attendant, le Noël de cette année sera comme d'hab' réservé aux enfants, aux commerçants, aux industriels et à la consommation... et aussi, un petit peu, aux artistes qui en colportent le rêve et les légendes, auxquels ça permettra, encore cette fois, de mettre un peu de beurre dans leurs épinards. C'est notre cas et on s'en réjouit.

du rififi dans la crêche

le vendredi, décembre 14 2012, 17:30

Rien ne va plus. Le boeuf crèche en Belgique, il y a deux ânes dans l'étable qui se braient dessus, Melchior planque son or en Suisse, Gaspard brandit sa mire mais la télé est mal réglée, Balthazar ne sait plus qui encenser, l'étoile arrivée si tard nous a été ravie, le berger bêle après ses brebis qui occupent une prairie au dessus de Nantes, et pour ce qui est de la future naissance, houla! pas sûr qu'une vierge ait droit à la PMA dans les conditions actuelles. Autant dire qu'il n'y aura pas forcément de fécondation in vitrail et donc de FIV dans le gateau... Sans compter que le bébé risquerait de nous arriver dans le même état que la Grèce, sur la paille.

Pour le reste, on a du faire des croix sur tellement d'espoirs qu'il ne se sentira pas seul avec la sienne.

Heureusement, la fin du monde risque de prendre tout le monde de vitesse. Au moins ça va clarifier les choses. Du coup les anges pourront aller se rhabiller et tenter de se remplumer. On leur recommande M Mittal pour le remplumage... à moins que ce soit l'enfumage...

Tout bouge, tout s'agite, le monde valse inconfortable, demain risque d'être moins bien, mais on s'accroche à des petits riens.

Ne pas oublier ce détail essentiel: en vieux françois, "noël" était un cri de joie et d'enthousiasme, le "youpie" d'aujourd'hui.

Et donc joyeux Youpie à tous!!!

Ah que c'est l'air

le mercredi, janvier 16 2013, 18:13

Le futur est de moins en moins sûr, le présent glissant, et le passé a tendance à se faire oublier. Autant dire que le Destin, dont se gobergeaient nos anciens, a perdu de sa superbe et qu'il nous appartient désormais de le requinquer, petite chose déplumée piaillant faiblement dans nos paumes…
On peut vivre clandestin, mais pas sans destin, pas sans histoire à raconter, sans saga à tricoter, sans utopie à bricoler. Retroussons donc nos manches du dimanche, en cette année 13 dont on va espérer contre toute attente qu'elle nous porte chance . War raok ! comme disent les bretons, Avanti  ! comme on le dit en Italie et Montjoie ! comme le clamaient ces fiers-à-bras qui faisaient suer le burnou à nos ancêtres serfs.
A notre modeste dimension, nous allons donc tenter de faire valser les curseurs dans le contexte désenchanté que chacun de vous connait et tisser de plus belle ces passerelles métaphoriques qui nous servent d'ailes.
Les passerelles métaphoriques c'est l'intitulé de notre projet territorial pour les prochaines années où il s'agira, en usant des techniques théâtrales, de créer du lien, de l'imaginaire et des nouveaux rituels pour nous étonner les uns les autres. C'est déjà notre fonction dans les Apé'Roches, dans nos interventions sur les fêtes de quartiers, dans les cabaréboums (prochaine édition le 22 Fév) et ça le sera bientôt (le 27 février) dans le CABARET DES SAVOIRS, un petit bébé conçu au cours des assises culturelles de Montreuil et dont je vous reparlerai.
Par ailleurs, nous relançons une nouvelle fournée de théâtre déambulatoire avec les Vaudevilles express et participatifs de Bling-Dring , le mélodrame grinçant des Abandonnées , et, peut-être, le kit tragique des Théâtreux . En outre nos Fées…Lées travaillent sur un spectacle fixe et nous lançons un nouveau MoyenaJeu  : la Tour prend Garde. Ce sont quelques-uns de nos projets et l'on sait des projets qu'ils sont plus faciles à imaginer qu'à réaliser. Je croise donc les doigts. Faites le tous ensemble avec moi, svp !
Je nous souhaite en attendant bien du courage et de l'allant, de la lucidité et de l'aveuglement, selon nos besoins du moment. Du pessimisme on dira qu'il facilite le freinage mais on ne peut passer sa vie à freiner…

Bonne année !

MARS TOUT DROIT

le jeudi, mars 7 2013, 23:05

Nous sortons de l'hiver, pas de la crise mais de l'hiver. Avec quelques petits plaisirs pour pas mal d'inquiétudes ou de frustrations.
Dans la série des satisfactions, on notera le fait que pour la première fois, grâce au gros travail de la Coordination des Intermittents et Précaires d'IDF, les arguments fallacieux brandis à tout-vat depuis une dizaine d'années pour dénoncer les annexes 8 & 10 ont volé en éclat et que dans ce combat difficile pour rétablir la vérité Aurélie Filippetti et Michel Sapin n'auront pas été les derniers à se mouiller. Qu'ils en soient remerciés. Autres satisfactions, plus personnelles, notre premier CABARéBOUM de l'année et le premier CABARET DES SAVOIRS de tous les temps ;) se sont très bien passés. Enfin, notre nouvelle création BLING! a l'air partie sur de bons rails....

En ce qui concerne les inquiétudes, elles touchent surtout aux restrictions budgétaires amplifiées par les collectivités territoriales qui représentent l'essentiel de notre clientèle... C'est dur! On s'accroche mais c'est dur.

Quant aux frustrations, elles tiennent beaucoup à la fin des utopies brandies pendant la période électorale. C'est le retour au plan-plan, au conservatisme corporatiste, aux procès d'intention et au manque d'imagination. Il faudrait repenser le travail , dire qu'une situation n'est pas un travail et inversement, que le chomage devrait être une chance et non une malédiction, que la transmission du savoir est une catastrophe et la multiplication des années d'étude avant d'exercer une absurdité, que la méritocratie a accouché de méritocrates héréditaires, que les bons étudiants ne font pas forcément de bons professionnels ni des bons profs, qu'il faudrait un quota d'anciens cancres dans l'enseignements, que la mutualisation des moyens pour notre santé a été dévoyée, pillée par les labos, les cliniques et certains organismes sociaux eux-mêmes, qu'il est affligeant de constater que pour être sûr d'être remboursé il faut être de préférence sur le point de clamser, qu'il serait bon qu'on s'interroge ensemble sur le sens de cet outil que nous a légué le CNR... Mais il en est ainsi en France que dès que tu lèves un coin du voile c'est la grande hystérie collective type "manif pour tous" dernièrement...

Nos "indignations", ne les réservons pas aux grands vilains d'en face. Partageons-les aussi avec les gros crétins que nous sommes parfois collectivement. Dès que la pensée s'endort elle n'est plus dans le bon camp.

Et une pensée pour Stéphane Hessel, Hugo Chavez et Jérome Savary, trois loustics qui se sont chacun, à leur manière, crânement coltiné la vie.

PARKING GRATUIT

le jeudi, avril 25 2013, 13:33

Cap Gaillard a ceci de particulier que 2 compagnies de rue (Acidu & les Goulus) y demeurent et travaillent ainsi qu'un nombre conséquent de plasticiens, décorateurs ou affiliés. Cette richesse artistique n'a jamais été partagée, ni entre les protagonistes, ni avec le quartier. PARKING GRATUIT, festival de proximité, a pour but de permettre un partage, créer une synergie entre ces différents acteurs, donner une visibilité et la possibilité aux habitants du quartier de se frotter aux activités et créations de leurs voisins. Outre ceci, nous partons de la conviction qu'un spectacle de rue ne peut se construire durablement sans intégrer ses futurs spectateurs, qu'il a besoin de leur présence, de leur regard, voire de leur avis pour se finaliser.

Ayant constaté que le parking du Cap Gaillard était à peu près vide le dimanche, nous avons vu là une opportunité de créer une rencontre festive et consacrée essentiellement à la monstration de spectacles « en bourgeon », c-a-d encore au niveau de l'esquisse. Nous avons fabriqué un visuel, quelques affiches, mis des informations sur nos réseaux sociaux ainsi que dans le quartier et nous sommes retrouvés, dimanche 21 avril, en matinée, à une vingtaine pour préparer ce mini-festival de 4h. Les aires de jeu furent décidées en fonction de la répartition des rares véhicules garés. Une barbecue fut mis en place et les repas partagés (financés par deux compagnies).

Au programme : 8 spectacles, dont 6 spectacles vraiment en bourgeon, 1 spectacle confirmé, et un autre donnant lieu à une reprise de rôle, le tout émanant de 4 compagnies Montreuilloises (Acidu, Goulus, Anthropologues et Bonheur Intérieur Brut). Une équipe de comédiens d'Acidu s'étant placé près du portail de Cap Gaillard pour recevoir, informer, voire inviter ceux qui se présentaient. Une initiative qui fut bien suivie et accueillie, entre 250 & 300 spectateurs dont un bon quart venant du quartier.

Des spectacles, ou bribes de spectacles, bien accueillis dans une ambiance bienveillante et l'envie pour tous de récidiver.

des chiffres et delete...

le lundi, mai 6 2013, 18:15

Pour faire parler la rue, il faut la boursoufler, gonfler les chiffres comme la poitrine, vieille tradition des arpenteurs de bitume. Et contester les chiffres adverses: qui es-tu pour décompter ce que je me sens être ? Faudrait-il distribuer les dossards aux manifestants pour régler le problème ?

On prête aux chiffres une puissance objective à laquelle ils n'ont jamais prétendu. Le chiffre se manipule comme la lettre. Et tout ne dépend pas des critères. Déficit réel ou structurel, sondages et statistiques à trous, les chiffres nous sont assénés comme des vérités qu'ils ne sont jamais. Il faut dégonfler les comptables, modernes haruspices, traiter les chiffres avec la même méfiance que les entailles des animaux sacrifiés que nous sommes souvent.

Ecoutez le concert de nos économistes, réunis dans la grande cacophonie actuelle. Cherchez les mélodies et trouvez-en les chutes. Ad libitum. Nous sommes aux prises avec des chefs d'orchestres qui font crisser les calculs pour charmer nos oreilles. Ad nauseam. Un jeu ou l'insincérité est la règle et la vérité aussi périlleuse à trouver que dans des lasagnes surgelées.

On ne parle plus pour dire mais pour assourdir. On ne compte plus pour découvrir mais pour confirmer. Intox, désintox, mais surtout tox.

J'en ai assez d'entendre des faux-loups hurler aux quatre coins du champ, marre de faire partie du troupeau déboussolé, marre qu'on me tire la barbichette par tous les poils sans que ça me donne envie d'en rire, marre qu'on excite mes peurs, marre du shaker des infos, marre du sudoku des cons.

Et donc, nous disions: deux + deux ...

eT PLUIE ENCORE....?

Par Postmaster le mercredi, mai 22 2013, 09:25

Bon. On a trouvé pire que la situation économique: le temps qu'il fait actuellement. Un ciel qui vous plombe le moral comme un rien. Du coup les professeurs Nimbus et leurs déflagrations verbales font pâle figure à côté de la lourdeur des cumulus, cumulo-nimbus et autres masses d'eau volantes conséquemment plus importantes que nos masses salariales... Pourtant, le croirez-vous, ces spectacles de rue que nous avons donnés en versions mouillées ont été accueillis et vécus avec plaisir et complicité. Malgré la baisse des budgets consacrés pas les collectivités territoriales aux festivités d'extérieur, malgré la sourde déprime financière qui mine nos structures, l'envie de se retrouver et de sourire ne subit aucune altération. Contre mauvaise fortune bon cœur, c'est le mot, grand cœur, envie urgente de bonheur, d'oubli, de plonger dans le bain convivial des réjouissances, de faire trempette dans l'anonymat des publics, rando sur les trottoirs, et s'il faut porter un parapluie pour ça, qu'à cela ne tienne.

Tout ne serait pas perdu ?

Ben non. Après les transes, les commentaires exacerbés, les manifs et contre-manifs hystériques, une sorte de vaste flop nous englue. C'est qu'il y a le temps qu'il fait et le temps qui passe et tous deux, incontournables, mènent leur propre danse qui nous réduit à ce que nous sommes, contingents, affamés de moments frais, de plaisirs enchâssés, de rêves éveillés.

Le fait de se désintéresser des actualités fait un bien considérable. Se recentrer. Ecouter son cœur plus que les chroniqueurs. Mener sa barque et godiller au plus près. C'est le temps de se retrousser les manches et de poursuivre sa carotte sans flancher. Ce que nous faisons sans nous soucier si les jours sont fériés ou non. Les répétitions suivent les répétitions, les fabrications itou. Dernière semaine avant que Bling! rencontre le public de Meisenthal puis de Nanterre , que les Pilleuses de Câlins dévastent Dieppe puis St Etienne de Rouvray, que la Chorale de St Fulbert éclabousse Collégien, etc etc. On se fait mentalement un bras d'honneur au ciel et on fonce vaillamment, tout au plaisir, parfois trop rare, d'exercer ce métier que nous nous sommes choisis, pingre en pognon mais si généreux d'émotions.
PP

A vous voir à ces occasions!

J'eus un (coup de sang)

le mercredi, juin 19 2013, 21:49

Je ne vois pas de décorations alléchantes dans les vitrines , pas la moindre annonce pour nous mettre en condition, pas le moindre décompte impatient, pas la moindre attente euphorique, pas le moindre drapeau aux fenêtres, rien... et pourtant, mes amis, et pourtant, dans moins d'un mois c'est le 14 juillet, la fête de tous les Français ! Ce devrait être LA date, notre date, notre fête à tous! Alors quoi ? les marchands de sapin l'emporteraient sur les marchands de cocarde ? Vous préférez une fête consumériste à une fête nationale ? Nazareth vous fait plus rêver que la Bastille ? le marmot chez vous l'emporte sur le citoyen ? Honte! Vergogne! Trahison !

J'entends d'aucuns esprits forts ricaner dans leur barbe ou sous leur fond de teint blafard. L'habituel "french bashing", que je traduirais par "francoratatinage" voire "autofrancoratatinage" (je connais des spécialistes du genre). Comment voulez-vous qu'on avance avec ce genre de mentalité ? Comment voulez-vous que le gouvernement, que le président, se sentent poussés par un puissant élan populaire pour se dépasser, alors que, constatons-le, ce fameux peuple français qui alla d'un seul élan et sans barguigner se faire massacrer gracieusement jadis à Verdun, ne se comporte plus que comme une assemblée de petits actionnaires aigris et récriminants, mal-voyants, sans élan, mesquins, déçus, éternellement râlant... Sûr qu'avec une pareille mentalité, l'issue de la guerre de cent ans eût été différente! (ce qui, entre nous soit dit, n'aurait pas été un mal, quoiqu'en pensent ceux qui sont tombé dans le panneau de cette fabuleuse manipulation que fut l'affaire Jeanne D'Arc) Dur de se sentir français dans ces conditions.

La vérité c'est que nous nous décevons les uns les autres, la déception est le sentiment le plus massivement partagé par nous tous. Tout ce en quoi nous croyons nous déçoit, surtout ceux qui nous sont proches. Aucune famille n'est épargnée. Entre les myopes qui ne voient pas plus loin que leur quartier leur famille la couleur de leur peau la pureté de leur accent, et les hypermétropes qui ne vivent que sur les règles de la mondialisation, en passant par les sempiternels Bourgeois de Calais s'imaginant que parce qu'ils baragouinent quatre mots d'anglais ils seront sauvés, prêts à baisser leur froc devant tous les diktats, à remiser leur foi, troquer leurs convictions... Ah elle est belle la France môssieur! Elle est bien barrée, ça c'est sûr! Le foot, le foutre et le miam, ya que ça qui les unit, et encore, pour le miam, ya du sushi à se faire...

Posons-nous la question : cette idée de nation qui structura la monde au début XIXème a-t-elle encore un sens ? Ne sommes-nous pas plus francophones que français ? citoyens du monde qu'Européens ? régionaux que nationaux ? Ce mythe de l'Europe qu'on tenta d'instaurer ne prend pas, faute de s'être créé une histoire commune enseignée à l'école et la façon dont on la gère est une escroquerie bouffonne. Nous devrions avoir des filières communes, parler au moins 5 langues chacun et que voit on ? Beurk!

Ce combat pour l'exception culturelle, dont on fit cas récemment, est un pléonasme. La culture est exceptionnelle par essence, ce qui nous unit autant que ce qui nous singularise. Même si l'anglais est une lingua franca pratique, son enseignement intensif et unique est aussi absurde que de nous imposer de manger tous des hamburgers. La diversité est belle, elle est indispensable. La façon dont on gère l'enseignement , ses modalités, ses bases est une catastrophe absolue, un rabotage anachronique des singularités, une forteresse corporatiste entêtée. Du coup, oui, fuir à l'étranger, apprendre par correspondance, sortir du système...

On ne défile plus monsieur, au quatorze juillet. On se défile.

Tourner la plage...

le vendredi, juillet 5 2013, 16:53

Il y a parfois de petits bogues dans le programme de réalité virtuelle où nous baignons. Malgré le bombardement incessant d'images et d'illusions qui nous sont prodiguées, la réalité, parfois en catimini, montre le bout de son nez.... la main du manipaleur se révèle sous la marionnette. L'affaire Snowden en fait partie. Petit accroc révélateur, parmi d'autres... comme les "contes" de campagne de Sarkozy ou l'affaire Batho ou Kerviel ou Wikilinks... Intéressant comme, dans le grand machin huilé, les individus peuvent faire grain de sable, soit parce qu'ils se sont pris les pieds dans le Tapie, soit qu'ils n'en peuvent plus, soit pour d'autres raisons. Dans les lézardes fugaces qu'ils provoquent, les illusions se déchirent l'espace d'une seconde: illusions d'une indépendance européenne, d'une indépendance française, d'une indépendance du politique par rapport à l'économique, etc etc... Le temps d'un voile qui se soulève, on voit les poils sur la gambette.

Oh ! les sparadraps ne manquent pas et tout sera vite colmaté ; nous avons un système politico-médiatique extrêmement bien rôdé sur le sujet et qui nous replongera bien dans nos torpeurs candides... Et les chaleurs de l'été cautériseront nos doutes. N'empêche. On a vu.

Le monde dans sa globalité nous a totalement échappé et aucun de nos bien aimés dirigeants n'a le pouvoir auquel il prétend. En face, les groupes industriels, commerciaux, financiers, qui tirent les ficelles de leur olympe offshore ne sont que des machines à se perpétuer, à se développer, jusqu'à l'absurde, jusqu'à ce que la planète soit prête à crever. Tout est écran. Tout est fumée. Le pouvoir politique est inféodé jusqu'à la moelle à des valeurs qui nous ont échappé. Depuis 20 ans au moins, nous sous sommes sciemment appliqués -avec l'aide précieuse de l'Europe- à supprimer tout ce qui pouvait nous permettre de dire non. Sans industrie, sans trésorerie, nous n'avons plus la moindre marge de manœuvre... sinon dans le blabla. Nous sommes trop imbriqués pour pouvoir espérer autre chose qu'un changement de décoration.
Voyez comme le bio et la philosophie qui le sous-tendait ont été avalés dans la grande machine à produire, désossés, édulcorés, adaptés pour faire cash! Impressionnant.

Heureusement il y a les grains de sable. L'individu est parfaitement manipulable mais jusqu'à un certain point seulement. En posant vos fessiers cet été sur nos plages, regardez les de près et regardez leur masse, et imaginez... Quand les grains de sable s'envoleront.

Bons vents !

