EDITALERIE: [Juin 2005 à Décembre 2010]

au mois le mois, humeurs, réflexions, inquiétudes et nouvelles au fil du clavier...

(pour les derniers en date c'est ICI)

Juin 2005

Juin: un mois fumant à défaut d'être fumé.
L'Europe ne va pas hyper bien. La France non plus mais on le savait. Du côté de la compagnie, c'est l'effervescence et chacun a bien du mal à faire face à la somme de travail qui l'attend. C'est un des plus gros mois de l'année pour nous et cette année c'est encore plus dense. Les Maisons Hantantes sont toujours en chantier. La Chorale de St Fulbert travaille une version allégée (côté matériel) d'Ainsi fut-il avec une Margot qui jouera, nécessité fait loi, en chaise roulante, tout en préparant une nouvelle comédienne à la reprise de son rôle dans la Rave Paroissiale. Sans compter avec le Théâtre Déambulatoire qui tourne bien et le théâtre de circonstances qui ne manque pas non plus d'occasions. Et il faut pendant ce temps continuer à prospecter, gérer les contrats et les factures, rappeler quelques impayés, préparer la tournée d'été. On ne va pas se plaindre mais pas se tourner les pouces non plus.
Maryz est sur les dents, Jacot débordé, Gilles préoccupé, Djamel sur la brêche, Véronique en pleine bourre, sans parler de Marthe, Samuel, Patrick, Estelle, Olivier, Leïla, Louis et les autres qui ne chôment pas non plus.
Si chacun était payé à la hauteur des efforts consentis, on serait tous riches mais ce n'est malheureusement pas le cas. Dans ce métier on travaille à double temps pour à peine un mi-temps. Flemmards d'intermittents! Heureusement, il y a la flamme, qui n'est pas tributaire des tarifs GDF, et survit malgré les coups de vents, de bourre et les énervements.
Une bonne nouvelle: Bénédicte prend en charge la mise en jeu des Origamines qui vont pouvoir ainsi peut-être rencontrer leur destin. Nous sommes toujours à la recherche d'une implantation dans une ville avec laquelle nous pourrions développer des activités. Les terres promises sont toujours a réinventer. Elles ne tiennent jamais leurs promesses mais elles savent parfois apporter d'autres joies.
Le prix du carburant ne baisse pas mais le nombre de kilomètres que nous aurons à parcourir cet été non plus. Chaud dans les porte-monnaies.
A part ça, merci à ceux qui savent, au passage, faire fleurir la vie: Julien & Julie, Marie, Annette, & Françoise (qui se reconnaitront), Armelle de Bretagne, Tine & ses amis, ceux qui s'emportent, ceux qui se risquent , ceux qui s'ouvrent, et ceux qui ont cru que dire "oui" au traité constitutionnel européen n'était ni un abandon de valeurs ni une acceptation des couleuvres qui nous sont trop souvent données à manger mais plutôt un choix de lice.

 

JUILLET 2005

Entre orages et canicule, le plein de sensations, de rencontres et de kilomètres. Les Joyes du Mariage ont entamé leur tournée d’été à Bayeux avec un bien joli succès. La chorale de St Fulbert vient de jouer sur le macadam de Blois la version re-re-travaillée d’Ainsi-fut-il (intégrant la blessure de Margot et une simplification de la scénographie) et celle-ci nous plait beaucoup. On y retrouve toutes nos marques et le public nous suit sans hésitation. Mention spéciale en outre à la super équipe d’accueil du festival que nous retrouvons toujours avec grand plaisir. Du côté des Maisons Hantantes, chaud chaud chaud pour la Maison Marron qui était à peine bouclée pour sa première sortie au festival Renaissances de bar le Duc. Un bonheur de festival, sans tonitruance excessive, où spectacles et public peuvent prendre le temps de se rencontrer. La rencontre a été savoureuse et la maison marron a su, même orpheline, faire passer la folie des maisons Hantantes.
Bar le Duc, Blois, des villes qui nous sont maintenant familières et chères après Rouillac, St Sébastien sur Loire, Harnes & bien d’autres que nous avons récemment découvertes et où nous espérons bien revenir un jour. Toutes villes préoccupées d’offrir à leur population des réjouissances variées et de qualité, des brassages de population au niveau local, régional mais aussi international, des bouffées d’air culturelles, festives, conviviales.

Dans la frileuse Europe, la fête et son avatar boursouflé : le festival, se portent bien. Entre musiques, arts de la rue, arts de la scène, stands et jeux, des cuisines subtiles qui tiennent du savoir-faire du cuistot et des artistes, de la qualité de la météo mais surtout, je crois, de la fraîcheur et de l’enthousiasme des spectateurs. La qualité de leur écoute, leur curiosité ou leur degré d’éthylisme font toute la différence. Nous qui le croisons très régulièrement, savons que le public n’est pas qu’un oeil, qu’une oreille et qu’une cervelle. Il a des attentes différentes, des goûts différents, des appétits différents. Et ceci nous ramène à la comparaison gastronomique avec cette éternelle question : est-ce le piteux mangeur qui fait le steak frites ou l’inverse ? certains diront : le porte-monnaie, mais dans la rue le porte-monnaie importe peu –tout du moins pour le public-, c’est sa gloire. Et c’est un enjeu récurrent pour artistes et programmateurs mêlés que de savoir proposer, à côté des grands plats populaires, des arômes de traverse et des frichtis subtils. Il y a, dans le public des arts de la rue, des orpailleurs véritables en quête de « la » pépite. Ceux-ci ont la nostalgie souvent de la « ruée vers l’art » des pionniers de la rue. Souhaitons pour eux, pour nous, que dans le grand flot festif d’aujourd’hui, ils puissent toujours trouver, à disposition, cette épice essentielle : l’émotion. Et ceci est affaire tant de moyens que de convictions.

 

AOUT 2005

C’est un homme qui veut acheter des cigarettes et auquel le buraliste donne un paquet orné de l’étiquette « fumer peut rendre impuissant ». Il le rend illico et demande : « vous pourriez me donner un paquet avec FUMER TUE ? je préfère. » Une histoire échangée au cours de la tournée de la Chorale de St Fulbert dans la Sarre : trois jours de plaisir. La démocratie est le pire des systèmes politiques à l’exception de tous les autres. La démocratie peut rendre impuissant. Elle tue aussi. Le peuple souverain peut décider de tuer. Ses représentants plus ou moins légitimes aussi. Le peuple souverain peut faire et dire de grosses conneries et surtout se faire manipuler comme un bleu. Ils ne le feront jamais autant que ces minorités qui prétendent avoir raison contre tous les autres. Je cauchemarde un monde où il y ait sur les fenêtres « Ouvrir peut provoquer dans votre corps un refroidissement » et sur les bouteilles « ne pas faire chuter sous peine de risquer une coupure ». Le monde est plein de responsables de nos malheurs. Etre libre c’est dire : je sais, je choisis, j’assume. Sauf qu’on ne sait pas toujours. Sauf qu’on ne cherche pas toujours à savoir. Sauf qu’on ne nous dit pas tout non plus. L’axe central et problématique de l’humanité actuelle c’est la responsabilité. Je suis responsable, mais de quoi au juste ? quand le monde hurle à ma porte ses petites et grandes misères. Et vais-je hurler 365 jours par an au prétexte que mon silence cautionne ? Le terrorisme profite de notre soif d’information mais si l’on coupe les robinets informatifs, nous nous rendons sourds à bien d’autres saloperies.

Nous adorons que le monde soit à notre porte mais pas qu’il s’essuie les pieds sur notre paillasson.

Ecouter le tam-tam du monde, c’est être un citoyen responsable. En suivre toutes les vibrations donne, à juste titre, l’impression d’être impuissant. Et tue aussi parfois, de désespoir. D’où, comme pour la cigarette, la solution du philtre. Il y en a qui s’abonnent à Gala rien que pour ça. S’abrutir pour ne pas voir ou changer ses focales. Ici, notre liberté ? Nous avons tous un cancer endormi dans sa niche. Le tout c’est de ne pas le réveiller. Nous vivons sur une poudrière. Vivre est fragile. Vivre est risqué. Alors, risquer c’est vivre ? Mais quel risque puis-je prendre qui ne concerne que moi ? y en a-t-il ? Risquer de perdre ses points au permis ? tous les points de sa vie ? « Globalia » pas un chef d’œuvre mais un livre qui décrit très bien le monde qu’on se prépare : un monde où nous seront presque tous vieux, et heureux, épanouis sexuellement mais à responsabilité limitée, pour laisser le bon temps rouler. A l’abri des autres.

Pensées au long des kilomètres de cet été très dense, professionnellement parlant

 

 

SEPTEMBRE 2005

C'est la rentrée c'est la rentrée! Les sécheresses vont se mouiller c'est la rentrée. Les inondations vont se sécher c'est la rentrée. Nos moufflets vont se cultiver c'est rentrée. Le grand cirque médiaque a recommencé c'est la rentrée. Georges Bush est malheureux. Le cyclone Katherina lui fournit une grandiose catastrophe qu'il ne peut décemment imputer à Ben Laden. Quel gâchis! Le pétrole augmente. Bonne nouvelle pour l'état qui se sucre abondamment. Bonne nouvelle pour la planète que pour une fois le marché défend. N'oublions pas que la tension sur le marché du pétrole est en relation directe avec l'enrichissement de la Chine de l'Inde, des pays de l'Est et de quelques "pays émergents". Un pétrole plus cher ça veut dire des voyages qui reprennent de la valeur, un nouvel effort possible sur les énergies alternatives et surtout des délocalisations qui perdent un peu d'intérêt. Paris-plage et ses émules c'est déjà une lutte contre la délocalisation des vacanciers. Nous recommander de lever le pied c'est de simple bon sens. Envisager de nous l'imposer participe encore une fois à cette vaste et éternelle campagne d'infantilisation du citoyen.

Les incendies dans des immeubles pourris de Paris. Les bonnes âmes s'émeuvent. Les cyniques en profitent. Et qui nous fera croire que , au vu des tensions actuelles sur l'immobilier, quelqu'un n'a pas eu un petit intérêt à les aider ces incendies ? Quelques nègres qui meurent n'ont jamais fait peur quand il s'agit de faire des plus-values.

"Revaloriser le travail" dit le MEDEF; tant qu'un actionnaire sera mieux considéré qu'un salarié, c'est une plaisanterie. De notre côté, il n'y a pas eu de vacances et c'est encore la pleine saison des réjouissances, festivals et tournées,jusqu'en octobre au moins.

Nous sommes lessivés de kilomètres mais il faut encore s'accrocher, et qui va s'en plaindre sinon nos proches qui ne nous ont guère vus pendant ces derniers deux mois. Si le comédien était payé aussi pour le temps qu'il passe à voyager, il n'y aurait plus besoin d'intermittence. Incidemment, nous venons de passer dix jours à jouer dans un très grand centre commercial, ce qui ne nous était pas arrivé depuis des années. Les centres commerciaux deviennent de plus en plus des lieux de promenade pour une grande partie de la population même si vous n'en faites pas partie. Sauf que le théâtre de rue possible là, c'est du clip de rue, du jingle de rue, tout au plus. Allez amener du sens là-dedans, sinon donner un peu de complicité non-marchande à ceux qui baguenaudent et ceux qui travaillent. C'est la rentrée, c'est la rentrée. Deux comédiens vont se mettre au vert, loin de la capitale, épuisés par la course à l'échalotte. C'est la rentrée, c'est la rentrée. Trop tôt pour tirer un bilan de la tournée de nos différents spectacles mais pour l'instant il y a beaucoup de positif et quelques domaines à améliorer. ça tombe bien: voilà le temps des bonnes résolutions. Mais c'est une autre histoire.

OCTOBRE 2005

Un policier de la PAF se fait sanctionner par qu’il a parlé à la presse. A l’heure du tout-communication, un policier doit se taire. Seul son chef politique, le très communicant M.Sarkozy et les représentants de ses syndicats dûment homologués peuvent s’exprimer. Le corps policier est, pour nous artistes de rue, le repoussoir mais aussi l’alter ego. La plus grosse troupe de rue avec ses rituels bien rôdés et souvent humiliants, celle qui canalise le public dans nos manifestations et peut parfaitement en même temps nous pourrir la vie infiniment pour un gramme de chichon ou une parole mal placée. Essayer de discuter avec un policier dans l’exercice de ses fonctions relève souvent du sport à haut risque. Echanger c’est déjà franchir le mur avec, pour chacun, le risque de l’inconfort mais aussi de la rencontre. Une pratique à multiplier : faites parler les policiers. Avec Berlin, avec Belfast, nous avons connu les murs. C’est la logique de l’exclusion et du refus de l’autre. C’est la logique de Sarkozy quant il prétend enrayer l’immigration. C’est la logique de Sharon aussi. Et de tant d’autres : lotissements-ghetto, grandes propriétés. Il y a les murs qu’on rêve pour se protéger, et ceux qui existent sans avoir été érigés. C’est un mur d’ignorance de l’autre qui a été balayé à la Nouvelle-Orléans. Contrairement à l’adage, les murs n’ont pas d’oreille. Ils ont pour fonction d’assourdir, d’aveugler. Cette logique du mur, elle est partout, sur tout l’éventail politique, exacerbée par les grands courants d’air de la mondialisation et du terrorisme. Même dans les aménagements de circulation de la ville de Paris, il y a des murs qui pointent. Les polders, les châteaux les ghettos, la grande muraille de chine : des histoires de mur. Sauf que. Si l’on y regarde bien, les murs n’ont pas pour destin de régenter l’espace mais plutôt de distendre le temps. La marée finit toujours par manger le remblai, le clandestin par passer, les idées par s’imposer mais on les retarde au maximum. La politique de l’entonnoir. Sangatte (sans gate) c’était une entrée sans porte. La rue est moins un espace qu’un temps. Ce pourquoi j’aimerais tant que s’adjoigne au temps des arts de la rue une rue des arts du temps…

Il y avait un colloque organisé par la fédé IDF des arts de la rue autour de l’appropriation de l’espace public. J’ai tiqué sur le titre et pourtant il est juste. Une propriété collective n’a pas de sens si elle n’offre l’occasion à chaque individu de se l’approprier. Mais il y a une nuance de taille entre s’approprier et confisquer. Le problème récurrent de l’art dans la rue est que cet espace a tendance à se voir confisqué, par les panneaux les plots, les couloirs autant que les véhicules. A force, notre propriété, ça revient seulement à louer un meublé. Et pourtant aménager, c’est aussi ménager, pour recevoir, accueillir, les espaces trop vides appellant le désert. Et dans le désert, l’art est vain. L’art est-il important ? Oui s’il est un outil d’émancipation, de soi, de l’autre, individuelle ou collective. La télé n’est pas émancipatrice, c’est sa principale faillite. Le sommes-nous nous ? pourquoi le serions-nous ? L’art vivant doit se vivre ensemble et séparé, collectif et individuel. Faire le lien et rompre les chaînes. En même temps et avec le même élan. Ceux qui pratiquent l’art vivant sans convivialité se condamnent aux chapelles. Ceux qui font de la convivialité sans toucher l’individu se condamnent au festif, qui est (Philippe Chaudoir nous l’a rappelé) une façon pour la société de se dire et de se conforter. C’est notre grand défi à nous arts de la rue : réunir et séparer dans la même foulée, touiller le collectif en chatouillant l’intime. De là à reconnaître la part d’intimité dans le métier de policier...

 

NOVEMBRE 2005

Le Blog c'est bien. ça a un côté subjectif et en même temps public. Entre le journal intime et la Une du Monde à soi-tout-seul. L'agorinternet.
On écrit, on est content et on regarde après le nombre de visites par jour. 80: c'est le nombre moyen de visites du site Acidu. Pas délire mais c'est chouette. Et en plus, même si personne ne l'a fait jusque là, tout le monde peut laisser ses commentaires. Trop de la balle!
Et puis, à la réflexion, il m'apparait que ces paroles écrites sur le support éminemment fluide de la toile, ce flot de blogs sympathiques, ça fait manif de bouteilles à la mer: tout réside dans l'espoir de celui qui les jette. On pond sa prose dans son coin, on l'édite et va-comme-je-te-pousse, avec de jolies réussites et de totales plantades; qu'importe, l'une comme l'autre ne sont pas sanctionnées. Et c'est ça le problème. Qui c'est qui donne les bons points ? Où qu'il est le mur de la caverne ? Ayant reçu une éducation soit-disant judéo-chrétienne mais plutôt catho-crasse en fait, j'ai construit mon monde avec au dessus de moi: un oeil dans la tombe à regarder Caïn, et un oeil dans le ciel à compter les points. Le papiste est patriarchal c'est bien connu. Mais le blog c'est de l'info de frangin, pas de père. Avant de parler de familles recomposées, parlons de familles décomposées. Nous sommes en panne de père. Le fratiarchat règne pour l'instant. Père, re-père. Les pères se font la paire. Même Mitterrand c'était tonton, c'est dire ... Le PS, l'UMP, c'est bourré de pères qui ne veulent pas l'être, d'oncles qui se rêvent et de beaux-pères qui s'y verraient bien. Quant à Chirac c'est plutôt un impair... L'absence du père crée des tentations: celles du grand-père. A user avec modération. Et surtout sans confusion avec le rôle de père. Confert Vichy pour la confusion qui tue. Mais du côté des aïeux on peut trouver Montaigne entre autres...
Faut il chercher des mères ?

 

DECEMBRE 2005

Dans la riante cité, une voiture flambait joyeusement pour le plus grand plaisir de quelques néo-scouts qui chantaient youkaïdi youkaïda autour. C’était il y a longtemps. Tellement longtemps ! Aujourd’hui les SDF meurent de froid. Sans doute n’ont-ils pas de briquet. Ni de véhicules à portée. Le SDF c’est le moineau d’aujourd’hui, petite chose fragile qui pépie dans nos rues mais si sensible au froid ! Au moins se disait-on jusque là : ils ne travaillent pas. L’un compensait l’autre en quelque sorte. Qui n’a pas ressenti au moins une fois la tentation de l’abandon-édredon tandis qu’il cavalait au chagrin ? Mais une nouvelle espèce a pointé son nez : le SDF qui travaille. Oui mossieur ! le travail ne garantit pas l’habitat. Ça pourrait nous étonner mais si on regarde notre histoire, on doit bien constater que le travail a toujours été une valeur dédaignée, mal rémunérée, occupation d’esclave, de serf ou de prolétaire. Il n’y a guère que sous le front Populaire ou dans les années qui ont suivi la Libération que le travail a été quelque peu considéré. De quoi rendre nolstalgico-muniste. Vouloir calmer l’insatisfaite jeunesse de nos belles banlieues en promettant à tous des entretiens d’embauche c’est user d’arguments largement démonétisés à coups de charrettes massives, de plans sociaux et de licenciements abusifs. Il faut être un poète manustrupant pour croire que ça puisse séduire des loupiots auquel l’olympe cynique qui règne dans les lucarnes ne donne bien souvent que le goût de la fortune sans peine. La propriété, elle par contre, a le vent en poupe. Si l’on veut qu’un gâteau perdure, mieux vaut qu’un maximum s’attachent à ses miettes. Le marché immobilier fait partie de cette grande foire à la miette. Et ça doit rapporter, quel qu’en soit le prix, sous peine de décourager le petit proprio. Qui a récemment essayé d’être locataire a pu découvrir l’inquisition kafkaïenne auquel on soumet tout postulant. C’est du délire. Et qui demande largement plus qu’un smic. L’immobilier social étant trop limité, les moins démerdards, et les plus fragiles, peuvent ainsi se trouver rapidement sans autre solution qu’un banc.

C’est bientôt Noël, période d’attendrissement, où fleurissent des contes dans lesquels la misère se transmute en or, et les bons comportements en fleuve d’argent pourvu qu’on fasse la bonne rencontre au bon moment. Suffit d’y croire. Et les fins sont heureuses comme des feux de bois. Sauf « La petite fille aux allumettes » cette épine dans la bûche, qui n’a ni happy end, ni consolation, ni morale. Ce conte où la misère brute ne se console que d’elle-même, d’un souvenir, d’un fantasme. Une accusation terrifiante. Et si terriblement d’actualité.

Joyeuses fêtes quand même.

JANVIER 2006

VOEUX BROUILLéS
Il ne faut pas mettre tous ses vœux dans le même panier c’est bien connu.. Mais les poires font vivre. En 2006 des barbecues seront installés dans tous les quartiers chauds pour faire brûler des saucisses/merguez plutôt que des bagnoles. C’est plus digeste. En 2006, Benoît XVI réhabilite Marie Magdeleine comme épouse de Jésus Christ et première pierre de l’église et décrète dans la foulée que les prêtres peuvent être mariés, même avec des femmes, ceci dans l’indifférence générale. En 2006, un groupuscule Corse lance les assises mondiales des peuples montagnards où se retrouvent kurdes, druzes, kabyles, suisses, thibétains, indiens péruviens dans une fraternité décoiffante. En 2006, un psychologue fait passer, sous prétexte d’examen médical, un test de QI à Georges Bush sans qu’il s’en aperçoive. « et pourquoi pas un test de moralité pour moi ? » s’insurge Jacques Chirac. En 2006, l’ONU décrète que les revenus globaux maximum de qui que ce soit ne pourront excéder 50 fois le salaire minimum. Le MEDEF prône immédiatement le doublement du SMIC . En 2006, le lobby des lessiviers s’inquiète de la montée en puissance des noix de lavage dans les lave-linges. En 2006, les salaires hommes-femmes sont enfin équilibrés. En 2006, la courbe de la déforestation s’inverse pour la première fois. En 2006, Nicolas Sarkozy abandonne la politique par amour. Villepin se lance dans une carrière de top model troisième age. L’ensemble de la classe politique s’accorde pour ne présenter que des candidates aux présidentielles. En 2006, grâce au commerce équitable, l’Afrique reprend des forces économiquement. En 2006, les femmes prennent le pouvoir en Iran. En 2006, les dirigeants Israéliens décrètent qu’ils ont besoin à leur côté d’un état Palestinien riche et fort et lancent dans la foulée un grand chantier prioritaire dans ce sens. En 2006, les partenaires sociaux s’accordent à reconnaître que le plan de statut proposé par les intermittents va dans le bon sens. En 2006, on observe une désaffection croissante de la population pour la télévision. Etc. etc.

2006, année utopique.

FEVRIER 2006

Sans faire aucun procès, qu’est-ce qu’on se judiciarise… ! Une vraie fringale de victimisation et de culpabilisation. Entrez dans la transe. Côté victimisation, un goût certain pour se revendiquer un rôle de victime, si ce n’est au présent, regardons au passé. Un livre vient de sortir « la guerre des mémoires » qui dénonce cette course à la victimisation à tout-va. Sur fond de débat sur le passé colonial de la France, évidemment ça fait mal. Sauf que, s’il est absolument nécessaire que nous affrontions collectivement nos pans de mémoire enfouis, les persécutions qu’on a subies autant que les saloperies qu’on à pu commettre, il est suicidaire de s’affronter sur le mode : plus victime que moi/ma famille/ma tribu/mon peuple (rayez la mention inutile) tu meurs. Chacun de nous est en mesure de pouvoir dégoter s’il le souhaite un ancêtre persécuté. La belle affaire ! On le sait bien que le passé fut dur, autant que le présent. Le passé nous structure, c’est la raison première de l’Histoire et il nous faut l’envisager sans oeillères et sans récriminations. Cependant, y chercher des raisons de complaindre c’est mourir au présent. Pas inique. Dangereux. En face, on ne peut rien subir sans chercher un coupable. J’attrape froid, c’est le pull que j’ai acheté auquel il manque la mention « ne protège pas de la pluie » etc… etc… Et il y a cette affaire d’Outreau qui vient nous rappeler que mollo, soif de coupable n’est pas raison. Pendant que certains veulent supprimer les juges d’instruction, d’autres veulent mettre la police à l’école. Ça valse dans les valeurs.

Bon.

A part ça Acidu prépare son année avec pas mal de lait sur le gaz : 6ème tournée de la Chorale de St Fulbert avec ses deux Opus et une présence sérieusement envisagée au Bourgneuf pendant le festival d’Avignon, la finalisation de « La Ménagerie des Coincés du Cœur » (ex les Maisons Hantantes), la tournée de confirmation des « Joyes du Mariage », les guinguettes aux Ulis, l’accompagnement de la population pour la parade de « Le Mans fait son cirque » et peut-être une nouvelle déambulation en chantier… sans compter l’année 2007 qu’il faudra bien préparer. Ça peut sembler beaucoup pour une seule compagnie mais nous sommes nombreux (15 comédiens) et fonctionnons de plus en plus sur le mode d’un collectif de comédiens –certains avec pas mal de casquettes- réunis autour d’un auteur et d’une démarche simple : au plus près du public et de ses préoccupations. Stillicidi casus lapidem cavat


MARS 2006

La vie erre, grippée…
Enfant, je passais mes matinées à construire des murailles de sable contre la marée montante, sachant que la mer finirait toujours pas l’emporter. J’ai cette impression là aujourd’hui face au flux de catastrophes que nous porte les médias. Les faits divers sordides, les grands procès, les massacres, les virus, les menaces sur notre belle industrie, les intermittents qui se font bananer, les chercheurs qui parlent moins mais ne sont pas mieux lotis et qui découvrent de plus en plus que leur secteur est définitivement voué aux grands groupes, les hôpitaux qui grincent et assurent dans des conditions de plus en plus calamiteuses, les soupçons d’innommable, les angoisses, les peurs raisonnées, les peurs hystériques, les interdictions de rire, la négation de l’autre, les guerres de religion, les guerres de mémoire, et surtout, surtout, cette terrible question : les commissariats seront-ils un jour touchés par la grippe aviaire ? Oui. J’ai cette impression que nous sommes tous avec notre muraille de sable qui se fait grignoter, artistes, chercheurs, enseignants, libre-penseurs, simples individus en quête d’un peu de paix, derrière un gouvernement qui ne sait plus qu’agiter des pelletées de sable, et le boutefeu yankee qui de son golf contemple l’Irak embrasé en faisant joujou avec ses derricks. Sale temps pour la vie. Sale temps pour le moral. On a envie de fermer les écoutilles, mettre la tête dans le sable et attendre que la marée passe. Mais si ça se trouve, les autruches aussi peuvent être touchées.

