SYNOPSIS MAISONS

BLANCHE

Non ! Pas comme ça voyons. Quand vous vous tenez comme ça l’un près de l’autre, il faut qu’on sente ce qui se passe entre vous. Les bras les mains les yeux où vous les posez ? L’amour c’est impalpable, comme l’électricité : il-faut-être-branché-pour-que-le courant-puisse-passer. Et en même temps être discret. Quand on est collés, attachés, englués, ça veut dire qu’on à peur de se perdre. Ça veut dire qu’on n’est pas sûr de l’amour de l’autre. C’est exactement ce qui vous arrive …Vous CROYEZ QUE VOUS CONNAISSEZ l’amour ? pas du tout. Vous le singez seulement. Vous vous rassurez en faisant semblant. L’amour ce n’est pas ça. Ça ne vit pas comme ça. On n’a pas besoin de se parler, on a pas besoin de se toucher, ni de se tenir, on irradie tellement, on est tellement profondément ensemble que tout le monde le voit. Parce qu’on est devenu autre chose vous comprenez. On est un couple. Avant on est gaz, après on est eau. On est comme H2O. Mais il faut la bonne personne sinon ça ne marche pas. C’est difficile de trouver celui qui vous est destiné. C’est pour ça que les gens font semblant. Parce qu’ils n’ont pas la patience, ni la volonté. C’est ce que vous faites. C’est ce que tout le monde fait. C’est pour ça que le monde est si triste. Mais moi je sais. Je sais ce que c’est l’amour. Je l’ai vu. Chez papa et maman. Quand je les regardais je savais qu’ils s’aimaient. Ils s’aimaient tellement qu’ils oubliaient de m’aimer. Parce que l’amour à ce point là c’est comme un diamant, on ne peut pas le rayer. Même dans la mort, quand ils ont eu leur accident, on ne pouvait pas les séparer.

Vous voyez, je connais. Et je prendrai toute ma vie s’il le faut mais je le trouverai. Celui qui est pour moi. Celui qui m’épousera. Et je serai en blanc et lui sera en noir et ce sera le plus jour de ma vie. Et je serai inentamée, prête à cette grande fusion.

Quittez-le mademoiselle ! quittez-vous tous les deux ! Tout de suite ! Vous perdez votre temps, ça devrait déjà être fait. L’amour ça ne se donne pas comme ça. Ça se réserve, c’est fait pour UNE personne, une seule. Il ne faut pas le gaspiller. Allez ! insultez-vous, brisez là. Plus tard vous vous remercierez de tout ça, quand vous l’aurez trouvée, quand elle vous aura trouvé, cette personne qui vous est destinée. Il faut garder les yeux bien ouverts, être disponible, parce qu’elle peut se présenter d’une minute à l’autre. Vous ne vous rendez pas compte. Si ça se trouve, c’est moi !

LA MAISON ROUGE Marin sans bateau ni mer, Red Lerouge revient en chaloupant à son gîte, puits sans fond de ses désillusions. La solitude le tenaille. Il saisit une de ses bouteilles et la frotte mais il n'y a pas de génie. Alors il la boit et, soudain, au loin, il lui semble apercevoir une beauté merveilleuse : Chimène Chimère. Extase. La vision disparaît et Red en est tout retourné. Il le clame et l'appelle. Les chœurs pleins de bonnes intentions contestent sa version. La vision ne répond pas. Il reboit. Elle réapparaît et il est chamboulé, transformé, aérien. Il l'appelle mais elle ne répond pas, seuls les chœurs lui disent qu'elle n'existe pas et qu'il ferait bien de ne pas boire comme ça. Elle disparaît et le monde devient insupportable. Il reboit. La revoilà. Plus près, plus précise et douce. Il lui dit « parle moi » mais elle ne répond pas. Les chœurs s'inquiètent ou se moquent. Il veut lui dire des mots qui sortent tout dézingués de sa bouche. Elle redisparait. Il reprend une bouteille. Elle est là tout près. Il lui tend ses lèvres, l'agrippe et, brusquement, la vision se change en un éléphant rose improbable mais menaçant. Il tombe de haut. L'éléphant hante le public. La maison s'ouvre. Red est prostré dedans. Des araignées lui parcourent le nez. Des rats gigotent partout. Un œil le regarde qui sort de l'horloge. Marin sans bateau ni mer, Red est en rade, halluciné.
