VOYAGE EN CE2 / CHRONIQUES D'ISABELLE SUEUR
Classes à PAC avec l’Atelier 231 de Sotteville-les-Rouen
25 novembre 2008 ; première séance
Je rencontre les élèves de la classe de CE2 de Laurence à l’Atelier 231 ; ils viennent assister à une représentation du spectacle « Ça ne tourne pas rond », par la Cie Babylone ; pour la plupart d’entre eux, c’est une première rencontre avec les Arts de la Rue…et c’est un peu déroutant, puisque le spectacle se déroule dans un autobus !
A la fin du spectacle, je pars avec eux à l’école ; les enfants savent déjà que je m’appelle Isabelle, et que je suis « une artiste » ( !) ; sur le chemin, nous échangeons ensemble des impressions sur le spectacle que nous avons vu ; ils ont bien ri, moi aussi ; cela nous fait une première référence en commun, une chose que nous avons partagée…
Notre première séance a lieu dans le Gymnase, car Laurence n’a pas obtenu d’autre salle. Le lieu est extrêmement sonore, et ce n’est vraiment pas facile de s’entendre les uns les autres. Nous parvenons malgré tout à faire connaissance : chaque enfant se présente en disant son prénom et en faisant un « geste de salut » ; ensuite, on essaie d’occuper l’espace ; comme il est très grand, je tente de le délimiter, mais ils ont envie d’aller plus loin….du coup on ne s’entend plus ! Je parviens quand même à faire quelques jeux corporels : des « murs d’images » avec des tas d’émotions et de sentiments à exprimer ; ils s’amusent beaucoup, en redemandent, veulent tous le faire !
Comme Laurence a choisi de travailler sur le Polar, je leur propose de faire une proposition sur le thème, en petits groupes ; 2 groupes travaillent sur les policiers, et 2 autres groupes sur les voyous ; c’est plutôt manichéen, mais la proposition leur plait beaucoup !
Du coup, chaque groupe monte un petit rituel avec une gestuelle, et un slogan :
« Vive les policiers, vous êtes cernés ! »
« Les Voyous, c’est les meilleurs ! »
« Les policiers sont les meilleurs ! »
« Les Voyous, ils sont dans l’coup ; les policiers c’est les plus laids ! »
Et soudain, ce grand gymnase impossible acoustiquement devient un terrain de jeu formidable ; chaque groupe propose une déambulation tout autour du terrain de sport, avec obstacles, pauses et reprises ; le résultat approche plus de la manif’, mais c’est un chouette début, et je finis la séance en leur expliquant que le théâtre de rue, ça peut être ça, aussi !!!!
L’après-midi, la séance avec la classe de Céline se passe dans une toute petite salle, mais très confortable…l’ambiance est beaucoup plus calme que le matin ; la classe est composée d’environ 10 élèves de CE2, et 9 élèves de CM2. Les « grands » se sentant responsables des « petits », ils prennent en charge, montrent l’exemple et donnent des idées aux « petits », qui sont ravis ! Cette situation est inédite pour moi, et c’est très agréable !
Comme le matin, je commence par des jeux de présentation, des exercices corporels sur les émotions ; ils sont très créatifs, percutent très vite, et ont envie…
Ensuite, Céline ayant décidé de travailler sur le thème des contes de fée, je leur propose de composer des familles.
Les rois, reines, princes et princesses : « Nous sommes les Magnifiques »
Les Animaux de la forêt : « Les Rebelles de la forêt, on a faim ! »
Les fées : « les fées Clochette, c’est la Fête ! »
Les Ogres et les sorcier(e)s : « Nous, les dégoutants, on n’a pas l’temps ! »
Chaque groupe propose une déambulation, avec des personnages déjà très fort corporellement et vocalement : Emma et Lola, des « p’tites bonnes femmes », me font hurler de rire….elles s’investissent à fond dans leur proposition ; la petite Lola est un loup redoutable, aux yeux féroces et terribles, elle nous emmène dans son imaginaire, c’est super chouette ! Emma propose un ogre inattendu, particulièrement gourmand, prêt à tout dévorer !
Les enfants sont tous ravis de cette première séance, et me demande quand je reviens !!!