Ne pas bouter août out!

le mercredi, août 28 2013, 13:06

Quel bel été c'était! Certes il n'est pas fini mais septembre, nous le savons bien depuis que nous sommes gamins, c'est son lent déclin, les murs occultent le soleil.
Quel bel été c'était! Même si les orages de fin juillet ont failli le gâcher et y sont d'ailleurs parvenus pour un certain nombre de malchanceux. Mais quand même, on ne voudrait pas dire, ne boudons pas notre plaisir; à l'heure où la conjoncture devient de plus en plus dure, ce bain de soleil prolongé, juste à bonne température, c'est un cadeau inespéré.
Quel bel été c'était! Nous n'avons pas fait la tournée du siècle mais c'était une belle et bonne tournée avec son lot de rencontres enthousiasmées, de découvertes, de retrouvailles, d'amitié. Quiberon, Angoulème, St Chély d'Apcher, Hardelot, Boulogne/Mer, Aurillac, entre autres lieux et dates mémorables, d'autant que notre nouveau-né, création de l'année, BLING! a rencontré pour sa 5ème, 6ème, 7ème et 8ème représentation un accueil chaleureux qui ne s'est pas démenti tout au long du festival d'Aurillac. Et puis, on s'est surpris, divin plaisir...
Vous aurez compris qu'une exceptionnelle euphorie nous a, cet été, saisis. D'autant qu'entre ces dates, il y eu quelques bribes de vacances fort agréables. Du coup -et je ne sais pas ce qu'il en est pour vous- on a comme une hésitation à écouter, regarder ou lire les nouvelles, pas envie de descendre trop vite de notre troisième ciel (le 7ème est trop haut), besoin de prolonger autant que faire se peut le coussin moelleux avant que nos séants ne doivent se poser sur la planche à clous habituelle...
Justement, les prolongations, elles ne vont pas manquer tout au long de septembre et même début octobre. Rien ne nous presse donc à nous prendre le chou.

Bonne rentrée à tous.

des finitions d'Octobre

le mercredi, octobre 2 2013, 16:45

GLOSSAIRE

CROISSANCE : Développement progressif d'un être humain. Jusqu'à l'age adulte, nous croissons et c'est une excuse souvent avancée pour expliquer les faiblesses d'un adolescent:" il est en pleine croissance". Au delà, age adulte atteint, on ne croît plus. Il n'y a que les métastases qui croissent sans arrêt. Lorsque notre bon président, dans sa campagne, a cru bon de saisir ce grigri, de brandir ce hochet, de chevaucher cette lune, on s'est dit, compréhensifs, "il veut redonner de l'espoir, c'est humain". Mais lorsque plus d'un an plus tard, le grigri est toujours évoqué, on commence à s'inquiéter. Il serait temps de faire évoluer le vocabulaire. Croire et croître, ce n'est pas la même chose. Il serait temps d'établir un net distinguo entre le "plus" qui nous a mis dans la panade que nous connaissons et le "mieux" qui pourrait nous en tirer. Manger mieux, étudier mieux, travailler mieux, habiter mieux, cultiver mieux, produire mieux, soigner mieux, répartir mieux... ça ne se quantifie pas, ça, moins facile que d'agiter le moulin à vent des chiffres et des promesses, ça demande aussi de gouverner mieux et, plus encore, que nous consentions enfin -au delà des discours simplistes dans lesquels nous nous complaisons à mariner- à améliorer notre fonctionnement démocratique et nos pratiques personnelles. Le chantier est immense, le domaine infini. Alors, le sursaut qualitatif, l'améliorévolution collective, c'est quand ?

RETRAITE: Marche en arrière d'une armée, éloignement où l'on se tient des préoccupations profanes pendant quelques jours, action de se retirer de la vie active, d'abandonner ses fonctions. Bizarre comme, alors qu'il est brandi par quelques indéfectibles thuriféraires -dont un grand nombre ont passé son age depuis belle lurette sans pour autant avoir fait mine de se retirer de quoique ce soit-, ce mot semble déconnecté de la réalité d'aujourd'hui. Pensé à une période de plein emploi et de vie courte, la réalité qu'il recouvre a changé, induisant de plus en plus non plus une inactivité mais un changement d'activité dont une grande partie est bénévole et souvent cruciale. Nous nous empaillons pour un mot qui n'a plus tout son sens. Suivez cet entonnoir!.

ROMS: si tous les chemins mènent à Rome, les Roms mènent à n'importe quel chemin, en tous cas dans les discours...

BLING! : on peut en voir un petit film sur la page du site http://www.acidu.com/fichebling.htm

MUTUALISATION: Un sou étant un sou, et un mètre carré itou, nous ouvrons nos locaux à la compagnie "le Grand Théâtre" pour une saine et fraternelle mutualisation de nos moyens.

CONTINUATION: Non non non, la Chorale de St Fulbert n'est pas morte ! Après les Roches de Montreuil, elle vient de donner, à Chemillé, un spectacle unanimement salué et s'apprête à récidiver dans quelques jours à Magny les Hameaux , toujours avec "si tous les champs du monde..."

NOUVEAUTES: "Bling!", "Don Carotte de la Mâche", "la Tour prend Garde" et les "Génies-Djinns" font leur petit bonhomme de chemin sur nos calendriers, grâce à l'investissement de ceux qui y ont participé. Grâces leurs soient rendues.

CABARéBOUM : il revient en fin de mois!!!

Pathos n'est pas le nom d'un mousquetaire

le lundi, novembre 4 2013, 10:04

Les otages de retour en grande pompe du Niger.
Depuis quelques années, la fonction d'otage a pris une dimension très particulière. L'otage devient comme le condensé symbolique de son pays, une affaire d'Etat. C'est le pays qui est otage à travers lui. Je ne sache pas qu'une décision démocratique ait été prise pour lui donner ce statut mais le fait est là. Un lent glissement s'est effectué, bien pratique en l'occurrence (il n'aura échappé à personne que cette libération au Niger tombait à pic pour mettre un petit coup de consensus dans un climat plutôt hystérique par ailleurs) …. Mais d'un point de vue général, les pouvoirs politiques, de plus en plus impuissants à changer le réel, se coltinent désormais le champ émotionnel avec son pathos, ses postures et ses impostures.

Parallèlement, nous devenons tous plus ou moins les otages les uns des autres, au nom de l'emploi, de la sécurité, du « ras-le-bol fiscal » (cette notion-piège dans laquelle tout le monde s'engouffre comme une bande de lemmings), de la santé, etc . Après les Roms, bouc-émissaires pratiques, devenus otages du sentiment xénophobe français, voilà la Bretagne, prise en otage par une bande d'argousins pollueurs sans scrupules qui prêchent une nouvelle chouannerie en brandissant les crucifix de l'emploi, ceux devant lesquels s'éteignent tous débats. C'est otages à tous les étages. Sans compter les victimes, les parents des victimes, les voisins des victimes qui a chaque fois réclament intervention de l'état ou une nouvelle loi. –à quelques exceptions remarquables et dignes, mais qui font tâche dans ce concert hystérique-

Et c'est à celui qui hurlera, tapera, cassera, pleurera le plus fort. A droite, à gauche, tous en chœur !

C'est quoi cette démocratie ? C'est quoi cette infantilisation ?

Une impuissance du politique, allant chercher de la légitimité là où on ne lui demande pas d'aller (et s'inquiétant surtout de son électorat) ? Une perversion de l'information ? L'information étant une marchandise comme les autres (en plus périssable) une grande partie de la presse n'informe plus, elle vend de l'info, elle fait de l'émotion à flux tendu. Pas un jour sans un sondage avec ses questions manipulatrices. Notre société c'est un grand tonneau où tous les bruits se répercutent et s'amplifient. Et celui qui pète à un bout du tonneau aura droit à son édito. Le politiquement correct s'est épuisé à faire taire les voix discordantes et maintenant où en sommes-nous ? Sors une énormité et tu seras connu dans le monde entier.

On aimerait pouvoir déverser dans le gosier de cette petite conne angevine toute la honte que nous avons personnellement éprouvée à entendre ses propos, cette énormité d'un autre age, cette … Se sentir ainsi devenus les otages de cette gamine mal élevée, comme si on était tous retournés à l'age de pierre, vertigineux. On aimerait aussi pouvoir exprimer à Christiane Taubira, sans rapport avec cela qui n'est au fond que chiure de mouche, tout le respect et l'admiration qu'on lui voue.

On peut déplorer ou s'amuser des reculades sur la taxation de l'épargne et sur l'écotaxe. On aimerait se dire que c'est assez finement joué. Qu'il vaut mieux orchestrer de petites avancées que des conflits coûteux, tant qu'il y a de la détermination... Parce que c'est vrai : gouverner c'est fixer des règles mais c'est avant tout gérer des exceptions, ouvrir des brèches, travailler petit. Ça prend un temps infini de gouverner, quand le temps des médias se focalise plutôt sur l'immédiat.

On aimerait penser que derrière, il y a de la détermination.

On aimerait que les Bretons fassent entendre leur voie qui n'est certes pas celle de produire et vendre des produits de plus en plus merdiques dans une fuite en avant agro-industrielle dévastatrice pour la terre, les rivages, la santé et sans avenir aucun. Oui, on aimerait qu'en Bretagne, on parle de l'autre voie, que d'autres explorent déjà, je veux dire : d'autres que les bonnets couperosés….

On aimerait que les grandes promesses électorales sur une économie verte trouvent un semblant de réalisation. N'inventer rien de nouveau, non, juste correspondre aux grandes fresques brossées. On aimerait ne pas avoir l'impression de s'être fait couillonner, d'être dirigé par une bande de Bourgeois de Calais, corde au cou et seaux en main, écopant une barque qui n'en finit pas de prendre l'eau, tout en marmonnant leur stupide mantra à la croissance et payant son tribut au marché.

.On aimerait qu'on cesse d'invoquer la crise. Ne croyons plus à la crise.

On aimerait aussi que l'orchestre en arrière arrête son ramdam de revendications corporatistes et ses solos d'orfraie pour passer de temps en temps à l'intérêt général…

On aimerait…

A peine début novembre et j'écris déjà des lettres au Père Noël, moi...

N'importe quoi.

Où est passé l'intérêt général ?

le mardi, novembre 19 2013, 13:39

Tous bourrins  : Donc, l'intérêt général semblerait être devenu une notion qui ne s'applique qu'aux autres. Entre ceux qui ont mal et ceux qui crient avant d'avoir mal c'est la grande confusion. Pour faire porter le chapeau à d'autres, on se coiffe soi-même de bonnets, chaque corporation sa couleur (l'égo et les couleurs !), auquels on ajoutera, pour les syndicats enseignants, des bonnets d'âne. ça devient n'importe quoi. Le tout à l'égout embrasse le tout à l'égo ! Grand bazardage du clivage gauche-droite au profit du ventre. Et ceux qui ferment leur clapet ont (forcément) tort. Sans compter que tout ceci excite fort un certain parti qui adore la pêche en eaux troubles et jette ses hameçons puants aux quatre coins de la marre.

Le prophète Mouise  : On se prend d'empathie pour le brave type (oui ! le brave type) qui a choisi de nous représenter et qui se trouve présentement, comme nous, dans une sacrée mouise. Sauf qu'on l'a élu parce qu'on pensait qu'il nous en sortirait, de la mouise. Alors ? On franchit la mer rouge ?

A plat  : Nous allons donc écoper d'une remise à plat fiscale. L'expression est de circonstance. Bonne nouvelle. Sauf que des remises à plat on en voudrait d'autres, tant qu'à faire, notamment sur le paiement de la dette, sur l'Europe, etc. Mais bon, il était temps que ce gouvernement trop prudent dessine une autre perspective que celle de faire de son mieux.

Houlala  : Libération, crucifié par un tireur fou, en fait des tonnes. La victimisation, ça marche très fort.

Mal-voyants : L'aveuglement est le handicap le mieux partagé du monde. Hollande qui demande l'arrêt total et définitif des colonies de peuplement en Palestine alors qu'il est patent, pour celui qui veut bien voir, qu'il est beaucoup trop tard. On continue à faire marcher un mythe qui est déjà mort. Kifkif Bouteflika.

Pénalisation de la prostitution  : Il y a dans la troisième saison de Borgen –série danoise passionnante qui passa sur Arte- une scène intéressante, où, au cours d'un débat sur le sujet, une bien-pensante assène à une « travailleuse du sexe » cet argument définitif : « à partir du moment où vous vivez de la prostitution, vous n'êtes pas en situation d'avoir le détachement suffisant pour émettre une opinion pertinente dans ce débat ». Un argument qu'on rencontre sous d'autres formes sur de nombreux sujets.

Europe, la vache  : Nous sommes à 6 mois des élections européennes, une élection cruciale qui devrait être l'occasion d'une remise en cause profonde de cette saloperie qu'on nous a fait avaler au nom de l'amitié entre les peuples. Je le dis d'autant plus virulemment que je suis un européen convaincu. Il y a un devoir d'inventaire qui s'impose quand tu regardes le tas de mesures insupportables prises en catimini au long des années. L'extrême-droite est déjà sur le ring avec sa quincaillerie nauséabonde. Et les autres ? Quand aurons-nous une vraie liste pan-européenne à nous mettre sous la dent ?

Du bon pain sur les planches  : Dans ce climat où les baudruches se gonflent et dégonflent frénétiquement, saluons le retour du Théâtre, oui, du théâtre, merde du théâtre, enfin ! Un théâtre sans gourou, sans décors mégalomanes, sans pontifiage, efficace, ludique, festif. On en sent les prémices, où les arts de la rue ne sont pas absents. Le théâtre s'appauvrit. C'est une excellente nouvelle. Il en retrouve sa force et son génie propre fait avant tout d'imagination.

Journée pour l'élimination de la violence faite aux femmes  : A cette occasion, la cie (amie) Férébakan interprète une pièce de Kadi Diarra « Sans tête ni queue » que j'ai eu le plaisir de mettre en scène, le 23Nov (16H) à Pierrefitte, le 25 (12H45) à La Courneuve, le 26 (14h) à Stains, le 28 (14h) au Blanc-Mesnil et le 3 déc (18H) à Toul

Fisc fut King (mais le roi est nu...)

Comme une impression que depuis 2 ans, c'est moins le fond des réformes qui est contesté que les mise-en-(ré)formes…
Comme une impression, en apprenant certains couacs, fiscaux et autres, et les conditions dans lesquelles ont été négociés certains contrats avec des groupes privés, en lisant le rapport PISA de cette fin d'année, ou en analysant simplement les petits détails qui nous pourrissent la vie… que s'intéresser de près à la façon dont les choses sont orchestrées n'est pas la plus mauvaise des idées.
On tape sur les politiques, on rêve d'alternance pour être pratiquement toujours déçu… Or il en est d'inamovibles qui survivent à tous les régimes, qui mettent en musique toutes les décisions et qui orchestrent à loisir les mise-en-forme, en réforme, en conforme et qui, de fait, influent considérablement sur nos conditions de vie. Et qui ne sont jamais en danger. Peuvent pantoufler, s'accrocher, se recycler sans risque de retour de bâtons. L'administration. La haute administration. Une imagination de bottin, un univers de calculette et de valeurs couvées ensemble, vécues ensemble, un tas de références incestueusement partagées, une oligarchie sournoise d'indéboulonnables zélotes de la mesure calibrée, de la règle byzantine, du protocole biscornu et de l'algorithme fermé.
J'exagère.
N'empêche qu'il serait peut-être temps de remettre en cause les grandes logiques administratives qui régissent notre pays depuis des lustres, des logiques de plus en plus éloignées de nos soucis, rythmes et conditions de vie. Quoique certaines croisades puissent paraitre suspectes, taxation interdiction, coercition ne sont pas pour autant les uniques solutions, on peut jouer plus fin, plus malin, nous ne sommes pas tous des crétins, ni des aigrefins.Et si en plus le moralisme s'en mêle, c'est le pompon...
Petit exemple : les mesures généreuses ou tout simplement justes que peuvent être amenés à prendre certains politiques passent systématiquement dans la concasseuse « il ne faut pas que ce soit trop simple sinon il y aura de l'abus ». Résultat, une grosse part des potentiels bénéficiaires du RSA n'en profite pas même en étant dans la merde, un exemple qu'on peut reproduire sur une vaste échelle et sur maints autres dispositifs. Il faut remplir de la paperasse, une démarche que personne de sain ne fait volontiers et qui en plus peut s'avérer très compliquée pour certains. Ergo, des mesures qui vont profiter principalement à ceux qui les ont pensés et à leurs proches, aux procéduriers, aux tatillons qui ne sont pas majoritaires, heureusement pour nous ; quant à ceux qui n'ont pas le choix, ils se retrouvent souvent dans la situation humiliante de devoir se faire aider par les organismes qui se nourrissent de ces démarches absurdes. Même si le recours à internet a un peu simplifié les procédures, constatons qu'icelles perdurent au-delà du raisonnable. Sans parler de la suspicion systématique que rencontre toute initiative privée. Et dans ce domaine-là, il n'y a pas que les administrateurs d'Etat, mais leurs petits frères des banques et organismes cousins qui fonctionnent sur le principe du frein.
Suite au rapport du PISA, certains semblent découvrir cette évidence que le système éducatif français vise avant tout à sélectionner et cultiver de l'élite. Ben oui! La méritocratie a accouché d'un monstre , une aristocratie de méritocrates patentés dont l'absolue préoccupation est d'abord que leur lignée puisse leur succéder. Un système éducatif fait principalement pour des fils de profs, de fonctionnaires ou apparentés et de cadres. Les mesures d'accompagnements et de rattrapage pour les exclus de l'école ne sont pas toutes mauvaises mais elles sont entachées d'un caritatisme putride. Il s'agit de remettre la mauvaise graine dans la société mais vous pensez bien que ce n'est pas pour leur donner les bonnes places ! les bonnes places c'est pour les bons élèves ! Qu'est-ce que vous croyez ? Nous étouffons de ces élites qui se cramponnent à leur "mérite" et à leurs postes, leur système, leur caste, sous tous les prétextes et même sous couvert syndical.
Tandis que les politiques battent les estrades et amusent le monde, ce sont eux qui tiennent les véritables rênes du pouvoir, les experts patentés, les champions du savoir, les génies cooptés… Et ce sont moins leurs personnes qu'il s'agit de dénoncer que le système de pensée dans lequel ils sont enfermés et nous enferment. Or ils se défendent les bougres. Voyez comme certaines centrales montent au créneau pour étouffer toute baisse d'influence, comment ceux de Bercy dressent des boucliers à la simple idée de voir leurs prérogatives modifiées, comment toute idée de clarté, de transparence et soigneusement torpillée par ceux qui préfèrent se cocooner dans la fumée…
Du coup, oui, chouette, des réformes de fond… Mais si c'est pour y retrouver les mêmes auteurs et les mêmes schémas de pensée, on court à la catastrophe.
Bien à vous

PP

PS: Un mois de décembre bien rempli une fois de plus pour la compagnie. C'est Noël pour nous aussi. Une occasion de déguster, dans le grand gâteau de la vie, la part du rêve, notre préférée...

J'ai un voeu sur la langue

Ne gardons pas notre langue dans notre poche. Parler une langue claire, maitriser son vocabulaire sont les combats de base du politique. Sans mots, tu perds tes outils sur le monde. Chaque fois que tu dis « listing » pour liste, « méthodologie » pour méthode, tu recules vers le borborygme. L'anglais est une langue séduisante, pourtant son usage dans le langage quotidien représente le plus souvent une entourloupe pour redonner du frais à des notions délétères. On souscrit ainsi à un ordre qui nous maltraite. Qui veut parler la langue des affaires ? Nos mots nous structurent et nous cimentent. « nuit », « nacht » « noche » « night » interprètent différemment le pendant du jour. Une langue qui ne s'invente plus atteste de locuteurs moribonds. C'est dans la banlieue pourtant que la nôtre a son meilleur chaudron. Les publicitaires sont des escrocs au service d'une vision du monde qui nous rabougrit. Transmettre est essentiel, les mots peuvent donner des ailes. Nous sommes tous soldats dans ce combat-là. Les journalistes sont au premier rang et ne le savent pas. Dans le ballet des séductions du monde, quelle sera la tienne si tu t'attifes des défroques du voisin ? Cette impression d'une France à vau-l'eau tient de ce que nous sommes descendus de notre vélo pour nous regarder pédaler. L'autodénigrement est un narcissisme aussi. On ne bâtit rien sur de l'amertume. On ne reçoit pas la fierté en cadeau ; on la construit. Le sort de nos enfants en dépend. A ceux qui se découragent, à ceux à qui les folies du monde donnent le tournis, à ceux que le trou noir attire, que la haine hameçonne, que le mépris habite, on peut le dire : personne n'est exclus du chantier du monde en devenir, il se bâtit à chaque endroit où nous sommes. Dans la panoplie de nos outils fraternels, la langue est notre truelle.