Et pourtant, si on regarde bien, dans les coins, il y a les réactions roboratives de Charlie Hebdo, l’élection de Bachelet, l’Amérique latine qui s’émancipe, l’Afrique qui malgré les vicissitudes se prépare un destin, les femmes qui montent en force, les chansons de Camille, les films de Jim Jarmush entre autres et surtout, à conseiller d’urgence, le dernier opus de Pétillon « L’affaire du voile » un régal rigolo et finement pensé.

Lorsque que mon petit mur s’était fait enfoncer et que j’avais de l’eau jusqu’aux mollets, je rentrais chez mon grand-père et je passais à table, paisible. Mais je nous sens tellement mal que j’ai grand peur que le premier démagogue venu – et il y en a qui se dessinent – ne nous convainque un jour qu’avec un bon mur de béton Bouygues, les marées ne passerons plus, dormez tranquilles bonne gens, allumez la télé et laissez aller… J’ai peur que nous soyons collectivement mûrs pour nous faire bien enfler, prochainement. Et ce ne sera pas d’aérophagie.

Portez-vous bien

AVRIL 2006


Je suis à poil assis sur un fil barbelé. Parce j’ai glissé et paf. Fesses cuisses et testicules sanguinolentes et hurlantes. J’ai poussé un cri en accord parfait avec un corbeau qui maraudait dans le coin. Et maintenant je fais la part de la douleur et du ridicule, j’avance mes mains pour ne pas les empaler aux piquants tout en m’appuyant pour passer ma jambe par-dessus le fil, malgré mon ventre. Les nuages se rient de moi, bien lourds. Le vent me fouette. Le chemin n’en est presque pas un, la preuve : je l’ai perdu au milieu des bouses et des excréments divers pas le temps de faire le tri. Je grelotte de froid de fatigue et de honte, je halète et bon ! élan et je m’écorche évidemment mais ma jambe gauche a passé. J’avais un bouquin de Montaigne dans la poche de mon pantalon. Loin si loin. Avant. Je ne sais pas ce qu’il en aurait pensé ce brave homme mais j’ai du mal à l’imaginer dans cette situation : c’est un type qui écrit en situation : chez lui, dans une robe de l’époque, des serviteurs autour, la cheminée ronflant. Et qui pense, et qui réfléchit, plutôt joliment d’ailleurs même si je dois recourir au glossaire trois fois par pages pour le suivre. Pour ce qui est de la réflexion, je ne m’aligne pas. Surtout maintenant, avec les aboiements au loin. Je cours titube dans les ronces, mal atrocement à mes tendres pieds sans corne, sans semelles, à vif, mais la peur fait office de mocassin. Pourquoi suis-je allé à cette manif anti-CPE ? Que fais-je en pleine cambrousse ? Qui me poursuit ? Pourquoi m’a-t-on arraché mes fringues ? Que vient faire Montaigne là-dedans ? Qui suis-je ? Où cours-je ? Où va le monde ? Tant de questions qui me tarabustent.

Heureusement, c’est le printemps. Profitons-en.

PP

MAI 2006

Il manquait un costard de martyr à Nicolas Sarkozy, on est en train de lui en tricoter un vite fait. Il n’y a pas que l’Iran qui veuille se fabriquer une bombe atomique. Le problème des bombes atomiques c’est qu’elles peuvent exploser à la figure de celui qui les fabrique. La bombe atomique contre le chômage a très bien fonctionné dans ce sens là. D’autres arrivent. Les OGM attaquent. L’avenir de la planète est en train de se jouer. Quand on voit ce qui se passe en Afrique derrière le paravent de certaines ONG, ça fait froid dans le dos. L’état Français semble mal placé pour résister. L’Europe on peut se demander. Qu’est-ce qui reste ?
Heureusement que la vie est belle, que les muguets tintinnabulent et que le pire est encore à demain. Pour nous, pauvres baltringues, les échéances se précipitent. Un mois de mai qui, pour n’être pas plein, commence à être bien rempli avec le grand retour des Joyes du Mariage, la première finalisée de la Ménagerie des Coincés du Cœur à Serris, qu’on jouera flamberge au vent avec le regret permanent de n’y pas avoir passé assez de temps - problème récurrent quand les moyens sont chiches – et Ainsi fut-il qui va se faire une petite tournée le long de la Loire dans le cadre des Jours de Loire. Chacun a beaucoup donné mais il va falloir faire plus. Juste pour la rencontre, ce miracle du spectacle vivant que, justement, il vit. Ce vent d’images que nous allons semer et qui ne restera nulle part, sinon dans le compost des mémoires. Cette chose impalpable et à chaque fois exceptionnelle qui est une rébellion individuelle de l’instant, comme l’amour, la fête, la rencontre. L’éphémère.
L’effet-mère. Alors que le père pète/tue…

Portez-vous bien

JUIN 2006

Je rêve! Déjà juin. Pas vu le temps passer. Du boulot par dessus la tête, et qui demande du temps, de l'attention, de l'application. Je glisse sur les journaux, l'actualité, avec de vagues échos, Cannes, Clearstream, Sumatra, comme des fantômes hurlant tout au fond du château, près des oubliettes. C'est paradoxal: comme citoyen du monde, renseigné, attentif, je ne suis pas là. Et pourtant, dans la vie, pleinement, complètement, dans une forme de vie toute entière dédiée à ce métier que je me suis choisi et qui me donne -touchons du bois- du grain à moudre pour quinze moulins.
Et je ne suis pas seul. A quelques nuances près, c’est à peu près le sentiment dominant dans la compagnie.
Entre le montage de nouvelles saynètes de rue, l’écriture et le montage de quinze épisodes courts pour une télévision locale, la rencontre et les séances de travail avec 25 associations mancelles, toutes riches d’individus indispensables, la finalisation de la Ménagerie, les tournées, les spectacles, la Guinguette des Amants, les mises en scène, les contacts, la com, sans parler de l’atelier où se construisent accessoires et costumes en une charrette folle, ni du bureau qui doit gérer factures, fiches de paye et organisation, c’est le grand branle-bas. Alors oui, j’ai du mal à m’extraire et cet édito va faire dans le planplan. Nous sommes dans un moment passionnant qu’il sera difficile de vous faire partager. Sauf, sauf si vous nous croisez, comme sur ces quatre jours épatants que nous avons passé avec la Chorale dans les Jours de Loire : une caravane fabuleuse de cent personnes au moins, ou bientôt à Amiens le 18, pour le grand jour de la Ménagerie des Coincés du Cœur, notre supplément d’âme à nous, ou sur la brocante de Villiers le Bel, à Provins, aux Ulis, à Rouen, Harnes, Vannes, le Mans, Namur, Bouillé St Paul, Rodemack, Avignon… Encore ne verrez vous que le résultat quand l’essentiel se sera joué dans les cuisines.
Pourtant on espère bien vous y voir, puisque c’est pour vous qu’on le fait.
Et on ne va surtout pas s’en plaindre.
C’est précisément pour ça qu’on a signé.

Portez-vous bien

TROIS GRANDES AVENTURES AU COEUR DE JUIN

Le mois de juin 2006 aura été marqué par trois moments particulièrement importants pour la compagnie : le tournage de « l’Ascenseur », le baptême de la Ménagerie des Coincés du Cœur à Amiens et enfin la mise en scène de la parade de « Le Mans fait son Cirque ». Trois expériences singulières qui nous auront emmenés loin des routines que, parfois, connaît notre métier.

L’ASCENSEUR : c’est Alain Tyr, un vidéaste ami, qui, sur une idée plutôt sympa : une série de 6 minutes dans l’ascenseur d’un immeuble, a obtenu une aide du CNC pour produire 15 épisodes pour une télé locale : TV Rosny. Lui restait à pondre les scénarios, trouver l’équipe de comédiens et mettre l’idée en œuvre. Après quelques tâtonnements, il a eu l’idée de s’adresser à nous et nous avons relevé le gant avec enthousiasme. J’ai écrit quinze mini vaudevilles mettant en scène une petite vingtaine de personnages avec l’assistance bienveillante et inspirée de Margot McLaughlin, complice de longtemps, et de Hérikel Karaki, un ami d’Alain que j’ai eu la chance de rencontrer à cette occasion. Le tournage s’étalait sur 6 jours à raison de trois épisodes par jour, à deux exceptions près. Et ce qui s’est passé m’a totalement esbroufé. Le fait de se retrouver derrière les caméras, à diriger le jeu, place que prenais pour la toute première fois, m’a fait la même impression que si, plongeant dans la mer, j’avais soudain découvert que j’avais des branchies. Quant au jeu des comédiens de la cie, qui se retrouvés dans leur quasi-totalité dans le projet, c’était comme une redécouverte de chacun d’eux, avec des surprises incroyables. Sans compter les costumes et maquillages assurés avec brio par Véronique et Mona. Bref. Une aventure totalement enthousiasmante et une plongée très convaincante de notre cie de rue dans l’univers audiovisuel. Reste à voir ce que ça donnera au montage mais les premiers échos d’Alain sont plutôt optimistes. Et, cela va sans dire, on a tous très envie de récidiver dès que possible.

LA MENAGERIE DES COINCES DU CŒUR : ça fait plus d’un an et demi qu’on travaille sur ce spectacle qui avait été conçu dès l’origine comme une aventure hors de nos sentiers battus. La scénographie, le thème, l’approche sont tout à fait nouveaux pour nous et ont énormément évolué depuis les toutes premières échographies. Pour preuve, ce spectacle qui devait déambuler à l’origine est devenu un spectacle dans lequel on déambule. Bien suivi dans sa gestation par le ministère et quelques programmateurs proches, il a eu du mal à trouver une clinique accueillante pour venir au monde et les derniers mois, il a fallu quasiment, pour nous, y aller au forceps. Serris ayant été pour le moins intimiste et brouillé par la pluie, la Fête dans la Ville d’Amiens représentait la seule et unique sortie d’importance pour 2006, le coût des transports nous empêchant pour l’instant d’envisager le off. C’est dire si nous étions motivés pour ce 18 Juin où la Ménagerie allait se produire par deux fois. Et nous n’avons pas été déçus. Même si le spectacle est encore fragile, il a trouvé un public attentif et qui nous a suivi très chaleureusement, tant auprès des amiénois que des quelques programmateurs et confrères qui l’on suivi d’un bout à l’autre. Grosse émotion. Echos très encourageants. Toute l’équipe, technique et artistique a été formidable. On n’a qu’un envie : que ça tourne.

LA PARADE DE LE MANS FAIT SON CIRQUE : C’est Yves Glisière, complice de longue date de la cie, qui m’a fait rencontrer à l’origine Pierre-Michel Robineau, chargé de mission culturelle à la Ville du Mans. On s’est retrouvés à Aurillac autour d’une pizza et de cette problématique : jusque là les parades s’achevaient par un grand spectacle acheté (Trans Express, Friches Théâtre Urbain) avec une sorte de frustration des assos paradantes qui se trouvaient pour ainsi dire dépossédées de leurs efforts par les professionnels. Pouvait-on envisager un final basé sur les dites assos ? Je ne suis pas un spécialiste des grosses formes et je n’ai aucune prétention dans ce domaine même si la parade ne m’est pas tout à fait inconnue. Par contre, le travail avec la population, la rencontre, la synergie amateurs-professionnels sont des thèmes qui me sont chers et j’ai proposé tout de suite deux idées dont la seconde a eu l’heur de plaire. Du coup, je me suis retrouvé bombardé Metteur en scène de la parade. L’idée retenue instituait une dramaturgie de base : les assos, constituées en tribus sous l’égide de leur char-totem, allaient défiler pour accompagner un de leur membre pour un voyage en fusée (tractée par une grue) à la rencontre d’elles-mêmes. Le Mans partait à la découverte de snaMeL. C’est le vieux thème du voyage qui ne sert in fine qu’à se découvrir soi-même. Pour des raisons budgétaires, le projet en est resté à l’aller, le retour devant se faire l’année suivante. Il a fallu prendre son bâton de pèlerin à la rencontre de toutes les assos de quartier, tâche facilitée par l’entregent très efficace des médiateurs culturels de la ville, lesquels cocoonent les assos comme rarement. Pascal Chanal, de Trans Express , qui a une meilleure expérience des grands déambulatoires et des grosses formes est venu me rejoindre ainsi que, plus tard, Véronique Vigneron, pour travailler les visuels avec les costumières du Mans. Les atelier municipaux se chargeaient de construire la fusée et la base de lancement, deux régisseurs du Mans super compétents se mis sur l’affaire, le service culturel a fait un gros travail de sensibilisation et d’organisation. Bref l’affaire s’est montée avec un tas de gens que je ne connaissais pas et que j’ai eu le plaisir de découvrir, une richesse de rencontres qu’il serait vain d’essayer de traduire ici tant du côté des professionnels que des différentes associations avec lesquelles nous avons été amenés à collaborer jour après jour. J’ai été très impressionné par la capacité de mobilisation et l’efficacité du service culturel qui est pourtant plus que sollicité. La fusée était magnifique même si pas tout à fait terminée. Les assos surmotivées. Les décorateurs, costumières au taquet. Rien que du bonheur.
Et puis voilà. La construction de la fusée a été retardée d’une semaine à cause d’une tâche imposée par ailleurs. La rampe de lancement et la fusée qui devaient être installées dès le début de semaine n’ont pu l’être que le vendredi, qui plus est après-midi, à cause d’une mauvaise volonté évidente du responsable des marchés ; d’où retard dans toutes les installations, répétition générale quasi-fantômatique; un différent est intervenu entre le service culturel et les responsables du festival pour des questions d’horaires. Retard. Sono qui ne peut pas se tester. Et au final une régie-son catastrophique qui n’assure plus rien. Un défilé superbe, tout le monde ayant bien saisi la nécessités de la lisibilité, des rituels bien délirants et au bout, pas de magie, évidemment malgré les Sam, Virginie, Jacot, Louis et Bénédicte, qui, venus faire l’équipage et la présentation, ont fait un travail formidable malgré l’absence de retours-scène. Et pourtant, ils se sont tous donnés plus que largement, Pierre-Michel en tête, mais les contradictions internes à la municipalité ont ramené leur fraise au mauvais moment. Et malgré le réel plaisir et la fierté de nos paradeurs, la presse, qui n’a pas compris, est restée très dubitative et on la comprend.
C’est donc, objectivement, un flop mais pas du tout un échec, à mon avis. L’essentiel du projet avait toujours résidé pour moi dans la qualité de la préparation et celle-ci a été tout à fait réussie. L’ambition, pour le service culturel, de se faire le metteur en œuvre du projet n’était pas une utopie. Il en avait la capacité malgré les pesanteurs administratives contre lesquelles il a fallu quotidiennement se battre. Il s’en est fallu d’un rien, quelques pesanteurs féodales inhérentes aux grosses municipalités, pour qu’il réussisse pleinement son pari. La rencontre des assos avec Pascal, Véronique et moi-même, puis plus tard avec les comédiens, a été chaleureuse et enrichissante pour chacun. Et ça s’est traduit par une qualité dans les défilés bien supérieure aux autres années. Il y a eu une rencontre entre l’équipe de Véronique et les plasticiens et costumières sur place d’une extrême qualité. Les différents acteurs que j’ai rencontrés : Sylvain, Marie, Younès, Audrey, Julien, Pierre-Michel, François, Nicolas, Pascal, Alain et j’en oublie ont été d’un engagement total et sans compter.
Mais pour ceux qui étaient venus voir le résultat « le final », comme un spectacle bien rodé comme pour les autres années, ça n’a pas marché. Evidemment dirais-je, parce que ce n’était pas vraiment le propos, même si la fusée avait de la gueule en s’élevant dans les airs. Mon propos c’était que chaque asso rutile ses couleurs et que le Mans découvre que l’association de ses quartiers formait un grand manteau d’Arlequin chamarré.
Alors il reste à tirer les leçons, à améliorer, à se méfier et, de mon point de vue, à persister. Nous sommes bien placés pour savoir qu’un spectacle n’a pas forcément la grâce du premier coup et qu’une démarche artistique qui trébuche sur ses premiers pas n’est pas mauvaise pour cela. Il y a des feux qui ont été allumés et qui auront du mal à s’attiser même si tout est possible. Ces décisions là ne m’appartiennent pas. Reste que je crois intimement en cette démarche et que je suis fier du travail effectué.

Demain nous partons pour de nouvelles aventures avec la Chorale à Avignon, forts de ce mois dingue que nous venons de passer.
Nous faisons décidément un merveilleux métier.

Pierre

JUILLET 2006

A peine éliminé de la Coupe du Monde de foot, un joueur néerlandais reproche à son gouvernement de n’avoir pas diligenté la naturalisation d’un joueur ivoirien qui aurait bien complété l’équipe. Depuis l’épopée fameuse de l’équipe « black-blanc-beur » de France (devenue d’ailleurs depuis nettement plus black que blanc-beur), de nombreux pays, notamment européens, se sont dit qu’il y avait une possibilité pas négligeable d’enrichir leur équipe. La naturalisation, c’est plus compliqué mais finalement moins cher qu’un transfert même s’il faut pour cela bousculer les protocoles sécuritaires. Les équipes nationales ressemblent de plus en plus aux clubs, sans que cela ait un impact pour l’instant sur le chauvinisme des supporters. Grand bien leur fasse. On se dit simplement que dans l’Europe d’aujourd’hui et dans la France de Sarkozy, il faut conseiller aux sans-papiers de fabriquer plutôt des champions que des bons élèves.

En ce qui concerne la compagnie, l’été est placé sous les signe de la chorale qui entame un long périple d’un moins et demi avec une jolie tournée pour Ainsi fut-il, qui a enfin trouvé sa forme définitive.
On aura peut-être l’occasion de s’y retrouver.
Quoiqu’il en soit, à tous, bonnes vacances et bonne santé.

AOUT 2006

Le monde me gratte. Je mène ma vie protégée de français pas trop malheureux du XXIème siècle mais le monde n’en finit pas de me gratter. Il y a des piqûres de moustiques, de simples écorchures qui cicatrisent vite et d’autres qui suppurent indéfiniment et qui, même lorsque je m’éloigne ou m’aventure, sont toujours là. Dans la série plaie purulente : le Proche-Orient, une gratinée qui vient de loin. Pourquoi ? Peut-être parce qu’ici tout ce que l’humanité peut receler de potentiel d’amour, de rencontre, d’histoires, de richesses, se reçoit camouflet sur camouflet et que ça mine à la fin. Parce que les peuples et cultures qui s’y affrontent sont miens, intimement, irréfutablement. Et que je trouve ce qui s’y passe tellement absurde !
Je sors à peine, nous sortons à peine, d’un camp de réfugiés d’une terre depuis longtemps conquise par le divertissement de masse et en conserve. Exilés d’un pays dont on ne sait plus vraiment s’il a existé : le théâtre. Avignon. Un camp de réfugiés chimériques, de luxe, mais avec ses rackets, ses mesquineries, ses hystéries récurrentes, malgré la beauté de ce qu’on y peut voir, découvrir, rencontrer. Un chaudron, microcosme cordial, écrasé de soleil, dévoré d’ambitions, saturé de boursouflures, irradié de générosités, où il est – je l’ai vraiment vécu – si difficile de conserver l’exacte mesure des choses, la lucidité. Ici s’arrête la comparaison. Mais quand je vois la difficulté que j’ai eu à garder mes repères lors de ce séjour de 3 semaines, j’imagine ce qu’il peut en être ailleurs, pour ceux qui le vivent plus longtemps et contre leur volonté..
Avignon et ses festivaliers, pèlerins de si bonne volonté, curieux, affamés, gourmets et qui se risquent gaillardement dans des salles improbables pour dénicher la perle qui les fera vibrer.
Pour la Chorale de St Fulbert, ce festival aura été une réussite, indubitablement, et pourtant que d’inquiétudes et de tensions ont émaillé ce séjour ! En comptant les contrats d’avant et d’après, nous aurons fait 26 représentations de la Rave Paroissiale en 1 mois. Le plein tous les soirs, mis à part les 3 premiers jours. Des bons contacts. Des rencontres chaleureuses. Une chance.
Et nous voilà en Lorraine, pour 5 jours d’Ainsi-fut-il avec 2 jours de repos bienvenus entre les deux. C’est génial et c’est déroutant. C’est notre métier quand il se passe bien.
Mais le monde me gratte quand même.
Notre amie Solange Milhaud vient de perdre son compagnon et nous partageons sa peine avec cette terrible impuissance de ceux qui n’y sont pas vraiment. Parce que sa douleur et son chagrin sont d’abord siens.
C’est pareil pour le Liban.
Pour …
Ça ne m’empêche pas de vivre mais ça me démange drôlement.

PP

SEPTEMBRE 2006

Hier c'était le 11 septembre.
Enfant, j'adorais l'histoire de David et Goliath, le petit qui démolit le gros. ça voulait dire qu'avec de l'intelligence et de la détermination on pouvait renverser la loi du plus fort. C'est fou comme le monde est biblique.
Les davids d'aujourd'hui sont enfants d'Ismaël. L'histoire se moque de nous. Et nous, le troupeau, faisons le boulier de leur combat par les dommages collatéraux.
Mais David dans sa lutte justifie Goliath.
Tout comme Goliath justifie David.
C'est un combat entre le très gros et le très petit qui nous laisse asséchés, impuissants. Qui éclipse les combat quotidiens, plus âpres et déterminants même si moins sanglants. Et chacun des combattants roule des mécaniques, seuls au monde, mais leur ring prenant toute la place.
Le bien contre le mal, Dieu contre Satan, depuis combien de milliers d'années sommes nous les otages de combats que nous n'avons pas demandés ? Enrolés dans des équipes de supporters qui ne sont qu'esclaves in fine ?
Et pendant ce temps la terre agonise.
Cette photo du Kilimandjaro sans ses neiges.
La grande pelade de l'inconscience humaine.
Tant qu'il y a des Davids et des Goliaths, nous n'aurons aucune chance de nous en tirer.
Le monde est mal barré.

PP

OCTOBRE 2006

Lu dans un quotidien que la tendance actuelle à Hollywood était de tourner les thrillers directement sur le territoire des gangs, question d’authenticité, et de préférence avec quelques vrais « gangmembers » (néologisme qui remplace le « gangster » autrefois synonyme mais dont le sens désormais s’est dégagé de la gangue du gang) dont la présence assure, outre une certaine sécurité sur le lieu de tournage, une indubitable véracité aux fictions qui sont tournées. Avec donc quelques inconvénients (descentes de police /véhicules qui ne reviennent pas etc…) somme toute assez véniels comparés aux coûts astronomiques du tournage en studio. Et là je crie : « Halte ! Danger ! ». A cotoyer des acteurs professionnels, ces jeunes gens vont bientôt perdre toute leur spontanéité ! D’ici peu, on va assister à des braquages surréalistes où les braqueurs soigneront leur profil, leurs répliques et oublieront l’essentiel : le pognon. On va gâcher le boulot. Déjà que se multiplient les petits films par portable où l’on assiste soit à un viol, soit à une agression ! On n’agit plus par plaisir mais pour créer de l’image. Mac Luhan ! Mac Luhan ! que nous as-tu fait ?
Ceci dit, les délinquants ne font là que se joindre à un phénomène qui a déjà, et depuis des lustres, largement gangrené (encore le gang) le cercle familial. Les familles comme territoires privilégié de la captation obsessionnelle. Caméras et appareils photos devenus valeurs suprêmes, tout évènement digne de ce nom étant mitraillé jusqu’à plus soif. Nous le vivons déjà : une fête réussie est avant tout une fête dont on a tiré de bons clichés.

Vu un mariage de pompiers à St Germain les Arpajon, alors que nous y jouions « Ainsi fut-il ». Les mariages sont déjà la préfiguration de ce que vont devenir les braquages. On ne vit plus un rituel, on passe de cliché en cliché. Masse de figurants pas toujours inspirés mais nettement endimanchés qui passent leur temps à prendre des poses et se photographier. Pour redonner de l’élan et du sens, il va falloir bientôt engager des comédiens pour tous les rôles importants : la mariée émue, le marié faraud, la belle mère guindée, le grand-père bourré, le tonton sarcastique et les demoiselles d’honneur niaises et empruntées. Parce qu’il faut le dire, si plus personne ne se dévoue pour donner de la vie à ces indispensables personnages, tout préoccupé qu’on serait à prendre les bonnes poses ou les bons clichés, on va s’emmerder grave dans nos mariages ! D’ailleurs c’est ce qui se passe. Non ?

Lu dans un autre quotidien le compte-rendu d’un livre écrit par un américain et stigmatisant cette « grave maladie de la France » : ses fonctionnaires. Au passage, ce monsieur lâche : « chez nous il n’y a pas d’intermittence. Les comédiens qui sont mauvais changent de métier. »

Ah bon ?

Salut tout le monde !