LA MAISON JAUNE Dans l'écrin qu'il s'est fait, Versailles au petit pied, Solo Amarillo vit heureux avec lui-même. Des portraits de lui sont partout, sous des formes différentes, et un miroir où il s'admire. Solo hante son lieu, s'adore et se complait. Mais soudain les portraits s'effacent, disparaissent, les uns après les autres, il ne se retrouve plus. Solo se cherche, éperdu, où est-il ? Il soulève, déplace, scrute, se cherche dans le miroir. Il s'est perdu. Désespoir. Alors la maison se transforme. De partout apparaissent des squelettes ricanant. Qui le cernent. Comme préparant l'arrivée de la Faucheuse qui vient le prendre. Dans sa galerie de portraits, il se voit mort. Cri. Il ôte son demi masque et dessous ... La maison se replie. C'est l'histoire d'un homme qui s'aimait passionnément mais que la mort aimait davantage...
LA MAISON ROSE Telle une enfant gâtée qui n'a pas su vieillir, Rosa Rose tire les ficelles de sa maison de poupées. Grandes, petites, démultipliées, celles-ci sont son seul univers et elle les interpelle, les câline, leur fait faire quelques tours, parle avec elles ce langage sourd de répliques pré-enregistrées. Un chat passe. Rosa s'adresse à un chœur de poupées, puis prend contre son cœur sa préférée, la berce, écoute son petit cœur qui ne bat pas. Elle fulmine alors et tempête de cette chaleur que l'autre ne lui donne pas. Elle prend le chat qui passe par là, le perce et prend son cœur encore palpitant pour le mettre dans sa poupée. Rosa ne fait pas de distinguo entre cœur et moteur. Quelques secondes d'extase puis, le cœur s'éteignant, long cri de colère. Les poupées alors rient. Elle jette la dépouille du chat qui va rejoindre un tas très conséquent d'autres dépouilles.
LA MAISON MARRON C'est une maison où tout est bois: le coq qui chante, le chien qui aboie, la théière, tout sauf Joe Pataud. Joe se lève et comme d'autres vont manger, va bricoler à l'atelier. Mais Elle l'appelle : deux grands yeux surmontés balançent de gauche à droite. Joe quitte l'atelier.Il tire la couverture, découvrant un corps énorme moitié femme, moitié-contrebasse. Il sort un archet et le passe sur une corde en poussant un râle. Les yeux se lèvent et s'immobilisent. Joe retourne à l'atelier. Mais les yeux reprennent plus impératifs. C'est un jeu presque burlesque entre lui et elle, lui essayant de s'échapper, elle toujours à l'appeler. Un coup d'archet profond. Le corps devient plus rond. Un autre juste après, le ventre grossit encore puis de plus en plus tandis que Joe, ému, s'agite. Alors sort une baudruche, une grosse baudruche marquée d'une note de musique. Il la prend dans ses mains et, lui serrant le cou, en obtient une longue plainte modulée par l'air qui sort. Puis il n'a dans la main qu'un latex vide qu'il va ranger dans un placard où il va l'accrocher sur une portée. Le chien de bois gémit. Le coq de bois pleure. Joe se recroqueville.