Bonne vie à tous.

PP

lundi, février 17 2014

Ya plus d'saison, ya plus d'raison !

Si vous vous demandiez à quoi peuvent servir les intermittents du spectacle, vous avez désormais, grâce aux efforts remarquablement conjugués de la cour des comptes, de Pierre Gattaz et du Point (dans la gueule ?), la réponse : à détourner l'attention, servir de repoussoir et permettre aux petites cuisines malsaines de se concocter à l'écart des regards et des curiosités. Kifkif les Roms. Et le gouvernement a bien raison de les défendre mordicus . Ils peuvent re-servir. D'autant que pourquoi réserver un régime spécial à nos saltimbanques quand, inspirés par le très subtil Dieudonné, ils sont des palanquées à désormais l'imiter. C'est quenelles, saucisses, knackies et andouilles à tous les étages. Et pan sur la littérature enfantine avec l'ami Copé qui dispute à Boutin et Morano le titre d'intello de l'année. Et pan sur les intermittents avec un président du Médef qui a dû se faire remonter les bretelles par ses petits camarades pour avoir trop vite pactisé avec le gouvernement alors qu'il aurait pu obtenir plus. Rendons grâce à la Suisse qui, une fois n'est pas coutume, a décomplexé tout ce petit monde dans le domaine des questions à la con. Nous en avons-nous aussi : « le Médef est-il utile à la France ?» , « est-il normal qu'il faille collectionner tant de de diplômes pour obtenir le moindre emploi quand on voit comment ont-été constituées les listes des partis pour les européennes ? », « supportez-vous l'écart des revenus qui persiste en france ? » « faut-il recycler Nelson Montfort dans les supermarchés ? », « oui ou non, dans ce pays, tout le monde a-t-il droit aux mêmes droits civiques quelles que soient ses orientations sexuelles, ses origines, son âge ? ». A la question légitime ou à la con, répond la levée des boucliers outragés qu'on ait osé la poser ! Et les humeurs s'échauffent, à l'instar de la planète. Les rosiers bourgeonnent et les pucerons se gavent. Les plages disparaissent et les côtes s'effondrent. Mais nous allons retrouver la croissance !!! Pendant ce temps là, notre facétieux président, dramaturge aux petits pieds, se prend les doigts dans un vaudeville de collégien qu'il essaie d'effacer prestement sans se rendre compte qu'il vient d'outrager une bonne moitié de son électorat. Parce qu'actuellement, pour l'outrage, on est chauds. Outrage ou désespoir ! D'ailleurs, posons-nous la question : qui n'est pas outragé ? Vous l'avez deviné : nos vaillants reporters sportifs de la télévision publique qui, scotchés à Sotchi, nous font des grands signes de ces jeux olympiques d'hiver-printanier, surréalistes et absurdes. « Houhou ! C'est là que ça se passe ! C'est ça qu'est intéressant ! »

Franchement, quand il ne vous reste plus que le curling pour donner un sens et un réconfort à vos journées …

Bien à vous !

jeudi, mars 27 2014

Humeur de dogue

Ce billet s'appelle « Humeurs » et franchement, en ces temps, il y a de quoi fournir…
Trop.
Pour ce qui est des municipales, ces gros titres sur la montée du FN, alors que le PG et EELV font mieux, sont assez révélateurs de la faillite de la diabolisation, quand le grand méchant loup prend toute la place dans la narration. Faillite du front républicain qui ne fait qu'attiser le retour du refoulé. Même si je me trouverais très très mal d'avoir le FN dans ma ville, je suis pour qu'ils se coltinent le réel sous notre regard vigilant. On ne lutte pas contre l'inconscient (ni les inconscients d'ailleurs), on leur met le nez dans la réalité au risque que ça cocotte pendant des années… Surtout que voir fanfaronner la droite dite « républicaine » avec toutes les casseroles qu'elle se trimballe et son mépris affiché du chaland, Copé, Balkany et consort, ne peut nous apporter aucun réconfort. Non, la morale n'a décidément rien à voir avec la démocratie que nous vivons, ce grand castelet qui voit s'agiter quelques marionnettes sans que jamais ne changent les mains qui les manipulent. Et on se prend à rêver du tirage au sort promu par Etienne Chouard, qui ne peut de toutes façons que faire mieux. Pour les municipalités sans candidat, ce serait une expérience passionnante à tenter.
Reste que, passée cette étape, il ne faudra pas oublier de se mobiliser pour les européennes et voter pour ceux qui bossent vraiment. Nous serons peu nombreux mais d'autant plus importants.

Et regarder l'Ukraine pour se donner de l'air, non pas seulement telle qu'elle se trouve maintenant, mais aussi son passé pétri de conflits et de haines, et de grandeur parfois. Prendre la distance et relativiser. L'air le plus pur est toujours au futur

Dans la série « balayer devant sa porte », il serait peut-être temps, je le dis prudemment, de faire un bilan du fonctionnement social tel qu'il règne dans notre beau pays depuis tellement longtemps. Au lendemain de l'Occupation, il s'est fait un accord tacite entre gaullistes et communistes : à toi le social, à moi le politique… Nos syndicats se sont construits sur ce partage des pouvoirs et vivent principalement, outre de subventions, de la manne fournie par la gestion des organismes paritaires. Sans qu'on puisse dire que ce soit de cause à effet, nous avons un nombre terriblement chiche de syndiqués, et ceux-ci sont en général les salariés les mieux dotés, ceux qui ont donc les plus à perdre. Les syndicats vivent de leurs permanents bien plus que de leurs adhérents et ont de fait un pouvoir énorme au regard de leur représentativité. Ceci entrainant un certain nombre de conséquences qui ne sont pas forcément toutes bénéfiques.
Parmi les aménagements contestables de nos fonctionnements sociaux, il y a cette possibilité qu'un accord de branche ou de secteur soit signé par un échantillon de syndicats « représentatifs » (patronaux et salariés) sans que soient obligatoirement consultés les principaux concernés. C'est le cas des accords UNEDIC récemment signés sans que n'aient leur mot à dire ni le comité de suivi de l'intermittence, ni la Coordination des Intermittents et précaires qui, pourtant, sont porteurs de propositions concrètes et réalistes, fruit d'un travail acharné de plus de dix ans. Bref, ça se fait sur et dans notre dos. Et ça se traduit en gros par une limitation du cumul allocation + salaires ce que personne ne conteste, une augmentation des cotisations et des charges patronales et salariales – ce qui est un peu fort de café venant d'un organisme, le MEDEF, qui conteste par ailleurs la lourdeur des « charges » comme ils disent -, ainsi que par des délais de carence en forte augmentation qui obèrent directement et sans appel le train de vie déjà misérable des intermittents.
Ces deux dernières mesures sont meurtrières.
Pour les petites structures comme les nôtres, qui font entre 100 & 500 K€ de chiffre d'affaire, dont plus de 80% porte sur les salaires, c'est terrible. Il faut que vous sachiez que depuis l'apparition de l'euro, les cachets de nos salariés (qui ne payent ni les temps de transport des tournées ni le plus souvent le temps de préparation) sont restés les mêmes en euros constants. C'est dire que, si on tient compte de l'inflation et de l'augmentation du coût de la vie, année après année, depuis plus de 10 ans, nous nous appauvrissons inéluctablement. Le fait que nous survivions est un miracle de souplesse, de ratiboisement des frais annexes, de multiplication des casquettes, dont pourraient s'inspirer moult autres structures. Ceci dit, nous étouffons. Nous survivons par conviction, parce que c'est une activité choisie, à laquelle nous croyons, mais pour beaucoup d'entre nous ça devient dramatique et les cadavres commencent à s'entasser à un rythme que ces accords devraient accélérer. C'est donc ça qu'on veut faire, nous culpabiliser, nous faire lentement crever ? Mesure-t-on bien l'effet les impacts sociaux, économiques et politiques de nos métiers ?

Alors qu'il y a d'autres solutions plus rationnelles, plus humaines, on a bâclé cet accord sur des convictions erronées. Nous demandons au gouvernement, forts des déclarations enflammées de notre ministre, de ne pas les ratifier pour laisser une chance à l'avenir, que nous puissions nous exprimer là-dessus et que nos propositions soient prises en compte. Il en va de la survie de tout un pan de notre culture et de notre économie.

Désolé de vous avoir ennuyés avec ça mais il fallait que ce soit dit.

Bien à vous !

mercredi, mai 7 2014

A quoi servent nos voix ?

Où sont passées nos voix ?
Jadis, de grands dirigeants comme Moïse ou Mahomet, de grandes dirigeantes comme Jeanne d'Arc, avaient trouvé le truc pour imposer leur choix sans que leurs subalternes ratiocinent à tout-va : ils avaient reçu une communication du dirigeant suprême ou de l'un de ses sbires et ça closait le débat – au passage je viens de m'apercevoir que le verbe clore n'avait pas d'imparfait. J'inaugure donc. -. Plus tard, empereurs et rois qui se prétendaient émanation directe de ce même dirigeant suprême n'eurent même plus besoin d'en passer par là, leur voix était divine par essence.
Ce fut le grand progrès de la démocratie (et des révolutions républicaines qui l'ont instaurée) que de redonner puissance aux voix, celles-ci étant cette fois émises directement par les citoyens.
Ceci étant formulé, on entend rarement un député, encore plus rarement un président, dire « mes voix me disent, mes voix m'ont dit… » tant il est patent que les voix en question se sont transformées en un blanc-seing global provisoire. Ce qui peut se comprendre tant les voix en question peuvent se rejoindre sur une question et diverger sur l'autre. C'est même devenu une spécialité démocratique : on souhaite chez les autres ce qu'on ne veut pas chez soi, et inversement, une attitude que résume fort bien Georges Courteline : « S'il fallait tolérer aux autres tout ce qu'on se permet à soi-même, la vie ne serait plus tenable. »
Et, pour amplifier le tintamarre, la démocratie elle-même a rajouté du sien en multipliant les instances décisionnelles se référant à des voix différentes (locales, régionales, nationales…), sans compter les sondages qui montent à tout propos des chorales de petites voix supposées représenter les nôtres et qu'on peut invoquer sans vergogne pour changer d'avis. Du coup, vas-t-y retrouver !
Nos voix se perdent donc ! et il y a des coups de pieds au cul qui en font autant…
Reste que nos voix sont souvent mouvantes, velléitaires, inconstantes, à la merci du premier fait divers ou du premier démagogue venu. C'est ce qu'on nous montre en tous cas. C'est ce qu'on nous dit. Tous les jours. Nous serions des enfants irresponsables dont les voix sonnent n'importe comment. Tout ceci pour justifier que certains se targuent de nous interpréter, au-delà de nous-mêmes et parfois contre nous-mêmes. Le fameux « Volk » invoqué par les nazis, le fameux « Prolétariat » tout-puissant des bolchéviques, la fameuse «Patrie » martelée par certains d'hier et d'aujourd'hui…
Et l'Europe, me direz-vous ?
Une instance invoquée à tire-larigot, responsable pointée de tous les bazars et les maux, dont on a omis de créer un cadre démocratique cohérent. Entre la commission qui peut mais dont le choix ne nous concerne quasiment pas et le parlement européen qui peut peu et dont certain tenants n'en foutent pas une rame, c'est un cauchemar d'instance. Pas le moindre air frais alors que normalement ça devrait. Vous avez vu les têtes de liste ? les listes ? On y trouve un ramassis de politiciens au rencart. L'Europe c'est le grand placard de tous les perdants du jeu démocratique national, les plus nuls, les plus tricards. Même si on y trouve quelques personnalités incontournables et remarquables, on sait que derrière ça va permettre à un tas de nuisibles de gagner fort bien leur croûte sans que notre vie n'en soit en quoique ce soit embellie. Ces élections européennes qui se déroulent dans des cadres nationaux, à partir de partis nationaux, ça étouffe, une honte ! Un chantier inextricable où nos voix ne servent qu'à trier dans les minables. Alors qu'il faudrait uniquement des listes paneuropéennes et polyglottes, et un parlement réellement responsable qui élise la commission . Du coup, nous, les xénophiles, les europhiles, qui, par ouverture d'esprit et de cœur, envie d'aller hors les frontières, de créer des passerelles fraternelles, d'élargir les cadres, avons joué pendant des années les cocus naïfs et dérisoires, assistons à cette piteuse pantomime sans rien pouvoir y faire.
L'Europe est à refaire.

En attendant, à quoi servent nos voix ?

Agiter le bocal...

le mercredi, juin 4 2014, 23:06

Ça s'agite.
Après le coup de bambou des municipales, le coup de massue des européennes, il semble qu'on ait touché le fond et que, du coup, chacun cherche à prendre pied pour rebondir...
Il y a le manifeste pour une république nouvelle. Un autre appel pour le vote obligatoire avec prise en compte des votes blancs. Il y a Merkel qui dit merde à Cameron, le parlement européen qui s'oppose à la Commission, le Hamas et le Fatah qui s'entendent, Netanyahou qui ne les entend pas. Hollande qui, dopé par son impopularité record mais mollassonne, décide de rebattre les cartes régionales, départementales, nationales… ah non ! pas nationales. Il y a les intermittents qui gueulent à la trahison ! et ils ont raison. Mais il y a surtout les problèmes de fond, ceux qu'on n'ose pas toucher, ceux qui nous mettent dans des situations à la con. Le problème du financement de l'Unedic entre autres, pensé à une époque où on pouvait tout faire reposer sur une masse salariale globale conséquente (à laquelle ont toujours échappé les fonctionnaires soit-dit en passant) qui va en maigrissant irrésistiblement.
Serait-il inconséquent que le régime de l'intermittence cesse de se faire rabougrir mesure après mesure et soit financé pour tout ou partie par l'Etat directement puisque ça concerne la culture, dont tout le monde profite ? Serait-il inconséquent que les négociations sociales donnent la parole aux véritables concernés plutôt que d'être réservées à des représentants qui, à l'instar de nos élus, représentent en fait si peu de gens ? serait-il inconséquent que les experts –qui ont largement fait preuve de leurs inanités répétitives – ferment parfois leurs gueules au profit de dialogues citoyens ?
La fin des illusions est salutaire. Nous attendions beaucoup du changement de président, sans doute trop. Un socialiste reste un socialiste, à savoir quelqu'un qui pense qu'en travaillant bien et en y mettant un peu d'éthique, on peut s'accommoder du monde tel qu'il est. Le PS est un parti de bons élèves notabilisés qui veut bien aménager la vie mais n'éprouve pas vraiment le besoin de la changer.
Mais si tu ne changes pas tu meurs.
Coltinons, coltinons-nous les problèmes de fond! Apprenons le compromis à la Belge. Mettons le pays à plat. La Démocratie, l'Europe, la Finance, la Sécu, le dialogue social, tout ça marche mal. C'est excitant de se dire qu'on va inventer, qu'il nous absolument inventer, que ce n'est plus possible plus tenable en l'état, qu'il nous faut dès à présent 60 millions de présidents. Et du temps, et de l'écoute, et de la réflexion…
Oui c'est excitant, parce que c'est ce que nous menons tous les jours. A notre échelle, barreau après barreau. Tenter d'améliorer nos vies, les rendre plus jolies, plus ouvertes, plus fortes. Et c'est ce que nous pourrions faire ensemble…

PP

vendredi, juin 13 2014

Lettre verte et ouverte

Nous qui avions choisi de ne jamais être riches, voilà qu'on nous veut pauvres
Nous qui avions choisi un métier de joie, voilà qu'on nous veut au chagrin.
Nous pour qui l'échange et le dialogue sont tellement importants voilà qu'on nous met en demeure de nous battre.
Nous qui nous voulions être les chantres du vivre-ensemble, du rêver-ensemble,
qui jouons pour vos enfants, vous-mêmes ou vos parents
dans la rue, dans les salles, dans vos maisons de quartier ou de retraite
sur des grandes scènes, dans vos châteaux, sur vos tréteaux, sous vos chapiteaux
parfois même dans vos hôpitaux
ou vos écrans télé, rarement
nous qui animons les ateliers théâtre, chant, musique, danse de vos enfants
et qu'on trouve toujours quand on cherche des intervenants pas trop chers, pas trop chiants
voilà qu'on nous stigmatise: "privilégiés, parasites, fainéants..
"Vous ne pouvez pas vous rendre compte.
du temps que nous passons pour nous rendre intéressants
réussir telle trille, tel jeu de scène, tel enchainement
un temps qui n'est pour la plupart d'entre nous -et j'en fais partie- quasiment jamais rémunéré
Vous ne pouvez pas savoir ce que c'est que, tous les mois, tous les ans, pendant plus de trente ans
compter ses heures pour savoir si on aura le droit de continuer son métier
Un intermittent ne se pose pas la question du temps qu'il passe à travailler
simplement des jours où il sera payé
Je sais, ça peut paraitre difficile à imaginer
Et voilà qu'on nous dit que nous coûtons trop cher à l'Unedic
Un déficit qui, soit dit en passant, n'excède pas le montant
de quelques dorés parachutes
Mais il est vrai que l'Unedic, dans ses financements, repose sur un déséquilibre
Tout cela nous le savons et sensibles, comme nous le sommes, aux intérêts communs
Nous avons planché longuement pour trouver des solutions
pour ne pas peser trop lourd dans la balance
Parce que nous sommes solidaires et responsables
Les économies qu'on nous impose nous les avons proposées
mais pas de la même façon
Nos calculs et nos propositions on les a balayées
d'un revers de main, sans les lire
parce qu'il parait évident aux signataires que nous ne sommes pas compétents ni habilités
Les économies que nous proposions étaient pensées pour nous sauver
Mais ce n'est pas la question vous le comprenez
L'objectif c'est de nous tuer, de nous user, plan après plan, de nous ratiboiser
au nom du paritarisme
Vous savez ce que c'est que le paritarisme ?
C'est la possibilité pour les partenaires sociaux qui ne représentent en réalité quasiment personne
pas 5% des salariés
de mitonner entre eux leurs petites cuisines
en notre nom à tous...
Vous croyez que nous ne nous battons que pour nous ?
Pas du tout
avec nous il y a les intérimaires et tous les emplois précaires
mais surtout, au delà, nous nous battons pour vous
Pour des notions aussi désuètes que le respect, la démocratie, la dignité
pour le droit des individus à avoir prise sur leur destinée
contre l'arrogance des décideurs et leurs experts de pacotille.
Comprenez-le, ce n'est plus une question de sous mais de démocratie
Sommes-nous moins dignes que les mineurs, les pêcheurs, les agriculteurs, les routiers ?
Croyez vous que la grève nous soit facile quand elle touche ce public auquel nous vouons nos vies, nos compagnies ?
Faire la grève pour nous c'est du suicide au ralenti
Nous sommes terrorisés rien qu'à devoir les envisager
Mais sinon, comment être écoutés
quand la valeur suprême qui nous dirige c'est la surdité ?