PP
PS : au passage et sans aucun rapport, un grand merci à ce journaliste de RFI qui termine toutes ses émissions par cette splendide formule « Chaque jour est une vie ! »

NOVEMBRE 2006

Il parait qu’Halloween ne fait plus recette. Ah bon ? A regarder les journaux télévisés on a pourtant l’impression que dans les cités, c’est Halloween tous les jours. Même si ce ne sont pas des citrouilles qu’on se balance à la gueule. Et même si les masques sont remplacés par des cagoules.
Halloween aurait échoué parce que « c’était trop cyniquement commercial ». Si l’autre pouvait disparaître parce que « c’était trop cyniquement électoral » ça m’arrangerait bien. Les cités qui font peur ça sert trop de monde et pas du beau monde.
Jouer avec sa peur, c’est rigolo, mais la peur fait faire de graves bêtises, comme voter à l’envers, comme taper de travers, comme étouffer dans son coin, planqué derrière ses volets en acier, à laper ses rancoeurs dans la gamelle du chien (méchant de préférence).
La peur, elle se distribue à grandes louchées, de l’ouest à l’est, des Etats-Unis à la Russie en passant par notre petit hexagone hypertrophié. Peur d’Oussama ici, des Tchétchènes là, tout est bon.
Quand je lis sur le bord de nos route « Pour votre sécurité, un radar est planqué dans le coin et va vous flasher », j’en imagine d’autres, pour notre sécurité : « Pour votre sécurité, nous allons vous tabasser, pour votre sécurité nous allons fermer votre usine, votre gueule, vos allocations, votre école, la voix de vos journalistes. Pour votre sécurité, vous allez vous taire, vous clore, rancir ».
A cela il faut répondre dans la sérénité, pour ne pas tomber dans le grand jeu.
Plus facile à dire qu’à faire.
J’ai trouvé qu’ « Indigènes » était un film non seulement bien joué mais pertinent, intelligent, important. Et qui renversait des perspectives comme je n’aurais jamais osé le rêver. Rachid Bouchareb est un grand qu’on se le dise. Du coup je me suis laissé aller à regarder un débat sur la Deux sur le thème du « Etre français » avec certains protagonistes du film. Il s’est dit des choses intéressantes, parfois, à la volée, mais la façon dont Arlette Chabot, qui se prétend journaliste, a nivelé le débat, raccourci les pensées, trahi leur contenu et mené ses débats de façon biseautée, pleinement satisfaite d’elle-même, méprisante, à côté, m’a foutu la honte. C’est ça le service public télévisé ? Et j’étais de tout cœur avec les trublions qui se sont levés pour crier leur dégoût. Madame Chabot fait l’aumône de la parole mais elle repique la monnaie en douce. Grosse conne ! si je puis me permettre. Quant aux politiques en action, notamment celui du PS, leur prise de parole fut pitoyable, totalement en décalage.

Donc, pour la sérénité, éviter la télé. Voir des copains. Bavarder, rencontrer, faire l’amour. Et bosser quand on aime son métier.
Pour ce qui est du boulot, ce n’est pas la grande frénésie ces temps-ci. Mais ça laisse le temps de préparer son frichti. Et il y a toujours de jolies petites choses qui se mijotent dans les coins.

PP

DECEMBRE 2006

Ça pousse comme un printemps: les guirlandes lumineuses grandissent telles des plantes grimpantes, les sapins tendent leurs aiguilles, les boules éclosent, les pères noël commencent à orner les vitrines, le vent charrie des airs sirupeux, les chocolats se nichent dans les calendriers. C'est décembre, la grande foire aux enfants. Les marchés de Noël s'installent comme des massifs de fleurs, proposant aux chalands des produits colorés, nostalgiques et le plus souvent chers. On achète de la guimauve à tous les sens du terme. C'est le moment pour Acidu de faire prendre l'air à ses Noëlleries, des spectacles d'extérieur qui ont été conçus pour préserver une part de rêve dans ce monde de brutes! Des spectacles toujours un peu décalés qui nous ramènent à cet age que nous n'aurions jamais dû quitter: celui où on croit encore que, dans nos petits souliers, pousseront autres choses que nos pieds....

Portez vous bien
PP

JANVIER 2007

Bienvenue dans l’année 2007 de notre ère (encore qu’on ne m’aie pas demandé mon avis là-dessus) et donc après Jésus-Christ.
On aurait pu dire aussi :
Bienvenue en l’an 6006 après le déluge
En l’an 5306 après la première tablette pictographique
En l’an 2630 après Bouddha
En l’an 2391 après Aristote
En l’an 1384 de l’Hégire
En l’an 215 de la république française
En l’an 66 après John (Lennon of course)
Le jour où les gens compteront les années à partir de votre naissance, vous pourrez dire que vous avez réussi dans la vie. Jusque là…
Effarant comme notre civilisation est basée sur l’arbitraire.
Prendre l’année de naissance (douteuse) de ce Jésus, très sympa au demeurant, mais qui fut avant tout le symbole d’une politique pour base de nos calendriers…
Avec des mois à l’emporte-pièce, le neuvième portant le nom d’un septième, le dixième d’un huitième et le reste au demeurant.
Le déjeuner passant du matin à midi parce que nos chers aristocrates adoraient la grasse matinée.
Nos septante, octante et nonante changés en soixante-dix, quatre-vingt, et quatre-vingt-dix parce que nos collecteurs d’impôts préféraient utiliser des codes incompréhensibles pour leurs contemporains aculturés.
Sans parler des aberrations de notre belle orthographe française…
Sans parler d’un certain nombre de lois et décrets de circonstance mais qui perdurent.
La logique est décidemment la meilleure des armes à condition de la mettre au placard dès que ça risque de faire des vagues.
Et donc
Et très illogiquement
Bienvenue en 2007.

PP
PS : n’oublions pas aussi l’Amérique qui porte ce beau nom à cause d’Amérigo Vespucci. Amérigo, c’est l’équivalent d’Aymeric chez nous. On n’ose pas imaginer le destin de ce continent si le dénommé Vespucci s’était appelé Gontran.

FEVRIER 2007

Je m’appelle Sacha, je viens d’Ukraine où j’étais frigoriste. Je suis venu clandestinement en France en passant par la Pologne et j’y réside, toujours clandestinement depuis plus de 6 ans. Je fais chantiers sur chantiers. Le travail ne manque pas. Je ne suis pas cher mais c’est tellement mieux que ce que je gagnais avant. Parfois je tombe sur des indélicats qui profitent de mon statut pour ne pas me payer ou me payer quasi rien. Je me défends comme je peux mais c’est dur. J’habite une petite chambre de bonne dans les beaux quartiers. Je ne suis jamais retourné au pays. Bientôt ma femme et ma fille vont me rejoindre, clandestins eux aussi, mais j’ai ennuis avec les passeurs qui profitent de la situation pour m’extorquer encore plus d’argent. Il parait que le gouvernement Français agit à fond contre les clandestins. Nous ne sommes pas moins nombreux. Le déséquilibre est trop flagrant entre la vie ici et la vie là-bas. Tout ce que ça fait c’est nous rendre la vie plus difficile, voire cauchemardesque parfois.

Je m’appelle Sarkozy. Je suis le fils de mon papa que vous connaissez certainement. Dernièrement, je me suis fait voler mon scooter, mais les trois racailles qui me l’avaient pris ont été retrouvés par la police grâce à leur ADN. C’est cool. Il y a des fois où on apprécie vraiment d’avoir un papa au ministère de l’intérieur. Papa fait ce qu’il peut contre les bandits, mais, il ne peut pas pour tout le monde, forcément. Si tous les scooters étaient retrouvés et les voleurs arrêtés, les prisons seraient beaucoup plus engorgées que maintenant et les assurances deviendraient moins chères, bien sûr, mais pour ça, il faudrait payer beaucoup plus de policiers et construire beaucoup plus de prisons. Ça aurait un coût prohibitif. Ça déséquilibrerait le budget. Et certainement, le commerce des scooters s’en ressentirait. Or papa a aussi été ministre du budget. Il sait tout cela. Et il sait aussi que quand les gens se font voler, ils ont tendance à mieux voter. C’est pour ça que dans la république, il y en a qui sont plus égaux que d’autres.

Je m’appelle Pierre, je suis fumeur pratiquant, de cigarillos, une manie de moins en moins appréciée par mes proches. Comme disait Gainsbourg : « ce que j’aime dans le cigarillo, c’est le désert que ça crée autour de moi ». Aujourd’hui, la totalité des lieux publics sont interdits à ma pratique. Je suis la victime consentante d’une mesure discriminatoire. Mais j’ai pu constater, depuis que les premières lois sont passées, que je me faisais très bien au fait de ne pas fumer dans l’avion, au ciné, dans le train, alors je me dis qu’au restau, ça ne posera pas de gros problème. Mieux même, en raréfiant ma pratique, ça rend mon plaisir plus intense. Ça me déculpabilise. J’ai de moins en moins envie d’arrêter de fumer puisqu’on le fait pour moi.

MARS 2007

Mars ou rêve
Difficile d’échapper à la campagne électorale et à ses aléas, un guignol de mauvaise foi, pitoyable parfois mais avec son petit lot de réjouissances. Le petit Nicolas pris la main dans le sac et les dénégations outrées de son staff : c’est guignolant comme on disait chez les gones autrefois. Airbus vit des jours difficiles et qui pèsent lourd. Il serait fort de café néanmoins d’oublier que c’est notre président qui a imposé à la hussarde ce gros naze de Noël Forgeard avec tout l’appui de l’UMP. Forgeard, un mec qui fut compétent en son temps parait-il pourtant : principe de Peters. Je n’ai pas encore entendu de candidat parler de ce problème récurrent en France : la consanguinité et l’arrogance de ses élites. Ah si ! sur France Inter si je ne m’abuse : le président des Enfants de Don Quichotte a dénoncé virulemment la totale incompétence de la ministre déléguée à la Cohésion sociale : Catherine Vautrin. J’imagine comment le responsable de l’émission a du se faire remonter les bretelles. Pourtant c’était un bon moment de journalisme et de parler-vrai comme on aimerait en entendre plus souvent. La Guinée Conakry a un nouveau premier ministre qui répond à l’attente de ses syndicats, après un nombre de jours de grève et de tués conséquent. La Guinée a fait sa révolution orange et ça nous fait du bien à tous. La « peur brandie qui fait penser bas et dresser les œillères » c’est dans le Manifeste de la Fédération des Arts de la Rue. C’était aussi le thème du Carnaval de Poitiers, pour lequel nous avons monté une manif de trouillards avec quelques poitevins inventifs et motivés, ainsi que quelques slogans au débotté : « Les trouillards avec nous ! votons comme des cons ! » « Libérons nos angoisses » « Moins de politique, plus de publicité ! » « J’ai peur de devenir parano ! » « Nous voulons des flics en peluche » « Je veux ma maman »… Un moment bien sympa, inspiré des contre-manifs intermittentes de 2003. La manif est décidément une forme théâtrale formidable quand elle est détournée. Ce ne sont pas les Cubiténistes qui vont le contester. Bizarre de constater que cette arme de la peur qui avait été déterminante en 2002, se trouve, ici et pour l’instant, atténuée au profit d’autres arguments pas forcément plus judicieux. Mais restons vigilants. Le printemps est arrivé un peu tôt. Ça inquiète un peu, forcément, cette confirmation du délabrement climatique. Nous attendons donc avec impatience l’arrivée des seins de glace. Un peu d’érotisme glacé dans ce monde en surchauffe. Portez-vous bien

P.P.

AVRIL 2007
Je suis sourd. Momentanément. Sourd aux appels du monde, aux sondages, déclarations des candidats, rumeurs ; les catastrophes, les marées d’opinion me laissent inentamé comme un château de béton sur le sable.
Et c’est très agréable.
Nous sommes au bord de la Charente, dans l’ancienne maison de Maria Casarès, léguée à la municipalité d’Alloue et rebaptisée « Maison du Comédien ». Un lieu hanté par la présence de la grand comédienne et dans lequel, soignés comme des papes (il n’y aura pas de canonisation rassurez-vous) nous abordons le gros œuvre et les friselis de 3fois3, notre re-création/récréation 2007.
Contacts mobiles chiches, connections internet contingentées. Radio, télé : néant. Journaux rares et locaux. Ailleurs. En résidence.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, une résidence c’est une sorte de retraite de création où les comédiens se trouvent protégés des aléas du quotidien, reçus, nourris, blanchis pour se consacrer sans entraves à une création. La Maison du Comédien s’est érigée sur cette idée d’aider les cies à avancer. C’est Véronique Charrier, ancienne directrice adjointe du festival d’Avignon qui s’est glissé dans les traces de Maria pour créer tout ça. Nous sommes la première compagnie de rue à y séjourner et c’est peu dire que nous y avons été comme des poissons dans l’eau. Dès alors qu’il y a du jeu, de la voix, du texte, peu importent les étiquettes, il y a toujours cette magie du théâtre.

Rien que du bonheur.
Nous avons effectué une sortie d’atelier devant une trentaine de personnes qui n’en croyaient pas leur plaisir et avec qui la rencontre a été chaleureuse et conviviale. Je suis tout plein de ça. Avril a défilé déjà. Pâques ramène ses cloches. Ses empifrages de chocolat. Pas envie de revenir. Ces moments hors du temps, volés au calendrier, si rares. Avant de retourner, forts d’une fragile sérénité, dans la grande bagarre… PP

MAI 2007
Il est grand temps mes frères, avant qu’il ne soit trop tard, de battre notre coulpe, d’avouer nos erreurs. Il est temps, il est urgent car, comme une parousie, après les élections, les bons seront loués, et les méchants punis. Oui, nous avons fauté. Oui! nous avons failli. D’avoir cru que le candidat de l’UMP pouvait être un mégalo démagogue, un excité narcissique voire même, - je l’ai lu dans des articles délirants- un fou et un menteur était pure idiotie, paranoïa de mauvais aloi. D’avoir pensé que ses interventions auprès des juges, des journalistes, et même auprès d’un dessinateur de presse aussi subtil que Plantu, étaient abus de pouvoir et de mauvais augure pour la démocratie, insanité intellectuelle. D’avoir osé dire que ses actions au ministère du budget et de l’intérieur était avant tout poudre aux yeux et que leur efficacité restait à démontrer, sacrilège impardonnable. Cramponnés à nos erreurs post-soixantehuitardes, aveuglés par la haine la mauvaise foi et des conceptions politiques d’un autre age, nous n’avons rien compris. Nous sommes des nuls ! Alors qu’il est évident, aveuglant que cet homme nous aime follement, qu’il nous soignera, nous bercera, nous nourrira, nous protègera de toute la force de ses petits bras. Alors que sa vision de l’avenir dépasse largement les limites de notre compréhension. Alors qu’il souffre en sa chair de cette incompréhension mais qu’il nous pardonnera si nous savons faire quelques génuflexions dans sa grande mansuétude. C’est homme est un héros, un leader, le véritable héritier de la France éternelle. Les grognards en nous qui sommeillent devraient le reconnaître, l’acclamer, l’aduler : Napoléon IV est arrivé. Oh oui ! comme il saura nous récompenser avec générosité si nous savons l’aimer. Demandez aux habitants de Neuilly. Cet homme est une providence, même prêt à marcher sur ses principes les plus chers pour nous plaire. Avec lui l’avenir ne peut qu’être radieux et lorsqu’à force de se lever tôt et de dépasser les objectifs financiers que nous auront fixés nos directeurs commerciaux nous aborderons enfin ce seuil de 780 000 € de revenu, amplement mérités, comme nous lui saurons gré de nous avoir débarrassé de ce néanderthal impôt sur la fortune, cet encouragement à la flemme et comme nous serons fiers de cette France redressée, insolente de succès, phare de l’humanité dont le vison sera le tricot et qui enfin sera mieux fréquentée que Monaco. Sans une hésitation, à l’instar de cette horde de députés UDF qui ont su voir la lumière et laisser le misérable Bayrou végéter dans ses vaticinations, ceux qui ont su voir, certes un peu tard, mais point trop, que le Centre c’est d’abord le Ventre et qu’icelui a besoin de manger, abandonnons tout préjugé, toute méfiance, toute mesquinerie, allons rejoindre ces meutes de jeunes gens enthousiastes, de célébrités séduites, d’intellectuels visionnaires qui ont su voir en lui le guide inspiré de ce XXIème siècle, déclarons notre amour, encensons sa sagesse, et crions tous ensemble : Nicolas Nicolas Nicolas ! Il est temps, je vous en conjure, chers amis, de reconnaître que notre intelligence est fétide, nos convictions délétères, nos hésitations crapuleuses. Depuis presque quarante ans la France est en dérive, dans un marasme obscène ; nous ne sommes plus nous-mêmes, pauvres assistés bêlant, rêveurs manustrupateurs, loosers complaisants. Mais un homme s’est levé. La stature de sa pensée saura nous ramener vers les riants chemins du succès. Apportons lui sans hésiter l'appui qu’il a amplement mérité!

 

ENTRE DEUX CAMPAGNES...


...on se demande comment on peut penser... Toujours un petit recoin de cervelle qui s'en préoccupe même s'il y a du boulot et plein de choses à préparer. L'envie d'acheter des journaux et de les lire, regarder ce qui se passe, saisir, comprendre... Après le choc de la présidentielle, c'est un tel déchainement médiatique, agitation exarcerbée, nouvelles mesures, retournements, grandes phrases, promesses, avec une constance et un acharnement... On voit l'artiste en faire des caisses et puis on se détache, avec une sorte de dérision rampante pour se protéger. L'envie de penser à autre chose, de s'intéresser à d'autres aspects de la vie en attendant la prochaine, qui nous arrive bientôt, et qui sera certainement nettement moins passionnée. On a donc repris le chemin, fait un tour à Montigny les Metz pour une Rave Paroissiale plutôt enlevée. Et puis Biarritz, premier passage de la chorale chez les basques. Les Monts de la Balle ensuite, un festival qui nous connait depuis longtemps, que nous connaissons depuis longtemps, et où malgré cela nous n'étions jamais allés jusque là. Du plaisir, de la rencontre, et une bonne bouffe pour clore la journée avant de repartir pour Montbard. Un repas que j'ai passé à côté du Maire de la toute petite commune où nous avions joué et que j'ai criblé de questions. La politique au quotidien, les problèmes, les projets, les histoires, la vie. Le lendemain, à Montbard, nous avons accompagné 360 personnes parties en pélerinage en train pour aller visiter le Jardin des Plantes, cadre des exploits du héros local: Georges-Louis Leclerc, Comte de Buffon. Un joyeux fouilli, qui a réuni, pour la première fois depuis bien longtemps la quasi totalité de la compagnie dans une même opération. Un des moments forts fut celui où la cohorte des Montbardais, encadrée par une palanquée de personnages et d'animaux, passait de la Gare de Lyon au jardin des plantes derrière une banderolle souhaitant la bienvenue dans le monde de Buffon. Une quasi manifestation, à l'arrache, surprenante, marrante. On ne va pas bouder son plaisir...

 

JUIN 2007

Le grand Guignol Présidentiel est fini. Pendant que d’autres candidats battent les estrades, les baltringues retournent à leurs spectacles et à leur public. Comme s’il ne s’était rien passé mais avec une petite inquiétude coincée dans la cervelle.
Pour l’instant nous en sommes à essayer de travailler assez pour gagner assez. Par « travailler », entendons le travail rémunéré, ergo les cachets. On ne comptera ni les répétitions ni surtout le temps pour se rendre sur le lieu de spectacle et en revenir (12h lors du dernier contrat). Si on devait se comparer à un corps de métier pour le rythme, ce serait routier ou VRP. Sauf que sur le transport, on n’est pas payés. Mais bon, c’est la vie qu’on a choisie.
En juin, c’est une quasi frénésie, comme chaque année mais icelle surtout, à cause du calendrier électoral. Une excitation joyeuse règne dans nos locaux mais aussi des moments où on rame pour être dans les temps. L’important se passera sur place, dans ces villes que nous hanterons et dans les rencontres que nous y ferons. Peut-être même que nous aurons la chance de vous y rencontrer. Alors on ne va pas bouder son plaisir. En attendant, une devinette : entre un président qui ne tenait pas ses promesses et un autre qui les tient coûte que coûte, où allons-nous ?

PP

PS: Martin, de la Chorale de St Fulbert, a eu une idée lumineuse: commencer les concerts par les rappels, pour se faire payer en heures sup'.

 

JUILLET 2007

L'hyperactivité a le vent en poupe: ça s'agite de partout. Dernière ligne droite avant l'été "où on va se reposer". Pas gagné en ce qui nous concerne même si du coté de la Chorale les trois semaines avignonaises à la Luna devraient au moins nous épargner les kilomètres habituels.
Un mois en coup de vent dont je garderai en souvenir les premières sorties prometteuses de Mademoiselle Didacte et de Voyage Express, deux petites formes comme je les aime, deux modules de TroisFoisTrois (les Graaleurs et Agrippine) au festival d'Epinal, un festival où il fait si bon jouer et où nos deux trios ont eut un franc succès, la confirmation du deuxième opus des Joyes du Mariage et une soirée de grace au Festiv'île de St Sébastien sur Loire avec Ainsi fut-il. Sans parler des aventures ponctuelles, des rencontres et ... des kilomètres.
Un juin pluvieux que jeune où il s'est agi souvent de glisser entre les gouttes mais où le public, chaque fois, a répondu présent. Du coup l'actualité a pris moins d'acuité; à la suivre de trop près on risque sa santé, tout du moins son moral et il y a des vies à nourir, des contrats à honorer, un avenir à ménager.
On a beau me seriner que l'année commence en Janvier et termine en Décembre, il y a toujours en moi la conviction enfantine que l'année se termine fin juin et je ne pense être le seul. L'été, les "grandes vacances", représentent une longue apnée qu'on appelle chez nous tournée, où les courriels se font rares, le bureau est désert (ou quasi), où l'on retient son souffle en espérant que ce qu'on a préparé, prévu, répété obtiendra le succès escompté. Où les bains de foule sont plus fréquents que les bains de mer et où le bronzage se fait entre deux portes.
Je retrouve mon latin, grâce à Philippe Torrens qui nous a fait les traductions latines d'Agrippine (loué soit-il!) et donc: Alea jacta est! Soyez prudents sur les routes.
PP

QUELQUES JOURS EN AVIGNON

Avignon: La grande foire du théâtre d’abattage.
Nous y sommes retournés cette année avec la Chorale de St Fulbert, dans une salle plus grande et donc plus chère, suite au succès de l’an passé et bien qu’in fine nous y ayons cependant perdu de l’argent. L’ouverture à de nouveaux réseaux passe malheureusement par là.
Nous sommes loin d’être les seuls venus de la rue d’ailleurs. La Luna est au théâtre ce que le complexe cinématographique est au cinéma. Les Chiche-Capons s’y taillent un joli succès dans une salle un peu plus petite que la nôtre.
Nous n’arrêtons pas de croiser des spectateurs qui nous ont vus en festival de rue, de Chalon à Tournon, de Libourne à Rennes ou Morlaix, preuve que le public d’Avignon (tout du moins celui du off) est omnivore.
Le In de cette année, intéressant sur le papier, alterne les belles réussites et les déceptions éternelles. Devenu, à l’instar de Roland Garros, un lieu où il est bon d’être vu même si les matchs se languissent. Du théâtre d’appartenance qui n’a plus grand-chose à voir avec ce que nous défendons même si certaines techniques de rue y font leur apparition (version grand luxe comme il se doit).
Jacques Livchine, venu y faire un tour avant Chalon s’intéresse avant tout aux parades et conseille les trop maladroits en quelques mots provocateurs.
Les Parades : une vraie misère avec souvent des costumes qu’aucune troupe de rue n’oserait porter. Notre petite ritournelle Bonjour/Aurevoir a fait le tour d’Avignon et il n’est pas rare de voir d’autres comédiens l’entonner avec nous.
Un diner avec JPierre Brard, député-maire de Montreuil, venu faire son tour des popotes artistiques. A ses cotés l’incontournable Carlo Boso, qui signe une dizaine de mises en scènes et dont les ouailles s’agitent de tous cotés.
Au hit-parade des auteurs les plus joués, Molière remporte la palme avec 16 spectacles, Shakespeare 8, Goldoni : 4, Racine : 2 et Corneille : 1. Grandeur et décadence ! Par contre, une floraison de production d’une grande poésie. Quelques titres qui en disent long : « Fallait rester chez vous têtes de nœuds ! » « La blonde la belle et la salope » « mon colocataire est une garce » « Plein le culte » « Bambi elle est noire mais elle est belle » « elles ont aussi plein d’humour » et le pompon à « Ici Jean Vilar je mens » par le très fameux Conteur Azérro. De la dentelle comme on voit.
Cependant le Off de cette année a la réputation d’être de qualité. Rencontrés ici et là, Les Frères Duchoc, les Trottoirs du Hasards revenus avec leur Gulliver, notre amie Edwige Bourdy, toujours aussi fabuleuse, Alexandre Ribeyrolles, venu défendre sa mise en scène d’une pièce que je n’ai pas encore vue, la toujours pointue Doriane Moretus, qui suit les chiche-capons, Rachid ex-oposito et collaborateur d’Annibal qui défend deux textes solos, la très charismatique Marjorie Heinrich, Bruno Latulière et un tas de monde que je n’avais pas vu depuis très longtemps. Place des Carmes, Philippe Sturbelle fait sa tête d’autruche, le nez frémissant pour obtenir des réactions à chaud des spectateurs du in. Les Moralès font un beau succès sur leur ilôt-chapiteau, bien plus que les BP Zoom dont le dernier spectacle, à mon grand dam, s’est avéré indigne de leur formidable réputation et de leur talent malgré des idées très prometteuses.
Les Oiseaux-vaches, venus se glisser subrepticement, sont repartis déçus. Avignon ne peut pas se faire à l’arrache.
Avignon 2007 : 1030 spectacles répertoriés au compteur et 25000 spectateurs de moins que l’an dernier. De vrais drames pour certains et un inconfort pour la plupart des troupes. Il y a des questions qu’il faudra bien se poser un jour.
A l ’occasion de la nuit de la Commedia del arte, un petit colloque à bâtons rompus sur la place de l’acteur dans la société, à l’Université et sous l’égide de Carlo. Brard est là, ainsi que Gérard Gélas, l’adjointe au maire d’Avignon, prof de théâtre à la fac, le directeur du Picolo Teatro, le dir art de Festi Clown de Santiago de Compostelle. Du beau linge. Nous sommes, Jacot et moi, les seuls praticiens de rue et nous avons, à ce titre, droit à beaucoup d’égards et de clins d’œil de connivence. Sauf que le budget du Chêne Noir correspond à peu près à l’intégrale du budget Arts de la Rue du ministère et que ce bougre de Gélas trouve les moyens de se plaindre. Brard fait un appel du pied sur l’action culturelle auprès des jeunes des quartiers. J’essaie d’évoquer une fonction émancipatrice de l’art. La conversation termine sur un débat avigno-avignonais, Serge Braduscia du Balcon ayant rejoint la conversation, sur la sensation de nos pauvres directeurs d’être colonisés par Paris. Une problématique dont je n’ai décidément rien à battre.
La commedia est omniprésente sur Avignon, et attire beaucoup de spectateurs. Mais qu’est-ce que ça crie quand c’est à l’extérieur ! J’ai l’impression que nous gueulons beaucoup moins, nous les ruards patentés.
Après le côté découverte de l’an dernier, nous sommes supposés cartonner de toutes façons, mais, si nous rencontrons beaucoup de spectateurs enthousiastes dans les rues d’Avignon, ça n’est pas aussi simple de maintenir une jauge régulière. Nous avons, jusqu’à aujourd’hui, dépassé 3 fois les cent spectateurs et oscillé pour le reste entre 60 et 90, ce qui nous laisse un chouïa perplexes vue l’excellente réputation du spectacle. Les frais étant considérables (10500€ rien que pour la salle) on s’agite pour ne pas repartir avec un déficit bien que personne, à part la régisseuse lumière, ne soit payé sur le coup. Louis, en fin de spectacle, clame que les comédiens veulent jouer plus pour gagner plus ! Si ça suffisait… !
Pierre P.