9 décembre 2008 ; deuxième séance
Je retrouve avec plaisir les enfants de la classe de Laurence ; nous ne sommes plus dans le gymnase pour travailler, mais dans une petite salle prêtée par la mairie…un peu sonore, certes, mais agréable….
Je demande aux enfants s’ils ont retenu des choses de notre dernière rencontre :
« C’était super ! »
« On va refaire quand on se raconte une histoire à l’oreille ? »
« Est-ce que je peux être un voyou ? Je veux plus faire le policier ! »
« On va faire encore les murs d’image ? »
Visiblement, ils ont très envie de re-faire les exercices proposés la fois passée, mais je leur propose d’essayer d’autres choses… Après un rituel de bonjours (on fait circuler l’énergie en cercle par pressions des mains, et on se redit nos prénoms), je leur fais répéter des petites phrases en chœur, avec plein d’intentions variées, et de modulations vocales…ils sont bien concentrés, ça les amuse beaucoup, ils en redemandent !
Ensuite, on enchaîne sur des « statues » : un enfant « sculpteur » façonne un autre enfant « statue », selon son inspiration ; la consigne est que l’exercice se fait uniquement par le toucher, la palpation ; on essaie de déplacer les membres d’un camarade, sans lui faire mal, bien sur, mais en étant extrêmement précis ; je leur demande de communiquer l’expression du visage par un « masque » de leur propre visage. La consigne du silence est très difficile à respecter ; ils ne peuvent pas s’empêcher de parler pour indiquer une position à leur statue ; on recommence, on change les rôles, ça vient petit à petit….
Dans un second temps, un « chef sculpteur » peut composer une image avec plusieurs statues, qu’il choisit, pour évoquer un thème, ou une image. On obtient de jolis « tableaux » : le mariage, le café, la rencontre, la dispute…
Pour finir, ils réfléchissent en petits groupes pour construire un début d’enquête policière. Les interrogatoires se succèdent, menés à chaque fois par un inspecteur différent. Une constante pour chaque groupe : le coupable (qui a été désigné par le groupe) refuse d’avouer son crime ! Et même si je leur propose de « mentir » pour sauver leur peau, ils préfèrent ignorer leur crime, et ne pas chercher d’alibi… je finis la séance, perplexe, par rapport à la possibilité de « jouer le mensonge », pour un enfant…..ce n’est apparemment pas immédiat !!!!
Un enfant se révèle particulièrement doué : Quentin propose une série de personnages distincts, et crédibles, et il ne s’interromps jamais pour un fou rire, comme nombre de ses camarades !
L’après-midi, les enfants de la classe de Céline semblent tout aussi ravis de me retrouver ; décidément, ils sont plus calmes, et l’atmosphère est bien plus propice à la concentration…
Nous démarrons la séance avec les mêmes jeux que ceux proposés le matin.
Lors des jeux de construction de statues, la petite Basma, qui a par ailleurs beaucoup de mal à se concentrer, me propose une image de « bagarre » extrêmement précise et lisible pour tous ; elle est très fière que tout le monde ait compris ce qu’elle voulait montrer…
Je leur propose ensuite de jouer des histoires de « transformations », si fréquentes dans les contes de fée. Je suis sidérée par le résultat ; les enfants se lancent à fond dans l’aventure de la transformation ; les baguettes des fées font apparaître sous nos yeux ébahis des monstres terrifiant, crachant du feu et de l’écume, un crapaud, un loup, et j’avoue que j’ai oublié le reste ! Les petites filles surtout n’ont peur de rien : le corps est investi à 100 %, on n’est pas dans la proposition purement intellectuelle, mais dans l’expressionnisme rayonnant !
Céline, les enfants et moi, rions beaucoup, le paroxysme étant atteint lorsqu’une baguette tombe en panne, et échoue à chaque transformation ; c’est très drôle !
20 janvier 2009 ; troisième séance
Après les vacances de Noël, je reviens à Sotteville, avec deux gros sacs sous le bras….les enfants de la classe de Laurence sont curieux, et se demandent bien ce qu’il y a dedans…. « C’est encore Noël ??? »
Après un petit échauffement vocal et corporel, je suggère de démarrer la séance avec un travail sur les démarches ; d’abord le groupe en entier, ils essaient plein de choses : marcher au ralenti, comme un espion, quelqu’un de pressé, quelqu’un de méfiant, marcher sous la pluie, marcher dans la neige… Je leur explique qu’une démarche permet de « poser » un personnage, et ensuite de le créer ; lorsqu’ils modifient leurs démarches, ils ne reconnaissent plus leurs camarades de jeu…ça devient rigolo !