Pierre Prévost
acteur en rue et en colère

les réveils difficiles...

juin 24 2014, 11:00

Qu'est-ce qu'ils sont allés faire dans cette galère ?
Il y a comme ça des constantes fascinantes dans ce beau pays qu'est la France: pour remédier à une erreur, on l'amplifie, pour résoudre un problème on le supprime. Pour améliorer l'agriculture, on raréfie les agriculteurs, pour améliorer la santé, on supprime des hopitaux, pour doper la recherche, on diminue ses fonds et, pour régler définitivement le problème des intermittents, on leur serre le kiki jusqu'à ce qu'ils étouffent. Et "on" ce n'est pas seulement le gouvernement, ce serait trop simple. C'est ce qu'il y a de bien chez nous: il y a une telle belle répartition dans l'absurdité, dans l'arrogance, la suffisance, l'"expertocratie" des nases qui, tous, agitent des grands mots pour masquer leurs petites cuisines infâmes; et le dialogue social, le paritarisme, n'y échappent pas plus que les autres.
Et on se dit: ils doivent tous faire la queue pour consulter chez Bygmalion. Non ?
Il est temps de se réveiller, de se secouer et de se dire que si les élites se délitent, elles n'ont jamais valu grand chose, que tant qu'on se débarrassera de notre pouvoir sur le dos des ambitieux, les déconvenues s'accumuleront. Il est temps de prendre la main, à tous les étages, de se mettre à discuter, contester, négocier sur tout ce qui nous touche de près. C'est le grand problème de la démocratie, un système qui demande des citoyens en éveil, vigilants, sur le pont tout le temps, quand tout le reste est conçu pour les endormir...
PP

écho de routes...

le mardi, juillet 15 2014, 16:29

Quel plaisir de partir en tournée! Quel plaisir de bosser! enfin, quand je dis bosser, je ne parle pas des heures de conception, recherches, négociations, gestion, diffusion, phonage, courrielage, organisation, réparation, construction, discussion et même circulation qui représentent les 98% de notre temps professionnel (et qui sont peu ou pas payés), non! Je parle de ce moment privilégié où nous cessons de battre nos petits bras et de tendre nos jarrets, de nous agiter comme des possédés, de cet instant magique où nous pouvons nous poser, et où, dans la chaleur d'un soleil complice ou sous les trombes d'eau d'une drache abusive, lissant nos plumes, dressant le bec, frémissant de l'ergot, nous coqueriquons chacun à notre façon devant un parterre enléguminé et fleuri réuni à cette occasion.
Ben oui, c'est ça qu'on aime faire, c'est ça qu'on kiffe, ça qui nous fait vibrer. Et parfois, en été, on a droit à des bouquets de dates, à des tournées plus ou moins bien fournies et harmonisées, et là, on exulte!

On a aimé cette date isolée mais si chouette des Fées...Lées à Pont-Audemer. On a adoré retrouver, avec Bling!, le public gourmand de la Sarre-à-contes, en Moselle et dans les Vosges, le public chaleureux du Nord, à Ebblinghem, près d'Hazebrouck et ce merveilleux parc Marguerite Yourcenar où nous avons été gratifiés, en plus, d'un brin de soleil. On a aimé aussi cette semaine de Don Carotte au Gouvernail, malgré la chicheté du public (mais où diantre étiez-vous ?). Et on va déguster Richelieu avec les Foirus, Chalon avec Bling! et Tleta, Domrémy la Pucelle avec les Joyes du Mariage etc...

Et la lutte des intermittents et précaires dans tout ça ? Toujours là malgré les joies de l'instant, toujours cette colère qui ne nous a pas quitté, qui nous a fait tempêter, gronder, hurler, comme tous nos collègues artistes et techniciens avec qui nous partageons, si ce ne sont les mêmes façons de l'exprimer, les mêmes ressentiment, désespoir, révolte contre le MEDEF qui voulait la peau de précaires et qui l'a eu, contre l'arbitre gouvernemental qui a validé l'accord assassin avec les "partenaires sociaux"... mais assez peu finalement contre ceux-là, la CFDT et F.O., ces traitres, ces salauds qui nous ont poignardé dans le dos, ces félons, ces collabos qui ont paraphé sans honte, au nom d'un plein emploi qui ne reviendra pas -jamais-, la condamnation aux galères de tous les précaires.
Et ça me pose question. Pourquoi ceux-là qui ont signé -en notre nom-, échappent-ils ainsi à notre vindicte ?
La question à cent pavés.

PP

Tagada d'août

le mardi, août 12 2014, 10:06

HUMEUR

On arrive déjà au 15 aout et pas vu l'été passer. Qui n'est pas fini, rassurons-nous. Juste que ça va vite, très vite, trop vite ? Au passage, dans la grande course à l'hyperbole du langage quotidien, on a trouvé mieux que le galop: le trop. En vacances on se connecte peu. Bonne idée. Je ne vais abuser, donc. Il faudrait une palanquée de cartes postales pour vous raconter tous les bons moments, les rencontres, les retrouvailles, les découvertes que nous avons cumulés jusqu'à maintenant, de St Malo du Bois à St Chély d'Apcher, -une paire de saints fort sympathiques-, sans oublier Chalon, Praz sur Arly, Najac... Dernière ligne droite avant le retour a casa: Aurillac, notre St Jacques de Compostelle à nous, gens de rue, pélerins des trottoirs, bouffeurs de kilomètres. Une dernière bouffée de plaisir et de frénésie avant de laisser parler l'inquiétude. Qui demeure. A quelle sauce sera-t-on mangés ? en tant que compagnies avec la sévère restriction qui nous attend des budgets territoriaux, en tant qu'individus avec cette ennième saignée dans le régime intermittent. Sans oublier que la terre se porte mal comme d'habitude, que le championnat mondial de panpantutue n'a pas cessé, perdure et même aurait tendance à augmenter, que nous avons autour de nous des hordes de lemmings égarés qui trimballent leur vie comme une virtualité de plus en plus fragile, que les histoires qu'on nous conte cachent mal les réalités sordides qu'elles voudraient justifier. Se cramponner à son rôle, à sa vie, à l'idée que tout ça peut être joli, que ça l'est aussi. Bousculés entre les infos, les une faux, les il faut. Cramponnés au bonheur d'un apéro, d'un bouquin de Damasio, d'un(e) ami(e) qu'on retrouve ex abrupto. Et la pluie qui nous rince un peu plus qu'il ne faut...
Gardons les coeurs haut. A bientôt.

PP

Aïe!

le mardi, septembre 2 2014, 18:47

Comme nombre d'entre nous, j'ai tiré au maximum sur ce que mes activités professionnelles m'offraient comme opportunités d'aller vadrouiller ailleurs. Et ce fut bon, chaleureux et plaisant. Vraiment. Malgré le temps à la mords-moi le zan. D'autant plus plaisant que les bribes de tournées, spectacles payés ou monstrés, ont été des occasions de rencontres formidables et que j'ai le coeur gros de maints sourires, moult connivences et force déconnades amicales. Pendant tout ce temps, j'ai évité soigneusement de me prendre le chou avec l'actualité tout en suivant au mieux le massacre colonialiste des Gazaouis, les gros sabots impérialistes de Poutine en Ukraine, et l'arrivée incontournable du Kurdistan dans le concert des nations -une injustice réparée à la force du poignet et à la générosité du sang-.
J'ai évité la France.
Mais voilà la rentrée et elle me bondit à la gueule. 30 ans que je vote socialiste sans barguigner, parce que j'ai aimé les rodomontades intelligentes de Rocard, et de quelques autres, pas beaucoup mais ça suffisait pour me donner l'envie, pour me donner l'espoir. Et c'est pour se prendre ça dans la face ??? le détricotage de la loi ALUR, la soupe servie aux gros propriétaires et aux promoteurs immobiliers, le retour en fanfare de l'escroquerie propriétariste avec ses lotissements merdiques, ses financements négriers, son isolationisme asséchant ? Pour voir revenir le flicage d'Etat des pauvres bougres ? L'exclusion manu-militari des crève-la-faim ? un Etat serpillère face aux grands financiers ? C'est pour ça que j'ai voté ?
Comme le dit Alain Damasio en postface de son EXCELLENT bouquin "La Zone du dehors": oubliez les conneries frontistes, on crèvera de social-démocratie.
Ce n'est pas un flan qu'on a élu, c'est un tube de vaseline qui vient d'épuiser toute sa came. Du coup, ça fait mal.
Drôlement mal.

 

A l'enterrement d'Michel Crespin

le vendredi, septembre 12 2014, 16:46

A l'enterrement d'Michel Crespin
Il y avait beaucoup de gens biens
Tout' sa famille et ses voisins
Les proch's et ceux qui v'naient de loin
Les officiels et les copains
Et même des punks à chien

A l'enterrement d'Michel Crespin
Il y eut des grands mots, des sanglots
Un hommage républicain
Les fantômes d'Antonin Artaud
Et de Vian, une chanson espagnole
Une litanie un peu folle
Et même une histoire de drapeau

A l'enterrement d'Michel Crespin
Y avait ses femmes et ses marmots
Et ses frangins et ses poteaux
En bref il y avait toute sa bande
A lui qui banda sans compter
Le ban, l'arrière, les tabourets
Les mots émus de ses mouflets

A l'enterrement d'Michel Crespin
Il y avait le ciel portant crêpe
Puis le soleil, levé tard
,Arriva en pleine fanfare
Des fleurs, des murs, se confondant
Dans ce village ravissant
Dans ce pays qu'il aima tant

A l'enterrement d'Michel Crespin
Il y eut des rires et du vin
Des embrassades et des calins
Des souvenirs se bousculant
Monsieur Roger venu de loin
Pour nous recracher quelques flammes
Et des larmes dans les recoins

A l'enterrement d'Michel Crespin
Michel Crespin était partout
Au four au moulin dans les loges
Comme toujours sans qu'il déroge
Dans ce trou où nous l'avons mis
Il n'y avait que son écorce
Le reste était dans l'infini
Inventant d'autres tours de force

A l'enterrement d'Michel Crespin
Il y avait la rue les places les boulevards
Des éléphants dans le brouillard
Des feux d'artifice de cafard
Tout' la tribu des cogn'trottoirs
Et même des punks à chien

PP le 12-9-2014

dimanche, novembre 30 2014

banzaï collectif !

le dimanche, novembre 30 2014, 12:42

Vous connaissez la "constante macabre" ? c'est ce système éducatif parfois inconscient qui fait de nos marmots et de nous-mêmes des gladiateurs dans l'arène parce qu'il s'agit moins de nous aider à grandir qu'à créer "des" meilleurs. Créer des meilleurs c'est ce qui tue le monde parce que la grande force du monde n'est pas dans la compétition mais dans la coopération. Les dynamiques collaboratives créent de l'intelligence collective. L'intelligence collective peut faire bouger le monde. Et c'est incroyable comme il y en a autour de nous.C'est impressionnant comme la déprime ambiante qui nous plombe le moral cache des initiatives scintillantes, des recherches pointues, des engagements puissants, dans tous les domaines. Notre démocratie est organisée à l'envers, une république macabre, des délégations de pouvoir délétères et nous en crevons bêtement. Il y a pourtant des leviers partout, existants ou potentiels. Au local surtout. Nous occuper de nous tout en pensant plus large, c'est prendre le risque d'améliorer le monde. Du jardinage à l'architecture, chacune de nos activités est un chantier potentiel d'amélioration collective, un coup d'aile du colibri. Au national, nos deux leviers principaux sont nos modes de consommation et le vote. Les deux sont trollés, abatardis, détournés. Mais pour le premier nous pouvons réagir avec, entre autres, les réseaux directs, les amaps et des choix quotidiens, sans oublier des initiatives réjouissantes comme celle de la mairie de Grenoble qui égratigne l'envahissante propagande consumériste. Pour le vote, la tentation est grande d'y renoncer tant nous avons été trahis et manipulés. Mais croire que le salut viendra de la rue est une illusion. Nous avons pu le constater récemment: quand la saloperie choisit la rue pour s'exprimer elle est puissante... manif pour tous, bonnets rouges, FNSEA, les exemples ne manquent pas. Ce qui nous manque ce sont des listes d'opinion, intransigeantes, face à l'immense majorité des listes carriéristes. Des listes qui ne visent pas le pouvoir mais à changer la donne, donner des perspectives, élargir les idées. Il nous faut de toute urgence retourner aux urnes mais surtout inventer nos listes, apporter nos points de vue pour construire, confiants que nous serons dans l'intelligence collective, des opinions partagées, généreuses et déterminées.

J'ai choisi, parce que ça m'a été permis, de vivre de mon goût pour la bouffonnerie, l'illusion, le théâtre, que j'aurais sans doute développé ailleurs et différemment si les circonstances avaient été autres. Et voilà que je fais un peu "lou ravi" aujourd'hui parce que ce qui m'anime avant tout est la poésie du monde, de l'humanité, la croyance non pas au progrès mais au bordel harmonieux, à la cacophonie joyeuse, à l'amour tous azimuts, en bref, à nous. Il nous faut de toute urgence tuer la notion de crise et de manque d'argent qui sont de purs mythes mortifères. Il nous faut accepter de reconsidérer nos métiers et les pièges qu'ils portent, quitter le "chagrin" pour aller à la joie. Ensemble. Oui, j'y crois.

PP

PS: humeur dédiée à Claude et Popaul, dont le départ précipité va manquer à la beauté du monde tel que je le vivais. Et à un ami proche pour lequel je croise les doigts bien fort.

NOS TITES ZAVENTURES...

La baisse des dotations aux collectivités territoriales impacte négativement maintes politiques culturelles. Pour autant, en cette fin d'automne, il y a une grande nécessité de maintenir du rêve et des festivités -dont les enjeux commerciaux sont très loin d'être absents-. On fait les fonds de tiroirs et on trouve des moyens parce qu'on n'imagine pas se passer de cette culture là. ça tombe bien. C'est un domaine auquel aussi on tient. Et donc déboule Noël et nos frasques en guirlande... On s'y verra peut-être.

les CROISADES à la CON

le lundi, décembre 15 2014, 15:26

à force de vouloir réagir dans tous les sens, sur tous les fronts, on s'égare dans des croisades inutiles et on offre à des tas de margoulins l'occasion de briller à peu de frais...

  • le TRAVAIL DOMINICAL: franchement, passer de 5 dimanches à 12, ça concerne combien de personnes, 500 ? et où est le problème ? les dimanches sont tristes par définition. Là où il y a problème c'est la considération du commercial comme élément primordial de notre société. Là il y aurait à gloser...
  • les CRECHES de Noël MUNICIPALES: un boulevard offert aux faisans de tous poils. Qu'on puisse, au niveau local, s'interroger sur l'utilisation du budget communal à une représentation d'inspiration religieuse, la question est légitime. Elle ne doit pas sortir de ce cadre là.
  • PAS DE CULTURE SANS ARTISTES: une vision totalement rabougrie et de la culture et des artistes. C'est d'une tristesse et d'un corporatisme sans nom. La culture est un humus faite de langues de coutumes de gastronomie de liens inter-humains, de récits, qui n'a pas besoin particulièrement d'artistes mais en favorise l'éclosion. Cette dérive du culturel au cultuel nous dessert collectivement. Inventons des slogans qui nous touchent vraiment plus tôt que d'invoquer cette sacrée "culture" qui ne représente qu'un pré carré pour un tas de pontes plus ou moins auto proclamés. "Les artistes rendent la vie moins triste" ou "plus vivante" ou "moins grise". " SANS L'ART et les ARTISTES la VIE MANQUE DE GOÛT ". Pensons permaculturel, terreau, biotope. Réinventons la notion de subvention qui s'avère le plus souvent ressembler aux nitrates dont on empoisonne nos sols et notre créativité. Au lieu de quoi on voit défiler la langue de bois prônant une simple activité professionnelle, un secteur tristoune qui se goberge de lui-même sans la moindre petite once d'imagination. Triste vitrine...

Ce petit coup de gueule posé, que ceci ne nous empêche pas de profiter de cette dernière ligne droite avant les fêtes... que nous vous souhaitons chaleureuses, imaginatives et pleines d'amour.

 

Tous nos voeux (dans le même panier ?)

le jeudi, janvier 1 2015, 12:55

Il y a des gens qui croient au Père Noël, il y a aussi des gens qui croient au nouvel an. Nous en faisons partie. Bien forcés. Ce qui nous permet d'imaginer, d'espérer, d'envisager, de pouvoir se lever, de tenir notre place dans l'humanité. Ce qui nous permet aussi de pouvoir enterrer la vieille année, et les déconfitures qu'elle a hébergées, les soucis, les déceptions, les douleurs en même temps que ces petites choses fragiles qui l'ont rendue précieuse, parfois délicieuse. On enterre donc, et joyeusement. Assez bizarrement, dans nos rituels d'occidentaux, cette année qu'on enterre n'a pas de forme, pas de représentation, il n'y a pas de dépouille qui la représente, contrairement au carnaval. Ça serait pourtant drôlement intéressant à imaginer, le cadavre d'une année, et ça vaudrait le coup de la momifier, pour pouvoir comparer. Certes on a droit à des portraits, des statistiques, des tableaux de chasse, des revues de médailles, mais ça nous appartient si peu, personnellement. Non, l'important reste de consacrer tout notre allant à l'accueil de ce nouvel an qu'on nous présente comme vierge, évidemment, alors qu'il est déjà codifié, encadré, dessiné, pratiquement achevé sans qu'on y ait encore posé le pied. Une baraque déjà vermoulue, un train fantôme plein de chausse-trappes dans lequel il ne nous reste plus qu'à embarquer, portés par la grande amnésie collective de circonstance, en espérant que ça va bien passer. On quantifie le temps, on le passe à la toise, avec l'illusion de pouvoir effacer l'ardoise. Macache. Du coup, j'ai parfois du mal à participer à cet avènement forcé. Sachant que toute occasion de festoyer n'est pas à négliger, pourtant. Et puis, souhaiter est une activité saine, peu polluante, au bilan carbone respectable et, comme dit l'autre, ça ne mange pas de pain. En outre, la célébration de la nouvelle année est à peu près la seule fête qui réunisse l'ensemble de l'humanité toutes croyances et latitudes confondues, même si de façon différée. Je pose donc la question : quel mal y-a-t-il à se faire du bien ? Une question à laquelle je vais bien me garder de répondre -et pourtant des réponses il y en a-.

Ordonc, fort d'une année 2014 absolument incomparable (et pour cause), je nous souhaite une année 2015 toute joyeuse et guillerette, délestée de la Sainte Crinité des 3 C (Croissance, Crise et Chômage) , intellectuellement débridée, amoureusement voyageuse, pauvre en besoins et riche en partages, en envies, en fantaisie. Avec une pensée pour ceux qui ont quitté le train brutalement pour rejoindre le grand magma des mémoires. Et avec un sourire de bienvenue pour ceux qui vont se pointer.

culture et déconfiture...

le lundi, janvier 26 2015, 14:45

On prononce peu le mot mais, dans les soubresauts violents qui affectent notre pays, c'est bien de culture qu'il s'agit. Lors des attentats, c'est bien une culture de l'irrévérence et de la caricature qu'on a voulu punir, réduire, bâillonner, et une culture du judaïsme qu'on a voulu persécuter. Et c'est bien une culture de l'ouverture, de la solidarité, de la fraternité, du droit à la parole et à l'effronterie, du vivre-ensemble tolérant et de l'amour de la paix qui fut revendiquée dans les rues lors des manifestations monstres qui s'en sont suivies, tous ces concepts qui sont aux fondations de la république et dont nous semblions avoir oublié la teneur.

Par la suite, c'est bien d'un fossé culturel dont nous nous inquiétons, fossé qui s'est installé au fil des années sans que personne ne fasse mine de s'en inquiéter malgré les mises en garde des lanceurs d'alerte. Non pas un fossé séparant les détenteurs d'une culture estampillée des pauvres démunis qui en sont privés. Non. La faille est d'entre une vision culturelle commune et qui fait société, avec d'autres visions qui sont d'autant plus virulentes qu'elles sont réductrices… fondamentalismes divers, extrême-droite, complotismes, qui se sont installées subrepticement chez ceux qui se sentent exclus –d'une manière ou d'une autre-, encouragées par des manipulateurs cyniques.

Il y a bel et bien eu 20 morts lors des attentats de janvier et on aurait tort de considérer les trois criminels comme des aliens. Ils sont nés en France, sont passés par l'école publique, ont été accompagnés par le service public ; ce sont, qu'on le veuille ou non, des enfants de la République. Et on s'interroge donc à juste raison sur la faillite avérée dans la transmission des valeurs, en cherchant des remèdes… qui seront forcément culturels.

Or, par ailleurs et dans le même temps, cette culture dont nous parlons subit, - en particulier dans le domaine du spectacle vivant-, une remise en cause financière extrêmement violente : établissements, festivals, manifestations, on n'a jamais vu une telle accumulation d'annulations ou de restrictions dans une même période. Même si le ministère a beau jeu de déclarer qu'il ne baisse pas son budget culture ou très peu, le fait est là et repose principalement sur l'hémorragie des dotations dont sont affectées toutes les municipalités et des choix qui s'en suivent.

