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Les LETTRES DE MA MAISON N°10
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Hantant la ville et les espaces publics, un troupeau de maisons hautes et étroites, qui s'ouvrent comme des boîtes à musique sur des histoires d'amour enfermé.
Les grandes envolées d'un projet passent à la moulinette de la réalité: ce parcours inévitable qu'on appelle création. Chronique de chaque étape.

 

27 Juin : un petit coup de N4 et nous voilà à Bar-le-Duc, au Labo. Le labo, c'est un ancien local d'entreprise qui sert d'entrepôt et d'atelier pour le festival. Nicolas y règne en maître avec une équipe de bénévoles haute en couleurs qui se retrouve plus ou moins régulièrement pour y préparer les décors, panneaux et visuels qui personnalisent chaque édition de Renaissances. Des itinéraires personnels pas évidents unis dans une même chaleur humaine. On y retrouve Patrick & Eric et nous nous faisons initier au passage à une géniale spécialité locale : le vin de rhubarbe. Le labo est très sympa mais peu pratique pour les constructions de moyenne ou grosse ampleur : il y manque un grand atelier et même si Patrick a réussi à y caser sa maison, on est obligé d'y multiplier les manœuvres pour bosser dessus, problème d'autant plus ardu quand il pleut. La maison se déplace comme un tricycle, traction par pédalier, avec un guidon genre Harley très jubilatoire à voir. La contrebasse, qui doit faire une fois et demi la taille d'une normale, est en place. Pour le reste, il y a encore beaucoup de boulot et on se dit que ça ne va pas être simple de finaliser et la déco et le jeu en une petite semaine.

Malgré le cagnard, on se lance. La musique jazzy d'Eric sonne bien. Le masque de Mona est au poil. Laurent reprend le parcours de Joe Pataud en essayant de se repérer dans cette bande son qu'il découvre. On bosse en alternance dans une sorte de 4X6 à la va comme je te pousse entre la déco et le jeu. La pluie s'en mêle et casse les rythmes. C'est inconfortable pour tout le monde mais on fait avec.

Puis arrive le grand jour. Patrick et Eric ont passé deux nuits blanches pour offrir une version montrable et jouable de la maison. La maison n'est pas peinte de l'extérieur mais à l'intérieur c'est vraiment joli. Ça me fait un peu penser à du Magritte. On a prévu trois sorties par jour, au cœur du marché historique. La première est erratique mais les comédiens sont détendus, de bonne humeur, du coup la deuxième sortie attire une demande de bis et la troisième devient très participative.

On croise entre autres les Farfadets, les Vents d'étoiles, les Alamas, le Bouillant de Bouillon et plus tard Malabar et les Délice Dada qui proposent leur visites en bas de la vieille ville, à l'écart, peut-être trop à l'écart.

Le lendemain, une première molle du genoux où les problèmes techniques nous font un festival. Il y a un peu tension entre nous. La foule se densifie. Les spectacles se croisent et s'enchaînent de plus en plus rapidement sous un soleil qui tape dur. Eric et Patrick réparent du mieux possible. Il y a une fringale de spectacles. On joue devant un forgeron à l'ancienne, un vendeur d'hypocras, des hommes d'armes passent en roulant des épaules avec leurs armures, des notables et des familles costumées s'immiscent. Oui, il y a bien ici ce léger côté bordélique qu'on imagine des foires d'antan. Les Alamas attirent la grosse foule avec leur manège et il nous faut nous glisser dans leur itinéraire sans risquer de gêner ou de nous faire gêner. La seconde est nettement plus dynamique, la troisième pleine de charme avec, comme d'habitude, une écoute qui a grandi au fil des heures. Certains spectateurs ont déjà vu le spectacle trois fois.

Nonobstant l'intro lyrique du Sniper, la version à 1 maison se joue en deux parties (une visuelle & une théâtrale) dont l'articulation déconcerte un peu, ce qui fait que nous perdons une bonne partie des spectateurs entre les deux. De l'avis général il y a de la poésie dans ce spectacle, et des sujets qu'on n'a pas l'habitude de voir traiter dans la rue. Comme à Plouigneau, tous les comédiens ont rencontré en particulier des spectateurs émus qui les ont remercié, ont dit « qu'ils adoraient le message que nous portions », se sont étonné de « la qualité du spectacle dans un espace comme la rue » etc. etc. Ce ne sont pas les applaudissements délirants que suscite la chorale. C'est plus intime pour l'instant même si mon objectif est qu'on retrouve un peu des deux in finé. Nous avons trouvé une place particulière dans Renaissances, un peu en marge, même si, spatialement, nous étions au cœur de la fête. Comme une porte ouverte sur un ailleurs toujours à construire.

Ce que nous n'allons pas manquer de continuer.

Entre subventions et coproductions, nous avons fait nos comptes sur la production. C'est très serré, et ceci ne nous permet pas d'envisager la construction de la 5 ème maison sans coproduction. J'ai donc décidé, avec l'accord du festival Parcs en Fête, de remettre la construction de cette maison à 2006, en espérant trouver des partenaires pour la réaliser (avis aux amateurs !). Les trois préfigurations de fin août et septembre se feront donc, à l'instar de Malbrouck, avec quatre maisons, ce qui ne saurait être la version définitive mais devrait nous en approcher de plus en plus. Parcs en fête devient co-producteur des Maisons Hantantes.

Rendez-vous début août, à Malbrouck.

A suivre

La Maison Marron a été conçue et réalisée par Patrick Warin assisté de Didier Warin, Eric Leroux & les bénévoles de Bar le Duc sous la houlette de Nicolas. Coproduction du festival Renaissances de Bar le Duc.

Les costumes ont été conçus et réalisés par Véronique Vigneron assistée par Lucie & Dominique Christina. Fabrication du masque : Mona Bausson. Régie Générale : Patrick Warin. Composition & enregistrement de la musique : Eric Traissard. Direction d'acteurs : Louis Gatta. Préparation de la résidence : Estelle Tran. Ecriture & mise en scène : P. Prévost

COMEDIENS : Laurent Gernigon, Marthe Drouin, Olivier Boudrand avec la participation amicale et efficace de Mika Caudal

La Cie Acidu est épaulée dans cette création par le Ministère de la Culture , la DRAC Ile de France, l'Adami & la Spedidam.

le dossier en résumé: http://www.acidu.com/fichmaison.htm