BLANCHE Non ! Pas comme ça voyons. Quand vous vous tenez comme ça l’un près de l’autre, il faut qu’on sente ce qui se passe entre vous. Les bras les mains les yeux où vous les posez ? L’amour c’est impalpable, comme l’électricité : il-faut-être-branché-pour-que-le courant-puisse-passer. Et en même temps être discret. Quand on est collés, attachés, englués, ça veut dire qu’on à peur de se perdre. Ça veut dire qu’on n’est pas sûr de l’amour de l’autre. C’est exactement ce qui vous arrive …Vous CROYEZ QUE VOUS CONNAISSEZ l’amour ? pas du tout. Vous le singez seulement. Vous vous rassurez en faisant semblant. L’amour ce n’est pas ça. Ça ne vit pas comme ça. On n’a pas besoin de se parler, on a pas besoin de se toucher, ni de se tenir, on irradie tellement, on est tellement profondément ensemble que tout le monde le voit. Parce qu’on est devenu autre chose vous comprenez. On est un couple. Avant on est gaz, après on est eau. On est comme H2O. Mais il faut la bonne personne sinon ça ne marche pas. C’est difficile de trouver celui qui vous est destiné. C’est pour ça que les gens font semblant. Parce qu’ils n’ont pas la patience, ni la volonté. C’est ce que vous faites. C’est ce que tout le monde fait. C’est pour ça que le monde est si triste. Mais moi je sais. Je sais ce que c’est l’amour. Je l’ai vu. Chez papa et maman. Quand je les regardais je savais qu’ils s’aimaient. Ils s’aimaient tellement qu’ils oubliaient de m’aimer. Parce que l’amour à ce point là c’est comme un diamant, on ne peut pas le rayer. Même dans la mort, quand ils ont eu leur accident, on ne pouvait pas les séparer. Vous voyez, je connais. Et je prendrai toute ma vie s’il le faut mais je le trouverai. Celui qui est pour moi. Celui qui m’épousera. Et je serai en blanc et lui sera en noir et ce sera le plus jour de ma vie. Et je serai inentamée, prête à cette grande fusion. Quittez-le mademoiselle ! quittez-vous tous les deux ! Tout de suite ! Vous perdez votre temps, ça devrait déjà être fait. L’amour ça ne se donne pas comme ça. Ça se réserve, c’est fait pour UNE personne, une seule. Il ne faut pas le gaspiller. Allez ! insultez-vous, brisez là. Plus tard vous vous remercierez de tout ça, quand vous l’aurez trouvée, quand elle vous aura trouvé, cette personne qui vous est destinée. Il faut garder les yeux bien ouverts, être disponible, parce qu’elle peut se présenter d’une minute à l’autre. Vous ne vous rendez pas compte. Si ça se trouve, c’est moi !	RAOUL Qu’est-ce que vous…qu’est-ce que tu f… ? D’habitude, les filles elles font pas comme ça. J’les connais les filles ! Tous les jours je les vois : elles aiment ça. Dès qu’elles voient un homme elles se mettent a poil, et puis elles ouvrent sa b… et elles prennent sab’ et elles la br… et puis… après… elles la s… goulument. Et elles se br… aussi pendant. Souvent ! Et puis elles poussent des petits cris tout le temps. Et puis après l’homme il les bai… par-devant par en-dessous par-dessus par-derrière, et puis après elles se font enc’ et tout le monde a l’air de bien s’amuser. Enfin d’habitude quoi, au début, parce qu’après ça peut se compliquer quand elles sont plusieurs ou qu’ils sont plusieurs. Je le sais je l’ai vu. Mais tu n’es pas plusieurs. Alors pourquoi tu me regardes comme ça ? Hein ? Enfin ! t’es pas normale toi. T’es perverse. D’habitude, les filles elles font pas comme ça. J’les connais les filles ! Tous les jours je les vois : elles aiment ça. Dès qu’elles voient un homme elles se mettent a poil, et puis elles ouvrent sa b… et elles prennent sab’ et elles la br… et puis… après… elles la s… goulument. Et elles se br… aussi pendant. Souvent ! Et puis elles poussent des petits cris tout le temps. Et puis après l’homme il les bai… par-devant par en-dessous par-dessus par-derrière, et puis après elles se font enc’ et tout le monde a l’air de bien s’amuser. Enfin d’habitude quoi, au début, parce qu’après ça peut se compliquer quand elles sont