Il est délicat, voire risible, de s'interroger sur la taille des filets au moment où le bateau coule, et pourtant on aurait tout intérêt à s'interroger sur cette fragilité de nos institutions culturelles au moment où icelle,- la culture-, est particulièrement mise en exergue dans nos problématiques civilisationnelles ; se demander si cette « mise en Culture » intensive et gaullienne qui fut enclenchée avec la création du Ministère de la Culture n'aurait pas quelque chose à voir avec la façon dont l'agriculture intensive fut mise en route à peu près dans la même période : on se préoccupe bien davantage de ce qui pousse que du terrain sur lequel ça pousse , -quitte à l'inonder d'engrais azotés (les subventions)-, on consacre ses finances à améliorer la productivité de certaines semences (l'excellence) au détriment de la diversité, on professionnalise à outrance le métier quitte à émonder tout un tas de passerelles sociales qui accompagnaient cette activité etc etc… toutes décisions qui semblaient logiques et efficaces mais qui finissent par aboutir à une sorte de culture sur moquette où plus rien ne peut pousser sans apports extérieurs avec les dommages qu'ils impliquent…

Comparaison n'est pas raison, certes ; mais on pourrait avoir intérêt à se pencher sur les concepts qui fondent la notion de « permaculture », à savoir que, dans l'histoire, c'est le terrain qui est important. Tout comme un champion n'arrive jamais seul et repose en grande partie sur la qualité des pratiques amateures, un artiste émerge d'un terreau vivant, il est l'aboutissement d'un processus d'échanges, et de pratiques intenses, comme le légume qui dépend de la vie qui anima son sol. L'excellence nait moins de procédures concurrentielles que d'une dynamique collaborative qui fait du talent de l'un l'aboutissement du travail de tous. De même que pour la pensée, l'industrie ou l'agriculture, c'est la qualité du milieu qui fait l'émergence, c'est le « tous » qui fait le « un ».

Ce n'est pas nouveau. Mais ce n'est pas non plus ce qui fonde nos politiques, toutes cramponnées qu'elles sont à cette constante macabre et délétère qui régit nos rapports et au clivage pernicieux qui en découle.

Mais c'est peut-être le moment de s'y mettre.

Président

le mercredi, mars 4 2015, 12:21

La plupart des compagnies de théâtre, que ce soit en rue ou ailleurs, sont structurées en associations loi 1901. Une cote assez mal taillée mais dont la simplicité d'usage nous permet de ne pas trop nous prendre le chou. Comme aucun salarié n'a le droit d'en faire partie, nous sommes amenés à créer des Bureaux de personnes pas directement concernées mais qui nous font suffisamment confiance pour marquer de leur paraphe nos actions et contrats. Sans elles ça ne marche pas. Nous avons donc un trésorier et un président, qui nous a rejoints il y a deux ans. Il se mêle peu de ce que nous faisons, intervient quand nous le lui demandons, signe ce que nous proposons, une crème de président. Il se nomme Gérard Dhotel . Il est journaliste-écrivain, spécialisé dans la presse et la littérature journalistique à destination des ados.

Si je vous en parle ici, c'est que Gérard, notre président, navigue péniblement entre la vie et la mort, terrassé par un cancer de gros fumeur extrêmement virulent, lui qui ne fume pas et ne l'a quasiment jamais fait. Si je vous en parle ici, c'est que je tenais, alors qu'il fait un pied de grue pénible sur le quai de départ, prêt à partir à tout moment, à lui rendre un hommage vibrant pour sa présence, sa fidélité, sa disponibilité et, à travers lui, à tous ces président(e)s et trésorier(e)s dont la confiance et l'enthousiasme permettent à nos structures de fonctionner, à nos démarches de s'épanouir. Je suis sûr que nombreuses seront les compagnies à partager ce point de vue.

En ce qui concerne Gérard, après avoir été rédacteur en chef du journal Turbule, puis du Monde des Ados, il s'est lancé dans l'écriture de livres de sensibilisation auprès du lectorat jeune (mais bien au-delà aussi) sur des sujets souvent graves, parfois brulants. Dans la collection “Ceux qui ont dit non”, il a écrit Victor Schoelcher : “non à l'esclavage” et a participé aux deux ouvrages collectifs Non à l'individualisme et Non à l'indifférence . Il est également l'auteur, entre autres, de La Révolution à petits pas , Israël-Palestine : une terre pour deux (pépite du documentaire au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil en 2013), Droits de l'enfant, droit devant ! en partenariat avec l'Unicef , Algérie 1954-1962, la sale guerre et, dernièrement, Comment parler de l'Islam aux enfants . Comme vous pouvez le constater des sujets parfois très chauds dont il se sort brillamment en en faisant de véritables ouvrages d'intelligence et dont je ne saurais trop vous recommander la lecture quel que soit votre âge. Ce qui m'a frappé dans leur lecture est que ce sont de vrais livres de journaliste : il s'agit de donner les éléments pour comprendre, sans a priori, avec respect et vigilance. A l'heure où nombreux sont les journalistes et surtout les organes de presse qui vendent bien davantage de l'info, - sensationnelle de préférence- qu'ils n'informent vraiment, l'éthique de Gérard se pose en référence.

A part ça, un homme charmant, féru de bonne chère, bosseur sans se prendre au sérieux, amoureux de la vie (et de ma sœur aussi). Il était ami de Tignous, connaissait bien Charb, Cabu, Bernar. Nul doute qu'il sera bien accueilli s'il s'en va. Et nous sommes de tout cœur avec lui, dans ce combat qu'il mène pour se préserver un avenir ici, lui pour qui l'avenir et la transmission aux nouvelles générations ont toujours été la première mission. Partant du principe qu'un hommage est toujours plus intéressant quand celui qu'on célèbre est vivant, je ne voulais en tous cas pas le laisser partir sans lui dire et vous faire partager, notre gratitude pour ce qu'il a fait et été pour nous : notre Président.

Bien à vous

Le fracas des pertes

le lundi, mars 30 2015, 17:50

Une période bien bousculée qui nous échoit. On dirait que le monde vibre à notre rythme. Ou peut-être est-ce nous qui nous sommes mis au diapason. Le crash, les massacres, les élections, la soi-disant « colère » des électeurs dont on fait des lemmings éperdus, égarés, qui n'attendent plus que le joueur de flûte à talonnettes pour se regrouper en rangs serrés avant que la fille du borgne ne les prennent dans ses filets. L'indigence des récits qu'on nous fait. Cet affolement des notables qui perdent leurs prébendes et considèrent que le monde finit avec eux….

Les électeurs que je connais sont plutôt proches de la déprime que de la colère et ce n'est pas pour cela qu'ils votent comme des bourrins. Non, ils essaient de trouver un semblant de raison, une esquisse d'espoir, ils font « leur part »et pourtant ils se situent dans la population qui s'est le plus appauvrie ces dernières années.

Notre problème à nous c'est que la gauche tape sur la gauche et vice-versa. Et cela depuis l'arrivée de Hollande, pour des raisons autant de cuisine électorale que de désaccords de fond. A quoi ça sert de faire des congrès si c'est pour ne pas finir d'accord sur un programme minimal ? Le clientélisme nous tue, les lobbys nous étouffent, collectivement, réellement. Oui, on peut vraiment haïr cette caricature de débat politique. Oui on peut vraiment craindre de se retrouver dans la France éternelle, la France glauque de Vichy, celle de la fin des années 30, celle des guerres de religion, celle qui n'a rien appris rien compris. Nous y allons tout droit. Andreas Lubitz a de nombreux émules dans le paysage politique français.

Enervant. Pour autant, ce n'est pas le plus important loin de là. Il y a autour de nous des détresses intimes, des maladies, des ruines à côté desquelles le reste parait bien dérisoire. Et pourtant c'est dans le cadre tracé par nos politiques des dernières années qu'ils se déroulent. Le service public de santé et la façon dont il est organisé nous touche au plus profond un jour ou l'autre. Le rendez-vous est inéluctable. La façon dont est organisée l'économie, le montant de nos revenus et de nos indemnités, ce n'est pas que du beau discours, c'est tous les jours qu'ils nous affectent. Dans le grand-guignol tribunicien, on semblerait l'oublier et pourtant, malgré tout, c'est là que ça se joue. Il serait peut-être temps qu'on en prenne conscience et qu'on revienne modestement à un peu de décence.

Lors de mon dernier billet, je vous annonçais que Gérard, notre président d'association était en partance… Il vient de partir, nous laissant désemparés, sa famille surtout, mais aussi, un peu, nous. Un ami très cher qui nous quitte. Il ne fait plus partie de ce jeu dérisoire et pourtant, il y a une économie de la mort, qu'à son tour il alimente.

Ironie de nos vies…

Bien à vous

Une petite bouffée de pollen

le vendredi, avril 24 2015, 10:33

On ne voit pas le temps passer… le froid le chaud et les arbres fruitiers qui exhibent leurs fleurs sans barguigner. Les adieux magnifiques qu'on a fait à notre président, Père Lachaise, entourés de la foule de ses amis, collègues et admirateurs, l'eau qui a coulé sur nos joues et le show qui gohonne comme le malade qu'il est malgré les baisses, les diminutions, les annulations. Place Libre cette petite manifestation plus ou moins bidouillée mais qui prend sa place doucettement, sous un soleil radieux mais avec un gros vent qui n'a pas balayé la générosité des artistes ni la curiosité de spectateurs, plus nombreux nettement que l'an passé. On ne s'arrête pas. Le temps aboie et nous passons. La Roue Libre concoctée par notre ami Boualem, ce manège à pédales et à écran, s'est posé comme une grosse question sympathique. Avec lui, les inventions de nombreuses compagnies, que nous ne connaissions pas toutes. Que d'émotion mon cher Thierry ! Qu'en faire et damnation ? Les spectacles ont joué, les tentatives ont tenté, les installations ne se sont pas installées, la bibine a coulé et les merguez mergué. Et nous étions quelques-uns en fin de journée, tout le matos rentré, hilares mais rincés. J'ai passé un mois quasiment à n'écouter de radio que le programme musical des jours de grève radiofrançais et ça ne m'a pas manqué ce sevrage de blabla. Cette France étonnante où on nous explique par le menu les stratégies sportives tout en jetant un voile incompréhensible sur les négociations sociales. On n'a pas le droit aux petites cuisines, nous autres les pékins. On ne voit que le fond de la caverne, pas les marionnettistes. Evitons ce qui fâche.

Avril lance son dernier sprint, profitons-en, avant que n'avance le mois des mais, des questions, des célébrations. Nous sommes en instance d'aventures, des petites, des à notre mesure, pendant que s'agitent les doctes et les (im)puissants, les tireurs de ficelles et de lignes. Nous sortons, tous d'entre nous, d'un hiver qui fut plus triste et bousculé que d'habitude, jaillissant de la terre comme des primevères, essorées les larmes amères, cherchant la chaleur familière du soleil, du désir, de l'envie, du plaisir… Et qu'importe si les temps sont sévères et nos bourses étiques. On va faire avec…

pour faire à cette année la nique…

Bien à vous

à fond de cale et d'ailleurs

le mardi, mai 19 2015, 17:12

Tu les as vus de près, pas pour de vrai, sur ton écran seulement, attachés parqués mourant, paquets de vie abandonnés aux flots, grappes d'hommes de femmes marmots en dérive, et tu as eu pitié mais tu n'as pas compris, toi quand tu veux voyager, tu as d'autres circuits.

Ceux qui se pressent ainsi, c'est pas le peuple élu pas un peuple d'élite, simples individus unis par cette fuite, leur terre qui se délite, la guerre, la misère, l'enfer, qui ne voient pas quoi faire, cherchent une bouée pour surnager, un sas pour respirer, un espoir pour rêver, déchus déçus coincés, tes frères de débine qui se cherchent une issue et toi trou du cul tu ne les as pas reçus.

Sale Europe, Eurosalope à cheval sur sa tirelire en toc qui a exporté ses pauvres sur toute la planète pendant des siècles, qui maintenant se boucle, ferme les écoutilles, se barbelle, se hérisse de toutes ses polices disant on va trier mais qui continue à fourguer sa came d'armes à tous les chefs de guerre, à piller sans manière toutes les matières premières en graissant des papattes pour se les réserver.

A force de tout prendre et de ne rien lâcher, à la fin trou du cul tu vas voir que ça va péter. Tu le sens tu t'en fous tu es du bon côté et pourtant toi aussi tu commences à crever. Dans le peloton de merde des paumés de la terre tu veux rester en tête à téter ta mistoufle, tu fais la diète de ta tête, ta cervelle se serre et ta bile te brûle, pendant que les tireurs de ficelles te les font haïr, tes frères de malheur, tes frères d'ailleurs que tu laisses crever à tes frontières.

Ce que tu as compris, ce qu'on te fait comprendre, c'est que tu fais partie du gâteau que ces morfals guignent, qu'ils viennent pour te mordre, pour te bouffer ta part dont tu sens qu'elle devient si congrue et si rare, alors tu te révoltes et tu les hais si fort, misérables qui veulent te chourer ton trésor. Tu les calcules pas, ils sont juste appétit, dents aiguisées, menace, tu veux qu'on les efface. Tu ne veux plus la voir cette arche de noyés.

Regarde ton histoire et comment tes ancêtres ont migré eux-aussi, poussés par la fringale, chair à canon, chair à boulot, bossant à en perdre le ciboulot, à en perdre son âme, parqués dans des quartiers infâmes, rampant pour quelques bouts de pain. Maintenant tu es sur la touche mais devant ta télé et tu vois ceux qui meurent, qui jouent le même scénar et tu les jettes, les rejettes des fois qu'ils piqueraient des miettes dans ton assiette.

Ton cœur a rétréci mon frère qui ne l'est plus.

partance et bloquance

le mercredi, juin 17 2015, 18:05

Transhumeur

Vous la sentez venir frémir piaffer la grande transhumance d'été, derrière le joueur de flûte ensoleillé, par air route chemin de fer, parfois croisière, comme une irrépressible envie qui nous saisit aujourd'hui encore plus qu'hier malgré la misère la dèche et les galères et peut-être à cause de… ? Un spasme bien français de lemmings estivants.

Les villes se vident de leurs habitants pour se remplir de touristes. Import-export.

Pendant qu'à nos frontières d'autres voyageurs piaffent, désespèrent et se meurent. Frontex, le chien de garde de l'Europe. 114 MILLIONS d'Euros consacrés à refouler les indésirables puisqu'il est avéré dorénavant que les méchants ce sont les vilains passeurs et qu'il suffit de se recroqueviller derrière nos murs et de nier les autres problèmes. Bon. On veut bien concéder qu'on a quelques responsabilités face aux situations politiques infâmes qui règnent en Syrie, en Afghanistan, voire en Erythrée ou Somalie mais si d'aucun veut se pointer juste pour ne pas crever de pauvreté il peut aller se rhabiller.

On pourrait monter des Club Med démocratiques un peu partout dans le monde, ça ferait de l'air à tout le monde. 114 Millions, ce ferait un beau début de budget. Ou bien mettre cet argent à payer correctement les matières premières et les productions des pays en galère. Si tu ne veux pas que ton voisin lorgne sur ton jardin, arrange-toi pour qu'il soit heureux dans le sien. Ça a l'air d'être une évidence. Ça n'en est pas une. Frontex fait office de préservatif européen pour contenir les hordes grouillantes qui veulent nous envahir, mais en latex à trous, histoire de maintenir la tension, sinon qui videra nos poubelles ? L'occident, cet empire vieillissant, ne trouve pour se maintenir que des remèdes cacochymes, des stratégies de vieillard rempardé dans sa peur. Il est sur sa fin. Nous le savons bien.

A se demander d'ailleurs si cette frénésie de partance qui nous saisit collectivement à chaque été ne préfigure pas une plus vaste débâcle. Une fuite. Qu'aucune couche-culotte ne tentera de maintenir parce qu'elle rapporte…

… un nonosse à son mal-être.

la vadrouille des castors

le vendredi, juillet 10 2015, 12:58

Voter n'est pas tout et ne fait pas forcément chanter le monde différemment. Chez nous en tous cas. Le changement c'est un maintenant très virtuel… Quoique le fait d'entendre moins Sarko, Copé, Wauquiez et consort parader sur les ondes à longueur de journée m'a personnellement fait un bien fou. Bref. Mais nos modes de consommation, par contre, ont un véritable poids et constituent un vrai levier. A tel point que d'aucuns ont voulu interdire ou restreindre la possibilité d'appel au boycott (cf la circulaire Alliot-Marie), ce qui constitue un déni grave de démocratie. N'empêche. Dis-moi ce que tu manges, dis-moi ce que tu achètes, où tu l'achètes, comment tu l'achètes et je comprendrai ce que tu penses…

Par exemple, dis-moi où tu pars en vacances.

Si tu vas en Tunisie, je sais que ça ne te coûtera pas gros mais je te tirerai mon chapeau. Ça frise l'héroïsme d'aller aujourd'hui en Tunisie. Mais ils en ont besoin. Tu as une conscience mondiale.

Si tu te pointes en Grèce, c'est que les diktats financiers te titillent, que la rébellion t'attire, que tu veux la soutenir dans son bras de fer européen. C'est bien.

Si tu vas à Orange, à Bollène, au Pontet, à Fréjus et quelques autres villes c'est soit que tu aimes jouer avec le feu, soit que tu serais du genre puant.

Si tu vas à ND des Landes, c'est tout le contraire. Tu as la fibre arnarcho-écologique, tu soutiens, tu veux voir et tu n'as pas peur d'un peu d'inconfort.

Si tu vas en Syrie, je serai très inquiet pour toi, et pour nous. Je me dirai que tu es fou. Et probablement dangereux. Ou alors complètement con.

Bon. Je ne vais pas vous faire un dessin. T'as aussi le droit d'aller voir ta tata, ta mémé, tes amis, de profiter d'un plan, d'aller marcher sur la montagne, plonger dans la mer, respirer le bon air, d'avoir des raisons et des stratégies qui t'appartiennent… T'as aussi le droit de rester chez toi, mais est-ce vraiment un choix ?

N'empêche que quand tu mesures le poids économique que représentent toutes nos petites vadrouilles accumulées, tu te chopes des vertiges. C'est une façon toute simple mais qui n'est pas à négliger de faire entendre ta voix et tes convictions.

Amis donc, parlez !

Et bons vents ! PP

 

AURILLAC 30ème anniversaire.
Une entrée en matière plutôt formidable avec les installes lumineuses et conviviales de Carabosse et une inauguration plutôt sereine et recueillie. La limitation de l'affichage imposée au centre ville a fait du bien à l'oeil...
On explose le nombre de compagnies "de passage" présentes et le nombre de représentations. Le Maire nous en remercie. Il a raison le maire: bénéficier d'autant de mécènes dépensant argent et énergie sans compter pour son év ènement, c'est une sacrée chance.
Car OUI et il faut le dire, les Cies de passages sont les MECENES d'Aurillac.
Par ailleurs il a manqué cruellement de Toilettes sèches et militantes dans la ville. Seul le macadam a bénéficié des déjections nombreuses des festivaliers provoquant un festival d'odeurs assez peu ragoutant.

Evolution notable à noter pour cette édition: le nombre grandissant de Paroles bien construites, bien dites et bien écrites (presque) à tous les coins de rue et l'absence quasi complète d'échassiers. Quand les mots s'emparent de la ville, et leur cortège d'émotions, on peut encore espérer.
Lettre au père noël: s'il pouvait être décrété un quartier interdit aux sonos et aux batucadas, l'émergence des paroles en serait grandement facilitée.

 

croire à nous

le mardi, septembre 8 2015, 12:47

Vouloir croire à l'Intelligence Collective demande une sacrée conviction individuelle. C'est une aventure sans fin, dont les modalités sont à inventer en permanence. Outre le fait que la formule évoque fréquemment, pour l'illustrer, les exemples assez peu séduisants de la fourmilière ou la ruche, une brève incursion dans l'histoire de la pensée t'amène vite à constater que, depuis Aristote et Platon, l'intelligence du monde est supposée appartenir avant tout à une élite éclairée pour des débats dont le vulgus pecus doit être soigneusement écarté. Et notre système éducatif, tout autant que politique, dont le dessein premier est d'élire et de sélectionner, exclut le plus souvent soigneusement la réflexion collaborative et commune.