Ensuite, ils travaillent par petits groupes, proposent une démarche collective, avec un chef de groupe. Nancy mène le groupe des « gens riches » avec beaucoup de conviction et d’ostentation : cette petite bonne femme fait l’exercice avec beaucoup de sérieux ; du coup, tous les camarades sont conquis !
Quentin propose un « manchot » absolument désopilant, et Océane se lance dans une chevauchée fantastique : elle « est » un cheval, et a trouvé son slogan, « le chemin de la liberté ! ».
Un petit groupe se lance dans les agents secrets, avec moult roulades ; de la vraie cascade !
Ensuite, je déballe le contenu de mes sacs, et installe une exposition d’accessoires : chapeaux, lunettes, épées, colliers de perles, fleurs, baguettes magiques, etc.
Je leur donne la consigne suivante : deux par deux, ils choisissent un accessoire, et se rencontrent ; l’un dit à l’autre : « je vois une dame, ou un monsieur, qui….. Je vais lui dire…ou lui faire…. » ; S’ensuit une rencontre, un dialogue.
Ils sont ravis d’avoir la possibilité de se déguiser un peu, mais finalement, ils restent un peu cachés derrière leur accessoire ; je découvre autre chose ; les filles disent souvent « je vais dire à ce monsieur ceci ou cela », tandis que les garçons disent plutôt « je vais lui faire….un bisou, par exemple » ; nous assistons même à une très jolie scène d’amour, qui les plonge dans un émoi et une gêne considérables…. « Super ! », dis-je, « c’est du théâtre ! »
Je termine la séance en me disant que même s’il y a des tas de moments où on patauge, et où rien d’intéressant ne sort, il y a parfois des pépites, et c’est cadeau !
L’après-midi, je retrouve la classe de Céline ; je leur propose à peu près le même programme que le matin, mais l’ambiance est nettement plus concentrée, comme toujours avec cette classe !
Durant le travail sur les démarches, j’assiste à nouveau à une démonstration d’agents secrets (décidément, c’est un thème qu’ils apprécient, et dont ils connaissent les codes et la gestuelle !), et puis aussi des animaux, des guépards notamment ; les filles surtout s’investissent beaucoup dans le travail corporel, n’ont pas peur du ridicule.
Ensuite, lorsqu’on commence des petites saynètes avec les accessoires, ils se jettent à fond dans l’aventure, et produisent de petits moments déjà structurés et dialogués….c’est assez chouette. Certains d’entre eux intervertissent les rôles, et jouent des personnages du sexe opposé, sans se poser aucune question, ce que je trouve plutôt agréable. Chloé joue une grande bourgeoise extravagante, transforme sa voix pour cela, et elle « tient » le personnage, le temps de l’improvisation. Salim va loin, il s’est emparé des perles, et joue une femme avec beaucoup de conviction. Shanésia au contraire joue un personnage d’homme, très viril…. C’est vraiment rigolo de les voir essayer de jouer l’autre sexe ; il y a les clichés et les stéréotypes, certes, mais aussi une grande liberté d’invention !
Dans les choix d’accessoires aussi, il y a moins de conventions que le matin : les garçons se sont emparés avec plaisir des perles et des fleurs, et les filles ont beaucoup utilisé les chapeaux d’hommes…
Dans le train pour Paris, j’essaie de faire un bilan sur ces 3 premières séances ; je suis allée dans plusieurs directions, mais les enfants ont sans doute besoin que je leur précise pourquoi toutes ces pistes….je me promets de commencer les séances suivantes en insistant bien sur la notion de « personnage », avant de commencer à inventer des histoires ensemble !
3 février 2009 ; quatrième séance
Jour de neige à Sotteville ; il a neigé le lundi toute la journée, et ce mardi est tout blanc, mais avec un vrai et grand beau soleil, c’est chouette. Le matin, exceptionnellement, je retrouve la classe de Céline ; les enfants sont excités par la neige, c’est normal, et impatients de travailler.