AOUT 2007

Un jour, la lune a décidé de partir. Comme ça. Brusquement. Elle a écrit un petit mot à tous les terriens pour leur annoncer sa décision.
D'abord à ses amoureux, ceux qui ne peuvent pas se coucher sans l'avoir regardée, ceux qui sont malheureux les soirs de nuages parce qu'elle est cachée, ceux qui ne sortent pas les nuits sans elle parce la nuit pour eux n'a plus de sens alors. Elle leur a écrit : "Je pars et je vais vous manquer. Et vous aller me manquer. Mais à cause de votre amour, je suis beaucoup plus présente et brillante dans vos cœurs que dans le ciel. Je quitte le ciel, ne m'y cherchez pas, vous ne trouverez rien. Regardez dans votre cœur, là, je serai toujours. Votre lune qui vous aime."
Ensuite à ses admirateurs, ceux qui la regardent volontiers à l'occasion, quand ils se sentent l'âme vagabonde, ou quand ils ont du chagrin, ou quand ils sont particulièrement heureux. Ceux qui, de temps en temps, la choisissent pour partager leurs sentiments. A ceux là, elle a écrit : "Ne soyez pas surpris si, la prochaine fois que vous lèverez le nez, je ne suis pas au bout de vos yeux. J'ai rejoint d'autres cieux. Je penserai certainement à vous de temps en temps, et quand j'aurai quelque chose à partager, ce sera à mon tour de vous regarder. Ne m'oubliez pas."
Enfin, à ceux qui l'ont toujours ignorée, les occupés, les pressés, les obsédés, les aveugles, les gens sérieux, les oublieux, ceux qui ont trop peur de se perdre pour se quitter des yeux, ou trop peur de tomber par terre pour regarder en l'air, ceux qui ne la regardent que quand elle passe à la télé, elle a écrit ce petit mot: "On ne se connaît pas! Je vous sais mais vous ne me savez pas. Vous avez vécu sans moi jusque là et ça se passe plutôt bien puisque vous êtes toujours là, à votre place. Je me permets de vous dire en passant que bientôt, moi, je n'y serai pas et que je suis heureuse de savoir que certains n'en auront pas de chagrin et que leur vie continuera sans que ça en change un iota. C'est bon de savoir qu'on ne porte pas tout le bonheur du monde sur ses épaules. Tant que vous m'ignorez, vous êtes ma liberté. Continuez et soyez heureux."
Elle a photocopié ses messages sur des millions de gouttes de pluie et profité d'un orage pour s'en aller sans bruit.
Comme on dit, elle s'est éclipsée.
Malheureusement, la fusée qui était partie pour se poser sur elle a reçu le message en cours de route et elle ne pouvait pas rebrousser chemin. "Que faire ?" se dirent les astronautes angoissés. "C'est trop injuste" se dirent les amoureux frustrés. "Elle va nous manquer" approuvèrent les admirateurs. "Qui c'est ?" se demandèrent ceux qui n'en avaient rien à faire. Ceci dura un très court instant.
Bientôt, à la place de la lune, on vit quelque chose. C'était la lune. Elle avait voyagé si vite qu'elle était déjà de retour avant d'être partie. "C'était bien la peine" se dirent ceux qui n'en avaient rien à faire. "On a dû rêver" se dirent qui l'admiraient. "Je le savais" se dirent ceux qui l'aimaient. Il n'y a que les astronautes qui l'ont loupée au passage. Ils en ont profité pour faire un grand voyage.
C'est comme ça qu'on exagère souvent l'importance de ses propres absences.
ça tombe bien. J'ai envie de partir en vacances...
PP

 

SEPTEMBRE 2007

C’est la rentrée, comme on dit. Rentrée que nous avions anticipée –si tant est que nous soyions vraiment partis-, quelques jours auparavant, au festival Eclats d’Aurillac. Aurillac, c’est, pour moi, le festival nourricier des arts de la rue, de moins en moins vitrine, de plus en plus creuset.
Un lieu où se retrouvent tous les paradoxes, les contradictions, le bordel et les inspirations de la rue.
Un festival quasi familial.
Le premier pèlerinage des cogne-trottoirs, où on va se montrer, s’essayer, découvrir, rencontrer.
Un pèlerinage où les seuls miracles sont ceux qu’on se construit en se rendant disponibles, en découvrant, palabrant.
Une foire qui perd de son impact commercial pour cause de bordel structurel mais qui gagne, du coup, en humanité et en flou.

Nous y sommes allé à douze cette année, avec un spectacle modulaire, grand et petit à la fois : TroisFoisTrois et les Joyes du Mariage, qui martelaient leur vieux françois délirant pour la troisième fois consécutive. Autour de la place St Géraud, notre foyer, le cœur de notre implantation dans cette ville que nous fréquentons, sans désemparer, pour la quinzième année.
Plaisir intense de redéployer ce théâtre déambulatoire de proximité qui nous fit connaître, il y a plus d’une dizaine d’années, avec les Obsessionnels. Cette année nous étions tout Histoire, de l’empire romain au siècle des lumières en passant par le moyen-age, et c’était bon de voir défiler ces trois époques avec les visuels très soignés de Véronique, bon de retrouver la rue à même le public sans jauge et sans électricité, bon de se coltiner la très particulière adrénaline de ce théâtre là. Au passage, j’ai pu découvrir les « Vieux frigos » du Pudding Théâtre, l’ « Eternel tournage » d’Amoros et Augustin et « la mort d’Elga » de la cie Avec ou Sanka, trois autres façons de pratiquer notre métier, trois autres sortes d’engagement, d’énergie, de talent qui font la richesse des arts de la rue.

C’est la rentrée disais-je et, avec elle, un cortège de bonnes résolutions, de changements, de projets et d’espoirs. Ce mois de septembre tout frais qui se présente va être riche en dates et en spectacles, et même en cachets, ce qui fera du bien à bien des comptes en banque. Après deux mois plutôt consacrés, cette année, à la promotion de nos spectacles, nous retournons au corps de notre métier, aux contrats, aux kilomètres et , j’espère, aux rencontres. Avec l’envie de faire de cette nouvelle saison qui s’annonce, une fois encore, la meilleure et la plus passionnante. Touchons du bois.

PP

 

Octobre 2007  : Rue Libre, la journée nationale des arts de la rue n'a sans doute pas révolutionné l'hexagone mais elle aura fait vibrer plus d'un millier d'acteurs de la profession, à quelques niveaux qu'ils fussent, et quelques dizaines de milliers de spectateurs. Première fois que notre corps de métier se trouve réuni à cette échelle sur sa propre initiative. Ce n'est pas rien. Et ça a laissé quelques traces, plutôt jubilatoires, celle des bus de PACA, de la caravane Rhone-Alpes, habitants étonnés de la rue de l'Eglise de Montreuil ou de Wasselone, petit bled alsacien, hostile a priori aux arts de la rue et qui se trouve du jour au lendemain avec un mini-festival spontané, 5000 spectateurs fervents arpentant ses rues. Et qui se demande après comment il a pu s'en passer avant. L'imagination, sinon au pouvoir, du moins en action : rien que du bon. Et un concept qui pourrait bien finir par faire des petits : le manifestif.
11 Novembre : on fêtera l'Armistice de 1918. Une célébration dont on peut se demander s'il est bien juste de la fêter alors que rarement paix aura été aussi mal foutue et aura entrainé autant de funestes conséquences que celle-ci, même si on peut aisément imaginer l'immense soulagement de ces milliers de combattants cloués sur le champ d'une bataille qu'ils n'avaient ni décidée ni imaginée aussi terrible. Le meilleur destin qu'on puisse souhaiter à cette date est de devenir une grande fête joyeuse et virulente des antimilitaristes. Ça aurait une autre gueule. Manifestive justement.
Novembre installe sa grisaille. Un mois sans esbroufe, avec quelques fulgurances de ci de là. On se prépare à un mois de décembre bien occupé et à une année 2008 qui ne le sera pas moins. En attendant les feuilles tombent et ce ne sont pas elles qui font « aïe ».

 

 

DECEMBRE 2007: C'est un des plus beaux tours de passe-passe de la décennie : pour lutter contre la baisse du pouvoir d'achat, échangez vos RTT contre de bons et beaux billets. Bon dieu mais c'est bien sûr ! C'est l'œuf de Colomb. Mais pourquoi s'arrêter là ? alors qu'il y a des soirées à monnayer, des congés qui seront d'autant mieux payés qu'ils ne seront pas pris, sans parler des enfants : tout cet argent qu'ils ne gagnent pas en perdant leur temps à l'école. Il y a des niches d'enrichissement évident à portée de tous. Et bien aveugles ont été nos vieux Timoniers qui n'ont pas su les voir. Avec un peu de bonne volonté, le pouvoir d'achat de chacun va pouvoir grimper en flèche.
C'était prévu et annoncé, nous sommes bien dans un changement de société. Où le bouclier fiscal a pris gaillardement la place du bouclier social qui s'effrite à tel rythme qu'il n'en restera bientôt plus grand-chose. Et tout ça avec les meilleures intentions du monde, brandi par un mec sympa qui sait nous parler vrai, aller où ça fait mal, avancer calmement ses arguments comme si c'était évident. Parce qu'après une dynastie de présidents empesés, De Gaulle, Giscard, Mitterrand et Chirac, nous avons enfin rejoint le XXIème siècle avec, nous aussi, notre président à la cool. Comme Blair en son temps, Zapatero actuellement, mais aussi Bush et Poutine. Des types qui, à l'exception notable du premier ministre espagnol, fonctionnent à peu près sur le même principe et livrent à leurs concitoyens parfois le même genre de potion. Le tout avec un sens de l'emballage devant lequel on ne peut que s'extasier.
Je n'ai jamais été un très grand fan de la défense outrée des acquis sociaux mais de voir la valeur-travail s'effriter à ce point rapidement, ça devient franchement inquiétant.
La première pénibilité d'un travail, pour reprendre un terme brandi ces temps-ci avec un soupçon de mauvaise fois, n'est pas, pour la plupart, dans les horaires, ou dans l'effort physique qu'il impose, mais dans l'absence d'épanouissement qu'on peut y trouver. Dans ce manque de respect, d'intérêt, dans ses hiérarchies rigides et étouffantes, qui sont le lot de la plupart des boulots. Sous ses dehors modernistes, notre omni-président a un bon siècle de retard, et ceux qui l'encouragent aussi. Non, tout ne se résout pas par l'argent. Le bien vivre, bien manger loger, bien manger, bien bosser aussi, et ne pas saccager comme des malades cette pauvre planète qui nous a donné vie, c'est ça l'important. L'argent ne fait que contribuer. La baisse de la valeur-travail c'est aussi celle de la valeur-homme. Il va être temps que ceux qui prétendent sauver le monde travaillent sur d'autres bases.

Fadela, Rachida, Yama, les modernes mamelouks de Napoléon IV, dévoués jusqu'à la mort, sont du genre féminin, et clairement non-gaulois (des mamas-look en quelque sorte ) . Fait du prince qui a finalement peu à voir avec leur valeur intrinsèque. Le pouvoir qu'on nous donne est éminemment différent de celui qu'on prend. Il y a des sujétions auxquelles on ne peut plus échapper. C'est plutôt sympa au premier abord cette montée en puissance des « minorités visibles » comme dit l'autre. C'est exactement la fonction des reality-show : mettre en exergue de parfaits inconnus pour mieux calmer les autres. Une vieille stratégie qu'on avait instaurée au temps des premiers carnavals, où, l'espace d'une journée, le dernier devenait le premier, pour justifier les 364 jours où c'était le contraire.

Depuis six mois, j'ai l'impression que nous vivons dans une sorte de fascination anxieuse pour ce qui se passe. Monsieur Loyal nous sort des animaux et ses numéros à un rythme haletant et c'est tellement bien fait que les spectateurs, captivés, ne s'aperçoivent pas que, derrière eux, on a déjà commencé à démonter le chapiteau.
La mondialisation est un bien. L'Europe est un bien. Mais le jeu est faussé, confisqué par ce qu'on appelait au moyen-age des « enfaumenteurs », esbrouffeurs, illusionnistes. On nous a fait courir après le pas-cher sans nous rendre compte que c'était tout un tas de métiers qu'on mettait en jachère. On a toutes les cartes à portée de la main mais, emportés dans un bonneteau fou, nous n'arrivons plus à les distinguer les unes des autres.

La France d'aujourd'hui : le radeau des médusés.

A part ça, du côté de la compagnie, nous sommes partis pour un décembre fécond et haletant, avec de nombreuses représentations à la clef. Ne boudons pas notre plaisir : on ne sait pas combien de temps il va durer.
Merci de nous avoir visités.
PP

JANVIER : débuter 2008 en chanson

Chaque année recommencer l'histoire
D'un avenir meilleur et de l'espoir
Même si l'homme n'a que ça à manger à boire
Il me prend comme un regret ce soir

J'ai le blues des meilleurs vœux

Malgré tous ces espoirs et nos efforts
Peut-on dire que les choses s'améliorent ?
Ils ont tué Bénazir, Oscar est mort
La musique tue moins vite, ça rassure à tort

J'ai le blues des meilleurs vœux

Le bateleur s'agite sur son estrade
Mais derrière ses cuistots font leurs salades
Si t'as du pognon bonne année camarade
Mais malheur à toi si t'es paumé ou malade

J'ai le blues des meilleurs vœux

Cette shoah souterraine et honteuse
De grandes pelletées de clandestins
Elle ne nous grandit pas la faux Hortefeuse
Aveuglée de chiffres et sourde aux humains

J'ai le blues des meilleurs vœux

Mais on sait qu'il suffit de si peu
Un copain qui se trouve un peu mieux
Un sourire un éclat dans tes yeux
Une idée qui fait quelques heureux

Le chemin du monde interminable
Inter-Minables, ce jeu qui nous a embringués
Il n'aura pas de fin confortable
La seule issue pour nous c'est d'avancer''

J'ai envie de meilleurs vœux
De vœux pas pieux mais orgueilleux
Ce monde dont nous sommes les auteurs
Parcimonieux
N'est pas à notre hauteur
On peut faire mieux…


PP

FEVRIER 2008:

Ça s'appelle le « storytelling » et ça consiste à raconter des histoires pour vendre sa salade. C'est le dernier dada des managers ; après le produit, puis la marque, on vend maintenant une histoire. Un communicateur de génie avait trouvé le truc il y a 2000 ans en multipliant les paraboles sur le toit, le moi, le nous, avec le succès qu'on sait. Incidemment, c'est une technique utilisée abondamment en politique aux EU depuis Reagan, la « stratégie de shéhérazade » consistant à multiplier les histoires indéfiniment dès que la situation s'avère un peu chaude. Cette technique fait une irruption fracassante en France depuis la présidentielle et le moins qu'on puisse dire est qu'elle a bien déboussolé l'opinion. C'est le but. Des grandes visions compassionnelles, des fonds de grenier héroïques, des histoires de sous méphitiques, des bluettes plus ou moins bien fagotées jusqu'au catalogue de science-fiction sauce Attali, « ensemble tout est possible », autrement dit n'importe quoi (est possible), le monde est un grand mur où on peut barbouiller du neuf, du beau, de la civilisation, du clinquant… rien n'est figé, tout est mouvant. C'est formidable et exaltant. Fascinant. Les belles histoires, on a envie d'y croire, comme on a envie de suivre le joueur de flûte…
C'est toujours sympa, un raconteur d'histoires. Sauf quand on fait les comptes de ses contes et qu'on voit que la flûte n'est en fait qu'un pipeau(l). Qu'on voit que, mis à part de l'histoire, ce sont presque toujours les mêmes qui gagnent, et toujours les mêmes qui perdent. Quand on a, comme dans la reine des Neiges, chopé dans le regard un morceau du miroir qui fait voir tout en noir, mais qui évite d'être poire…
A babord, pour ce qui est des histoires, entre « Blanche-Neige au bûcher » et « Règlement de comptes à K.O. corral », ça ne déchire pas vraiment, sinon soi-même, et d'une autre manière. Sauf Besancenot. C'est dommage. C'est bien, les histoires. Même si elles sont souvent manipulatoires. Le nazisme aussi c'était une histoire. L'histoire épique d'un peuple allemand rêvé. Et il y en a eu d'autres. Et il y en a sans arrêt. Toujours bien regarder qui raconte l'histoire. Et ce qu'il veut vraiment. Et ce qu'il peut aussi. Avant de le croire.

MARS 2008

Mars attaque doux, dans sa version météo, et plutôt âpre dans sa version politique, avec les municipales, entre autres. Il me souvient que, lors de mes cours d'histoire, on daubait largement ces monarques qui faisaient appel sempiternellement aux augures pour prendre leur décision. On constate, avec les sondages, que cette attitude ne s'est pas améliorée, loin de là. C'est que le futur persiste à ne pas vouloir répondre aussi explicitement que le souhaiteraient nos dirigeants, ce qui, tout compte fait, représente pour nous, les piou-pious, un gage de liberté, un rempart face aux manipulations. Tant qu'on ne sait pas vraiment ce qui va se passer, l'espoir, ce pari sur le futur, peut survivre. On constate par ailleurs que d'autres souhaitent bâillonner ce futur trop riche en possibilités, trop libertaire aussi, et qu'il y a des techniques pour cela, notamment, lors des élections ; on le voit en Russie, en Afrique et en moult états du monde. Quand on empêche l'avenir de s'exprimer, il finit par crier.

Au passage, et dans un registre voisin, on aura découvert que MEDEF est le raccourci de Me Défrayer et que l'indécence a désormais les coudées franches en France, indécence des propos, des revenus, et de la manipulation qui nous est faites.

Les tenants (gloires, notables et lampistes) de la culture se sont, le 29 février, mobilisés comme un seul homme pour crier à l'abandon des valeurs d'émancipation et de création. Que notre président ne soit pas un homme de culture n'est pas nouveau mais ce n'est pas cela qui est déterminant. Ce qui importe est qu'il est avant tout un homme d'entreprise, un directeur commercial dont les tactiques et stratégies sont avant tout entrepreneuriales. On dégraisse, on globalise, on rentabilise, on communique, on motive. La bible de l'entreprise est devenue celle de l'état. Et son message de fond, en ce qui nous concerne : « l'artiste est un entrepreneur comme les autres. Qu'il monte sa boîte et qu'il se démerde. » Il y a un texte très pertinent de la Coordination intermittents et précaires là-dessus.

Le drame de notre président est qu'il est tellement persuadé d'être entouré de crétins qu'il ne se donne même plus la peine de réfléchir avant de parler.

Le drame de la France est qu'elle a cru qu'en quelques coups de couperets elle s'était définitivement débarrassée de son aristocratie. Chaque scandale qui éclate nous prouve que définitivement non. Nous sommes un peuple assujetti par une caste hyper-fortunée et sans aucun complexe, il est vain de le nier.
Barack Obama peut devenir président des E-U et suscite, à ce titre, de grands espoirs dans le monde. Comment se refaire une virginité à (finalement) peu de frais. N'empêche ! l'espoir renaît en cette terre d'Amérique qui a mis tant de soin à le décourager.

En ce qui nous concerne, nous attaquons bientôt, au Fourneau de Brest, la quatrième semaine de résidence de création du 3ème Opus de la chorale qui sera suivie en fin de mois d'une cinquième semaine entièrement consacrée aux sorties de chantier, avec Droit de Cité, dans le nord. Pour survivre, et quelques soient la révolte qui nous anime et les raisons de la développer, nous devons soigner notre propre chemin. Celui que nous nous sommes choisi se déroule bien.

Portez vous bien P.P.

AVRIL 2008

L'avantage de l'architecture sur les arts vivants est que lorsque les élus changent, ils ne se sentent pas obligés de démolir toutes les constructions de l'équipe précédente sous prétexte que ce ne sont pas eux qui les ont initiées. Avec la valse des équipes municipales qui a suivi les élections de mars, on constate que maintes constructions culturelles sensibles et fragiles (festivals, manifestations, programmations etc...) sont immédiatement remises en cause par la nouvelle équipe et ceci, de quelque bord que ce soit. Quand on sait la difficulté de créer un public et des rendez-vous crédibles et suivis, de susciter des échéances et des rendez-vous, c'est un vrai crève-coeur et un énorme gâchis. A Cognac, Bar le Duc, Morlaix, Bures sur Yvette entre autres, c'est ce qui se passe pour les Arts de la Rue, avec une remise en cause plus ou moins sèche de décennies, parfois, d'une laborieuse et opiniâtre construction culturelle.
On le constate une fois encore, même si certains peuvent le déplorer: les trois quarts du temps, une politique culturelle ambitieuse ne fait pas gagner de voix, pas plus qu'elle n'en fait perdre. Tout comme la voirie ou le ramassage des ordures, elle fait partie des incontournables de la démocratie dans la mesure où elle alimente le vivre-ensemble, enjeu fondamental qui devrait pouvoir échapper aux aléas partisans. Si personne ne peut remettre en cause cette possibilité pour une équipe municipale de créer une vraie politique culturelle à sa mesure, on ne peut que déplorer que les querelles d'images, de tronches, et un besoin mesquin de débiner les actions du précesseur mettent ainsi en péril le bien commun, et cette indispensable irrigation que représente la culture. A l'heure où les partis échaffaudent des programmes plus ambitieux les uns que les autres pour notre plus grand bonheur, on souhaiterait vivement qu'ils se saisissent de ce problème récurrent pour tracer des axes qui permettent à ceux qui s'investissent dans ce domaine -ô combien sensible!- de ne pas voir tout leur patient travail remisé aux ordures à la moindre alternance.

A part ça, bienvenue aux nouveaux élus et souhaitons que notre vie quotidienne profite de leur apport et de leurs compétences.

MAI 2008:

Il arrive parfois que l'actualité personnelle, ou professionnelle, soit si prégnante qu'elle ne laisse quasiment plus de place au reste: ces gros titres et ces petits drames qui émaillent journaux de tous formats à longueur de colonnes. C'est le cas pour nous avec ce mois d'Avril que nous avons entièrement passé à rouler, répéter et jouer "Si tous les champs du monde..." sur les routes de France, en Bourgogne, en Lorraine, en Vendée. Un voyage dont nous sortons lessivés, mais riches de mille rencontres, découvertes, discussions. Un voyage qui ne nous laisse pas indemne mais fera date dans nos vies, je crois -voir un récit là-dessus dans chroniques & blablas-.
Donc, en ce qui concerne les 9 protagonistes de cette aventure, nous émergeons, alors que, par ailleurs, la vie de la compagnie a continué, avec l'arrivée d'un nouvel administrateur, Jérémie Hollebecq, la première sortie d'une nouvelle équipe de Graaleurs qui promet, une résidence de création pour les Joyes du mariage au Monts de la Balle et toutes les échéances d'un moi de mai qui s'annonce, lui aussi, bien plein. On nous pardonnera donc, j'espère, de ne pas attacher une grosse importance aux différentes commémorations et célébrations qui nous sont proposées de ci de là.
Notre présent est bien trop présent.
La hausse du carburant, par contre, ne nous a pas échappé.
Comme à tout le monde.
Et je continue à m'étonner qu'avec un pétrole payé en dollars, le très fort niveau de l'euro ne nous ait pas protégé -tout du moins en partie- de ces hausses.
Mais il est évident que je n'y connais rien.
Parmi les rendez-vous importants de ce mois, la première officielle de l'opus 3 aux rencontres d'Ici et d'ailleurs de Noisy le sec le 16. On croise les doigts!
A noter également deux sorties de la Ballerine & le Soldat de Plomb à Montreuil, rue de l'église le 21 mai à 16h & 17h45, en alternance avec nos amis les Anthropologues.

JUIN 2008

Ce mois de mai nous est passé dessous le nez. On ne l'a pas vu.
Trop plein de sensations qu'on n'a pas eu le temps d'attendre ni de digérer. On a rencontré tant de monde! En Vendée, à Noisy, en Bretagne , à Nevers, Cuisery, Dax, Rouen, Guérande, Paris...
Des gens qui s'associent, s'activent, se rencontrent, créant au quotidien et inlassablement le beau tissu du vivre-ensemble. Sans eux, sans leurs efforts, nous autres saltimbanques gesticulerions à vide. J'ai gardé ça de Michel Foucault: que le pouvoir était à chaque croisillon des fils du tissu.
Il est terrible que certains mots aient pris une telle allure de slogan ou d'imprécation qu'ils ne sont plus proférés que par les pâles guignols de nos JT. Ainsi de la démocratie, dont nous sommes tellement rassis que nous la voyons s'effilocher sans bouger. Elle est si fragile la paix civile qui permet de se cotoyer sans s'assassiner! elle est si frêle la république! Ce mot de république que ce se sont arrogé tant de puissants juste pour geler le jeu.
Parce que les puissants, les nôtres surtout, qui se la pètent frileux, veulent avant tout geler le jeu. Même pas pour eux: pour leurs enfants, progéniture née dans la soie dont il est essentiel qu'ils ne soient pas sur les mêmes starting-blocks que ceux qui sont moins bien nés.
La méritocratie ? vous plaisantez j'espère! c'est un ascenseur à l'envers. Je ne sait pas chez les autres mais chez nous ça donne des PDG foireux, des ministres minables, des ténors manustrupant, et ce caniveau avilissant de slogans, d'émissions, et de publicités.
Du côté de notre olympe, ça ne reluit pas fort même si ça fait bling-bling.
Et, à côté, ces trésors: les soutiers du jour le jour, ceux qui s'accrochent, se démènent, se maintiennent, gardent la joie l'enthousiasme, nos concitoyens! Un mot qui sent fort le formol malheureusement mais que nous avons ce bonheur, cette chance, de fréquenter souvent au cours de nos périples.
Nous n'avons pas vu le temps passer parce que nous regardions ailleurs.
Quand on délaisse les ombres au fond de la caverne, la vie prend toute la place.