La rationalisation du monde est avant tout abrasive (gommant les incongruités du réel ou les ignorant) et, d'une certaine façon, tend principalement à maintenir les conditions dans lesquelles elle s'est élaborée et les clivages qu'elle a engendrés. Et donc, d'une certaine manière, la répartition des pouvoirs et des richesses qui découle de ses postulats.

Cette situation s'est maintenue malgré l'émergence d'utopies, toutes trahies, parce que les moyens d'édition, de décisions, d'éducation sont toujours restées aux mains des mêmes courants.

De l'intelligence collective à l'intelligence populaire, il n'y a qu'un pas. L'intelligence populaire n'a été célébrée que pour être détournée, trahie par des oligarchies cyniques, persécutée sous toutes ses formes, écrasement des trouvailles agricoles ou thérapeutiques, langues, coutumes, plantes, biotopes, schémas organisationnels. Derrière la persécution des « sorcières » il s'agissait bien d'annihiler des savoirs épars qui n'étaient pas assujettis à l'ordre dominant et aux pensées qui le sous-tendaient.

Mais de même que l'invention de l'imprimerie a permis de mettre la Bible, et donc le débat religieux, sur la place publique, provoquant ainsi les schismes et disputations que l'on sait, Internet, aujourd'hui nous offre une fabuleuse opportunité pour que l'intelligence collective et populaire, ses trouvailles et ses conceptions, ne soient plus étouffées. On le voit avec la permaculture qui n'est qu'une compilation de mille recettes, solutions, approches discrètes mais décisives, jusque là atomisées, qui ne pouvaient en conséquence partager leur sens et leurs débouchées. On le constate à maints autres titres et dans maints autres domaines. Wikipédia tient de cette idée-là. Etienne Chouard, Michel Onfray, Franck Lepage, entre autres, alimentent cet appétit-là, d'un savoir collectif et populaire, d'une réflexion commune à réinventer en permanence.

A ce titre, on mesure bien l'enjeu politique du trollage sous toutes ses formes, de l'insulte, du mépris, du dédain pour ces pensées qui errent et s'échangent, sans les onctions académiques.

La facilité n'est pas au bout de ce chemin. Le découragement pointe à tous les coins du net. Ou l'abandon du sens critique pour des crédulités crétines.

Oui. Croire à l'intelligence collective, c'est un combat. Essentiel.

 

qui échoue ?

le mardi, septembre 8 2015, 12:53

Bon. J'ai pas envie de nous taper dessus. Humainement, nous ne serions pas à la hauteur, nous les prétendus champions des droits de l'homme, de l'humanisme, des valeurs de liberté, égalité, fraternité ? La bonne blague! Nous aurions la cervelle rabougrie, l'humeur bilieuse, l'imagination ébréchée ? Tu l'as dit bouffi! Pour être généreux, empathique, ouvert, faut être dégagé. Nous sommes pourtant une trâlée à tenter d'être dégagés, à tempêter, à refuser, mais surtout, dans nos coins improbables, à nous efforcer cahin-caha de faire avancer le mistigri en y usant notre temps et notre énergie. Mais que valent nos petites mélodies éparses face aux aboiements de la meute et surtout de leurs porte-voix autoproclamés ? La nuance fait toujours moins de bruit que la fureur stupide. Qui entend la partition de la confédération paysanne dans le concert de hurlements des affidés de la FNSEA ? qui entend la raison quand hurle l'émotion ?

A quoi sert le mot de"sécurité" sinon a nous faire accepter un recul de nos libertés ? "la défense de l'emploi" sinon à nous faire avaler les entreprises les plus pourries ? la "crise"sinon à nous maintenir dans l'impuissance ? le "terrorisme" sinon à nous faire supporter des politiques indéfendables ? le "pouvoir d'achat" sinon à alimenter la grande machine à vendre n'importe quoi ? et si l'on supprimait ces appellations ? et si l'on refusait d'un bloc les mots lobotomisant ?

J'ai lu un fort intéressant billet récemment sur le grand inconfort pour la "gauche" d'être au pouvoir. ça, pour être inconfortable, la position est inconfortable même si ce n'est pas nouveau. Quand on est supposé être porteur d'espoir, difficile de faire le rabat-joie permanent. Difficile de garder le sens du minerais quand on goûte aux ors de la république. Difficile de comprendre les pékins quand on est de l'élite. On n'attend rien de la Droite sinon de faire un peu semblant. Du coup elle est au pouvoir tout le temps. Pour la Gauche, il en va différemment. Haro sur l'escroc qui revendique le maillot. Illégitime forcément, traitre à nos rêves. Dans le grand concert protestataire "de gauche", on entend fort la gauche socio-syndicale hurlant à l'abandon des acquis sociaux, cramponnée à ses règles et aux quelques privilèges obtenus. Mais qui dira que dans la longue histoire de la Vème république, les syndicats n'ont pas fait que du bon, que certains sont même parfois salement empêtrés dans le dévoiement du service public et sa déréliction ? Qu'entêtés à obtenir un max pour les quelques privilégiés qui avaient de quoi se défendre, ils ont laissé sur leur banc de misère mille et un précaires, qu'en priorisant les grandes entreprises sur lesquelles ils pouvaient agir, ils ont contribué à notre grande faiblesse en PME/PMI ? qu'ils ne représentent souvent plus qu'eux-mêmes, des professionnels pas plus légitimes que la plupart de nos "experts" ? Sans parler des syndicats enseignants, agricoles, patronaux et consort qui ont pesé et pèsent parfois encore lourdement sur le climat. Et, à côté, qui peut croire que nos élus défendent honnêtement nos intérêts quand on mesure les indemnités qu'ils se votent, et les fonds dont ils se maintiennent sans vergogne la disposition à discrétion... tout cramponnés qu'ils sont à leur ambition et leur carrière ? Qui peut croire aux grandes prairies de l'action politique quand elle n'est que le fait d'écuries ?... Et pourtant il y a de vrais généreux parmi les élus et dans les syndicats. J'en ai vu, j'en connais. Souvent discrets.Hantant peu les salles de presse et de com. L'action demande une certaine discrétion parfois. Regardez BHL... Non. Pas la peine.

Le cadavre de ce gamin tellement mignon (c'est important pour l'émotion) sur sa plage, qui a fait chavirer tant de coeurs, j'ai l'impression que c'est le mien, le nôtre. Nos beaux espoirs échoués.

Et je voudrais, je voudrais tellement, qu'il se relève souriant, image de demain, d'un avenir nouveau, partagé, ouvert.

Parce que, répétons-le nous incessamment, rien ne nous oblige au pire.

Rien.

Mon pays c'est l'automne...

le mardi, octobre 6 2015, 17:32

La France est un pays merveilleux. N'en déplaise aux allégations de ces désagréables réfugiés Syriens qui ont eu le front de considérer qu'elle était bonne à visiter mais pas à habiter. Comme si nous n'étions pas ce phare du bon goût et de la civilisation que le monde entier guigne, comme si nous n'étions pas ce havre de générosité et de valeurs sublimes dont tout humain civilisé a fait son deuxième pays, ce Valhalla intellectuel où règnent à l'envie l'art, la gastronomie et la philosophie, de façon parfois un peu turbulente certes, mais qui n'a en aucun cas abandonné ce goût du dogme qui fait le bonheur des coupeurs de têtes, cet Olympe impressionnant habité par des personnalités extraordinairement hors du commun (quoique parfois de petite taille), cet Eden du dialogue social authentique,- celui qui n'a pas et ne jettera jamais le rideau de fer des acquis sociaux aux orties qu'on se le dise-, cette république dont l'élite marche au privilège, où la règle n'est bonne que par ses exceptions, où chaque élu est roi, ce paradis magnifique du masochisme où la gauche tape exclusivement sur la gauche, où la droite tape sur la droite, les écolos sur les écolos, où le centre se tape le ventre, et où les citoyens piaillent dans la basse-cour, ce pays de tradition agricole dont le principal syndicat défend avec ardeur une politique qui aboutira à la disparition de ses troupes, … Merveilleux, n'est-il pas ?

Ces Syriens n'ont pas de goût. D'ailleurs quand on voit par qui ils se sont laissé gouverner pendant des années: un monstre qui n'hésite pas à lâcher des gaz puants et tuants pour rétablir l'ordre. Pour qui se prennent-ils ? Pourquoi ne restent-ils pas chez eux, à résister vaillamment et en masse, comme l'ensemble des français a si bien su le faire de 1940 à 44, faisant semblant de collaborer pour mieux étouffer la bête immonde ? Mourir sur une plage, ce n'est pas un argument !

C'est vrai, la France est un pays merveilleux, d'une diversité de paysages incroyables, à la langue et à la culture riches et fécondes, aux habitants gentils, ouverts, en grande majorité tolérants, inventifs et souvent passionnants.

Mais… comment dire ? …. parfois l'envie me prend… d'aller faire un tour ailleurs.

PP

Turlupinade

le vendredi, novembre 13 2015, 16:59

Ça me turlupine.

Vous les avez vus sur la Toile ? ces petits films de personnes toutes fiérotes de déchirer en public leur carte d'électeur « le vote c'est fini pour moi. Quelle liberté ! » Vous les connaissez, vous aussi, ces individus intéressants, passionnants, engagés qui ne votent pas ou plus depuis parfois longtemps ? Moi j'ai toujours voté. Brave petit soldat. Avec des résultats en général décevants. On ne vote pas pour des projets, ni des lois, mais pour des personnes qui sont supposées les initier et mettre en branle mais qui régulièrement trahissent nos envies et nos convictions. C'est vrai que ça épuise, ce marché de dupes. Pouf pouf pouf ! La démocratie représentative fonctionne assez bien dès lors que les citoyens se sentent concernés, sont actifs et unis par un idéal plus ou moins commun, ce qui fut le cas à la Libération ou à la naissance de la Vème république. En outre, la plupart des candidats de l'époque s'étaient construits dans la Résistance, les maquis, ils ne s'étaient pas contentés d'être des élèves appliqués dans la bonne filière à Sciences Po, Normal Sup' ou l'ENA. Leur légitimité n'était pas contestable. Même s'ils n'étaient pas tous des cadors, loin de là. Mais quand même. Or, dès lors que la démocratie directe consiste à choisir entre le bon élève nageant dans d'autres sphères, le militant professionnel, le carriériste et le démagogue clientéliste brossant dans le sens du poil, elle s'avère devenir le pire des pièges, parce que, chez nous, même si tu te trouves élu par une partie infime du corps électoral, tu te retrouves au pouvoir. Même si une majorité d'électeurs ne veulent pas de toi et l'expriment par vote blanc ou abstention. Parce qu'ils ne sont pas pris en compte tout simplement. A toi après de faire marcher le tam-tam médiatique pour créer l'illusion que tu représentes le pays. Escagassant Sauf que tu n'as pas vraiment le pouvoir, me dira-t-on. Il y a l'Europe, l'OMC, les lobbys financiers, professionnels et autres. Fatalement tu ne parviendras pas à mettre en branle ce que tu as annoncé, fatalement tu vas décevoir. A cela il existe un remède que nous connaissons bien : le bouc émissaire, le délinquant, l'émigrant, le type pas franc de couleur et d'origine, l' « Autre » en résumé, responsable de tout, qu'on va stigmatiser à outrance et contre lequel il faudra toujours proposer des lois plus répressives jusqu'à l'absurde. C'est dans le manuel du parfait petit démagogue et c'est ce dont nous avons eu une belle idée sous Sarko. Imaginez le bonheur que ça va être, à quelque échelon que ce soit, avec l'avenir qui nous pend au nez ! Ça me taraude. Pas du tout envie. Ce qui pourrait m'amener à hurler : « arrêtez vos conneries ! » Votez au premier tour déjà. Certes la palanquée des candidatures annoncées fait penser à une liste de demandeurs d'emploi au pôle éponyme, mais parmi ce fatras, il y a des perles, des vrais, des sincères, des novateurs, des associatifs, coopératifs, et peut-être l'esquisse d'un futur Syriza, d'un futur Podemos. Orpaillez, les amis, cherchez l'avenir, cherchez du neuf, votez utopique mais ne laissez pas votre silence être parlé par d'autres, traduit trahi détourné. Entre l'absence de soleil et la nuit, il y a une nuance d'importance. Gueulez mais ne baissez pas les bras. Une amie bien malade, cette démocratie, pas fiable, bourrée de défauts, irritante au possible, qu'on voudrait rajeunir, requinquer, embellir, mais pour laquelle on ne pourra rien si on la laisse mourir. Ça me déglingue, tiens.

PP

NON JE NE SUIS PAS EN GUERRE

le jeudi, novembre 19 2015, 08:56

NON JE NE SUIS PAS EN GUERRE

Je suis en résistance, certainement. A la connerie, au désespoir, à la mort et à la grandiloquence. Et je ne défends pas notre mode de vie inconditionnellement, certainement pas. J'en déplore un tas d'aspects. Je me bats même, comme nombre d'entre nous, pour qu'il soit meilleur, plus respectueux des hommes et de la planète, plus fraternel et plus ouvert à l'autre. Se dire en guerre veut dire que ce n'est plus à l'ordre du jour, qu'il faut lever le pouce, lever des troupes, mener des actions, arrêter, questionner, tuer, mettre en berne la démocratie, abandonner une trâlée de ses droits. Je ne suis pas en guerre. La réponse n'est pas bonne. A la guerre ce sont toujours d'abord les petits, les pauvres qui en chient. A la guerre, on sait très vite ce qu'on perd, la liberté d'abord, rarement ce qu'on gagne, nous les pékins. Je soutiens la lutte de ceux qui ne veulent pas abandonner leur pays à une horde fanatique. Je suis pour qu'on les aide et les appuie, même militairement. Et je suis pour que les forces de l'ordre dont c'est le métier fassent leur boulot. Mais je ne suis pas en guerre.

Est-ce que ces hordes menacent mon territoire ? Non. Nous avons droit à des ambassadeurs de mort qui nous font peur, de pauvres types, manipulés je ne sais comment, qui n'ont même pas le respect de leur vie, qui tuent nos amis, nos frères, pour la simple raison qu'ils sont dans ce pays. Nous sommes devenus otages de stratégies de communication assassines qui profitent à l'envie du tamtam médiatique pour pousser leurs pions et gagner une partie mortifère que nous n'avons ni envisagée ni voulue. Et je me demande ce que nous avons fait pour en arriver là, mais ce dont je suis sûr c'est que nous avons fait quelque chose, dans notre manière de participer à la gestion du monde, à son pillage, à son ordre. Il y a matière à se questionner. Faire la guerre c'est éluder la question en se cramponnant aux réponses qui l'ont créée.

J'ai été estomaqué par l'aise affiché par nos dirigeants dans cette tourmente. Ils nagent sur cette crise comme des poissons dans l'eau. A croire que cette République que nous avons construite n'a pas été pensée pour temps de paix. Aujourd'hui, mis à part quelques gros cons démagogues qui déshonorent leur fonction, les autres, tous les autres, se sentent légitimés, porteurs d'une responsabilité d'autant plus grave que nous sommes « en guerre ».

La guerre justifie le Pouvoir et je n'aime pas ce pouvoir, ni la façon dont il fonctionne.

Le combat n'est pas là.

Et se déclarer en guerre n'empêchera pas que nous l'avons en partie déjà perdu.

Sur le front de l'éducation, de la consommation, de l'environnement, du respect de l'autre, de l'égalité des chances.

Même si le monde entier semble faire les yeux doux désormais au doux climat de France, nous avons tant perdu. Par lâcheté souvent, par inconscience aussi, manipulés beaucoup.

Notre démocratie se fait sur notre dos. La gestion du monde faite par les Grandes Puissances -dont nous faisons partie- depuis la chute du Mur, s'est avérée catastrophique. Qui de nous l'a décidée ? Personne. Qui va payer la note ? Nous tous.

Taïaut, les lemmings !

Guerre contre qui ? Le terrorisme ? Le terrorisme n'est pas une cause c'est un moyen. Un moyen condamné, dégueulasse, mais un moyen quand même. « Terroristes » c'était le nom que les nazis donnaient aux résistants pendant l'Occupation. Daesh ? C'est trop d'honneur leur faire, entrer dans leur jeu, leur donner une fonction et un statut immérités. Guerre contre son ombre ? Oui, c'est bien de cela qu'il s'agit. Tant il est vrai que Daesh et ses confrères incarnent le soleil noir de cette civilisation branlante dont nous sommes supposés défendre les lambeaux.

Non Monsieur le Président, je ne suis pas en guerre. Légitime défense, sans doute. Mais cette déclaration abusive et passablement boursouflée -sauf votre respect- ne fait qu' "ajouter au malheur du monde".

Je suis en lutte. Contre les conceptions imbéciles dont certaines sont portées par mes compatriotes. Contre cette notion qui veut qu'on a raison quand on écrase la gueule à l'Autre. Contre cette vision mortifère et dévastatrice du Monde, comme ce besoin d'avoir toujours en face un Satan pour justifier ses petites saloperies.

Ce que nous devons déclarer in fine, et qui demande un bien autre arsenal que les salves de rodomontades brandies ici ou là, c'est la Paix.

Parce que c'est là et là seulement que notre honneur réside.

Pierre Prévost Citoyen lambda

Leçon

le mardi, décembre 8 2015, 17:19

On apprend plein de choses avec les élections
… L'anathème et la diabolisation ne fonctionnent pas, voire même sont contre-productifs. Reprendre des éléments du programme de l'adversaire pour lui couper l'herbe sous les pieds ne marche pas du tout non plus. Ça fait presque 20 ans que nos libertés régressent, que le tout sécuritaire progresse, que les obstacles administratifs se multiplient, qu'on fait risette au FN, gauche et droite réunis, TOUT ça POUR RIEN ! La clairvoyance de nos dirigeants, -qui, pourtant sont passés presque tous par des grandes écoles que nous avons payées et qui devaient en faire des cadors- ne laisse pas que de m'étonner chaque jour. Le FN s'appuie sur une idéologie faite de mépris racial et social. Ses cadres sont des calculateurs froids sans aucun respect pour ceux qu'ils séduisent. Le FN est dangereux mais ses ouailles l'ignorent, séduites par des slogans simplistes et des tronches de candidats inconnus qui leur donnent l'illusion d'un renouveau politique alors qu'ils ne supportent plus ces éternels mêmes notables qui gigotent à notre tête depuis des lustres. Un sentiment d'ailleurs largement partagé par l'ensemble de la population qui ne se donne même plus la peine d'aller voter pour eux. Et c'est bien la conjonction de ces deux attitudes qui nous amènent à la situation d'aujourd'hui. Un personnel politique lourdement décrédibilisé qui ne fait ni rêver, ni même espérer et les joueurs de flûte d'une alternance délétère qui fonctionnent à la haine et au ressentiment. On pourrait dire bien des choses de la considération qu'apportent à la démocratie les « partis de gouvernement », jouant avec les règles , protégeant les statuts de leurs élus, et se méfiant comme la peste du débat. Une démocratie où le peuple a depuis longtemps cédé la place à l'Elite, et dans tous les domaines, y compris largement et malheureusement, la Culture. Débat démocratique, intelligence collective, sont gravement déniés au profit d'un chantage au FN dont nous avons soupé. Ils sont pourtant les principes absolus auxquels nous devons nous cramponner en ces temps troublés, même si une odeur de 1930 plane indubitablement : crise, montée des extrêmes, délitement social. En 1930, les partis de gauche ont préféré s'entredéchirer, espérant pour certains que l'effet repoussoir des nazis leur donnerait le pouvoir. En 1930 il n'y avait pas l'Europe, et les puissances d'argent ont choisi leur camp, le pire évidemment. Toute ressemblance avec aujourd'hui est à prendre avec des pincettes. On peut penser bien des choses de la saga élyséenne de F. Hollande. Le moins que l'on puisse dire c'est que jusqu'à présent, concernant l'apanage premier de sa fonction, le choix du Premier Ministre, il n'a pas eu la main heureuse. Le premier manquait cruellement de charisme. Le second repose sur un choix stratégique qui s'avère aujourd'hui catastrophique. Bravo l'artiste ! Quand l'idéal proclamé cède la place aux calculs mesquins… Le combat politique ne se résume pas à conquérir et garder le pouvoir, il consiste avant tout à faire avancer des idées, les partager et les réaliser. Du coup, le choix de la direction du PS de laisser, dans certaines régions, la place à la Droite pour combattre le FN, s'il pourrait passer pour un acte de panache, tient plutôt du minable lâchage, de la piteuse débandade. Quand on croit à ses idées, on les défend pied à pied, même minoritaire, même dans des conditions inconfortables. Mettre l'électorat en demeure de choisir entre le prédateur notable et le prédateur voyou en dit long sur l'état d'esprit de cette machine brinquebalante qu'est devenue le PS. Même s'ils puent, il faut traiter les élus frontistes en adversaires, dans le cadre d'une démocratie, et jusqu'à nouvel ordre. Se batte. Résister. Convaincre. Nous avons besoin d'un nouveau contrat démocratique, et d'une gauche qui pense ce qu'elle dit et fasse ce qu'elle annonce. Nous avons besoin que les caciques cèdent enfin la place aux idées, à des énergies neuves. Nous avons besoin d'une gauche qui se réinvente, qui arrête de s'arc-bouter sur des partis et des solutions d'un autre siècle pour inventer les solidarités d'aujourd'hui, une gauche modeste mais déterminée, libertaire, dénuée de paternalisme, fraternelle, ouverte, une gauche qui ne recule pas sur ses convictions, dût-elle perdre des élections. Nous avons besoin de pouvoir avancer et espérer ensemble. Nous avons besoin qu'on enterre à tout jamais le Mitterrandisme.