Comme promis, je commence par une petite récapitulation, pour que ce soit bien clair dans leur tête : « C’est quoi, un personnage ? Comment on peut le définir sur une scène, dans la rue, ou ailleurs ? » Et je me rends compte que finalement, ils ont déjà pigé plein de trucs, puisque les réponses arrivent : un personnage, c’est « une démarche, une façon de parler, une attitude physique, le visage qui sourit ou qui pleure, et parfois un accessoire ou un costume »…bref, tout sort, même si je les aide un peu !
J’enchaine avec un petit échauffement, surtout vocal, et on essaie plein de choses en petits groupes de chœurs, sur un même thème : « on va vous raconter, on va vous raconter….une histoire ! » ; on tente des variations de volume, de rythme, de phrasés et d’intention ; en groupes, ça commence à ressembler à quelque chose, c’est sympa !
Et puis, afin de poursuivre sur la notion de personnage, je leur demande de me faire chacun une proposition d’un personnage précis, sur un canevas que je leur donne. Les propositions de personnages fusent, chacun a une idée assez précise de qui il veut être dans l’histoire ; ils se choisissent un prénom, parfois un nom, une façon de marcher, un phrasé particulier….ça avance super bien !
Du coup, on peut assez vite fixer une trame :
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Scène d’exposition : Situation de crise : Boutoula et sa famille sont face à un grave problème ; Boutoula doit se marier !
Conciliabule des fées : elles l’envoient faire le tour du monde pour partir à la recherche de la princesse idéale…
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Boutoula part en voyage, il rencontre 7 princesses, dans 7 endroits différents, mais aucune n’est à son goût ; chacune a toujours un défaut particulier qui lui déplaît !
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Scène de bal, organisé par les parents…..un ogre passe par là, et terrorise toute l’Assemblée !
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Les fées font boire une potion magique à l’ogre, qui se révèle être la princesse parfaite, celle dont Boutoula rêvait !!! En fait, cette princesse avait reçu un sort de la sorcière à sa naissance, et c’est pour cela qu’elle avait été transformée en ogre !!!!
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Mariage entre Boutoula, et la princesse/ogre…..la sorcière est chassée du Royaume…
C’est un peu tiré par les cheveux, mais ça leur donne plein de pistes pour travailler sans moi, j’ai hâte de les retrouver en mars !
L’après-midi, je retrouve la classe de Laurence dans la cour de l’école. Pour nous rendre jusqu’à la salle de travail, à une centaine de mètres ; je leur propose un jeu : tous les ordinateurs de l’école ont été volés, et quelqu’un a vu des suspects s’enfuir dans cette même direction ; je leur demande de chercher, de regarder attentivement s’ils trouvent des indices afin d’identifier ce, ou ces suspects. Nous nous mettons en route sur le chemin enneigé, avec attention et concentration ; arrivés à la salle, ils exposent leurs « trésors » découverts dans la neige :
Une carotte, un « papier de Noël », un caillou préhistorique, une boite de jus d’orange, un papier « très très secret », un bout de pain, une bouteille d’eau, un tube de crème pour les mains, un « Labello »,, et aussi, ils ont vu des traces de vélo dans la neige, un p’tit poil brun, et de la glace cassée !
Comme il fait très froid, je leur propose un échauffement 2 par 2 : on se « frotte » vigoureusement l’un l’autre, on se masse ; ça leur semble bizarre au début, et puis ils se prennent au jeu du contact (c’est pas si fréquent finalement de se « toucher »), et s’amusent beaucoup. On enchaine avec un travail de chœurs parlés en 3 groupes :
1°) On a volé les ordinateurs (crescendo/decrescendo)
2°) On va mener l’enquête, Cornes de courgettes !
3°) Qui est le coupable ? (4 fois), Qui – est – le – cou – pable ???
Ça fonctionne bien….
Pour « utiliser » nos indices, je leur propose d’imaginer une petite déambulation corporelle, un peu dansée, sur une musique : ils recherchent les indices, sans paroles, et nous les présentent ; c’est ludique, c’est une idée à continuer de creuser…
Et on essaie ensuite de mener des petits interrogatoires, avec nos indices récoltés…
La carotte a du succès….elle donne du jeu ! Quentin propose un personnage de « papy » édenté, très drôle, qui ne peut pas manger de carotte, puisqu’il n’a pas de dent ; donc il n’est pas coupable, CQFD !!!