Bertrand se déclare libéral-socialiste.
Etre libéral, n'est-ce pas laisser faire en comptant que le marché se régulera de lui-même ? - ce qui soit en passant est pure utopie car, en réalité, tout le monde triche-.
Si les grecs avaient été libéraux, ils n'auraient inventé ni la république, ni la loi.

Un débat qui fait l'actualité alors qu'il est vieillot.
Du coup les vieilles lunes reviennent faire leur ellipse. Capitalistes et antis se coltinent derechef. Alors que le capitalisme se nourrit tant de ses profiteurs que de ses adversaires.
Poudre aux yeux. Qu'attend-on pour faire ailleurs ? Favoriser les entreprises aux profits volontairement limités ? Réinventer les scoop et les dépoussiérer, qui sont - quoiqu'on en dise- ce qu'on a fait de mieux pour travailler ensemble ? Limiter le différentiel scandaleux entre les plus bas et les plus haut revenus ? Taxer les héritages qui perpétuent les castes ? Nous n'avons que des miettes mais ne pas oublier qu'avec des milliers de miettes on refait un pain blanc. En fait nous râlons mais nous sommes tous complices de ce qui nous punit. C'est ça l'extraordinaire: nous laissons faire, parce que la formulation qui nous est proposée de nos préoccupations porte en elle-même sa fin et son inanité. Nous sommes anesthésiés par les mots qui nous sont formulés. Et quand certains prétendent inventer de nouveaux projets, ils ne fabriquent que des griffes pour mieux se déchirer.
Qu'est-ce qui te prend, Bertrand ?

JUILLET 2008

Peu appréciés souvent par les experts ès arts & culture, les officiels, les doctes, les spécialistes avérés et les journalistes spécialisés, les Arts de la Rue ont cette particularité que, plus que d'autres, ils se voient fréquemment questionnés tant de l'extérieur que dans leurs propres rangs sur ce qu'ils sont vraiment. Après « Théâtre de rue » qui semblait trop restreint, la profession pensait qu'avec « Arts de la rue », appellation ô combien généraliste sauf par son topisme, elle allait pouvoir s'installer durablement. Que nenni ! Voilà que se bousculent de nouveaux définisseurs avec des notions aussi séduisantes que « art contextuel » ou mieux « art en contexte réel », nouvelles définitions qui répondent évidemment à de nouvelles questions, souvent pertinentes. Il est de bon ton actuellement de dépriser les grands messes, les festivals et fêtes artdelaruesques au prétexte que ce n'est plus de la rue, mais un espace devenu codé pour la circonstance comme le sont les salles et temples de la culture. Tout comme on déprise la convocation à un spectacle au profit de l'irruption dans le quotidien, la surprise, l'achoppement ou, au contraire, du lent accompagnement, de l'apprivoisement. C'est dire d'un côté que la forêt n'est belle que vierge, et de l'autre que la culture aussi a besoin de labours et de semis. Ce n'est faux ni pour l'un ni pour l'autre. Les vaticinateurs peuvent ainsi brillamment vaticiner et c'est tant mieux pour eux. Pour autant, il serait bon de ne pas oublier que si nous, les acteurs « de rue », sommes allés dans la rue c'est d'abord et tout bêtement parce que la porte était ouverte. Que l'espace public est surtout, tout sur-signalisé qu'il soit, un immense terrain de jeu. Un terrain où chacun peut jouer sans avoir à montrer patte blanche, à la seule force de ses talents, son travail, ses désirs et son imagination. Terrain de jeux, terrain du « je » et du « nous », l'un et l'autre se tricotant des aventures artistiques où le regard est aussi créateur que le reste. Il est aussi de bon ton d'opposer art réel et « entertainment », culture et animation, en daubant l'un pour mieux célébrer l'autre, ce qui ne rend service, in fine, ni à l'un ni aux autres. A cette heure de l'été, où les festivals rivalisent d'affiches alléchantes pour attirer le touriste, il ne faut pas oublier que ce que nous apportons d'abord c'est de la chair, de la voix, de la proximité. C'est en été que fleurissent les mille couleurs des arts de la rue, même si nous travaillons sur d'autres saisons, et d'autres occasions. Quelle que soit notre culture, notre intelligence, notre ambition, la pertinence de notre démarche, la rue dans laquelle nous nous retrouvons, public et artistes mêlés, est et doit rester, surtout, un grand bac à sable.

 

Chalon dans la rue

Après deux années d'étuve sur Avignon -qui nous ont apporté énormément au niveau diffusion- c'est avec un plaisir sans mélange que nous avons retrouvé la ville, l'équipe et le public de Chalon. Ne serait-ce que par la qualité du public. Non pas que celui d'Avignon démérite -ils sont admirables les festivaliers d'Avignon- mais il y a à Chalon un mélange social, culturel, générationel et international sans commune mesure. La ville étant aérée, les propositions tempérées autant qu'accompagnées, il y a une grande jubilation concentrée sur ces quatre jours.
Je ne sais ce qu'il en était les années précédentes mais il est clair que, la conjoncture aidant, 2008 atteste d'un basculement très marqué du centre de gravité du in vers le off (comme à Aurillac, et , se peut, Avignon non ?). Un In sans pharaonisme qui, débarrassé de l'obligation de faire l'unanimité se permet de faire venir des cies étrangères peu connues, des expériences incongrues, des petites choses sympas (Xavier Kim) quelques équipes renommées pour des projets qui les bousculent (CIA & Karnavires), bref un In qui cherche à faire bouger les lignes, sans pression. De ces cies, les Sangs Cailloux et Grand Magasin furent les plus durement contestés, CIA & Karnavires n'ont pas fait l'unanimité mais en ont profité pour avancer sensiblement. Avec cette alternative artistique qu'a représenté la programmation Auteurs d'Espace. En Off on a vu le retour de belles équipes: Babylone, le SAMU, Métalovoice, Burratini, les Primitives, Avec-ou-sanka, Opus qui ont remporté de francs succès et fait, avec les autres, la substantifique moelle de ce festival. Une génération décoiffante de groupes musicaux venus de l'est (de la France): Branks, 2 rien Merci, Erectus, des compagnies qui font une sorte de free musical theatre réjouissant. En déambulation, pas de révolution mais du bon: avec les Tonys d'Albedo, TV Immonde (prometteur), les Buissons et du moins bon (FION & la patrouille de France entre autres, trop en force, et en pétarades pour le dernier). Des entresorts de qualité (Begat Théâtre entre autres, -émouvant- mais il y en avait bien d'autres que j'ai loupés). Il y avait aussi Façades par la Cie l'Escale. D'Irque & Fien, impeccable. Je me suis endormi sur le dernier Léandre, joli boulot mais lent. Les Kiroul, une petite équipe qui promet beaucoup, que nous avions déjà rencontrée sur les Déferlantes. Les Dithyrambes, deux chanteuses foldingues et enthousiasmantes. Une surprise du chef, off du off, théatre inopiné en terrasse qui devrait plaire à JMS, par le Daniel Jackson Théatre,-une petite équipe d'étudiants théatreux qui compte dans ses rangs Luce Amoros, fille de.- J'en oublie... Je ne suis pratiquement pas allé dans les cours.

En ce qui nous concerne, disons tout simplement que nous avons trouvé ici un de ces bonheurs pour lesquels, année après année, nous pratiquons ce métier.

Les trois spectacles présentés par la cie (Agrippine / Les Joyes du Mariage et Si tous les champs du monde...) ont été extrêmement fréquentés et ont remporté un beau succès, tant auprès du public que des programmateurs. Comme quoi le boulot finit par payer.

Vous pouvez jeter un oeil sur un reportage fait par FR3 Bourgogne sur nos petits camarades d'Agrippine ICI

Des photos également sur le site de Chalon dans la rue
Bonne continuation pour ceux qui continuent Bonnes vacances pour ceux qui en prennent. Pour ce qui nous concerne, ça va etre en pointillé, avec une mini tournée en Moselle entre autres.

AOUT 2008

L'adage dit:"Dans le août, abstiens-toi", ce qui n'est juste le plus souvent que pour le travail.
Pour le reste au contraire on se lâche. Et on en profite pour lire aussi. Parlons littérature, ça nous changera.
Je suis en train de découvrir un géant de la littérature que j'ignorais totalement -vergogna vergogna!- Ernesto Sabato, auteur argentin, grand bonhomme. Le bouquin que je dévore s'appelle "L'ANGE DES TENEBRES" et je l'ai pris au hasard chez un bouquiniste. Comme pour certains vins, les bouquins, c'est quand on les trouve par hasard que c'est le meilleur.
Autre hasard exaltant: Les "BEBES DE LA CONSIGNE AUTOMATIQUE" de Ryû Murakami, un des leaders de la nouvelle vague nipponne. C'est haletant, délirant, époustouflant dans le vrai sens du terme.

Et deux que j'ai beaucoup aimés : "TON AUTOBIOGRAPHIE" d'Alain Gluckstein, pétri d'humour et d'engagement, et "DERRIERE LES GRILLES DE PULDITCH" par Henry Hudson aux éditions Folies D'Encre: chronique Irlandaise extrêmement savoureuse où se mêlent rire et larmes comme le soleil et la pluie là-bas.
Des livres qui sont des cadeaux qu'on se fait.
Ceci lu au cours d'un mois de Juillet fort plein de rencontres et de jubilation. (cf Chalon)

Edital dédicacé à Daniel Pennac dont je viens de lire "comme un roman" (je sais, c'est pas neuf mais, en littérature, j'aime prendre mon temps) , bouquin avec lequel je suis tellement d'accord que c'est la première fois que j'ai l'impression d'avoir lu un livre avant de l'avoir commencé.
Bonnes ouacances à ceux qui en prennent.

 

SEPTEMBRE 2008

Comme dit Martin: "A la rentrée, il faut s'essuyer les pieds" Mais pas sur un paillasson. Adoptez un hérisson! A nos pieds, la poussière des tournées, qui se sont fort bien passées, des interventions, des ateliers et quelques vacances aussi, avec débranchement conséquent d'avec l'actualité, hormis le "Beijing 2008" qui, finalement, ne manquait pas d'intérêt.
De retour dans la réalité: le monde n'a pas changé depuis qu'on est parti. Sauf en Georgie. On attend avec impatience que les EU et l'Europe réclament et reconnaissent l'indépendance de l'Ossétie du Nord et son rattachement à sa frangine du sud dans un état unifié, souverain. ça pourrait générer d'intéressants développements.
Toujours cette impression d'être au fond de la caverne avec des ombres qui ressemblent de moins en moins à la réalité. Le monde est-il fictif ?
La rentrée avec son cortège de bonnes résolutions, nous n'y dérogerons pas:
-on jouera plus souvent et mieux et on gagnera plus (voeux pieux)
-on s'étonnera
-on essaiera des choses qu'on n'a jamais faites
-on en reprendra d'autres qu'on n'a pas finies
-on ira dans des endroits inédits
Bref on essaiera d'enrichir cette vie qu'on s'est choisie, et celle de nos spectateurs, partenaires et concitoyens. Et face aux rodomontades, au cirque et aux petites magouilles des hommes de pouvoir, on sera vigilants, c'est le moins, mais on saura aussi ne pas les écouter. La vraie vie, on le sait, n'est pas de ce côté.

 

OCTOBRE 2008

Ils nous ont frimé avec leurs salaires, leurs diplômes, leurs bagnoles, leurs indécentes stock-options, leur train de vie, leur vision du monde tellement supérieure à nous, les rampants, et les voilà penauds avec un coup de grisou dans les dents. La bulle internet avait éclaté. La bulle financière y passe à son tour. Entretemps, ils auront joué avec les postes, les salaires, les délocalisations, jonglé sereinement avec la vie de millions de gens, sûrs qu'ils avaient raison, qu'ici se trouvait la solution. Et boum.
Après le bling-bling, le plouf-plouf.
Et l'état, ce ringard qui ne sait pas gérer, par définition, obligé de venir à la rescousse. Et le gouvernement qui avait fait sa bible de la pensée libérale, obligé de revenir sur ses credos. Il est question de faire appel au Livret A pour sauver tout ça. L'argent des gagne-petits, des pue-la-sueur. Le monde de la finance est ébranlé comme un micheton et comme il faut bien punir un coupable, on fait la chasse aux parachutes dorés, ce qui est bien le moins.
Qu'est-ce qu'on rigole!
Que les credos s'écroulent, et les bulles financières dont on a tant souffert, ne peut que réjouir. Sauf que, sauf miracle, il y a un maximum de chances pour qu'on se retrouve in fine - nous qu'on prend souvent pour la cerise sur le gateau sinon par dessus la jambe- parmi les cocus de l'histoire, même si nos actions sont essentiellement artistiques. L'autorégulation est un joli concept dès lors qu'on n'y mêle ni les banques ni les armées...
Ainsi s'agite le grand théâtre du monde.

Des credos qui s'écroulent on aimerait bien en voir aussi du côté des politiques culturelles, au détriment des cuistres onanistes et des barons auto encensés, au profit d'un art vivant qui ne se prend pas pour, mais qui fait son boulot. Qui veut gouverner loin ménage sa culture. Ce qui ne veut pas dire statu quo. Aux jardins élitistes on préfèrera les champs populaires, qui sont notre champ à nous qu'on dit "de rue". A ceux que le théâtre navre, ou ennuie, ou indiffère, tel qu'il se fait dans les belles boites qui lui sont dédiées, on conseillerera instamment de ne surtout pas manquer VANIA A LA CAMPAGNE du Théâtre de L'Unité qui nous fait vivre le théâtre dans sa plénitude, qu'il soit en intérieur, en extérieur en rue ou en boîte, un théâtre qui tient des ancêtres grecs comme de tous ceux qui ont suivi, un théâtre entier, responsable, généreux qui ne laisse pas le spectateur sur le bord de la scène, le théâtre dans ce qu'il a d'unique et de formidable.

Adonc Rue Libre eut lieu samedi 25 Octobre. Un Rue Libre qui laisse et laissera des traces.
A BREST, les membres de la chorale se retrouvèrent, dès midi, chacun à la table d'un élu de la com de com de Brest avec en outre un "passeur" du Fourneau. Une bouffe pointue et des rencontres de vie particulièrement passionnantes pour tout le monde. A noter que nos interlocuteurs n'avaient pas vu le spectacle qu'ils ont découvert l'après-midi, ce qui donna un sel singulier à ces rencontres que nous souhaitons bien prolonger. cf quelques photos

AU RELEQ KERHUON, sous la halle couverte, à 18h18, SI TOUS LES CHAMPS DU MONDE réunit 500 spectateurs de cette petite ville qui retrouvait les ARTS DE LA RUE après de longues années de jeûne. Un grand et beau moment de complicité cf des photos , des réactions de spectateurs ici et , une vidéo du spectacle

A PARIS, 80 artistes se retrouvèrent au Palais Royal pour un Balayage des Idées reçues efficace et goguenard, avec la participation de notre Jérémie, de Cyril, Amanda et Marthe du côté d'Acidu cf sur France3

A MONTREUIL à 16h30, une petite vingtaine d'artistes ont installé leur frontière rue de l'église, rameutant une centaine de spectateurs pour un évènement très convivial avec la participation très active de Vincent, Jérémie, Benoit et Christophe. Des photos ici , par l'ami JM Coubart.

Vous pouvez voir des compte-rendus de cette journée sur le site Rue Libre . Egalement un article sur mouvement

EDITAL NOVEMBRE 2008

Bon. Donc une crise est née en octobre qui n'est pas près de mourir, parait-il. Assisterait-on à la fin d'une croissance dopée artificiellement par les acrobaties financières, ou, mieux, au début d'une décroissance ???
Ce qui m'étonne le plus à l'heure actuelle c'est le silence tonitruant des Verts autour de cet évènement. Cet autisme environnementaliste alors que ce qui est en jeu c'est justement le dégonflement de cette baudruche polluante "la croissance" qu'on nous tartine à longueur de plans gouvernementaux. Et que la question n'est plus seulement financière mais au niveau de la vie tout bêtement, des échanges, de l'argent, de la considération du travail, des frais de transport, de l'exploitation de la planète, de l'agriculture extensive, de ce qu'on boit, de ce qu'on mange, de ce qu'on utilise, et de ce qu'on fait. Je croyais que c'était ça l'écologie.
Je me prends à rêver. Qu'on mette tout ça à bas. Et qu'on assume pleinement cette a-croissance qui se profile à grands pas. Qu'on développe le recyclage des déchets, les énergies renouvelables, qu'on reprenne le temps de réparer plutôt que de ré-acheter, qu'on redonne à la terre les moyens de donner ce qu'elle a de meilleur en arrêtant définitivement les subventions aux grandes exploitations, qu'on replante en douceur et avec soin, qu'on reboise la planète (un chantier urgentissime devant lequel on a l'impression que le monde se croise les bras), qu'on interdise la pêche industrielle, que la belle ouvrage soit reconsidérée, et le savoir aussi, et la recherche, et l'intelligence, et le talent...
Nous avons cet outil formidable pour se parler d'un bout à l'autre de la planète: internet. Nous avons des savoirs magnifiques qu'on n'utilise pas parce que ça ne rapporte pas. Nous avons tant de choses qu'on ne partage pas, qu'on ne prend pas le temps de gérer, parce qu'une petite minorité s'est persuadée que le sens de la vie va vers le « toujours plus », et qu'elle sait nous faire croire que ça vaut pour nous aussi, parce que la pensée, la philosophie, la responsabilité humaine ricochent sur nous en vain, portés qu'ils sont par des mots-slogans, des mots-pub, ce vocabulaire manipulateur qui fait la culture d'aujourd'hui. Un alcoolique n'aime pas boire seul, c'est connu. Les adorateurs de Midas et du pouvoir non plus. Si nous ne partagions pas leurs valeurs que vaudraient-elles ?

Ce que nous savons, nous, artistes de la rue, c'est que le dénuement n'est pas une catastrophe, qu'il n'est pas besoin d'un local hyper-chiadé, hyper-adapté pour jouer un spectacle de qualité, qu'au contraire ceux-ci rebutent, réduisent, enferment.
Qu'avec le temps, l'opiniâtreté, la démerde, on peut créer du beau et de l'immarcescible.
Il en est de même pour le reste.
Les hypers, les palaces, les palais sont là comme les églises, pour nous faire croire et participer aux cultes qu'ils trimballent.
Je suis contre les Zéniths et les Stades de France ou d'ailleurs qui visent à rassembler pour mieux embrigader. Ces foules domestiquées, c'est du fascisme en germe.
Les foules, je les aime dans la rue, uniquement dans la rue.
On a vu que le roi est nu.
Le problème c'est qu'avant on a cru qu'il était vêtu.
J'appelle au dénuement du monde.
Pour lutter contre ce qui nous pend au nez sinon
la paupérisation.
P.P.

PS: Je ne veux pas croire que Nicolas Sarkozy soit un con. Son appel à la bonne volonté de banquiers qui, au pire, ont gravement merdé et qui, au mieux, sont dans une merde noire, tient donc de l'escroquerie.

 

DECEMBRE 2008

Sécurisation et perfectionnisme nous tuent lentement. Les études, indispensables et traitées pourtant par dessus la jambe. Pour autant, la "diplomite" ambiante devient moteur d'exclusion et d'aberrations..
Les interminables parcours studieux qu'on impose à tout impétrant avant de remplir n'importe quelle fonction - et l'on sait que leur fonction essentielle est de retarder au maximum l'entrée des jeunes sur le marché du travail- font des bons élèves seulement, pas nécessairement de bons professionnels... Le terrible c'est qu'à partir du moment où un cursus a été imposé pour occuper une fonction, ce sont ceux-là mêmes qui en ont souffert qui le défendent le plus ardemment: dès fois que ce pourrait être plus simple pour les autres, quelle injustice!
Le terrible également est que quand, après avoir investi tant de temps et d'énergie, on s'aperçoit qu'on s'est trompé de voie, on n'ose plus en changer. Une vie c'est combien de métiers, désormais ?
C'est comme ça qu'on se pourrit l'avenir et qu'on se prive d'énergies précieuses. Parce que, les études coûtant cher et requerrant une docilité importante, cela favorise encore plus les fils et fifilles à papa au détriment de ceux d'en bas.
Ma copine Fatimah, pourtant fort diplomée, a perdu 20kgs à préparer l'ENA tout en gagnant sa croûte. Elle a dû abandonner.

Des bonnes études sont nécessaires mais certainement pas tout d'un bloc. Ce pourquoi l'idée d'un crédit études tout au long de sa vie professionnelle était une excellente idée. Ce pourquoi il n'était pas absolument crétin de dire que 2 ans d'études suffisaient pour s'occuper d'enfants en bas age. Désolé m'sieurs dames! Le grand problème de l'Education Nationale c'est qu'elle est bourrée de bons élèves. Une horreur pour les cancres qui n'y peuvent trouver aucune compréhension. Encore pire, les enseignants y sont soumis à un régime qui maintient ce statut de bon élève, avec des notes, des appréciations, des exercices infantilisants parfois. Terrible, la situation dans laquelle sont laissés les jeunes instits quand leur premier poste se passe mal! Où sont les DRH ?
L'enseignement comme de très nombreux métiers sont des disciplines qui ont besoin d'être réinventées au jour le jour... on nous les fossilise.
Je fais partie d'une profession dans laquelle il n'est pas besoin de diplomes pour entrer, ni de faire partie d'un clan. C'est notre chance immense et notre richesse. Pour autant, j'en connais que ça démange, de bétonner l'accès...
Sécurisation et perfectionnisme ! la sécurisation accentuée de tous les lieux publics, notamment de culture, nuit gravement à icelle. Ces boites magnifiques avec gradins mobiles, scènes mobiles et tutti quanti restent et resteront, malgré le soin et les moyens importants qui leur ont été consacrés, nettement moins accueillantes et inventives que les simples friches, ouvertes à tous usages, à tous vents et délires, dont nous sommes friants... Nous avons davantage besoin de trous que de murs.
Pas besoin de diplome pour faire un homme politique, mais que de murs à franchir!
Encombrés que nous sommes de préjugés de règles et de procédures, chez nous, effectivement, Obama aurait dû patienter sur trois générations, 20 ans de militantisme acharné et de grenouillage au jour le jour pour commencer à percer.
Si j'interroge Lalangue sur les élections au PS, je m'aperçois avec effroi que Martine Est (martinet) là pour remettre de l'ordre, le parti à l'a(u)bri, et la laine et son égo dans sa pelote. L'inconscient parle tonitruant en ces temps! Pour reprendre ce titre lu dans la presse et qui m'a fait bien rire "Yes chicane!"
Je le dis: nous avons besoin de bordel -et surtout pas de maisons closes-, comme le poumon a besoin d'air. Qu'on nous veuille du bien mais à dose mesurée. Et si la déréglementation avec laquelle la droite nous bassine tant profitait à d'autres qu'aux nantis ?
Après "Martine au PS", "Bibi Fricotin sauve le monde". Lorsque j'étais petit, je dévorais les aventures de Bibi Fricotin, un titi débrouillard, hyperactif, qui se tirait de tout. Du genre de celui qui s'agite chez nous. Sauf que ce dernier a mis un tel talent à savonner sa planche en début de mandat, collectionnant les décisions absurdes en contradiction totale avec ce que la situation demande, et continuant quand même et faisant des cadeaux sans aucune vergogne, et faisant le fiérot, que je me dis "Halte là! ce n'est plus Bibi...
c'est Mimi Cracra!"
En attendant les patrons français sont désormais les mieux payés.
Le Père Noel existe bien, mais pour un nombre de souliers fortement contingenté.

 

On n'a pas attendu Noël pour avoir les boules et nous risquons de les avoir souvent par les temps qui courent. Raison de plus pour profiter des bons moments.
Aux petits souliers, cette année, se sont joints des escarpins vernis, qui sont bien sûr les plus gourmands, ce qui n'empêche pas les godillots usés de se faire de plus en plus nombreux et affamés. Et les Pères Noël séculiers de s'agiter pour prouver au monde entier qu'ils sauront bien les sauver. Le nôtre, qui a pourtant la taille pour entrer aisément dans les cheminées, s'est mis en tête de rentrer par les canaux hertziens pour s'offrir à lui même la télé.
Les pères Noel qui s'offrent d'abord des cadeaux à eux-mêmes, on en voit beaucoup tout à coup.
A part ça, les rois Mages sont en avance, en tous cas Balthazar, ce roi noir qui porte un autre nom pour l'occasion, et dont le monde attend beaucoup.Dans la tradition, Balthazar offre la myrrhe, cette résine qui servait à embaumer les morts. Espérons que ça ne sera pas pour nous...
La compagnie est par monts et vaux pendant tout le mois de décembre avec ses Noëlleries , si célèbres qu'elles sont devenues un nom commun en Belgique.
Notons au passage une jolie mini-tournée de la Chorale de St Fulbert avec les opus 1 et 3 qui nous mèneront de Gap à Vierzon en passant par Aubagne et St Fargeau (encore un saint bizarre).
N'ayant pour actions que celles que nous menons, nous essaierons, malgré vents et marées, de conserver le moral et la joie en bannière,et la colère dans notre gibecière.
Joyeuses fêtes à tous.