Pierre Prévost

Il était une fois

le jeudi, décembre 31 2015, 16:10

Il était une fois un Sultan qui voulait marier sa fille.

Maints prétendants se présentèrent, nobles, riches, mais elle n'en voulait pas et le Sultan, qui l'adorait, désespérait. Survint un roturier, Hassan, qu'elle sembla agréer.

« Tu me demandes ma fille mais que peux-tu me donner en échange, qui n'es ni riche ni noble ? » demanda le Sultan. « Ma vie. Oui, je veux risquer ma vie pour l'obtenir, si tu me donnes une chance. » répondit Hassan, fervent.

Il fut donc convenu que le lendemain, deux papiers seraient proposés au prétendant, l'un avec le mot « Mort » et l'autre le mot « Vie » et que, selon ce qu'Hassan choisirait, il aurait la princesse ou mourrait sur le champ.

Mais le soir venu, le Sultan se mit à se dire qu'il avait été trop bon, qu'avec un peu de patience un prince pourrait se présenter et qu'il risquait une mésalliance qu'il pourrait regretter. Il s'en ouvrit au Grand Vizir qui, sans le moindre scrupule, lui conseilla de faire écrire « Mort » sur les deux papiers.

De son côté, Hassan, pour amoureux qu'il était, réfléchissait aussi.

Que feriez-vous à sa place ?

Le lendemain, il se présenta au palais, entra dans la salle d'apparat, où, en présence du Sultan, de la Princesse… et d'un bourreau, lui furent présentés deux plateaux portant chacun un petit papier. Il salua cérémonieusement, regarda la princesse dont le cœur battait fort, puis, sans hésitation, se dirigea vers un des plateaux, y prit le petit papier et, sans le regarder, le roula en boule et l'avala.

« Très noble Sultan, j'ai fait mon choix. Il est en moi, bien enfoui. Si tu veux savoir ce que je n'ai pas choisi, lis ce qu'il y a sur l'autre. »

L'histoire ne dit pas ce qu'il advint après…

J'aime ce conte car il est riche d'enseignements: - les puissants trichent toujours, quelque soit le discours mais il y a toujours manière de sortir des logiques mortifères. L'affrontement belliqueux n'est souvent qu'une façon de les servir et de s'y enfermer.

Meilleurs vœux (donc choix) pour 2016 !!!

PP

FEU 2015...

le vendredi, janvier 15 2016, 19:49

... et feues nombres d'illusions.

Le monde et les valeurs sur lesquelles nous nous sommes construits donnent l'impression de se barrer en quenouille et pourtant! c'est maintenant qu'elles sont importantes. Une année pour ne pas perdre la raison, ni l'enthousiasme, ni une indéfectible croyance en l'humanité. Si moral et morale foutent le camp en même temps, quel avenir nous attend ?

La balle est dans notre camp depuis longtemps. Nous avons cru qu'on pouvait la prêter mais elle nous revient dans le nez. C'est à nous de jouer, de construire, d'inventer et aussi, parfois, de persévérer. Chacun sa méthode et son rythme et ses croyances et ses influences. Je nous souhaite de les mettre en échange, en réseau, en action.

Petits nous sommes, mais , comme dit l'autre, le moustique et la puce le sont aussi. Soyons puce et moustique mais aussi arpenteurs, infatigables chercheurs,architectes et colosses dressés. Notre temps et notre force sont limités, mais pas nos capacités de curiosité ni d'amour, ni de rébellion face à l'injustice.

Je nous/vous souhaite qu'elles grandissent encore sur ce gâteau de 366 jours que nous venons d'entamer.

Pour nous, aujourd'hui est temps d'hivernage avec peu de sorties de nos productions. Mais on en prépare d'autres, toutes fraîches, et on se retrouve bientôt, très bientôt, dès que possible, pour les voir fleurir...

PP

chant je mens

le mardi, mars 29 2016, 17:38

« Le changement c'est maintenant » comme disait l'autre… Un changement dont on n'a pas vu de glorieux effets jusqu'à maintenant. Et pourtant, nous avons changé, nous changeons, imperceptiblement, dans nos modes de consommation, de collaboration, de prétentions… Avec de jolies petites surprises à la clef, telle la baisse sensible des bénéfices de certaines multinationales pernicieuses, telle l'étiolement des « mandarins » dans le monde hospitalier, où l'on se consulte beaucoup plus souvent en fonction de ses spécialités, à l'horizontale.- Le patron omniscient a remisé sa superbe pour tirer parti de tous les savoirs autour de lui-. On a même vu des infirmières faire appel à des guérisseurs, coupeurs de feu, magnétiseurs pour faire face à l'urgence…. Telles dans l'Education Nationale, ces expériences très réussies d'intrusion de la pédagogie Montessori dans des quartiers sensibles, pédagogie qui repose en partie sur des rapports de collaboration inter-élèves, de maîtrise de ses propres rythmes, de liberté de se déplacer et de choisir ses centres d'intérêts, tellement efficaces et épanouissants qu'on se demande bien pourquoi, hormis la pression des lobbies, ça ne se développe pas comme une trainée de poudre . Bref, les « autorités » et les schémas autoritaires de tous acabits prennent, face à des échecs qui ne cessent pas, un coup dans l'aile. De plus en plus, s'impose la nécessité (et l'envie) de co-construire, de co-décider, de partager…

Est-ce que par hasard on aurait appris la modestie ? La profusion des réseaux et des échanges réticulaires nous transforme-t-elle ?

Internet et ses milliers de portails, de blogs, de commentaires divers génère un confusionnisme indéniable mais crée par ailleurs des champs de connivence surprenants. Tels qui sont totalement opposés sur certains domaines, se retrouvent dans un même combat pour d'autres. Nos clivages ont glissé, glissent encore, perturbant ainsi les tenants de l'ordre ancien, porteurs des valeurs du XIXème ou du XXème siècle, qu'ils soient de droite, de gauche ou d'extrême gauche. Chaque jour on mesure le fossé, on constate le décalage entre leurs cadres d'analyse d'hier et les réalités beaucoup plus mouvantes, fragiles , cruelles et passionnantes, avec lesquelles nous sommes amenés à improviser pour mener nos vies dignement. Sans compter les tenants d'un ordre archaïque, pauvres victimes de cette vieille escroquerie du « c'était mieux avant, quand on était entre nous, tous dans le même camp, sur le même rang, beuglant les mêmes slogans » qu'on retrouve pour la plupart sous ce sigle auquel il ne manque qu'un « i » central pour révéler le destin qu'il nous prépare.

Nous régressons mais nous avançons. Paradoxal mais réel. Même si, tous seuls, nous avons l'impression de faire du sur-place voire de reculer, nous progressons, nous nous modifions pour le pire parfois, pour le meilleur aussi. D'où un décalage patent avec nos dirigeants politiques et économiques (et pas seulement) qui nous brandissent éperdument leurs bréviaires désuets, s'inquiètent pour leurs insupportables prébendes, limitent les paroles iconoclastes, bref, pataugent à côté de la mare, tout cramponnés qu'ils sont à maintenir le monde tel qu'il les a fait, et la répartition des richesses et des pouvoirs qui en découle. Le grand hiatus. La frustration est le moteur de l'Histoire. Elle n'est pas loin de son maximum.

Même dans notre domaine ça bouge. Je ne parle pas de cette baisse constante des budgets territoriaux qui, outre les barons qu'elle dérange dans leur faste créateur, décourage un tas de modestes acteurs qui s'emploient avec des bouts de ficelle à créer jour après jour du vivre-ensemble, du festoyer-ensemble, du rêver-ensemble… ça c'est du subi, du déprimant, du recul. Non, je parle de ces hiérarchies solidement installées dans nos compagnies depuis des décennies, autour de la /du directrice/teur artistique, qui évoluent doucement vers autre chose ; du retour au collectif. C'est ce qui se passe actuellement chez Acidu. Sur les cinq projets qui doivent irriguer notre devenir artistique dans les prochaines années, trois émanent de comédien(ne)s et sont portés par lui/elles. C'est réjouissant. C'est excitant.

Deux de ces créations : les SŒURS PETALES & NAGEUSES SUR BITUME sortiront officiellement pendant le mois de mai, mais les Nageuses sur Bitumes feront une apparition en avant-première sur PLACE LIBRE, ainsi que notre nouveau dromadaire de bois qui sortira sous deux avatars : la Caravane du Désert et le Dromadaire de l'Espace… PLACE LIBRE c'est notre grand rendez-vous du mois. Un évènement sorti de nos cervelles et que nous portons à bout de bras…

propos de partage…. Voilà une belle occasion, avec un tas de compagnies de renom.

Bien à vous PP

mes amis n'aiment pas les sucettes

le mardi, mars 29 2016, 17:47

Soyons utopiques et provocateurs. Je suis pour une réforme du code du travail. Ok pour la flexisécurité à une seule condition; que toute démission donne droit à indemnités (chômage et autre) exactement comme lorsque l'exclusion est le fait du patron. Histoire que dès que les conditions deviennent lourdingues ou simplement que l'emploi ne nous convient plus, chacun puisse tirer sa révérence et avoir le temps et les moyens de rebondir. Histoire que la précarité devienne une arme aussi pour les salariés. Marre du chagrin. Marre de cette notion du travail héritée du XIXème siècle qui fait toujours référence. Marre que le travail pénible soit honteusement sous-payé. Marre de ces emplois qu'on trimballe toute sa vie comme un boulet. Marre de ces hiérarchies auxquelles, mine de rien, chacun souscrit...

Je suis contre la concurrence. Pour l'émulation collaborative.

Travailler ensemble, ça n'a rien de simple mais c'est tellement plus porteur. Un truc qu'on devrait apprendre à l'école mais c'est assez mal barré.

Je constate que la réforme du code du travail soulève nettement plus d'opposition que celles sur la sécurité et l'état d'urgence qui sont pourtant nettement plus pernicieuses. La France sociale est plus réactive que la France politique. Dommage.

Qui croit encore à la démocratie représentative telle que nous la vivons ? qui croit encore à ce mythe ? et si l'Europe se mettait à signer TAFTA... Un cauchemar. Qui pourrait être la fin de l'Europe et la mort de tous les idéaux qui l'ont portée, encombrés d'objectifs nettement moins avouables.

Si on regarde le monde, la France d'il y a cent ans, on vit nettement mieux indubitablement. Et pourtant.... On a un peu l'impression que tout ce qui nous coagule, nous élève, nous permet d'avancer ensemble est, comme qui dirait, en train de se barrer en sucette.

Le sucre, c'est mauvais pour les dents....

C'est pour ça qu'elles grincent.

PP

PLACE LIBRE et nette

le jeudi, avril 21 2016, 09:48

C'est fini pour la troisième édition de Place Libre. Nous avons quitté la place Aimé Césaire et ses effets venturi dévastateurs pour le Place Jean Jaurès, ses arbres et ses massifs, et ses autobus et son métro ! 1500 spectateurs tout au long de la journée, la grêle qui n'a fait que pointer le bout de son nez pendant trois minutes, des spectacles en bourgeon très appréciés et suivis, une ambiance conviviale et décontractée, ce fut un très beau succès !!!

BRAVO & MERCI

  • Aux artistes et à leurs compagnies pour leur talent, leur peps et leur bonne humeur
  • aux techniciens et administratifs qui les/nous ont accompagnés dans cette journée
  • à la fabuleuse équipe de bénévoles et à leur énergie
  • à Charlène, Jérémie, Kévin, Julie, Léo, Véro et son équipe pour leur engagement,
  • à Daniel, au pompier et au CDN qui nous a abrités,
  • à la ville de Montreuil et à ses services techniques, à la Caisse Locale du Crédit Agricole et peut-être même à la Région pour leurs pépètes et leur sympathie,
  • aux photographes talentueux qui ont mitraillé toute la journée,

et merci , surtout merci, au public qui s'est pressé très nombreux pour cette troisième édition qui fut, et de loin, la meilleure à ce jour !

Jusqu'à la prochaine….

Pierre et la Cie Acidu

des images ICI

Nuire debout peut fumer gravement

le jeudi, avril 28 2016, 14:00

Les opinions peuvent évoluer quand les points de vue acceptent de se rencontrer. Se cramponner au midi qu'on voit à sa porte ne fait rien bouger. Si l'on croit –si l'on veut croire- à l'intelligence collective, il faut aventurer sa pensée vers celle des autres.

L'affrontement des points de vue mène à l'impasse. On ne voit pas le monde pareil.

Un papa qui fut ainé aura du mal à saisir le fonctionnement de son dernier-né. Un urbain peinera à voir le monde tel qu'on le perçoit d'une ferme isolée. Un dirigeant né dans la soie n'entendra que de très loin les problématiques de quelqu'un dont la survie fut le premier et principal souci. Un banquier ne comprendra pas qu'on ne veuille pas spéculer avec nos économies.

De même : un fonctionnaire ne comprendra jamais la problématique d'un intermittent du spectacle, même s'il l'étudie, s'il lit des dossiers, des témoignages, tout cela restera étranger à ses propres préoccupations et sa vision du monde. La réciproque est d'ailleurs vraie.

De même les leaders syndicaux ouvriers ont du mal à comprendre que leur arme favorite : la grève, n'ait qu'un intérêt limité pour les artistes concernés.

Plus généralement, les salariés ne peuvent comprendre les problématiques des précaires qui ont choisi cette précarité, ceux qui vivent avec toute leur vie et qui acceptent en outre de ne pas être payés pour tout le travail qu'ils peuvent effectuer. Incongruité ! Insensé ! Des tire-au-flanc sûrement.

Deux mondes qui ne se rencontrent pas. Jamais vraiment.

En tant qu'intermittent, ayant pour principal outil une petite compagnie, j'ai du mal à comprendre comment les journalistes qui étaient collectivement propriétaires du Monde ont accepté de vendre leur journal ailleurs, livrant ainsi leur indépendance aux bons vouloir de plusieurs magnats de la finance. Impossible à comprendre sauf si tu te dis que ce qu'ils ont cherché à maintenir c'est moins leur journal que leur niveau de vie qui était mis en danger par les difficultés financières du journal. Voilà un hiatus difficile à comprendre pour ceux qui, quand une difficulté se présente, réduisent la voilure de leurs propres émoluments pour que leur structure perdure.

De même un dirigeant connu pour la puissance de sa pensée et surtout l'énergie qu'il consacre à ses propres intérêts, ne peut même pas saisir ce qui se dit, ce qui se joue, à Nuit debout, que des gens puissent se réunir sans résultats tangibles, sans pognon à gagner, sans pouvoir à prendre, sans jetons de présence, lui échappe totalement et il n'y voit qu'une bêtise confondante.

Décidément, le gnagnagna mental nous gagne inexorablement…

De même tous ceux qu'on a formés pour vénérer les doctes, les grands artistes, les écrivains sacrés les « génies » (Ah ce culte du génie, quelle merde !) ont du mal à saisir que tous ces grands artistes qui sont passés à la postérité ont lutté, grenouillé pour se faire connaître, ont écrasé amis, concurrents quand il fallait le faire. Mis à part les reconnus posthumes qui ont servi à d'autres, toute célébrité implique une plus ou moins grande quantité de manœuvres et bassesses. Et ce n'est pas Voltaire qui me contestera.

C'est un peu ce qui se passe avec les Nuits Debout ; on observe que François Ruffin et Frédéric Lordon se font actuellement briller la cerise auprès des médias, porte-paroles cherchés par eux parce que faisant partie de la famille, et que leurs paroles, souvent pertinentes mais pas que, s'épanouissent dans des cadres beaucoup plus confortables que les deux minutes restreintes des nuitdeboutistes fervents. On observe de même qu'il y a dans ces Nuits Debout des gens fort différents, fêtards, militants,touristes …

Et alors ?

Le sentiment d'impuissance nous mine tellement. Exit l'espoir d'échapper au hachoir, de mater la finance, de se réinventer dans une république émancipée. Exit la croyance en une alternance républicaine. Bleus et rouges mêlés dans un gris cisaillant. Exit les extrêmes gauches si présentes en 68, il y a eu Pol Pot depuis, les Brigades Rouges, rêve devenu boucherie, le communisme aux orties, plus rien à attendre de ce côté-ci. Restent les impasses aigres et meurtrières nourries de crétinerie assistant toutes réjouies à l'agonie des idéologies. Restent tous ceux qui tentent qui se testent ou manipulent, les crapules et ceux qui osent réfléchir tout haut, activité à risque en ces temps où ce qui pousse le mieux c'est la paire de ciseaux. L'impuissance, l'absence de levier, qui ne laisse place qu'à la bile sur les réseaux sociaux... en sortir, l'urgence. Ce qui s'est réuni, qu'on n'entend presque pas sur les médias, ce sont aussi et avant tout les tenants libertaires de l'alternative, les activistes, les zadistes, les coopérateurs utopistes, les inventeurs opiniâtres de solutions nouvelles… Bon. Pas tous. Surtout plein d'insatisfaits qui cherchent un levier. Même de fumée.

Avec un ou plusieurs leviers, il ne nous restera qu'à dénicher le point d'Archimède pour tenter de faire basculer le monde …

On peut rêver. On doit rêver.

Cela dit. Est-ce dû à l'époque ? Au terme de plusieurs semaines de présence vibrante, on ne voit fleurir ni motion ni écrit qui puisse inscrire échanges et intelligence partagée dans une perspective ne serait-ce qu'esquissée… Abondance d'images mais ce qu'on lit ou entend ce sont surtout des commentaires. Pour du plus substantiel, on reste sur nos faims, avec des sentinelles campées dans leurs citadelles face au désert des Tartares, aux forces de l'ordre, aux gestions quotidiennes, à la nécessité de la durée… en attentant que la grande marée syndicale récupère tout ce petit monde pour un idéal de salariés épanouis et sécurisés ?

Pas sûr. Comme disait Dylan, les temps sont en train de changer... Et nos envies aussi.

PP

Demain la nuit ?

le mardi, mai 17 2016, 18:37

A quoi sert la « représentation nationale » ???