Nancy est très crédible en inspectrice, ça tient la route, Solène aussi imagine un joli personnage…
Bref, même si aucun enfant ne se « voit » en coupable, et que je sens que j’aurai du mal à en « trouver » un, ça avance un tout petit peu, et je leur donne des pistes pour continuer à travailler sans moi….
17 mars 2009 ; cinquième séance
Je retrouve les élèves de Céline en salle de sport ; ils terminent un cours d’escrime….c’est assez ludique, ils apprennent à simuler des duels….ça me donne des idées !!!
Nous commençons la séance avec des exercices en groupe, des « cercles de nœuds » (on s’emmêle, et on se démêle ; ils adorent), et aussi le « jeu de l’alphabet » pour la mémoire et la concentration….comme ils semblent plutôt bien concentrés, on peut enchainer !
Céline n’a pas eu le temps d’avancer sur la trame trouvée en février, donc on se met à construire ensemble ! Pas à pas, on avance dans les scènes, en improvisant, en cherchant ; de bonnes idées et propositions s’imposent. Le Prince Boutoula est plutôt insolent avec son père : « C’est nul, les filles, je veux pas me marier ! Et d’abord, Papa, quand t’avais mon âge, t’étais exactement pareil »
Le trio des Marraines Fées est assez chouette : Fée Rose et Fée Violette sont dans un style très « premier degré » des vraies fées ; Fée Tarde est toujours en retard, parle après, trébuche, et se prend les pieds dans sa robe (imaginaire !).
On détaille chaque rencontre de Boutoula avec les différentes princesses ; 7 petites filles se choisissent un nom de princesse, un caractère bien précis, et on établit pourquoi Boutoula ne les trouve pas à leur goût !!!
Mme Sage est trop timide, Veronika est trop jalouse, Becki est trop bougonne, Mme Rose n’aime que sa robe, Elie n’aime que les fleurs, et Boutoula est allergique au pollen, Bertha est complètement égocentrique et Mlle Pirouette est trop gentille!
On imagine aussi une scène de bal, sur la musique des Aristochats, scène au milieu de laquelle Emma l’ogresse terrorise toute l’Assemblée ; les enfants décident que cette ogresse est manipulée par une sorcière et un espion ; ces deux derniers se battent donc en duels contre les gardes du corps du prince ! Du coup, les enfants décident qu’il faut un prologue à leur histoire, prologue au cours duquel la Sorcière et l’espion transforme la princesse Emma en ogresse ; et à l’issue des duels, la sorcière et l’espion, qui ont le dessus, demandent à Boutoula d’épouser l’ogresse ; celui-ci refuse, mais les fées interviennent, et redonnent à l’ogresse son apparence de princesse….
Tout cela est un peu tiré par les cheveux, mais les enfants se régalent : c’est leur histoire, ils l’ont fabriquée eux-mêmes, c’est ça qui est important !!!!
L’après-midi, je propose aux élèves de Laurence de construire également leur histoire, à partir des pistes trouvées le mois précédent ; petit à petit, on établit le canevas suivant :
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Prologue : ballet des balayeurs, avec la directrice de l’école, et le gardien.
« C’est le matin, les balayeurs balaient, la directrice dirige, et le gardien…garde l’école ! »
Scène muette : « ballet des balais »
Soudain, la directrice pousse un cri : On a volé les ordinateurs !
Tous (balayeurs + gardien) reprennent en chœur avec elle :
On a volé les ordinateurs ! Horreur, frayeur !
On a volé les ordinateurs ! On a très peur !
On a volé les ordinateurs ! Horreur, frayeur !
On a volé les ordinateurs ! C’est la stupeur !
Ils partent tous ensemble, avec la directrice, en direction de la police municipale : déambulation, style « manif’ », en scandant : On a volé les ordinateurs !
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Bureau de la police municipale :
Les inspecteurs, et les enquêteurs écoutent, et répondent :
On va mener l’enquête, cornes de courgettes !