JANVIER 2009

2009 va être une année géniale!
Si, si, je vous le dis! longtemps qu'une année n'était pas aussi bien partie.
Ce festival de voitures brulées qui aura célébré ce passage à la nouvelle année nous offre des perspectives insoupçonnées.
D'emblée nous constaterons que l'augmentation du nombre de poulets sur place provoque une augmentation des voitures brulées - à se demander si ce ne sont pas les poulets qui les auraient allumées -. Si ça marche dans un sens, le contraire est peut-être possible. Et dans ce cas nous serions sauvés...?
Mais, billevesées, une solution meilleure a été trouvée: interdire de permis de conduire les allumeurs de voitures.
ça c'est fort!
aussi fort que de vouloir améliorer les programmes télé des chaines publiques en leur supprimant la publicité.
C'est, enfin, l'arrivée de logiques non-aristotéliciennes au sommet de l'état.
Dès lors, tout est possible et, pour sauver la presse quotidienne, il suffit également de lui interdire la publicité.
Autres exemples: on aurait pu libérer mr Marchiani en lui interdisant de passer le permis poids lourds pour solde de tout compte
Les financiers véreux pourrraient être interdits de jouer au tiercé.
Les SDF qui refusent d'être hébergés interdits de permis de construire.
Les députés indisciplinés interdits de passage télé.
Mr Tapie condamné à faire le gugusse tous les soirs dans les théâtres de boulevard ...
Les grévistes interdits de stades.
Les maires qui refusent d'organiser la garde des élèves pendant les grèves de profs, interdits de feu d'artifice.
Pour sauver les finances on ferait payer les pauvres.
Pour sauver la république on réinventerait le bonapartisme.
Pour sauver la face on réinventerait la farce.
On n'a fini de s'amuser je vous le dis.

Sarkozy, la plus belle trouvaille française depuis l'invention du klaxon et le regretté président Mac-Mahon!

Soyez dans le coup, cette année, n'offrez pas vos voeux, offrez vos "je veux"!

 

JANVIER SUITE

En ce qui concerne le spectacle vivant, il y a plusieurs façons de considérer la politique culturelle; mais les différences se résument principalement à des questions de périmètre. Certains préfèrent accentuer l'excellence en réduisant la surface (quelques scènes bien choisies), d'autres se battent pour que le périmètre soit le plus vaste possible.

Lors du fameux happening nimois « Kultur et le Mini-Moi », nous avons eu des soulagements, mais il semble bien que la réduction du périmètre soit dans les cartons, même si, pour compenser, on prétend diffuser plus de culture à la télé.

La culture en boîte, c'est comme le cassoulet ou le MP3. Les saveurs, les couleurs, les basses et les aigüs s'édulcorent jusqu'à former une sorte de bouillie qui ne vaut que parce qu'elle évoque de vraies sensations, qu'on a vécues un jour... peut-être.

Il y a des milliers de passionnés qui se battent pour que la culture soit en proximité, et pas coupée de son assiette essentielle: la convivialité. J'ai coutume de dire que le spectacle, c'est comme l'amour: ça peut se pratiquer tout seul (ou devant son écran) mais c'est nettement plus intéressant à deux... voire plus. Et c'est aussi bien si on n'a pas deux cents kilomètres à faire pour en profiter.
Les budgets se resserrent et le ministère de la culture abandonne la diffusion en largeur pour la concentrer sur des endroits réduits. Or les collectivités locales, auxquelles l'état refile sans vergogne ses patates aussi chaudes que dispendieuses, ne parviennent plus à suivre et à compenser. Résultat: ça se restreint, et de tous les côtés.
En ce début d'année, c'est ce que nous constatons.
Nous qui avons choisi de ne pas attendre que le public vienne à nous, mais d'aller à lui, dans tous les endroits où il vit, sommes donc inquiets ces temps-ci. Parce que, si ça se confirme, c'est tout un pan de la vie, et toute l'idée d'une société durable autant que supportable, qui va s'étioler.
Et beaucoup de bonheurs qui vont s'envoler.

 

FEVRIER 2009

Lors de la grosse -vraiment grosse- manif du 29 janvier, à Paris, un autocollant s'est retrouvé sur une bonne part des manifestants, toutes obédiences confondues: "Rêve Générale" , sans slogan adjacent, sans panneau ni calicot, discrètement mais omniprésent.

Nonobstant les motivations de ceux qui l'ont créé et prôné, le phénomène le plus intéressant tient à cette envie ludique de tous ceux qui l'ont arboré, alors même que ce qui était clamé et revendiqué était nettement -et pour cause-, prosaïque.
C'est que, dans la vie de notre monde, la part du rêve s'avère considérable et que c'est le talent des politiques à le générer et le maintenir qui fait la plus grande part de leur pouvoir. Ce qui leur demande du talent, de la sincérité mais aussi de la rouerie.
C'est l'immense talent de Barak Obama que d'avoir, par sa propre personne, mais aussi par son discours, déchiré les limites rabougries et mesquines du rêve Bushien, ouvert le champ des utopies, tellement plus vaste et porteur que les barbelés du quotidien. Et d'avoir su le générer, l'organiser, le diffuser avec un grand professionnalisme et en usant de toutes les ressources que la planète com lui offrait.
Ce sera l'essentiel de sa tâche de maintenir cette flamme fragile qui fait que le mot "avenir" a un sens.
Il faut nourrir le feu du rêve en l'alimentant par de solides bûches de réalité.
Parce qu'on le sait: les rêves s'éteignent aussi vite qu'ils s'allument.

La qualité de nos rêves collectifs sculpte le monde de demain.
Si le rêve d'Israël devenait la Palestine, un état indépendant, prospère, dans lequel on investit comme si cétait le sien, et qu'on mette les moyens, dans une association généreuse et volontaire, le destin du proche-orient s'en trouverait éclairé et bien des hypothèques levées dans nos rapport avec le monde musulman. Imaginons une sorte de Belgique proche-orientale, où deux cultures voisineraient volontairement, avec Jérusalem qui ferait Bruxelles et que chacun s'y mette comme si sa vie en dépendait. Quel rêve! Et qui vaudrait largement le coup qu'on y sacrifie sa vie, plutôt que dans des luttes sans lendemain. On en attend la naissance et que quelqu'un l'incarne, qui ne soit pas illico trucidé. L'assassinat politique: une façon de tuer le rêve.
Si le rêve du Nord devenait la richesse du sud...
Si le rêve des européens devenait une Europe des gens, franchement et sans restriction...
Si le rêve du monde devenait forêt...
Si le rêve des riches était que tout le monde le soit...

Il y a aussi des rêves qui sont des escroqueries.
Des rêves qui deviennent autistes comme le rêve communiste qui a alimenté tant de décennies alors que ce qui en était réalisé fut (presque) toujours inique. Des rêves rancis, puants, méfiants,comme on nous en a proposé tant, comme on nous en propose encore. Des rêves sécuritaires, des rêves isolationnistes, nationalistes, hystériques...
Des cauchemars abusivement fleuris.
Succédanés de rêves pour ceux qui ne rêvent plus.

La question qui se pose à nous est: où rêvons-nous ?
Le rêve que tente de prôner Nicolas Sarkozy a-t-il une crédibilité ?
Le rêve incarné par les gauches dépassera-t-il les bréviaires nostalgiques et le gestionnisme débandant ?
Choisis ton rêve camarade.
Ou mieux.
Crée-le.

 

MISERES & BOULES DE COM'

L'état - que dis-je l'état ? le monde- est au chevet de K. (pitalisme), ce gros goinfre qui s'est mordu la langue à force d'appétit. D'ailleurs, en manifestation de soutien à sa santé déclinante , on a vu un excellent gala de Raymond Davos où contre-sens, coqs à l'ânes et arguties absurdes ont mis du baume au coeur du malade et fait bien rire l'assistance. Sauf quelques aigris au teint Belem, perdus aux antipodes....
Qu'on se le dise: le capitalisme est sain ! "mens sana in corpore bénéficiaire"; c'est juste qu'il a voulu trop en faire. Qu'il ait grignoté tant d'emplois et de vies pour s'agrandir les dividendes n'inquiète pas, apparemment, et je n'ai pas entendu que notre gouvernement aie l'intention de faire mettre sur les actions "Usez avec modération".
Un peu de tempérance lui ferait pourtant du bien. Surtout à nous.
"Spéculer tue!" ça sonne bien.
L'un des avantages de cette crise, c'est le retour de l'état qui soudain veut et peut. ça fait du bien, ce volontarisme. Sauf que cet objectif de vouloir maintenir à tous prix l'appétit de ceux qui s'en sont déjà mis plein la panse s'avère assez peu exaltant pour ceux qui attendent de passer à l'abattoir. Une mauvaise volonté déplorable, disons-le tout net.
Soyons positifs!
Le choix du gouvernement de ne pas chercher la relance par la consommation et l'augmentation des salaires, parce que ça augmenterait le déficit de notre balance commerciale, est tout à fait recevable.
Je le dis bien fort.
Et ceux qui prétendent le contraire sont d'affreux démagogues.
Parfaitement.
Sauf.
Sauf qu'il y a quelques mois, on nous a dit à peu près le contraire pour justifier l'instauration du bouclier fiscal.
Comme c'est bizarre.
Ce qui pourrait vouloir dire que, pour nos chers gouvernants, le prolo achète comme un con et sans discernement, alors que le nanti, lui, ne consomme pas; il investit.
Vous saisissez la nuance ?
C'est dans cette nuance que réside l'essentiel de nos clivages politiques.
Ou alors c'est que j'ai mal compris.
Nous sommes des bêtes nous autres.
Dans ce cas, très certainement, notre président va nous annoncer bientôt qu'il va revenir sur ce bouclier fiscal à l'efficacité si sujette à caution.
Quel nouveau lapin va-t-il sortir de son chapeau ?
Misère et boules de com'

A part ça, en ce mois qui fait briller (voire vriller), la cie ne le fera que chichement: le 4 aux Ulis, avec la Guinguette des Amants et le 27 à Limay (95), avec les Grosses Légumes qui vont se joindre au carnaval de la ville.

on en profite pour peaufiner la suite...

 

LE NOIR DEVIENDRAIT IL LA COULEUR DE L"ESPOIR ???

Les catastrophes sont parfois des chances. Chances de changer quand changer, on le sait, est toujours douloureux. Quand la douleur est là, autant en profiter. La crise financière nous a libéré d'un corpus de raisonnements vérolés, d'arguments escroquants, de credos carcéraux. Avec, en bonus, la venue d'Obama. On attendait, du coup, d'autres pensées, réponses, perspectives pour faire bouger les lignes et en profiter. Mais mis à part de lui (Obama), on n'a pas vu grand chose sinon des resucées. A croire qu'il est actuellement le seul opposant crédible à notre Nicolas.
Ce qui se passe aux Antilles est peut-être en train de changer tout ça. Ce peuple qui se dresse comme un seul homme, brandissant son créole et son "lyannaj", sûr de lui, exigeant, fier d'être ensemble.
ça fait du bien, un peuple qui se retrouve.
Des lustres qu'il n'osait pas, bien conscient que, chez les voisins caribéens, la situation matérielle n'avait rien de confortable, alors, supportant, et fournissant à la métropole, sans moufter, son lot d'infirmières, de sportifs et d'écrivains de haute volée. Mais quand on y allait, on le sentait bien, le hiatus.
On ne peut créer aucune relation correcte avec quelqu'un qui n'est pas structuré par le respect de soi.
Il grandit aujourd'hui bougrement là-bas. Et on ne peut que s'en réjouir.
Et puis voilà en outre que Neufs intellectuels Antillais nous jettent à la face un texte magnifique, une envolée radicalement nouvelle, qui rassemble une grande part de ces concepts qu'on avait esquissés, espérés. Lisez-ça, ça nous ressemble formidablement et ça ouvre la fenêtre d'un coup, brusquement.
le-manifeste-des-neuf-intellectuels-antillais
Vous m'en direz des nouvelles.
Le noir deviendrait-il la couleur de l'espoir ?

 

DE L'EXCELLENCE ARTISTIQUE

A quoi sert l'excellence (artistique) ?

A flatter les élites, qui peuvent se contenter de passer à la télé mais pas de la regarder. Il lui faut des spectacles où elle puisse se croiser, où on puisse la voir. Des spectacles d'exquise qualité qui la flattent, flattent son intelligence, son goût et sa culture. La Comédie Française, l'Opéra de Paris, comme le Louvre sont les vitrines de France, et de nos puissants.
Du tourisme d'élite.
Et les boites à l'entour, ceux qu'on nomme les Centres, dramatiques, chorégraphiques, d'art contemporain, ont cette même fonction pour les élites locales.
Le rêve d'excellence règne sur le théâtre depuis de longues années. Il en a fait quelque chose de sacré.
Le rêve d'excellence a accouché de générations de metteurs en scène-gourou, quelques-uns de talent, souvent génies auto-proclamés, grands-prêtres boursouflés de ce qui est devenu culte.
Le rêve d'excellence a fait construire des salles d'excellence, pour spectacles itou, qui se sont doucement fermé au populaire, fermé aux amateurs, aux rustres, à la rue, à la vie.
Le rêve d'excellence a fait acheter de belles machines scénographiques qui demandent des connaissances spécifiques
Le rêve d'excellence a professionnalisé à outrance toutes les strates du métier de sculpteur d'éphémère
Le rêve d'excellence a protégé le statut professionnel de ses personnels, compliquant malheureusement et entravant le spontané, le surprenant, le hors-norme, quand il n'a pas généré, dans certaines équipes, des stratégies de mikado (c'est le premier qui bouge qui perd)
Le rêve d'excellence place la barre très haut, sur la qualité des représentations mais aussi sur leur coût
Le rêve d'excellence ce sont des salles splendides pour des saisons de 20 dates
Le rêve d'excellence ce sont moult jeunes troupes qui rament pour montrer leur travail
Le rêve d'excellence ne fait pas bon ménage avec la prise de risque, l'ouverture, le partage.
Pour autant
Le rêve d'excellence s'accommode, quand il ne l'encourage pas, du racket des thénardiers d'Avignon
Se posant en gardien de la qualité, il laisse libre jeu au théâtre privé.
Interdisant de fait tout aléatoire et tout amateurisme il a mis à la rue des palanquées d'artistes.

Même s'il est a priori séduisant, le rêve d'excellence doit être pris précautionneusement.

Le rêve d'excellence, c'est la mort des courants d'air.

LE PETIT ELEPHANT DANS LE MAGASIN DE GROSSES PROCELAINES

L'hiver météorologique, à petits pas, semble envisager un retrait de la scène climatique. Il laisse derrière lui un paysage cataclysmique, surtout en Aquitaine, qui va profiter du reste de l'année (voire des suivantes) pour panser ses plaies.
L'hiver financier, quant à lui, est très loin d'envisager de se retirer. Il fait encore très froid dans les bas de laine.
On ne parlera pas d'hiver politique, même si n'ont pas manqué bourrasques et de tempêtes, grèves et diktats, déclarations et contre-déclarations, sommets et manifestations. Malheureusement ce n'est pas une histoire de saison.
Le petit éléphant et sa troupe (sa trompe?) secouent allègrement le magasin de grosses porcelaines.
Soyons juste, du côté des TOM, ils n'ont rien provoqué, juste rien vu, rien compris, rien anticipé, pas bien pris la mesure de l'incendie qui couvait. Des pompiers comme ça, on en change vite fait, aussitôt que possible.
C'est pourtant le rôle du pompier, prêt à rendre sa salubrité à tout l'appareil d'état, qu'il s'est arrogé, le petit éléphant.
Prétendant rationaliser la recherche, l'enseignement, en gros l'intelligence, avec toujours cette même technique: une idée préconçue, un colloque, un entretien, un sommet ou une commission pour faire semblant de l'accoucher et un décret (voire une loi) dans la foulée.
Avec la communication pour faire la vaseline.
Non pas qu'il ne faille rien changer.
Pour saisir le malaise, l'éléphant est champion, le problème viendrait plutôt de ses potions. Une panacée héritée du docteur Diafoirus et du docteur Doxey (in "les aventures de Lucky Luke") réunis.
Du côté de la justice, Dati a fait son taf. Exit. Et on lâche les chiens sur cette arriviste qui a surtout le grand tort de venir de si loin.
Du côté de l'économie, on purge d'un côté et sous perfusion de l'autre. Sans vouloir revenir sur ces décisions inopérantes et aggravantes que sont la loi TEPA.
Du côté de l'enseignement, le ministre s'est retiré prudemment, reste Pécresse pour se fader les vagues.
Du côté de la culture, Albanel n'est plus qu'un fantôme d'elle-même. Le chateau accouche d'une commission virtuelle dont le seul mérite aura été, à ce jour, de permettre à Jacques Blanc de faire l'article sur france Info à une heure de grande écoute.
Du côté de la santé, ça sent le champ de ruines, nos futurs toubibs et thérapeutes allant de plus en plus se former en Roumanie et Belgique, si nombreux sont ici les obstacles et chausses-trappes à leur formation ici.
Du côté des institutions... ça y est on y est! Personne ne niera que l'instauration des régions avait fait, en son temps, l'objet de bien des calculs. Sauf qu'à l'époque, ces calculs avaient été -un tantinet- partagés. Personne ne niera que la multiplication des étages du millefeuille électoralo-administratif fait un chouïa désordre et gaspillage de précieuses énergies. Pour autant, nous avons besoin d'élus de toutes sortes et de représentations assez larges. Dans le cadre de l'Europe et de la démocratie, tout ça se réfléchit. Au lieu de ça, - et rien ne laisse à penser qu'il en sera différemment au regard de ce qui a été fait avant -, nous nageons dans un théâtre d'ombre assez caricatural, où les cris d'orfraie que poussent les élus de tous bords passent pour ce qu'ils ne sont pas tous forcément: des récriminations de gamelle.

L'entreprise et les entrepreneurs sont, il le clame haut et fort, une référence pour notre président qui les aime et admire. Nul doute que sa noble ambition soit de faire de la France une entreprise dynamique et performante, à l'instar de ses amis haut placés. Là-dessus nul procès. Sauf qu'il y a un hiatus: l'état n'est pas une entreprise et la nation pas une assemblée d'actionnaires. La nuance -négligeable, certes- qui les en différencie tient en ce simple mot: la démocratie.
Nuance qui semble, jour après jour, le cadet de ses soucis.

* On a vu Taubira, récemment, amener sa sagesse et sa fougue -qui sont incontestables- dans quelques débats, elle qui fut ostracisée en 2002, accusée -à tort- d'avoir fait perdre Jospin. Cette femme-là est pourtant la seule, à ce jour, qui pourrait donner à la future présidentielle du panache et de l'espérance. Taubira présidente! Yes we can too! * Les élections européennes qui se profilent à l'horizon menacent une fois encore de se trouver détournées de leur vrai sujet. Face à la déconfiture du capitalisme financier on aimerait bien pourtant que soient reconsidérés un certain nombre de ses crédos libéraux et que soit envisagée -ça serait très utile- l'éventualité d'un service public européen. Qui en parle ? * On appréciera la fougue avec laquelle les médias se sont précipités sur une opposante à la grève en Guadeloupe -femme qui n'en pouvait plus et braillait sa misère - pour fournir un peu d'espace à un pouvoir qui se trouve par ailleurs bien coincé. Des dommages collatéraux à tout mouvement social, il y en a toujours. A quoi servent les médias ? * Et on appréciera que l'Elysée se montre une ANPE à ce point efficace pour le recasage des copains. Mais je suis saisi d'une forte envie de faire transiter mon compte à la Caisse d'Epargne vers une autre taule. Faudra-t-il invoquer la clause de conscience ?*

et les navets vont...

 

 

Minables : ces déclarations de békés et de métros qui n'ont rien compris, cette chasse à la petite bête dans les médias et sur les ondes pour pourrir ce beau mouvement de la Guadeloupe. Cette fierté retrouvée d'un peuple frère dont nous devrions tous pouvoir être fiers. La fraternité, dans notre république, a décidément du plomb dans l'aile. Démarches mesquines qui ne servent personne, même pas le gouvernement qui, en l'occurrence, ne sort pas grandi de l'affaire, ayant traité les choses grandement par dessus la jambe, tout comme ses amis du Medef. Ces efforts ridicules et mesquins pour salir le leader du LKP sont une infamie de plus alors qu'ailleurs, en conséquence directe de ce mépris larvé de la métropole pour ses colonies départementalisées, d'autres foyers sont allumés et d'autres actions et paroles nécessaires. Quoiqu'il en soit, je serais aux Antilles ou à la Réunion, je sais bien de quel côté je serais....
Lueur : en surfant sur la toile, ai découvert un petit mouvement qui dresse en catimini la tête: les Objecteurs de Croissance . Il y avait belle lurette que cette course à la croissance dont on nous rebat les oreilles à droite ou à gauche me mettait mal à l'aise -on voit le résultat aujourd'hui- et, du coup, sans savoir réellement ce qu'il y a derrière, le concept me séduit en tous les cas beaucoup. A suivre...
Haut les coeurs! Mars ou rêve!

 

Le Vatican prône un nouveau préservatif 0cmX0 : le Benoît Size

AVRIL 2009

Le petit scandale esquissé autour des quotas de PV imposés à nos forces de l'ordre a fait long feu dans le Landernau médiatique et personne n'est descendu dans la rue pour cela. C'est grave. Par ailleurs, c'est logique, c'est DANS la logique.
Nous n'avons plus de patrons, nous avons des passeurs de commande.
On a pu suivre, avec le quota de clandestins demandé, les ravages que ça pouvait provoquer, déshumanisations, drames douloureux, injustices criantes... Peu importe: les chiffres, les chiffres. Que le conducteur commun soit soumis à la même logique n'en étonnera que quelques-uns.
Il y a un détournement général de l'inventivité humaine dans une logique du résultat, quelques soient les moyens: tu me fais une bagnole pour tant, une paire de pompes pour tant, tu m'arrêtes tant de voleurs à la tire, vous mettez tant de loubards en tôle, les chiffres les chiffres... et peu importe si pour répondre à ces demandes aberrantes, il faut bousiller la planète ou la vie d'enfants. Voudrait-on organiser une shoah aujourd'hui, il y aurait une palanquée d'appels d'offre sectorisés, isolés et il y aurait des réponses.
Mais ceci ne fonctionne que parce que tous les maillons de la chaîne sont complices, d'une façon ou d'une autre, parce qu'ils ne se donnent pas le droit d'agir autrement..
Il est de bon ton de stigmatiser aujourd'hui les abus des grands patrons de banques ou autres grandes entreprises. Pour autant ces patrons se sont appuyés sur des troupes compétentes dévouées, voire zélées en leur temps.
Ici se pose la question de la Part de Responsabilité Objective de chacun. Qui devrait entrer dans tous les contrats de travail. Et de la clause de conscience, qui devrait faire intégralement partie des luttes syndicales. La problématique a été posée très récemment avec une filiale de Total, elle se pose entre entreprises -le passeur d'ordre ne pouvant se laver les mains des moyens utilisés par sa filiale pour se conformer à sa commande-, elle devrait pouvoir être posée entre individus. Parce que, quand un fonctionnaire se met, pour une raison ou pour une autre, à forcer un infraction non qualifiée pour la faire entrer dans ses quotas, c'est d'individu à individu que ça se joue également.
La part de responsabilité objective c'est le pourcentage de responsabilité reconnu à un salarié par rapport aux ordres qu'il reçoit de sa boite et de ses chefs et qui va se mêler à sa propre subjectivité pour traiter un dossier. Elle peut se chiffrer, y compris contractuellement 1%, 2%, 10% et devrait pouvoir l'amener, en cas d'abus grave, à en répondre devant la justice. En contre partie elle autoriserait chaque salarié à pouvoir invoquer la clause de conscience.
L'exonération des sous-fifres et des sans grades dans certains grands scandales et massacres de l'histoire est sans doute le pire service qu'on ait rendu à l'humanité.
A cette aberration commune, le mouvement des délinquants-solidaires est un début de réponse.
Si l'on veut sauver la valeur-travail -autrement dit la dignité de l'individu au travail-, coincée qu'elle est entre le marteau de la commande et l'enclume des résultats, la solution peut passer par là.
Nous autres, artistes de rue, vivons essentiellement de commandes et de sélections; nous répondons de nos actions en permanence. Nous n'y avons perdu ni notre âme ni notre volonté, ni notre moyen de subsistance. C'est donc possible.
Le printemps revient. S'il pouvait apporter de nouveaux bourgeons sur nos branches...

 

MAI 2009

C'est le joli moi des mais...
Alors que les cagoules sont interdites en manif, il est fortement conseillé de mettre des masques hygiéniques.
Tout est logique et cochon qui s'en dédit.
Qu'est-ce qu'on rigole ces temps-ci! Enfin, pas tant que cela, vu qu'arrive la grande période des festivités municipales dans lesquelles nous n'avons parfois l'heur et le bonheur de glisser nos frasques entre deux sonos.
Si vous jetez un oeil sur notre calendrier, vous verrez que ce n'est pas spécialement un mois chômé pour nous, malgré la conjoncture. L'envie de fête à la tête dure. Et on ne va pas s'en plaindre.
Nous lançons par ailleurs les premiers jalons pour notre création 2010 "le THEATRE NATIONAL N'IMPORTE Où PRESENTE" , qui nous donnera l'occasion de faire nos premiers pas dans le théâtre d'avant-garde. Rien que cela.
Du coup, étant fortement occupés, pleins d'envie de jouer et de nécessité de répéter, nous allons jeter sur l'actualité le regard qui convient pour ne Virer barge: détaché. Le temps de la colère viendra bien assez tôt.