Au départ ? un projet de loi touchant au code du travail –une frontière cruciale pour la gauche traditionnelle -, qu'on présente en laissant entendre qu'il pourrait faire l'objet d'un 49.3 avant de se récuser. Trop tard. Sur ce simple projet, qui n'est qu'un projet, mais qui éveille tant de craintes plus ou moins fondées, c'est la bronca. Haro ! Taïaut et Nation-République à petites foulées. On gomme à la va-vite les aspects les plus difficiles à passer, de telle sorte qu'il y ait au moins un soutien social à ce projet. Mais macache ! Une fois lancée la machine à défiler, ce ne sont pas quelques petits ajustements véniels qui la feront renoncer, d'autant que depuis quelques temps, il y a de petites mesures et comportements qui ont du mal à passer et que vient de se présenter une occasion rêvée et mobilisatrice de le faire savoir. Ergo re-haro, manifs, nuits debout et tagada. On pourrait se dire que dans un cadre républicain, on élit des représentants pour qu'ils discutent, amendent et fassent évoluer les projets pour le bien de tous jusqu'à ce qu'ils deviennent lois, à la satisfaction, sinon générale, du moins de la majorité de la population. Et donc que ces manifestations préventives pouvaient être abusives dans la mesure où le débat parlementaire n'avait pas commencé. Mais voilà –sublime inspiration !- que le gouvernement vient de donner raison à tous ceux qui battaient le pavé depuis quelques mois contre. Et, du coup, décrédibilise le régime pseudo démocratique qui régit notre pays. Déjà que, parfois à tort mais aussi à raison, avait grandi chez beaucoup le sentiment d'une trahison, là c'est le pompon ! Du coup la revoilà ! elle nous manquait celle-là ! la machine à perdre pointe le bout de son nez. Et c'est merveille de voir comment chacun de son côté œuvre pour la faire fonctionner. D'une part les contempteurs de la loi El Khomry qui dépensent une telle énergie pour lutter contre icelle qu'on se demande ce qu'il leur restera quand la Droite, arrivée au pouvoir au grand soulagement de tout le monde, en présentera la version XXL. -A moins que, fidèle à l'esprit de cette Vème république qui n'en finit pas de montrer ses limites, le candidat élu de cette Droite ne s'applique à tromper lui aussi ses promesses et fasse le contraire, tout en préservant, c'est sa mission essentielle, les intérêts de ses affidés, les riches. Ce qui est quand même le principal.- Et, d'autre part, nos gouvernants qui viennent de réaliser avec cette loi , -mais que sont-ils allés faire dans cette galère ?-, un joli faux-pas qu'on ne leur demandait pas. Que vont gagner la « vraie gauche intransigeante» et la « gauche gestionnaire » à ce débat musclé ? On peut pronostiquer un paysage libéré, où tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la gauche sera enfin débarrassé du Pouvoir. Du coup on pourra tenter de récupérer ces petits bastions territoriaux qui assurent la croûte quotidienne des différents élus et tout ira pour le mieux. En même temps, cette loi et les réactions qu'elle entraine nous évitent au moins les débats délétères sur la question identitaire dont, en d'autres temps pas loin du tout, certain président aurait fait ses gras choux. On se souvient de Mitterrand l'emportant sur ses concurrents socialistes avec un discours de rupture dont il n'a pas appliqué le moindre début du commencement. Les postures outrées, les va-t-en-guerre résolus, on sait ce que ça vaut. Chez nous, papistes, on a le verbe haut mais l'action molle. Et, surtout, la parole n'engage pas vraiment. C'est qu'il y a des combats souterrains qui nous échappent, des intérêts qu'on ne dit pas, des calculs qu'on ne montre point. Vous croyez qu'il y a une grande révolution sociale sur le feu ? Foutaises ! Entre les questions de survie, les corporatismes, les paranoïas fantasmées, les manipulations et les véritables angoisses à la paupérisation, valsent vessies et lanternes au grand bal des insatisfaits. Les arguments avancés ne sont jamais qu'une partie émergée de l'iceberg des calculs. Et de toute façon tout le monde s'en fout. Ce qui intéresse le bon peuple, c'est Cannes, l'Euro de Foot, le Tour de France, tous ces gentils yoyos à faire des euros…. Nonobstant les stratégies de survie qui prennent de plus en plus de temps. Chez nous, entre conservatisme et rêve-olution, il n'y a rien, pas d'espace, pas d'évolution. Il y a ceux qui ont (leur) raison et les cons. On ne travaille pas ensemble, on exclut nettement plus qu'on rassemble. Même dans les Nuit Debout, on a exclu par peur que l'ignominie prêtée à l'autre ne contamine les bons. Discuter avec un avis différent c'est risquer qu'il déteigne. On se frite. On ne se parle pas. On se concurrence. On s'accroche à ses étiquettes, qu'on brandira avec d'autant plus de vigueur que ce qui nous sépare de l'autre est minime. On ne discute pas ou peu intérêt général mais intérêt de mon camp, voire de mon territoire, voire surtout de ma pomme. L'Histoire dira quelles ont pu être les avancées de ce quinquennat. Il doit bien y en avoir. Si ce n'est sur la politique écologique qui frise le gros foutage de gueule. Si ce n'est sur la complaisance aux financiers et aux grosses entreprises, souvent choquante. Si ce n'est sur les questions de fond, totalement évacuées. Mais ailleurs… (?) Demain la nuit ? Chez les politiques, c'est « Candidats debout ». Pléthore. Qui pourrait être une chance. Ou pas. Pour nous, vivre debout pour se rêver un avenir. Enfants-phares dans la tourmente. Nous valons mieux que ce que nous disons. Nous sommes plus forts que nos déclarations. Nos rêves pas si étriqués que ça. Il y a des failles. Des lagunes à inventer. Une mer. Certains commencent. Ont déjà commencé. Il n'est pas trop tard.

PP

Ah ce qu'il est bon de se sentir dans le bon camp !

le mardi, juin 7 2016, 20:50

Je suis allé voir « MERCI PATRON » au cinéma municipal. Une salle presque pleine. Et heureuse. Et il y a de quoi. Formidable ce film, qui fait du bien infiniment. Une fierté, une délivrance, un bonheur, le même bonheur j'imagine qu'ont dû éprouver les Canuts lorsqu'ils ont découvert Guignol interprétant leurs luttes, tapant sur les gendarmes et les patrons. C'est ce qu'il a fait Ruffin, et avec quel talent, réinventer un Guignol d'actualité, pétant la santé, pas affadi, pas sclérosé, et en plus l'histoire est vraie ! Cette jubilation de voir les encostardés, les encravatés, les pourris de pognon, se faire gentiment niquer. Un grand plaisir dans ce combat entre deux camps où tu reconnais le tien si facilement.

Quel bonheur de se sentir dans le bon camp !

Du coup, tu te dis que les luttes sociales, c'est la prolongation, tout ce que tu vois et lis, ces flics à la main si lourde face aux casseurs instrumentalisés, ces rodomontades patronales et gouvernementales, cette niaque des grévistes et des militants, ces procès, ces lazzis, ces grèves et ces piquets de blocage, ce lyrisme, tout ça en fait partie. On veut nous enfumer. On veut nous écraser. Et nous, les damnés de la terre, on a raison de les contrer. Et tu te sens bien de le penser, d'être avec les autres, tes copains, dans la foulée du CNR, de 36, de la Commune. De te dire que cette Gauche qui se prétend et qui se vautre dans les salons, dans l'entre-soi élégant des riches, fait des risettes aux patrons, et respecte les diktats financiers pour bien montrer qu'eux seuls savent gérer, est en fait la vraie droite, une droite cachée, celle qui fait avancer, qui sait endormir, comme ces ONG qui derrière leur façade de bons sentiments continuent une colonisation qui ne dit plus son nom et que dénonce virulemment Lionel Trouillot, entre autres.

Oui, c'est tentant, d'être dans le bon camp.

De te dire comme on te le laisse penser que le quinquennat Hollande c'est pire que le quinquennat Sarkozy.

Ah bon ? Tu te souviens des aigreurs monstrueuses qu'icelui t'a causé et tu te dis : quand même !

Mais c'est vrai que tu aurais bien envie de le croire tellement parfois c'est maladroit, mal foutu. Qui a écrit la loi El Khomery ? qui l'a rédigée ? Qui sont les nègres ? le MEDEF ? Et pourquoi les syndicats qui sont censés nous représenter ne sont-ils pas d'accord là-dessus ? Alors que c'est important. Il y aurait des syndicats « jaunes » et de vrais syndicats, ce serait ça ?... Des bons, des méchants, tout noirs, tout blancs… ?

Tu regardes ton pays de braillards et de snobs coincés où on ne sait plus se parler. Un pays où tout marche au lobby : Routiers, FNSEA, syndicats etc. Le premier nous pollue, insolemment, sans qu'on n'ait jamais un mot à dire pour refuser les passe-droits et le fric impressionnant que le tout-route nous coûte. Le second nous pollue aussi et se tue gentiment, adepte de tous les intrants, champions de la courte vue, de l'exaspération en serre, de la course à l'obésité surfaciaire. Le troisième, c'est mon camp. Enfin presque. Parce que je suis bien obligé de constater que son champ d'action se passe toujours dans les mêmes allées. Que ce ne sont pas Vinci, Monsanto, Macdo ou autres calamités qui se mettent en grève. Ce sont souvent, très souvent, des entreprises qui nous appartiennent un petit peu, dont l'Etat, donc nous, possède une petite ou grosse partie, et dont on pourrait dire qu'elles sont notre bien commun, pour ce qu'il en reste, jusqu' à ce qu'un gouvernement ne les brade au privé parce qu' elles ne rapportent pas assez, parce qu' elles ne remplissent plus assez leur rôle de vache-à-lait pour les combines grises et les acrobaties budgétaires. En attendant, chacun en profite : ce qui appartient à tous est pillable et corvéable à merci. Tu t'en navres, de voir tout ce commun qui se barre, dont, à droite et gauche, on s'est gobergé sans que t'aies pu moufter. Mais bon, c'est le levier.

Quand tu es dans le bon camp, with Marx on our side , faut pas ergoter ; ratiociner c'est reculer. Regarde autour de toi. On est pas seul. L'Europe, qui vote au petit bonheur la déchéance, sans élan, à cheval sur une tirelire qui fond, ces envies de se tirer, ce ralbol enfiévré, ce naufrage sans fond que nous partageons, à défaut de rêves… cette dérive cacochyme… L'Europe !… Comment, en vingt années, on a pu la saloper à ce point ? L'Europe fiche le camp, tu te cramponnes au tien.

Quand t'es dans le bon camp, l'intéressant c'est que tu peux te réjouir que certains de tes camarades puissent peut-être conserver leurs conditions de travail et que les horaires, le salaire, les conventions sociales puissent ne pas partir à vau-l'eau. Ça ne te concerne pas directo, même pas de loin, mais ça te fait du bien. Un peu comme les tout petits actionnaires qui se réjouissent que les gros s'en mettent plein les fouilles. Du bonheur par transfert.

Ce que tu vas d'ailleurs bientôt pouvoir continuer à faire avec les sportifs millionnaires de l'Euro, quand ton camp, celui que tu t'es choisi, avec un drapeau et des hymnes, remportera le match.

A défaut du reste.

PP

BATEAU DE SABLE

juillet 10 2016, 17:29

Au matin sur la plage, pendant les marées basses, la grande langue de sable humide libérée par les eaux se voyait striée de badauds, cherchant pignons, roulant, courant, construisant des châteaux, jouant à la balle, aux billes… Occupations bien vaines et qui nous laissaient froids. Nous avions d'autres plans. Armés de pelles et de seaux, nous nous campions face à la mer, dressions des plans rapides pour être bien placés, pour qu'attaque et défense y soient équilibrés, puis, ce choix fait, nous nous lancions avec entrain et urgence dans l'édification de notre bâtiment, notre « bateau de sable ». Moitié citadelle, moitié bateau. Parce qu'il s'agissait bien de fendre les flots, de les empêcher de nous submerger tout de go, d'offrir à la rapide montée de l'adversaire-mer, à ses vagues féroces, à son cruel appétit, l'obstacle de notre détermination, le frein de notre résistance. Ce navire-forteresse, nous le voulions insubmersible,- nous faisions tout pour ça, élargissant les murailles, les montant au plus haut, creusant des douves où les assauts d'eau se casseraient les dents-, mais l'acceptions fragile. C'était même là tout son intérêt, qu'il ait besoin de nous, de tous nos soins et efforts pour tenir le coup. S'il pouvait tenir bon sans nous, où était l'intérêt ? Nous creusions comme des bagnards, en jetant des coups d'œil inquiets et impatients vers l'océan. Déjà les flots commençaient leur assaut au galop. Il fallait accélérer le tempo. Les pelletées volaient violemment, au risque parfois de fragiliser notre édifice, mais si ça nous faisait gagner 15 secondes dans ce combat perdu d'avance, ça valait le coup. Les flots se rapprochant, nous nous arrêtions soudain –plus le temps de faire mieux- pour nous positionner ensemble dans notre forteresse. Une subtile hiérarchie présidait à nos places, entre proue et poupe, bâbord et tribord, entre l'avant-garde et l'arrière-garde, avec son lot de responsabilités. Mais dans les premiers instants, il s'agissait surtout d'en profiter, de ce temps très court où l'équipage pouvait frimer sur le pont. Ça n'allait pas durer.

Elles arrivaient.

Ce frisson dans le dos lorsque la première écume se mettait à lécher nos murailles ! D'un regard nous pouvions constater si nous avions failli ou réussi, si nous tiendrions quelque temps ou si tout allait subitement s'effondrer. Mais rien n'était perdu, jamais ! un coup de pelle était toujours possible pour colmater les brèches tandis que nos seaux écopaient. Hauts les cœurs et les bras agités. Nous étions tous les sysiphes du monde poussant notre rocher, pour que l'eau n'entre pas, pour que nos pieds soient secs, pour que nous surgissions pendant quelques instants, quelques instants seulement, tel un îlot au milieu des flots. Epiques furent nos batailles, innombrables nos défaites, fabuleux nos exploits, et nous n'en fûmes jamais las.

Tralalas tralalas !

Ainsi va la chanson … des luttes contre le temps et le délitement.

Aujourd'hui, elle a un drôle de goût, l'eau.

Et le sable nous manque.

PP

le temps des amoks

août 10 2016, 16:02

Est-ce qu'il est revenu le temps des amoks ?
Où de pauvres types mettent fin à leur vie avec tout un stock de pékins, d'innocents embarqués dans la foule
Avec ce gout du sang drapé dans des bannières, des drapeaux... ou rien
Voici venu le temps de l'ubérisation des guerres
Des massacres amateurs quasiment pour du beurre
Nous qui dormions sous des couettes sécuritaires
Nous auxquels on vendait des chaussettes à bas-coût
Qui rêvions d'une mondialisation qui ne servirait que nous
Voilà qu'en prime elle nous transbahute tout le lot de misères
Qui se cachait dessous
Voilà qu'ils émergent en plein jour les déséquilibres et les déséquilibrés
Et le prix de la vie qui a tant baissé croyons-nous
Nous tellement éberlués qui considérons comme normal de dépenser
De quoi nourrir cinquante villages pour prolonger une existence de France
Contre son gré
Voici que nous découvrons les différences d'échelles et de voleurs
Voilà que notre salariat petit à peu se meurt
Voilà qu'on nous réclame notre livre de chair
Nous qui croyions tout avoir pour pas cher
Nous désormais funambules sur le fil d'une civilisation qui meurt
Tueurs et braillards rugissant en dessous
Nous, à merci d'un pogrom ou d'une ratonnade
Retenus comme nos souffles, hésitant
Essayant de conjuguer nos intelligences
Pleins d'envies et d'élans affamés de changements
Coincés dans l'impuissance de ceux qui nous gouvernent
De ceux qui font semblant
Alors que nous pouvons et c'est là qu'on se berne depuis bien trop longtemps
Infiniment plus qu'eux
Si on bouge si on s'ouvre si on se cramponne collectivement
A notre ciel commun
Sans être tous d'accord, en désordre, dans un parfait bordel. Mais résolument respectueux de nos différences

C'est ce que je veux croire.

PP

AURILLAC 2016 (journal)

août 23 2016, 10:22

Aurillac ça va vite. L'avantage d'Eurodisney sur Eclats d'Aurillac 2016 c'est qu'à Eurodisney tu ne passes à la fouille qu'une seule fois. A Aurillac c'était 3 ou 4 fois par jour voire beaucoup plus selon tes déplacements. Fouille légère certes mais oppressante à la longue. Du coup, la petite échauffourée de vendredi - à laquelle je n'ai pas assisté - a eu pour effet d'alléger légèrement le dispositif du lendemain et ça n'était pas un mal. On peut s'interroger sur la pertinence de ce coup d'humeur mais il exprimait à sa façon un sentiment général de ralbol et ceux qui géraient ce système sécuritaire ont eu l'intelligence de ne pas en rajouter après l'évènement. Jouer dans un bunker n'a rien de mirobolant. Espérons que ce ne sera qu'un exception. J'ai eu l'occasion de croiser une patrouille assez conséquente de gendarmes surarmés procédant à une vérification d'identité sur trois ados dépenaillés. ça fait froid dans le dos. Mais in fine on a tous joué, faisant contre barrière bon coeur et devant un public moins nombreux que les autres années.

La météo était impeccable, il faut dire, les quelques pluies qui sont survenues promptement ayant fait le service minimum aurillacois. Cette année, le bonheur était dans les cours -parfois surbondées- entre soi, à l'abri et sans le risque des perturbations sonores auxquelles on n'échappe plus avec cette agaçante prolifération des sonos de tous poils -putain que je hais les sonos parfois-. Mais les cours favorisent l'avignonisation du festival. C'est de la salle sans toit, peinarde, conviviale, à l'abri de la rue, de la vraie, cette arène où mimes, danseurs, groupes musicaux et visuels sont les seuls à s'épanouir sans se faire agresser par des decibels en folie. Les seuls ? Heureusement non. J'en ai trouvés qui résistaient, sans sono, à l'ancienne, et qui se sont fait de bien beaux cercles. Citons avec gratitude les Boudeuses, dont la patate un peu criarde et pour cause n'a pas nuit à l'efficacité comique et les Transe Express dans "l'histoire de Thomas Sankara": une demi-heure de petit bonheur où on a retrouvé la rue telle qu'on l'aime.

Nous dormions au centre-ville, à deux pas de la mairie. Une bonne façon de vivre ce que vivent les aurillacois pendant le festival. Un enfer. Les festivaliers n'ont pas le moindre égard pour les habitants. Tu te prends une trompette à trois heures du mat'. ça hurle toute la nuit. ça s'égosille. ça dégoise, ça djambe interminablement sans le moindre égard pour ceux qui dorment là. Tu comprends les exodes et les grincements de dents . Pour ce qui est de mes petites aventures à moi, entre le pot du in, le pot de la SACD, le pot du off où j'ai fait acte de présence et de goinfrerie, j'ai fait mon petit bonhomme de chemin. Loin de Troie n'est pas un spectacle pour rue, mais pour espaces non dédiés, amicaux, conviviaux, bref, assez éloignés de l'endroit où j'étais. J'ai fait des petits publics, d'autant plus méritants que je jouais tard et samedi ce fut une très bonne, une presque parfaite, une de celles qui font carburant pour aller plus loin. Le samedi à Aurillac est ma journée préférée. Les pressés sont partis. Restent les gourmands. Les programmateurs lâchent leurs programmes et se font plaisir. Les artistes sont moins tendus et en profitent pour aller voir ce que font les autres. On déguste les miettes avec délectation sans chercher à se prouver quoique ce soit. Ce sont les dernières représentations et elles ont souvent la beauté des crépuscules. En ce qui concerne les spectacles que j'aime et que j'ai défendus, Madame Tantale, l'Affaire Jeannette, ce furent leurs meilleures représentations aussi. Et ils ne sont certes pas les seuls.

Aurillac est un mirage. Un endroit des mille et une folies où tu peux vivre un miracle tout comme une débacle. Une mecque bordélique où les prophètes vocifèrent, se défoncent, s'affichent et où les pélerins grouillent, le programme à la main, en quête d'un extase souvent décevant mais parfois fabuleux. Où l'avenir te fait des clins d'oeil, seulement, où l'espoir est le plus souvent chichement rétribué, où de belles aventures sont aussi parfois nées. On ne sait jamais à l'avance. Un acte gratuit où il faut payer de sa personne et de sa monnaie. Une danse. Une transe. Une frasque rituelle où paradent les professionnels tandis que les soutiers souquent.

Et l'occasion de retrouver ou découvrir de bons copains....

ça aussi. PP

les EDITALERIES 2005/2010 c'est ICI