On va mener l’enquête, saperlipopette !
On va mener l’enquête, nom d’une chaussette/trompette !
On va mener l’enquête, ça va être très chouette !
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Les enquêteurs se mettent au travail :
Les enquêteurs : Partons à la recherche des indices !Nous sommes plein de malice !
Scène muette: chaque enquêteur cherche minutieusement, avec attention, dans toutes les directions possibles. A chaque interruption de la musique, les enquêteurs se transforment en statues, et l’un après l’autre, ils présentent leur découverte au public :
Emma : Une montre, avec un bracelet en cuir noir !
Achraf : Une carte de visite de l’entreprise AAA !
Solène : Une sucette à la fraise, avec encore un peu de salive dessus ! Je vais l’envoyer au laboratoire, pour un prélèvement d’ADN !
Maé : Un collier avec un cœur rose !
Darren : Une cagoule noire avec deux cheveux châtain foncé !
Noémie : Une paire de lunettes de myope !
Mélissa : Des empreintes de chaussures de basket pointure 44 !
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Les Interrogatoires
Les quatre inspecteurs interrogent successivement la directrice, le gardien, les balayeurs, les 7 salariés de la société AAA.
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La recherche des coupables
Les enquêteurs et les inspecteurs : Qui est le coupable ? (4 fois), Qui – est – le – cou – pable ??? Qui sont les coupables ?
Ils découvrent que chaque indice correspond à un des suspects :
Enquêteurs et inspecteurs : On a trouvé les coupables ! Les suspects passent à table !
On a trouvé les coupables ! Nous sommes très capables !
On a trouvé les coupables !
Ils sont tous très contents d’avoir un rôle et un personnage…ce canevas est établi non sans mal, car ils ont du mal à s’écouter, et à considérer les propositions de chacun, mais du coup, on part avec plein d’idées ; ils ont hâte de commencer à avancer et à construire leurs dialogues !!!
12 mai 2009 ; sixième séance
Ce matin, la pluie tambourine à souhait sur ma caravane de l’Atelier 231 : ça ressemble à un déluge ! Ma première pensée est pour les enfants, car je leur avais promis d’essayer des choses dans la cour…c’est bien de parler de théâtre de rue, mais ce serait bien aussi de faire des tentatives en extérieur ! Tant pis, pluie oblige, nous nous retrouvons dans la petite salle tellement sonore !
Les élèves de Céline sont tous impatients de travailler ; certaines petites filles m’annoncent qu’elles ont trouvé leur nom de personnage, notamment les princesses ; Kevin aussi me précise qu’il sera Maurice 008, l’espion très secret de la sorcière ! Quant à Emma, elle a décidé que sa princesse s’appellerait « Footballette » !
On essaie d’enchainer dans le détail les différentes saynètes élaborées lors de la construction de notre canevas ; certains sont décidément très doués pour l’improvisation, surtout Salim, Emma, Chloé… On reprend certains dialogues, on en précise d’autres ; comme ils se débrouillent bien, j’ai pas envie de tout noter et imposer ; j’aime bien qu’ils gardent le côté improvisé ; j’essaie aussi d’imaginer des moments en déambulation, qui peuvent permettre de joindre deux lieux de jeu différents.
On invente des chansons :
Les valises, les valises !
Faisons-les ! Faisons-les !
Faisons les valises ! Faisons les valises !
Nous partons ! Nous partons !
(sur l’air de Frère Jacques)
Et aussi : j’ai pas trouvé / ma deuxième moitié (sur l’air de « On a gagné »)
Céline me promet qu’ils vont travailler d’arrache-pied pour la séance suivante ; j’espère surtout que le temps nous permettra d’aller dehors !!!
Les élèves de Laurence sont très en forme ; ils ont réunis quelques accessoires : des balais, les différents indices nécessaires à leur enquête, et comme ils ont tous déjà un peu répété leurs dialogues, ils ont hâte de me montrer leur travail.
La concentration n’est pas évidente, ils sont vraiment excités ; malgré de moult répétitions de ma part, ils ont du mal à comprendre l’intérêt de se taire pendant que leurs camarades répètent une scène !