JUIN 2009

L'enfaumenteur à tranché, le donneur a donné, des cartes parfois usagées, d'autres neuves.
On s'interessera ici particulièrement à celle qui concerne notre secteur.
Après une spécialiste du patrimoine, voici un thuriféraire de têtes couronnées.
Zitrone rue de Valois ?
Pas sûr. Mitterrand le neveu est, comme le fut son oncle, un spécialiste de la nage en eaux troubles, un adepte des facettes contradictoires, un ambigü de talent qui sait que la réalité est tout sauf univoque. Ce goût de l'inter-monde nous laissera-t-il une place pour avancer nos billes, développer nos inventions, magnifier l'espace public ?
On sait que son patron ne croit aux mots que dans la mesure où ils brouillent la vue et troublent les perspectives, poudre aux oreilles lui donnant le loisir de mener par ailleurs ses desseins autocentrés.
Alors, Mitterrand grand ordonnateur des pompes présidentielles, serviteur comme tant ? ou partenaire estimé, inspiré et puissant ?
On lui sait la souplesse -mâtinée de quelques rigidités de qualité, d'ailleurs-. Il lui faudra en outre rigueur et conviction pour se faire une stature.
Faute de quoi, il risque de finir en Talleyrand de poche...

 

JUILLET 2009

Deux grands danseurs viennent de mourir, qui ne frayaient pas dans les mêmes eaux, mais deux stars, chacune à son niveau. Ce qui n'empêchera pas le monde de danser, ou plutôt de s'agiter.
Danser, c'est donner du sens à la gesticulation, interpréter le monde, le finir, l'infinir avec ce matériau de base: le corps.
Danse des corps dressés en Iran et autour des entreprises qui dégraissent, des corps-culbuto en burqa, danse de st guy des politiques, danse des corps au bout d'une corde, sans sol, danse de la routine et de l'accablement, danse du plaisir de se retrouver, danse de la tendresse et de la séduction, danse de la colère et de la répression, danse frottée du métro, danse assise des autos, danse des frimes et des fiertés, danse déprime et dégonflée, ainsi danse, incidence, dense ou pas, chacun marchant à son pas, le monde des bipèdes, pour s'étourdir ou supporter ce monde qui valse à en mourir.

Entre danseur et penseur, il y a un "p" de travers, ou un "d" à l'envers, un "a" qui marche sur des "e", un "euh" qui se fait "ah!".
CQFD tout de go: c'est kifkif bourricot!

 

AOUT 2009

Malaise, dopage, embouteillages, incendies, grippe, procès, déclarations, vacances, records.. voici venue la période où l'actualité, pour une fois, n'a pas le dessus et s'arrête en général, pour chacun, dans un rayon de 25m autour de son nombril.
C'est le cas pour nous aussi, même si -a contrario de la majorité de nos concitoyens - nous travaillons beaucoup et voyageons surtout, d'un site à l'autre, d'un public à l'autre, sans désemparer. L'actualité soudain s'arrête au public que nous découvrons, aux amis que nous retrouvons, à l'accueil que nous recevons, au lieu où nous jouons, où nous dormons, aux repas que nous partageons, bêtes de spectacle crapahutantes et obstinées cramponnées aux routes de l'été. Avec, en guise d'interludes, quelques coucous aux nôtres entre deux envolées.
En été, à force de festivals et de festivités, c'est le monde artistique qui fait l'actualité. Pour une fois. On ne va pas s'en plaindre...
Alors un petit coucou à ceux qui s'obstinent à consulter leurs courriels, et un souhait: que vous en profitiez...

questions

Par Postmaster le vendredi, septembre 25 2009, 22:53

quand on proclame "à ne rater sous aucun prétexte" c'est souvent que c'est bien mais que ce n'est pas plein. Je me trompe ?

Arrivée d'un grand "ambigü" au ministère de la Culture, vulgarisateur d'élite et dandy populaire. Où se situera-t-il dans l'équation artistique quantitatif/qualitatif ? Son ambigüité maintiendra-t-elle un espace actif de liberté face aux oukazes de son patron autocentré ? Ou s'agit-il encore une fois de nous vendre des cravates pour nous livrer des cordes de chanvre ?

festivals

Par Postmaster le lundi, septembre 28 2009, 08:28

En parcourant différents sites et leurs commentateurs prolixes, on constate que, dans les festivals, il y a une certaine jubilation à taper sur les "in".
Serait-ce parce que ceux-ci sont trop courus, voire confisqués par une élite de spectateurs privilégiés et que ça renâcle du côté des cintres ?
Ou est-ce parce qu'ils sont moins bons ?
Est-ce parce qu'ils prétendent trop ?
parce que leur mise en lumière intensive facilite leur prise pour cible ?
ou parce que leur âme est lasse ? -je rappelle que les "in" sont la proue des festivals et qu'y sont produits les seuls spectacles dont les protagonistes soient sûrs d'être payés-

Les aficionados seraient-ils condamnés à jouer les Sicambres, brûlant ce qu'ils ont adoré, et adorant ce qu'ils devraient brûler ?
Qu'est-ce qui fascine dans l'obscurité ?
Qu'est-ce qui débecte sous les sunlights ?

OCTOBRE 2009

- Savez-vous ce qu'est un CarrotMob  ? c'est un boycott à l'envers où une foule de client se rue sur une supérette et lui fait un chiffre d'affaire d'enfer qui sera consacrée en partie à améliorer son efficacité énergétique.
- Savez-vous que GDF aurait dû, en suivant les critères qui lui permettent d'augmenter les prix, les baisser ? et qu'il ne l'a pas fait ?
- Savez-vous qu'il y a un référendum contre le processus de privatisation rampante de la Poste ?

Tout ce qu'on digère, nouvelles amères ou goûteuses dans le grand frichti médiatique... En voici quelques-unes qui concernent notre boutique:

- Savez-vous qu'Acidu a désormais un duo de nageuses synchro  ? Vous pouvez les voir __ici__
- que notre ami Simon Dedieux , qui mettra en scène la prochaine création que nous soutenons a désormais un __blog__  ?
- que nos Origamines vont mettre leur fantaisie au service d '"Octobre Rose" campagne de sensibilisation à la prévention du cancer du sein dans le Loiret ?

...Tant de choses à savoir et si peu de temps pour cela!

Portez-vous bien

notes

Par Postmaster le jeudi, octobre 1 2009, 16:06

-l'Est a été le ventre fécondant de toutes les invasions de l'Europe occidentale. Il semble qu'il soit aussi fécond pour l'écriture théatrale.

-A la "rentrée littéraire" correspondent des sorties de bouquins. Vive les courants d'air!

-Quoi de plus fatidique que ce doryphore qu'est le croque-mort lorsqu'il disparait dans l'oubli de sa propre tombe...

-Le peuple n'existe pas malheureusement. A sa place, il y a les gens.

-Comme un filet de pluie très localisé, pour un chat, le robinet...

-"Clowns sans frontières" je croyais que c'était le dernier G20.

Enfin des solutions

octobre 11 2009, 18:29

Les sociétés sont de grands enfants qui se font peur, non plus avec des ogres, dragons, loups, sorcières et vampires mais avec d'autres grands méchants absolus... tant la peur qui hante nos nuits évite de se poser la question de ce que l'on vit. Chez nous, ont successivement et parfois en même temps servi, entre autres: le barbare, l'hérétique, le juif, l'anarchiste, le boche, le communiste, le terroriste, le serial killer, l'arabe, le pédophile, etc. Et, en face de chacun, inévitablement, un ou plusieurs démagogues dressés pour prôner leur solution et promettre de résoudre la question. Et, quand on les croit, à chaque fois, la liberté prend un sale coup.
Le vieux système de la haine et du dénigrement se perpétue ainsi d'année en année, et quand par malheur, l'un de ces épouvantails disparait parce qu'on y croit plus, parce que c'était pas vrai, parce qu'on l'a oublié ou accepté, un autre reparait comme par enchantement et la ronde reprend et le monde reste gouverné du bon côté du manche.

Il y percussion dans les informations, ces temps-ci, et de l'indécence au menu. Franchement, cette vague de suicides chez des gens qui ont un bon boulot alors qu'il y en a plein qui crèvent de ne pas en avoir, c'est indécent!
Mais il y a des solutions, voyons, qui crèvent les yeux!
Je propose -que Roman Polanski et Frédéric Mitterrand soient soumis à la castration chimique pour leur apprendre à bien se tenir -que Sarkozy entame une grève de la faim pour obtenir la suppression des bonus dans les banques -que Benoit Hamon se pacse officiellement avec Frédéric Lefebvre -et que les pédophiles soient systématiquement embauchés chez France Télécom ou au Technocentre de Renault. ... ça devrait calmer tout le monde. Par ailleurs, on ferait subir un test ADN à tous les candidats à la direction d'un grand Etablissement Public (genre l'EPAPD) ou d'un grand groupe industriel pour être sûr qu'ils sont de bon sang et de bonne filiation. Et on ferait de Corbeil-Essonne une principauté pour que la dynastie Dassault puisse s'épanouir sans faire chier. Quant à la Poste, elle resterait définitivement dans le domaine public à condition qu'elle n'embauche que des militants UMP. Ceci nous permettant enfin de changer de sujet et de regarder peinards nos séries télé.

Il y a quelques années on disait: voyez aux USA, c'est ce qu'on deviendra. Aujourd'hui, il suffit de regarder en Italie, c'est ce qui nous est promis.

Tonton Pierre

humeurs

octobre 2 2009, 10:23

Aurillac: D'un côté les "cambrioleurs des esprits" -payés-, de l'autre ceux qui , forts du constat "pas vu, pas pris" vont essayer de se faire voir et payent de leur personne.

On se démène comme des malades pour créer des moments théâtraux et les faire circuler au mieux et je vois la minable prestation du sieur Hortefeux, ses répliques baclées, son jeu mal assuré, prendre toutes les ondes. Nous sommes des contre-feux.


Quand on est gros d'une nouvelle création artistique, la difficulté tient à ce que c'est tous les jours avant l'accouchement que l'on doit pousser, pousser , pousser, pousser...

La revue Cassandre, impertinente et titillante, n'est pas en bonne santé. Il serait de bonne hygiène pour nous qu'elle se maintienne.

L'histoire du fiston à son pépère, ubuesque: le roi de l'épate, va-t-il se prendre les pieds dans l'Epad ? ça serait bien. Il y a toujours un moment où les arracheurs de dents doivent rendre des compte.

Connaissez-vous Eric Deniaud ? Mattei Visniec ? les deux, l'un à la manipulation et à la voix, l'autre au texte, ont commis une jolie petite chose pas très gaie: VOIX DANS LE NOIR. A voir.

Il y a de nombreux rapports en le travail du metteur en scène et la vie:


    1/ il est très périlleux de se mettre soi-même en scène.
    2/ essayer de rejoindre une image pré-existante est forcément casse-gueule. Tant pis pour Platon. Par contre, un bon ping-pong entre le réel et le ciel-idéel ouvre d'énormes perspectives.
    3/ c'est risqué

La balance des cotisations Sécurité Sociale des intermittents du spectacle est toujours positive. C'est un fait qui est trop tu. Chez nous, on se suicide peu. Par contre, il nous arrive de faire des grèves de la faim...

EDITAL NOVEMBRE 09

novembre 2 2009, 15:29

Toute la tristesse de Novembre qui déferle du ciel.
Après un été particulièrement long et doux. On se fait rincer.
Des images de coupes dévastatrices dans les forêts en Malaisie, Indonésie, Amazonie. Et toi qui t'appliques à couper ton moteur dès que t'arrêtes plus de 15 secondes, qui veilles à ne pas trop chauffer ta maison, qui agis comme si le devenir de la planète dépendait de toi, tu te prends un coup de bambou monstrueux. Tes efforts... dérisoires. Si on nous tue les arbres, qui portera la voix du monde ?
Là-dessus, Greenpeace mène une croisade désespérée dont tous les gouvernements du monde semblent se taper comme de leur première chemise.
Il y a une campagne qui se mène depuis deux semaines sur les radios de service public au sujet de la fraude des entreprises. Après la vague de cadeaux sans précédents menée depuis deux ans pour tout ce qui possède un compte de plus de 6 chiffres, voilà une campagne qui me laisse particulièrement amer. Aussi efficace, aussi réaliste que l'appel aux banques pour qu'elles modèrent les plus hauts revenus. Foutaises!
Lorsque la loi s'étiole, on fait appel à la bonne volonté. Lorsque la juste répartition des revenus est battue en brêche, on fait appel à la charité. On gronde, on conjure, mais on fait tout pour affaiblir les outils qui permettraient d'agir.
La polémique autour du président de l'Epad a montré comment un pouvoir pouvait aveugler, asservir, avilir... Le "génie politique"!... On a bien rigolé. Rien découvert, oh non! Mais quel piteux spectacle. Et qui contribue à étourdir un peu plus, à affoler, miroir aux alouettes...
Ce ne sont malheureusement pas les quelques démêlées judiciaires des anciens puissants qui vont nous consoler, même si ça fait plaisir.
A propos, Dominique Charvet, cofondateur, avec Louis Joinet, du Syndicat de la magistrature, vient de nous quitter. Je ne le connaissais pas mais rendons hommage à cet homme juste qui eut le talent de participer à l'invention d'un outil de résistance précieux.
En Novembre, c'est sûr, le ciel pleure pour nous les avanies que nous allons subir.

Je reprendrais bien un petit mouchoir, moi.

Tonton Pierre

poisseux Poissy

Par Postmaster le lundi, octobre 19 2009, 11:05

David Douillet a été élu à Poissy. Il n'y aura donc pas eu à pâtir de l'affaire Jean Sarkozy. David Douillet est un gros costaud sympa qui aime ce qui brille et fait bling-bling. Après les médailles d'or et les petites pièces jaunes je l'aurais bien vu se prendre une gamelle pour compléter la collection mais il s'avère que non. Bon.
Quand Sarko propulse ainsi son fiston aux endroits stratégiques, je ne peux m'empêcher de penser au premier des Napoléons casant toute sa fratrie dans des royaumes croupions. Il y a une histoire qui n'est pas encore réglée avec Napoléon le 1er, lequel reste populaire alors qu'il a réussi à bazarder presque tous les acquis de la Révolution en une quinzaine d'année, envoyé des milliers d'hommes au casse-pipe, loupé stupidement sa campagne de Russie alors que s'il avait libéré les moujiks il avait un boulevard devant lui, bref, fait preuve, dans les dernières années de son règne, d'une absence de lucidité, -tout obsédé qu'il était des titres et des ors-, proprement terrifiante.
Le pouvoir rend vite fou. Il rend aussi vite con. Qu'on se le dise.

passer la main...

Par Postmaster le jeudi, novembre 26 2009, 12:05

Ce qu'il y a de particulièrement choquant dans les images de la main de Thierry Henry, c'est qu'elles sont passées à la télé, ouvertement, sans fioriture et à une heure de grande écoute alors que, d'habitude, les tricheries du monde, des petits et des grands -et dieu sait s'il y en a!-, échappent à la caméra, ou bien sont coupées au montage, cachées, dérobées. Ce n'est pas le geste en lui-même mais, uniquement, sa représentation médiatique et le fait que, manifestement, ça n'émeuve guère les responsables. Or si le "pas vu, pas pris" sert de longue date de morale aux puissants, le "vu: pris" est tout aussi réel. La démarche qui veut que le joueur, son entraineur, la France fassent leurs excuses à l'Irlande est la même que celle qui amena Bill Clinton a regretter sa piteuse turlute devant le peuple américain. C'est de la morale-spectacle, la seule qui vaille encore ou peu s'en faut, une morale de Tartufes mais avec laquelle on ne badine pas.
Le robinet à images passerait-il du statut de pouvoir à celui de religion ?

 

émotion

Profitant d'un passage dans le coin, je suis allé aux Journées Portes Ouvertes des ateliers d'artistes de Montreuil. A chaque atelier, un décor, une démarche, une vision du monde et un engagement artistique souvent très fort. C'est intimidant, réjouissant, émouvant. Il y a beaucoup d'artistes à Montreuil et on pourrait passer facilement plusieurs journées à visiter ces ateliers. Mais il faut du temps pour digérer l'émotion de chaque visite, pour qu'elle se diffuse, faute de quoi on se retrouve vite devant des gondoles artistiques, dans un hypermarché de l'art. Je me suis donc restreint. Et alors que je finissais, lors de l'ultime visite, une grosse bouffée d'émotion a tout emporté : au fond d'une salle, une surface blanche maladroitement caligraphiée et le témoignage, en trois suspensions, d'un de ces drames sordides qui macèrent en secret dans la cellule familiale. A côté, un carré gris, sur lequel aurait dû prendre place la photo du témoin, vide.
Je ne sais pas pourquoi, peut-être que les autres réalisations m'y avaient préparé, j'en suis sorti bouleversé.
Celle qui a réalisé ce tableau, qui n'en est pas un, s'appelle Ilona Tikvicki. Je ne la connais pas, mais je la remercie, le mot étant bien faible.

J'ai envie...

novembre 15 2009, 23:21

... que le vent me raconte des histoires, d'être au Vietnam, au Burkina Faso, aux îles Marquises, d'écouter une chanson de Brel, que Sarkozy se taise, que Ségolène Royal aussi, de voir un opéra, de ne pas être là, de monter sur un éléphant volant, de monter un Shakespeare, d'écrire un roman, de compter de vrais moutons, de jouer au poker, de voir une rizière, d'écouter Arvo Pärt, de jouer une tragédie, de beugler un poème, de chanter avec un orchestre symphonique, de manger un couscous mouton avec des amis, de faire une salade, de tomber amoureux, de prendre la nationalité palestinienne, de faire pousser des forêts, de partager l'espoir, de pouvoir fabriquer un objet rare, de trouver les mots justes et les bons scénarios, que l'avenir soit demain, de découvrir une nouvelle planète, de parler avec des philosophes, avec Georges Pérec, de faire chanter la mer...
C'est dur d'être créateur quand on n'est pas en selle, à cheval sur une création, quand on est pas en scène, en jeu, en route...
alors, on doute.

révélations...

novembre 21 2009, 23:06

Il y a des rencontres qui agissent comme des révélateurs brutaux, incontournables, qui accélèrent notre intelligence du monde. "La MISE A MORT DU TRAVAIL" de Jean-Robert VIALLET, dont on m'a prêté le DVD vient de me faire cet effet là. J'y ai compris, entre autres, comment les gains de productivité incessants poussés jusqu'à leur paroxysme (le toyotisme par exemple) pouvaient faire de dégats, au mental comme au physique, dégats compensés financièrement et principalement par la Sécurité Sociale, c'est à dire par la collectivité alors que ces dégats ont été générés pour augmenter des profits tout à fait privés. Du coup, vu que les accidents du travail et arrêts-maladie sont en augmentation constante, rien d'étonnant à ce que la Sécu soit en déficit récurrent. Ce qui est plus étonnant est que, plutôt que d'agir sur les conditions qui président aux accidents du travail et aux arrêts maladie, ce qui aurait pour effet direct d'alléger la dépense, on diminue le nombre des inspecteurs du travail et on choisit de reporter la pression sur les personnels soignants, sur les centres publics de soin, sur les malades -en déremboursant certains médicaments, alors qu'on se montre singulièrement accommodant avec les industries pharmaceutiques-, et , comble de l'ignominie et de l'inconscience, on va jusqu'à taxer les indemnités des arrêts-maladie. Pas besoin d'être grand clerc pour pronostiquer que, dans ces conditions, on va droit dans le mur avec enthousiasme.
Et ce n'est qu'une bien parcellaire réflexion après la vision de ce documentaire tout à fait éclairant, touffu, dense, joliment filmé et extrêmement bien pensé.
Autre révélation, dans un domaine apparemment moins grave mais important pour nous, artisans des arts, et pour moi donc, j'ai découvert la revue CASSANDRE, un régal engagé, bien écrit, intelligent dont je ne trouve aucun article anodin.
Je répugne habituellement à donner des conseils mais je serais heureux de pouvoir partager ces découvertes avec ceux qui ne les connaîtraient pas encore.

Les Boules de Noël !

Par Postmaster le lundi, décembre 14 2009, 15:12

Qui a dit que les Français étaient cons ?

D'après les sondages, ils ne savent aucun gré à notre bien aimé Omniprésident du fait que la France s'en tire mieux que les voisins face à la crise.
Ils ont compris sans doute que, si Zébulon avait eu le temps d'appliquer l'intégralité de son programme avant, nous nous serions trouvés en première ligne et gros-jeans comme devant. Au lieu de quoi nous avons été protégés par les restes de notre protection sociale obsolescente, notre fonction publique tellement ringarde et notre Etat pachydermique.
Ils n'ont pas oublié que l'Agité ne jurait que par Bush et le libéralisme financier et que, s'il a changé d'avis dare-dare sur ce dernier point face à la pression des évènements, on ne peut pas dire qu'il ait fait preuve avant d'un discernement à tout crin.
Ce qui ne l'empêche pas de poursuivre à marche forcée la mise à mort de nos derniers bastions publics, postes, écoles, hopitaux... pour ne pas parler de la culture qui nous touche particulièrement.
Face à l'entêtement, l'arrogance et la démagogie, il y a des vaccins qui se perdent...

Voeux, vaches, bagnoles...

Par Postmaster le mercredi, janvier 6 2010, 12:01

1610: Assassinat d'Henri IV par Ravaillac. La tolérance en France vient d'en prendre un vieux coup. La consommation de poule au pot n'en sera pas affectée.
1710: naissance du futur Louis XV. En attendant, le peuple en chie grave.
1810: Napoléon commence à sérieusement yoyoter de la touffe dans son désir de faire partie des grands. Epousailles avec Marie Louise, annexion des Pays-bas ainsi que de la Catalogne, promulgation d'un Code Pénal en nette régression sur celui de la Révolution. Que du bonheur!
1910: crue de la Seine, la plus grande crue jamais vue à Paris, provoquant une inondation unique et d'importants dégâts. On ne sait pas si l'invention de la serpillière date de là.
2010: La culture se porte mal, la santé se porte mal, l'éducation se porte mal mais du coté des concessionnaires automobiles, ça baigne.

le savoir émancipe-t-il ?

janvier 5 2010, 11:59

C'est forts de la conviction que oui, sans doute, que furent élevés tant de boucliers contre le projet de supprimer les cours d'histoire-géo en terminale de la section E.
Cependant, lorsqu'on regarde certains jeux télévisés ou autres, uniquement basés sur un savoir bien appris et bien retenu, on peut se poser la question de l'efficacité émancipatrice du simple cognitif.
Ce débat n'a pas lieu ici, de toute évidence. L'histoire est importante, il est essentiel d'en maintenir l'apprentissage jusqu'au bout du secondaire et bla et bla et bla. Qu'on me permette ici de profiter de l'interstice pour suggérer que peut-être n'est-ce plus l'essentiel. Que le savoir agit souvent, dans le domaine de l'éducation, comme l'arbre qui cache la réflexion. Qu'il serait sans doute bien plus urgent, nécessaire et utile aujourd'hui d'introduire dans le cursus de nos chères têtes blondes, et ce dès le collège, des rudiments soutenus de philosophie.
Si on peut comprendre qu'à une époque où les enfants étaient enfants plus longtemps, cette science du doute et du questionnement ait été remisée en dernière année d'études secondaires, je ne comprends pas qu'aujourd'hui ce ne soit pas remis en question. Il y a urgence!
Quand on écoute les discours qui nous sont proposés, le communautarisme décrié et vanté, le retour des obscurantismes plus ou moins religieux, le recours aux curés face à l'instituteur, la grande confusion intellectuelle de notre président et de ses sbires disant le tout et le contraire de tout, la médiacratie galopante, les manipulations sondagières de tous ordres, débats biaisés sur les identités nationales ou autres, la novlangue triomphante, il y a urgence urgence urgence à entrainer les jeunes générations à questionner le sens au delà des mots, faire le tri des questions et des réponses, construire une pensée, accoucher d'une opinion, structurer une position.
Pour construire leur république, les grecs surent éduquer leurs jeunes à poser des questions. Nous n'avancerons pas ensemble si nous n'en faisons pas autant.
A moins d'imaginer une démocratie sans citoyens.
Une démocratie sans débats.
A moins que je me trompe...
Ce sera mon voeu pour 2010 et les années qui suivront. Que nous nous emparions de ce problème là.

Calculs & caillots

, janvier 24 2010, 12:04

Si Proglio avait gagné 2 ME au Loto, ça ne m'aurait pas choqué. J'aurais même été content pour lui. Alors pourquoi suis-je gêné ici ? Peut-être parce que dans le cadre d'une entreprise (cet endroit singulier où on applique des plans sociaux, où on licencie à tout va), je ne peux pas m'empêcher de faire le lien avec les emplois que ça représente.
Quand quelqu'un se fait un salaire de 2 000 000 €/an et d'autres de 18 000 €/an - un SMIC environ- un simple calcul m'amène à constater que Henri Proglio valait donc environ 111 smicards.
Quel homme peut prétendre en valoir 111 ? comment une intelligence peut-elle prétendre être 111 fois supérieure à celle d'une autre ? A moins d'aller chercher dans des QI très bas, et encore... Et sans aller jusque là, un dirigeant d'entreprise vaudrait à lui seul 30 cadres ?
Quelle conception de l'homme cela implique-t-il ?
Et encore, celui-ci travaille-t-il, quand d'autres ne se sont donné la peine que de naître pour recevoir ce genre de pactole...

Autre facteur d'importance, il y a le fait que cet homme gagne ce salaire dans une entreprise publique… Une entreprise publique dites-vous ? Ah ah ah ! Attendons avec gourmandise le montant du salaire du prochain patron de La Poste... et les licenciements qui suivront !
(une petite image récupérée sur la toile et dont je ne connais malheureusement pas l'auteur, mais loué soit-il)
Janvier tire à sa fin dans un grand silence de contrats… Pendant que « Seven Days in a Plate », notre prochaine création, se répète tranquilo dans un local ami. Mais Février se pointe pour agiter tout ça, avec un petit voyage dans des terres favorites de la Chorale, en Vendée et Deux-Sèvres.