plusieurs ou qu’ils sont plusieurs. Je le sais je l’ai vu. Mais tu n’es pas plusieurs. Alors pourquoi tu me regardes comme ça ? Hein ? Enfin ! t’es pas normale toi. T’es perverse. D’habitude, les filles elles font pas comme ça. J’les connais les filles ! Tous les jours je les vois : elles aiment ça. Dès qu’elles voient un homme… …	GREY Antoine ? C’est toi ? C’est toi ! C’est tout toi ça, de revenir sans prévenir. Cette nuit je t’ai senti. Cette nuit tu m’as aimée je le sais. Et ce matin tu n’as pas pris ton café. Il est froid. Il t’attend. Sur la table. Depuis sept ans. Je n’ose pas y toucher. Enfin ! si quand même, je l’ai vidée parce que ça commençait à cocotter. Mais du coup j’en refais. Tous les jours. Antoine ! ça, la nuit, rien à dire. Qu’est-ce que tu es présent ! comme tu m’aimes ! Du coup, les autres ils peuvent essayer, je ne les regarde même pas. C’est toi que j’ai dans la peau. Un tatouage qui ne veut pas s’effacer. Et tu ne vieillis pas salaud. Tu ne vieillis plus. Tu es intact inentamé. Pour moi qui me sens toute fripée. Avec ton grand sourire chevalin. Il ne me quitte pas celui-là, même quand la lune est en croissant, j’y regarde tes dents. C’est tout toi ça d’être parti comme ça, sans prévenir. T’as toujours été cavaleur même si tu ne me trompais pas, tu cherchais quelque chose ailleurs que chez moi. Je le sais, tu le sais, on en a tellement parlé. Jusqu’à ce que tu ne donnes plus de signe de vie. Ça oui je l’ai ton adresse, j’y mets des fleurs parfois. Mais tu n’y habites pas c’est sûr. Tu es en moi. Et tu me manques à la fois. Ta voix. Tes doigts. Cette part de moi qui ne repousse pas ! Antoine ! Mais arrêtez de lui ressembler, vous ! Vous me faites mal. Personne ne doit lui ressembler, personne ne peut le remplacer. Vous aussi ! Vous aussi avec cette expression je ne sais quoi, ce chaloupement des épaules. Mais c’est faux. Vous n’êtes pas lui. Je sais j’ai des photos. Je peux comparer. Vous n’avez pas honte ? Mon dieu ! je vis ma vie en viager. J’attends de mourir pour te rejoindre. S’il n’y avait pas les enfants… j’aimerais tellement… Antoine ! Antoine ! Mais qu’est-ce que c’est que cette nouvelle cravate ?	MONIQUE Mon chéri ! mais qu’est-ce que tu fais ? Pourquoi me regardes-tu comme ça ? comme si j’étais une étrangère ? Où il est passé cet amour que tu avais dans les yeux quand je te tenais bien au chaud dans mes bras pendant que la télé hurlait ? Qu’est-ce que tu tiens là ? hein ? Je n’aime pas te voir avec d’autres. Il n’y a que moi qui sais t’aimer. Tu sais, on n’est jamais si bien servi que par… sa mère, souviens-toi du proverbe. Je n’aime pas ces yeux que tu me jettes, depuis que tu as des poils qui te sont poussé. Qu’elle idée d’avoir des poils ! quelle idée de grandir ! Est-ce que j’ai grandi moi ? non ! je suis toujours la même. Je suis toujours ta maman. Mon petit bonhomme ! si tu pouvais savoir ce que j’ai souffert pour toi, tout ce que j’ai sacrifié pour toi. Ton père, les hommes, tous les hommes, me sont passé à côté. Qu’ont-ils compris de moi ? alors que toi, déjà dans mon ventre tu m’écoutais –sans jamais me couper la parole-, tu me sentais tu me respirais. Personne n’est plus proche de moi. Et tu voudrais faire comme si je n’existais pas ! Ingrat ! C’est toi qui n’existerais pas si je n’étais pas là, crois moi. Tu n’es là que parce que je t’ai porté aimé soigné bichonné. Tu es le sens de ma vie, je suis l’essence de la tienne. Je t’aime. Tu n’as donc pas compris ? A travers ces filles que tu as aimées, c’est moi évidemment que tu cherchais. Tes copines ne furent que des copies. Moi je suis là, l’originale, l’originelle. Reviens. Ici on est bien. J’inviterai tes copains. Je t’achèterai un chien. Il ne te manquera rien. Je voudrais te remettre à l’endroit d’où tu viens, bien au chaud, qu’on se retrouve enfin, tous les deux, presque un, te reprendre dans moi, sentir tes pieds bouger, te porter te porter pour l’éternité. REVIENS !