Malgré tout, nous parvenons à préciser les choses, les interventions des personnages : le phrasé, le style, la démarche.. on décide aussi d’ajouter des gestuelles à chaque moment parlé en chœur, et ça donne une chouette dynamique !
A la fin de la journée, je suis sur les rotules, mais la déambulation commence à prendre forme, Laurence me dit qu’elle est rassurée, et j’ai décidément envie d’essayer des choses en extérieur la fois suivante !
26 mai 2009 ; septième séance
Décidément, j’ai pas de chance avec le temps ; hier soir, des grêlons gros comme des balles de ping-pong sont tombés sur Sotteville, et ce matin, c’est pluie continue….je regrette à nouveau de ne pouvoir « expérimenter » nos recherches en extérieur, en rue, quoi !!! Aujourd’hui, c’est notre dernière séance, qui n’était pas prévue dans le budget initial du projet, mais que les enseignantes ont souhaité ajouter (sur les fonds de la Coopérative Scolaire), afin de finaliser le projet !
Ce matin, je retrouve les enfants de Céline dans leur classe, et je suis assaillie : « Isabelle, regarde le texte que j’ai écrit ! » « Moi aussi, j’ai écrit mon texte ; c’est là, sur ce papier ! » « Regarde, Isabelle, j’ai apporté mon épée pour le duel ! » « Tu sais, Isabelle, et ben moi je sais tout, par cœur ! » Je suis super touchée et émue de ces réactions, de leur implication ; ils sont fiers de leur projet, et veulent vraiment le mener à terme ! Comme il pleut décidément trop, on se retrouve en salle, mais je leur explique quand même les différents lieux que j’ai imaginés pour chaque moment de l’histoire ; et c’est une vraie « répétition » qui démarre, avec plein de fous rires, de surprises ; je suis contente, car le canevas est suffisamment solide, pour qu’ils puissent improviser à l’intérieur, et ils ne sont pas emprisonnés dans leur texte. Le texte de la Princesse Becki (Shanizia) est mimi tout plein : « Je m’appelle Becki et je suis une princesse qui aime rien / mais rien / je n’aime pas le lait froid et le jus de raisin parce qu’il est trop chaud / ma chambre est en bazar total / je déteste toutes les autres princesses mais pas ma sœur car ma sœur Veronika a le même caractère que moi / enfin presque / je déteste surtout la princesse égoïste Berta elle fait sa belle / je cherche un époux qui a le même caractère que moi » Shanizia n’est pas la seule ; d’autres enfants ont également griffonné leur propre texte sur un bout de papier ; c’est très touchant… La répétition s’achève ; on a « réglé les combats », Yacine et Pascal sont contents ; du coup, ils veulent aussi être transformés par la Sorcière et son assistant : ils deviennent lapin et kangourou…..et nous avons un joli « happy end » avec le mariage du Prince et de Footballette ; Emma rougit, ne veut pas donner la main à Salim, encore moins un bisou….mais on est arrivé au bout de l’histoire, c’est l’essentiel ! Je leur propose de venir voir le spectacle de la Chorale lors de Vivacités ; les enfants sont enthousiastes, j’espère que les parents suivront !
Cet après-midi, il fait froid, et le vent souffle, mais il ne pleut plus ; on commence la séance dans la cour avec la classe de Laurence ; on cherche les meilleurs espaces possibles pour chaque saynète, et le moyen de se déplacer d’un endroit à un autre, en entrainant des spectateurs potentiels… Le « ballet des balais » prend tous son sens et son ampleur dans la cour, c’est percutant ; chaque passage scandé en chœur permet de se déplacer, et de passer d’une scène à l’autre ; je suis ravie, ça fonctionne ! On choisit une sorte de labyrinthe entre des jardinières de fleurs, pour indiquer l’endroit où a eu lieu le vol et où les enquêteurs cherchent les indices ; ça colle complètement ! Sinon, je réalise que les textes écrits par les élèves sont finalement peut-être une contrainte, ils n’arrivent à s’en dégager, comme le font ceux de la classe de Céline, pour improviser et être plus libres ; beaucoup ne souviennent plus de leur texte… Je dédramatise, c’est pas si grave, l’essentiel est de raconter leur histoire avec plaisir ! Je leur propose également qu’on se retrouve lors de Vivacités…..à suivre !