 

Précaution de principe

Par Postmaster le mercredi, janvier 13 2010, 17:10

Pour nous faire passer les excès de la campagne de vaccination N1H1, on a beaucoup entendu parler du principe de précaution. Si je ne m'abuse, ce concept est né d'une préoccupation environnementale et demandait surtout qu'un maximum de précautions soient prises systématiquement dès lors qu'un nouveau produit était introduit dans notre biotope. En ce qui concerne la grippe N1H1 il y a donc manifestement dévoiement du concept, lequel passe ni vu ni connu de l'écologique au sécuritaire, domaine dans lequel tous les gouvernements de droite sont infiniment plus à l'aise.
Le principe qu'ils évoquent dans ce débat: "même si ça ne sauve que 100 personnes, c'est toujours ça de pris" permet dès lors toutes les dérives, toutes les croisades, tous les abus. Parce qu'on trouvera toujours une personne qui a été sauvée grace à l'instauration d'un couvre-feu, l'interdiction de la marche à pied ou tout délire de cet acabit...
En attendant, l'argent dépensé ici aurait été autrement plus utile dans les hôpitaux publics ...
La caisse de résonance médiatique mondiale génère décidément de bien belles hystéries.

Blog de merde/Le retour de l'action

Par Postmaster le jeudi, janvier 14 2010, 08:56

Mea culpa!
Je m'aperçois en relisant ce blog qu'il comporte un tas de vaticinations sans grand intérêt, piégé que je fus, comme beaucoup d'autres peut-être, par le grand tam-tam infomane ousqu'y a largement de quoi s'émouvoir, s'énerver (surtout s'énerver) à chaque coin de rubrique. Le syndrome d'Atlas avec un tas de petits bras et de petits cerveaux qui se coltinent le poids du monde de préférence au poids de leur vie.
Bien sûr, l'empathie fait partie de mon rapport au monde, professionnellement parlant dirais-je, et j'ai des avis, une pensée, des humeurs qui me font moins mal quand ils sont exprimées. Pour autant quel fatras!
Hier c'était la journée de la diversité du vivant, avec de quoi s'inquiéter fort, de quoi clamer derechef le "small is beautiful". Revenir aux petits bateaux de pêches, aux petites exploitations agricoles ou autres...
Avant hier c'était la grande gabegie du vaccin anti-H1N1 et on vient d'apprendre que ça fait 2 semaines que nous sommes passés en dessous du seuil pandémique. C'est chouette. Mais il y a encore des vaccins à vendre. Soldes à tous les étages.
Aujourd'hui c'est Haïti, première république noire de l'ère moderne et qui l'a payé si cher. Et le monde entier empressé à son chevet parce que c'est une chouette et rassurante catastrophe naturelle qui lui est arrivé, avec un nombre de morts conséquent à la clef, qu'on peut y aller de bon coeur -c'est rassurant d'ailleurs cette solidarité du monde systématique et généreuse en cas de pépin, même si ça cache toujours des arrières-pensées-.
Et demain ?
Demain je vais enfin pouvoir revenir à mon corps de métier puisque nous partons -pas très loin- pour une résidence de 15 jours avec les comédiens de 7 days. Deux semaines à l'"Avant-rue", lieu de fabrique des arts de la rue à Paris. Heureusement qu'ils sont là avec leurs bouts de ficelle, les arts de la rue. Enfin!
Parce que, ces derniers temps, j'étais comme un paysan sans terre, un musicien sans instrument, un prêtre sans ouailles, une télé sans écran, un causeur sans voix....
Enfin le retour de l'action!

En Février, fais vriller !

Par Postmaster le mercredi, février 24 2010, 12:09

Le pléonasme du jour : « je donne des cours à des nains »
La Ferme des Célébrités, fleuron de la « culture télévisuelle » est en plein naufrage, boudé qu'il est par l'audimat. Forcément, il y a bien mieux dans le genre dans les journaux télévisés où « la Foire aux régionales » remporte un énorme succès. Une fois reconnus des bilans plutôt positifs, annoncée la défaite prévisible de l'UMP, nous allions sombrer dans l'ennui, quelle horreur ! Qu'à cela ne tienne, tout le monde politique s'est mis de la partie et les coups de théâtres, procès expéditifs, calomnies, retournements, petites phrases et coups bas se multiplient. C'est guignol dans toutes les gazettes et ça occupe les cervelles.
Que pendant ce temps, les fondements de la décentralisation soient remis en cause dans l'arrière cuisine, que le programme du Conseil National de la Résistance (dont on fêtera le 64ème anniversaire le 15 mars) voit ses derniers grands principes remisés aux poubelles, ne troublera personne pendant ce temps là ; pas le temps de s'occuper de ces conneries là…
L' « endemolisation » du débat politique est en pleine progression. C'est chouette ! Drôle, vivant, et simple à comprendre. Que demande le peuple ? Pour connaître l'issue de ce passionnant feuilleton, il suffit de jeter un coup d'œil en Italie, ils ont une saison d'avance sur nous.

Chantez avec nous (chanson de circonstance)

Par Postmaster le lundi, mars 1 2010, 14:01

(sur l'air des élucubration d'Antoine)

Georges Frêche m'a dit « t'es un sous-homme » Tandis qu'Eric Besson me gueulait d'ssus « Go Home » Dommage que j'vienne pas du Rwanda En tant qu'génocidaire on m'ouvrirait les bras

Si j'ai une tronche pas catholique C'est que je mange hallal tous les jours à mon quick Et si j'ai une tronche d'auvergnat C'est parce que je mange du pain bougnat

La France a trop de fonctionnaires Plus on en laisse partir et plus ils veulent rien faire Pourquoi payer tous ces salaires Alors qu'les sans papiers travaill'nt pour une misère

Ils ont dit Ali c'est un délinquant féroce Sauf que c'était pas lui il y avait un os C'est ça l'problème avec les africains Tu ne les distingu's pas bien quand tu les r'gardes de loin

Cette année au salon de l'agriculture Nicolas n'ira pas c'est vraiment trop dur Quitte à fréquenter des bovidés Il préfère aller à la ferme célébrités

Les gens n'attrapent pas la grippe A Alors que des vaccins on en avait des tas Les banques ne baissent pas leur bonus Alors ça sert à quoi de s'agacer l'anus

Dans l'débat sur l'identité française C'était chouette tout l' monde pouvait ramener sa fraise Dommage qu'il aient stoppé l'programme Avant qu'on réinvente les pogroms

Chez nous ya plus la peine de mort Heureusement ya des bricoleurs encore Pas la peine d'aller chez Bricorama Tu peux te tuer toi-même avec ton pyjama

Nicolas a dit avant les régionales Il faudrait qu'y ait une ambiance infernale Parlons d'agressions faisons peur Ça fait toujours bien voter les électeurs

Dix ans qu'il joue les super poulets Dix ans qu'il chante le même couplet Faire peur aux vieux c'est si rentable Tant qu'tu mets pas le montant de leur retraite sur la table

P.Prévost (écrit pour le Kapouchnik du Théâtre de l'Unité 27 février Audincourt)

Mêêê mais mai...

avril 28 2010, 16:26

Il fait un temps magnifique. On a envie de se poser. Déguster une boisson plus ou moins anisée, à l'ombre d'un platane, d'un tilleul, d'un pommier... Goûter le temps, le silence, un bon livre, les amis...
Mais nous sommes de pauvres mortels non-protégés par le bouclier fiscal et il nous faut, jour après jour, nous saisir de nos massues pour aller courir le mamouth et la croûte pour les nôtres. Toute chose étant relative, nos massues sont ici spectaculaires et n'ont rien à voir avec le "massue-média".

Tout ceci pour vous dire que nous reprenons la route pour de nouvelles aventures, dans un environnement perturbé, une ambiance qui ne fleure pas la violette, un contexte économique et politique inquiétant, tandis que le ramdam médiatique s'affole, que nos gouvernants déblatèrent et que l'Europe vient de perdre en quelques semaines les derniers lambeaux de sa légitimité et de son intérêt.

Quelques aphorismes donc pour démarrer en douceur: - Si t'as rien à dire tu peux toujours écrire (vive internet) - Si tu n'as pas d'entrain prend le train. Si tu n'as pas d'envie, prend la vie... - Pour défendre les cultures il vaut mieux parfois être tracteur qu'être acteur (ou inversement)...

Amicalement

Chers et joyeux gouvernants

Par Postmaster le vendredi, avril 30 2010, 21:37

Nous avons bien compris, à lire vos lois, vos décrets et vos déclarations, que le temps où les fonds publics devaient servir avant tout au public était révolu.

Nous avons bien compris que, désormais, pour profiter des fonds publics il vaut déjà mieux avoir beaucoup de fonds privés.

Nous avons bien compris que le principal obstacle à la prospérité de la nation résidait, d'après vous, essentiellement dans son service public, ses fonctionnaires et les lois sociales qui les protègent éhontément. Le grand problème du service public étant qu'il n'enrichit que ceux qui y travaillent et ces tout petits actionnaires sans intérêt que sont les citoyens.

Nous avons bien compris que l'Etat coûtait trop cher et que toutes les collectivités locales, territoriales, nationales devaient se serrer la ceinture pour servir son budget.

Nous avons bien compris que le monde que vous nous rêvez est définitivement à but lucratif.

Que vous étiez fans du bénévolat tant qu'il n'empêche pas de gagner de l'argent.

Que l'Europe ne nous en protègerait pas mais qu'au contraire elle se ferait un plaisir de nous aider à devenir plus performants.

Nous avons bien compris que, dans ce cadre là, la culture devait être repensée dans son intégralité, qu'elle coûtait trop cher à vouloir toucher son public un à un alors que la culture de masse, bien mieux contrôlable, permet d'en toucher des millions en appuyant sur un simple bouton.

Nous avons bien compris que les RGPP étaient là pour aider la culture à devenir rentable et que les réformes territoriales se feraient un plaisir de nous aider à ne plus nous disperser en des formes et des propos trop différents.

Nous avons bien compris que vous aimiez tellement la culture que vous lui avez donné un présentateur télé pour l'incarner.

Nous avons bien compris que vous alliez enfin mettre de l'ordre dans le spectacle vivant.

Que vous alliez sauver et même amplifier le budget de quelques "paquebots" de prestige parce qu'ils ont une grosse voix, les moyens de se faire entendre et qu'on ne peut décemment pas passer toutes ses soirées au Fouquet's, mais qu'en ce qui concerne les petites et moyennes structures et compagnies, il faudrait qu'ils apprennent à se débrouiller comme des grands, en faisant bien attention à ne pas concurrencer les commerçants.

Nous avons bien compris que tout cela est pour notre bien et contribuera in fine à ce paradis que vous nous promettez année après année: la croissance.

Nous avons bien compris que l'exception culturelle française et que les préconisations du Conseil National de la Résistance sont désormais caducs et que, grâce à vous, nous allions enfin pouvoir aller de l'avant.

Nous avons bien compris... mais nous ne sommes pas d'accord.

Nous, les Arts de la Rue:

plus de 1000 cies, plus de 300 festivals et plus de 200 lieux de fabrique de toute taille et de tout type, répartis à travers tout le territoire,

nous qui touchons plus de spectateurs que tous les match de foot réunis,

nous qui accueillons parmi nous des danseurs de talents, des auteurs de génie, des plasticiens hors pair, des comédiens inspirés, des musiciens enfiévrés, des pyrotechniciens, des poètes, de administrateurs, des architectes, des vidéastes, des acrobates... tous corps de métier qui sont chez nous représentés.

Nous qui, en lien direct avec la population, menons des actions et des rencontres qui favorisent le vivre-ensemble et offrent l'occasion à nos concitoyens de penser enfin à autre chose.

Nous qui offrons tout au long de l'année, en tous lieux en tous temps, et sur tout le territoire, des milliers de spectacles.

Et nous qui apportons non seulement du divertissement mais aussi de la beauté, du sens, de l'émotion !

Nous qui n'avons presque pas de frais d'entretiens, très peu de personnel à l'année et ne demandons le plus souvent qu'un peu d'espace public -si tant est qu'il nous reste une petite place entre le grignotage sécuritaire et le tout commerçant- .

Nous qui avons des décennies d'expérience et de savoir-faire.

Nous qui sommes inventifs, réactifs, disponibles et qui croyons que c'est dans l'intime que se joue le destin du monde.

Nous nous tiendrons le 6 mai aux côtés des autres acteurs du champ culturel pour protester vigoureusement contre votre programme et surtout la vision du monde et de la culture qu'il implique. Nous contesterons l'appauvrissement de sens que vous nous mitonnez. Nous nous tiendrons aux côtés des associations d'éducation populaire et sportive, des chercheurs, des enseignants et de tous ceux que la planète que vous nous dessinez débecte grandement. Ce monde là, franchement, nous n'en voulons pas.

Veuillez agréer, chers et joyeux gouvernants, nos salutations déterminées

J'hue... hein ?

mai 31 2010, 20:24

J'aime cette expression qu'on utilisait autrefois: " aller au chagrin ", qui valait bien aller au " travail'" qui signifia "torture"'' dans le temps. Ajoutons à cela "'retraite'" , des mots tristes pour une réalité qui ne l'est pas moins. Ici chacun voit le soleil à sa porte. Celui qui vante l'épanouissement par le travail est rarement celui qui passera une grande part de son temps à dégoter une boite de petits pois à 0,6 € pour éviter celle à 0,8€. La société de consommation est-elle caduque ? Rions un brin.
Les seules manifestations où on est sûr de trouver un maximum de population sont les brocantes et les vide-greniers. Offrez un spectacle en bas d'une cité, personne ne se dérange (ça nous est arrivé récemment, à Grenoble) . La culture passe après les frites, les fringues et les merguez.
Pendant que les hauts-revenus grimpaient, nous avons collectivement régressé. La pauvreté partout. La misère, dans les têtes et les ventres. Se demander quotidiennement de quoi sera fait demain n'épanouit personne.

Nous qui avons choisi notre métier et la précarité -relative- qui l'accompagne (le statut d'intermittent nous protège conséquemment, malgré tout) sommes des (petits) privilégiés, même si nous courrons le cachet, même si certains d'entre nous ne joignent plus les bouts. Au moins avons nous choisi notre peine et nos récompenses. Au moins pouvons-nous encore nous nourrir d'espoir.

Il y a des indécences qui vous rendraient meurtriers, des ignorances qui vous font fulminer.

A lire d'urgence: " le quai d'Ouistreham " de Florence Aubenas pour ceux qui auraient oublié ce que c'est que d'en chier...

PP

ailleurs, la vie...

juin 10 2010, 22:49

Pendant la crise, les rêves continuent...

Pendant que les députés pondent des lois de circonstance, les poètes défient l'éternité. Pendant que les états se déchirent, les amants se refont l'amour. Pendant que les ministres pérorent, les peintres réinventent le décor. Pendant que certains craignent, d'autres vont ingénuement. Pendant que les supporters fourbissent leur enthousiasme, les fleurs exhalent leurs fragrances. Pendant que l'économie claudique, les enfants se coursent en riant. Pendant que le Medef lobbyise, les menuisiers poncent leurs planches. Pendant que certains se hérissent, d'autres dorment sous le sol. Pendant que le monde caquète, le silence attend au tournant.

Les réponses n'attendent pas toujours les questions.

Pierre

Le jus y est...

Par Postmaster le jeudi, juillet 1 2010, 11:03

Comment s'entendre dans la rue, passer, faire passer, se comprendre, s'interroger, échanger ? Questions récurrentes qui nous animent depuis le début de notre pratique artistique et qui sont le fond de ce théâtre que nous appelons de proximité et que nous pratiquons à longueur d'année. Quand les lieux de culture sont devenus souvent et d'abord des lieux de culte, comment jouer pour nos pairs, les passants ?

Nous n'avons pas de réponse exhaustive, ni de recette. Comme pour la quête du Graal, le plus important n'est pas le Graal mais la quête.

Nous avons essayé tant par le fond que la forme. Formes zappées, interpellantes de nos déambulations, évocations citoyennes, voyages en Utopies exaltées ou pantouflardes, clichés spectaculaires et spectacles-clichés, fresques naïves, créations historiques plus ou moins bidonnées, pièces de bars, fééries pour jeune public, interventions au débotté… le tout avec des résultats inégaux mais souvent intéressants.

Je crois que la culture, notre culture de tous les jours, nous matelasse un inconscient collectif propice aux passerelles. La vision commune des Maudits Sonnants, celle des premiers pas de l'homme sur la lune ou du 11 septembre, même si nous les vivons différemment, tissent des connivences que nous pouvons suivre ou prendre à rebours pour continuer l'échange.

Et de même que notre passé commun de bébé avec les succions qu'il implique nous impose ce « mmm » qui fait le mot "mère" dans toutes les langues , notre problématique d'humains transcende les frontières, comme aussi la plupart des schémas socio-économiques.

Ce qui nous unit est aussi important que ce qui nous sépare. Et réciproquement. C'est la base binaire de nos actions, comme le 0 & 1 de l'informatique.

Nous sommes, comme tous ceux qui ont une pratique artistique, et comme bien d'autres encore, des créateurs de références –voire de différences- mais aussi des invocateurs. Nous avons cette possibilité de nous rendre des parties de nous mêmes, ou de les éclairer d'une façon nouvelle, de brandir des miroirs qu'on peut traverser.

C'est une aventure totalement exaltante et que nous maîtrisons très peu.

Raison de plus pour la mener de plus belle.

Pierre

NB: A Aurillac, les 18, 19 & 20 aout au matin, nous allons faire revivre les Coincés du Coeur, après deux ans d'absence. Une création qui est restée confidentielle et que nous allons tenter de partager.

INSTANTANéS DE TOURNée

juillet 12 2010, 16:46

Sur la route de Metz, une roue du minibus nous lâche et nous nous retrouvons un jour de départ en vacances, en rade à Chateau-Thierry avec moultes valises sur les bras. Attente, négociations, nous prenons deux taxis pour Reims dont un crève en route. Loi des séries. Nous arrivons enfin mais tard à Metz à bord de deux voitures de loc . Rave Paroissiale à 2 reprises pendant la journée, rencontre avec un public Messin éberlué et enthousiaste dans le cadre d'un "bébé festival" plein de promesses et magnifiquement organisé: "Hop Hop Hop!". Merci Laurent et la bande ! Et un merci tout spécial à Jerry venu récupérer notre excédent de bagages et à la demoiselle de Hertz-Reims qui a sacrifié sa pause-déjeuner pour nous.
Départ ensuite pour 3 jours à Nevers (ne dis jamais never) pour les Zaccros d'ma rue et ses after en agglo. Un "Si tous les Champs..." bien délirant et fort gouté en pleine finale de la coupe du monde, avec un gros public de fins connaisseurs.
Ce soir et demain, c'est la Rave qui prend le relais en agglo, avec un temps maussade... qui nous change de la canicule des derniers jours. Tagada tagada!

Suisse...

le mercredi, juillet 21 2010, 12:21

Nous sommes depuis 4 jours à Nyon, où la Chorale a participé à la Fête de la Ville, rejointe après par les Cornaqueurs qui sèment leur souk dans le village du Monde du Paléo Festival. Un festival chatoyant et très convivial, fréquenté par des spectateurs de tous ages et appartenances. Accueil impeccable, retrouvailles avec quelques incontournables copains de rue (Pito Facto, Carabosse, Progéniture, Outre-Rue, Arrosés etc...) sous un soleil de plomb tempéré par un air quasi pur -ne boudons pas ce plaisir-. Nous jouons tous les jours, et pour la première fois, tout du moins pour la chorale, outre-frontière, dans un espace dédié aux arts de rue et de piste: la Ruche.
L'accueil est excellent et... comment dire ?... nous nous éclatons, en quelques sortes.


"Mardi, Iggy & The Stooges, Motörhead et NTM ouvriront les feux de cette 35e édition. A deux pas de cette Grande scène très rock, la Ruche accueillera sept spectacles d'artistes de cirque et de rue, dont la déjantée Cie Acidu. Les Mahotella Queeens, figures de proue de la résistance à l'apartheid, se produiront sous le Dôme." (le matin)

Chapdouap d'août!

Par Postmaster le lundi, août 2 2010, 14:36

Il parait que Zébulon s'est remis à agiter le chiffon rouge de la répression de ses petits bras musclés pour faire oublier l'affaire Woerth. Une preuve de plus que la soif du pouvoir fait parfois faire n'importe quoi mais ne donne pas d'imagination pour autant. Il parait que tous les Roms ne sont pas français. Il parait que pour la première fois, un Blanc (un Français!), vient de passer sous la barre des 10sec aux 100m. Ce type devient soudain l'icone et l'idole de tout un tas de gens qui s'en esbaudissent. Et ça laisse comme un malaise... On attend avec impatience les remous que vont soulever la première victoire d'un Noir aux championnats du monde d'échecs. Il parait qu'on va risquer de perdre la nationalité française pour mauvaise conduite. Je suis pour qu'on applique cette sanction immédiatement à la responsable des 8 infanticides de Villers et qu'on interdise l'inhumation de ses huit victimes en France. Ce sera bien fait pour elle. Il parait tout un tas de choses plus ou moins nauséabondes et on se trouve plutôt satisfait d'avoir d'autres sujets de préoccupation que ce minable guignol.

Un mois de Juillet faramineux à Metz, Nevers et Nyon sans oublier Calais et Parthenay. Un mois d'août dont on n'attend pas moins avec une courte mais alléchante visite en Bretagne, et le grand plaisir que nous aurons de présenter à Aurillac, avec Mme Tantale et les Joyes du Mariage (saison 2), la MENAGERIE DES COINCES DU COEUR , un spectacle très différent du reste de notre répertoire et qui sera présenté en matinée, dans le centre, les 18, 19 & 20 août seulement. Ne le loupez pas si vous êtes dans le coin.

Des vacances, aussi, par intermittence , mais surtout du pain sur la planche.

aux rillacois !!!

le mardi, août 24 2010, 11:41

Une expédition épique au festival d'Aurillac, dédié cette année à la performance artistique.

Dans le genre, on a été servis.
Nous sommes arrivés avec trois spectacles, dont la Ménagerie, plutôt encombrante et qui a nécessité la location de deux camions. Les deux autres, Joyes du Mariage et Madame Tantale, étant heureusement beaucoup plus légers.
Aurillac, selon les mots mêmes de son directeur artistique, est une foire, joyeuse, imprévisible, surprenante, saturée de spectacles et de compagnies (570 cies cette année dans le off). Autant dire que le fait d'y présenter un spectacle est une entreprise à haut risque et sans garanties aucunes d'une efficacité commerciale et/ou artistique.
Nous avions choisi de jouer la Ménagerie des Coincés du Coeur en matinée et ne pûmes jouer qu'à une seule reprise par jour. Malgré quelques petits ennuis de sono, nous avons fait trois représentations en progression constante devant un public attentif, dérouté par cet aspect inattendu de notre démarche artistique, bousculé par les thématiques abordées, intimes et un peu glauques, étonné par les dispositifs scénographiques utilisés.
On nous l'a dit, nous l'avons vérifié, la Ménagerie n'est pas un spectacle facile, ni vendeur. Il exige du spectateur une disponibilité et une ouverture loin d'être évidentes pour tous. Au résultat, une petite partie de spectateurs véritablement bouleversés et enthousiastes, et une autre, plus vaste, partagée entre l'intérêt, l'inconfort, ou parfois le doute.
Nous voulions témoigner d'une facette artistique différente et, de ce point de vue, ce fut un succès. L'engagement des comédiens fut important et esbroufant. L'équipe technique (Smooz, Boualem, Véronique) a été omniprésente et efficace. Nous aurions simplement souhaité avoir une meilleure lisibilité dans ce contexte très surchargé d'Aurillac.
Par ailleurs, les Joyes du Mariage , pour leur quatrième passage à Eclats, ont retrouvé un public fidèle autour de cette deuxième saison, et parfaitement tiré leur épingle du jeu.
Déception par contre pour Madame Tantale qui a cumulé problèmes d'horaires, de situation, d'acoustique et aura rencontré très peu de public.
Bilan mi-figue mi-raisin et, pourtant, nous avons mis -au sens propre- le feu, sur le chemin du retour, l'un de nos camions ayant brutalement pris feu et occasionnant un bouchon de 17 km sur l'A71. Eh oui, c'était nous. Désolés. Pas de dégats humains, mais une partie des décors de la Ménagerie qui est partie en fumée...

Les orbes d'Octobre

le jeudi, octobre 7 2010, 08:03

L'été est bien fini. L'automne installe sa couverture. Est-il venu le temps de s'y nicher confortablement et de se reposer ?
Que nenni. Après quelques mois consacrés à d'autres diffusions, nous remettons sur l'établi notre nouveau projet "SEVEN DAYS IN A PLATE de Miroslav Panageric" .
A Amiens tout d'abord, chez nos amis du Hangar, du 11 au 16 octobre, avec trois sorties d'atelier pour se rôder à l'espace public: les 13, 14 & 15.
A Montreuil enfin, chez nous, Hall Montreau, 20h30, les 20, 21, 22 octobre, pour trois représentations exceptionnelles de finalisation.
L'occasion pour tous nos amis franciliens de venir découvrir ce projet in vivo.

Autant dire que nous sommes excités comme des poux...

Et, dans la foulée, le 30 octobre, RUE LIBRE , journée Nationale des Arts de la Rue et de la libre expression dans l'espace public. Une journée que la profession s'est donnée pour manifester son dynamisme, ses actions, ses préoccupations. Avec à Paris 11h11, une "manifareculons" et à Montreuil, 15h15, une opération Portes Ouvertes des Cies de Rue qui y gitent...
Un octobre pas sobre...

Noël & la "pagaille"

Par Postmaster le lundi, décembre 20 2010, 11:55

L'essentiel de nos Noëlleries se sont déjà produites.
Avec plus ou moins de facilité.
20 cm de neige, quand on fait des échasses, ce n'est pas tout à fait sans risque.
Au moins, avons-nous pu nous rendre, contre neige et congères, à tous les rendez-vous, sans pépin ni casse.
Parfois nos temps de jeu ont été raccourcis, une fois même annulé, mais pour l'essentiel, sous la neige ou la pluie, sur le verglas ou à l'intérieur, tout s'est bien déroulé. Pour une fois que le décor était tout à fait à la hauteur!
De belles rencontres encore, avec des équipes dévouées, de bons moments de rigolade avec des publics parfois frigorifiés, du plaisir, de l'allant, et Noël au tournant.

 
 
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