11 Mai : les masques de Solo Amarillo sont arrivés. Impressionnants avec un côté japonais bienvenu. Ça lui fait une tête pas sympathique du tout, au Solo, mais qui correspond bien au personnage. La maison jaune est presque terminée. C'est le presque qui fait toute la différence. Panique à bord pour être dans les temps.

13 Mai : on ne sera pas dans les temps, ni pour la maison jaune ni pour les finitions de la maison rose. Du coup, Véronique et Eric vont venir à Henvic pour finir les décors.

15 Mai : départ en désordre et tous azimuts vers 16h. Certains reviennent de Nimes près duquel la chorale de St Fulbert vient de jouer (un moment lumineux), d'autres d'un spectacle au marché de St Ouen. C'est parti. Arrivée à minuit. Le ciel d'Henvic est limpide.

16 Mai : notre espace de travail est situé dans le gymnase d'Henvic, une vaste salle dédiée au hand-ball d'habitude. On s'y retrouve à 9h30 pour le déchargement du camion, montage des maisons, début des répétitions. Les décors et accessoires étant loin d'être terminés, nous allons devoir gérer un emploi du temps délicat pour que le travail puisse se faire harmonieusement dans chaque secteur, d'autant que, personne d'extérieur n'étant préposé aux repas, il va falloir se relayer. C'est Olivier qui s'y colle en premier.

Il nous faut établir et peaufiner la routine de chaque maison, mettre en place différents rituels d'intro et de sortie, établir le final et y placer deux contre-saynètes, monologues spécifiques pris en charge par les Tireficelles de chaque maison. Celui d'Isabeau est d'une romancière à l'eau de rose qui ne fait que raconter, roman après roman, le bonheur de ses trois mois de mariage. Celui de Djamel est d'un domestique obsessionnel qui se cherche un maître ou une maîtresse dignes de son dévouement. Un gros pain de 4 sur la planche. Louis et moi devons nous répartir les tâches pour tenir le rythme avec pour inconvénient que nous serons moins amenés à intervenir ensemble.

Mis à part ceux du chœur, très peu de mots sont prononcés lors des saynètes de chacune de ces deux maisons. Ce n'est pas du mime, pas de la danse et pas de la comedia dell'arte mais il y a un peu de chaque. L'objectif est de trouver le juste milieu. Nous travaillons avec Olivier de nouvelles déclarations d'amour et tous ensemble sur un final qui ne soit pas trop lourd.

18 Mai : les deux chorales Kvocaux et Melodissimo nous ont rejoints dans le gymnase pour une répétition. C'est leur première rencontre avec les comédiens. Ils ne sont pas encore très à l'aise avec la partition. Il s'agit de préciser, finaliser, mettre en espace et surtout rassurer. Nous leur jouons d'abord le spectacle tel qu'il est, avec les chœurs enregistrés. C'est notre avant première et nous sommes très attentifs aux réactions de chacun. Certains se marrent, d'autres sont un peu choqués. Manifestement ça questionne. Ce filage a en tous les cas l'avantage de préciser le cadre et de mettre tout le monde sur les rails. La soirée est studieuse, on répète ensemble, on essaie plusieurs sortes de mises en espaces, les comédiens (notamment Samuel qui interprète Solo) apprécient la présence de ces nouveaux interlocuteurs et donnent volontiers de la voix. On termine à 23h. La fatigue se fait sentir mais la rencontre a bien eu lieu et elle était bonne.

19 Mai : répètes en rafale. Après le souper, on se retrouve tous dans le gymnase pour aider Véronique et donner un grand coup de latex à la maison Jaune. C'est la valse des pinceaux. Pas d'angoisse, pas de prise de tête, juste à passer une couche, ce qui nous prend un temps qu'on n'avait pas imaginé.

20 Mai : premier filage à l'extérieur du gymnase, malgré une pluie qui menace et un léger vent. La pression monte doucement. Certains détails qui me paraissaient évidents jusque là ne me le paraissent plus. On n'a pas eu le temps du deuil pour prendre la distance avec ce qu'on a monté. On corrige ce qui peut encore être corrigé. Changement dans l'ordre des apparitions pour Solo, suppression de certains passages de jeu chez Rosa Rose. C'est important de présenter au plus proche de la finalité, même au risque de la fragilité. Chacun en a conscience et aborde ces changements sans tension. A 18h je lâche tout le monde. On va respirer l'iode à Carantec. Un bol d'air bienvenu pour aborder l'échéance de demain.

(à suivre)